Mille fois plus grave que le désastre nucléaire de Tchernobyl


Par Ron Unz − Le 11 juillet 2022 − Source Unz Review

Il arrive qu’un seul événement joue un rôle central dans l’effondrement d’un empire en cours de dislocation.

Tel a été le cas du désastre de Tchernobyl de 1986. Le processus de fusion nucléaire accidentelle, et l’explosion d’un des réacteurs nucléaires les plus avancés de l’URSS ont libéré un nuage de radiation à grande échelle sur l’Europe. La catastrophe a été considérée comme une preuve dévastatrice de la terrible décrépitude du système soviétique, et est devenue l’une des affaires les plus considérables des dernières décennies du XXème siècle.

De fait, dans un écrit produit en 2006 à l’occasion du vingtième anniversaire de Tchernobyl, Michael Gorbatchev a même suggéré que le désastre “fut possiblement la véritable raison de l’effondrement de l’Union soviétique.”

Probablement le communisme soviétique aurait-il chu en l’absence de cet événement, mais Tchernobyl a sans doute grandement accéléré le processus, et les quelques années qui ont suivi ont vu la chute du Mur de Berlin, l’exode des pays d’Europe de l’Est hors du Pacte de Varsovie, et peu après, la désintégration de l’Union soviétique elle-même.

Pourtant, quoique Tchernobyl se soit classée comme le pire désastre nucléaire de l’histoire, et quoique ses conséquences politiques aient été immenses, l’important article Wikipédia, qui compte 33 000 mots dans sa version anglaise, révèle que les statistiques associées à cet accident étaient loin d’être accablantes. Deux ingénieurs sont morts lors de l’explosion initiale, et deux autres ont été grièvement brûlés. 134 autres membres du personnel ont été hospitalisés pour un syndrome de radiation aigu, et parmi eux 28 sont morts dans les mois qui ont suivi, ainsi que 14 autres sur plus d’une décennie.

Des études ultérieures ont suggéré que l’augmentation des radiations sur l’Union soviétique et sur les États qui lui ont succédé a fini par produire plus de 4000 décès, auxquels s’ajoutent les 16 000 morts supplémentaires sur toute l’Europe au cours des décennies qui ont suivi. Mais en prenant en compte le fait que toutes causes confondues, le nombre de décès annuel sur cette vaste région géographique était établi à environ 8 millions de morts par an, une augmentation annuelle d’un millier de personnes environ représentait un changement imperceptible.

Qui plus est, hormis les quelques millions de personnes qui vivaient aux abords du désastre, le seul impact sur la vie des gens normaux a été la crainte de radiations, générée par les médias. De fait, si le désastre de Tchernobyl et les radiations qui s’en sont suivies n’avaient pas été largement relayés par la presse, fort peu de gens dans le monde n’en auraient même jamais eu conscience.

Il en va tout autrement lorsque l’on considère l’impact global de l’épidémie de Covid qui a commencé à Wuhan, en Chine, à la fin 2019. Selon les meilleures estimations produites par l’Organisation Mondiale de la Santé, quelques quinze millions de personnes sont déjà mortes en conséquence de cette épidémie, soit directement à cause du virus, soit en raison de ses effets indirects, et the Economist a estimé qu’avec les “décès excédentaires” on peut être plus proche des vingt millions. En outre, la vie quotidienne de plusieurs milliards de personnes dans le monde entier a été très fortement perturbée, à la fois à cause de la maladie elle-même, et en raison des mesures de santé publique sans précédent qui ont été prises pour la contrôler. Des transformations économiques colossales, et des changements dans les flux commerciaux mondiaux se sont également produits.

Tchernobyl s’est classé parmi les événements les plus importants de la fin du XXème siècle, mais ces statistiques comparées suggèrent que l’épidémie globale de Covid a engendré un impact social destructeur d’un ordre de grandeur mille fois plus important.

Peut-être bien que ce gigantesque désastre, encore en cours, n’a été qu’une calamité naturelle produite par la mutation ou la recombinaison naturelle d’un virus animal déjà existant. Si des millions de personnes mourraient par suite d’importants tremblements de terre ou d’éruptions volcaniques, les conséquences politiques resteraient mineures. Mais il existe des éléments très probants indiquant qu’en cette occurrence, la main de l’homme a été responsable de ce virus.

À la fin 2021, le Wall Street Journal a consacré une pleine page à la discussion et à la critique de plusieurs ouvrages récents analysant les origines de l’épidémie de Covid, tous ces ouvrages affirmant haut et fort que le virus est sorti d’un laboratoire. J’ai assez vite répondu par un article de mon cru, pour discuter à la fois ces ouvrages et le résumé qui en a été produit.

American Pravda: Confronting Covid Crimestop
The Unz Review • 13 décembre 2021 • 6400 Mots

L’ensemble de ces auteurs pointaient du doigt l’Institut de Virologie de Wuhan comme source probable du virus, affirmant que celui-ci s’en est échappé par accident et s’est répandu dans la ville voisine, puis dans le monde entier, un scénario comportant d’immenses implications politiques. Comme je l’ai écrit :

L’un des ouvrages discutés a été écrit par Jasper Becker, un journaliste britannique qui a passé 18 années comme correspondant à Pékin, et le dernier paragraphe de l’article du Wall Street Journal le cite suggérant que si les Chinois reconnaissaient cette responsabilité, le régime en place pourrait chuter :

La honte nationale pourrait sonner le glas du joug de soixante-dix années du Parti Communiste chinois. Cela engendrerait un séisme politique dont l’épicentre se trouverait en Chine, mais qui se propagerait dans le monde entier.

Cependant, comme je l’ai expliqué, l’auteur et celui qui l’a commenté semblent très mal informés au sujet d’éléments importants de l’histoire du XXème siècle :

Le critique note que Becker revient sur l’histoire passée pour suggérer que l’on ne peut pas faire confiance dans les dénégations avancées par les Chinois, soulignant que durant la guerre de Corée, les Communistes chinois avaient lancé une offensive de propagande majeure, affirmant faussement que l’armée étasunienne avait fait usage d’“armes microbiennes” interdites pour attaquer l’armée chinoise :

Il s’agit de l’une des raisons pour lesquelles les agences de renseignements occidentales vont probablement douter ou au moins remettre en question les thèses officielles au sujet des origines du virus et du rôle joué par l’Institut de Virologie de Wuhan… Car les gouvernements chinois et soviétique avaient propagé un récit complètement faux évoquant une guerre biologique lancée par leurs ennemis contre des civils, tout en menant en secret leur propres programmes d’armes microbiennes.

Becker et le critique affirment tous deux raisonnablement que si l’on détecte qu’un gouvernement a menti par le passé au sujet de la guerre biologique, alors ce que ce gouvernement affirme dans le présent au sujet de l’épidémie de Covid n’est pas digne de confiance.

Je suis convaincu que la plupart des lecteurs ont simplement hoché la tête en apprenant tous ces éléments, et il y a quelques mois encore, j’en aurais fait autant. Mais il y a plusieurs mois, j’ai soigneusement étudié l’histoire de la guerre biologique étasunienne, et j’ai découvert que le récit que j’avais tranquillement accepté de la part de nos médias est l’exact opposé de la réalité historique. Sur la base de documents gouvernementaux déclassifiés et d’autres sources conventionnelles, les preuves sont en réalité écrasantes que les Chinois disaient bien la vérité durant la guerre de Corée, alors que c’étaient nos propres dénégations qui étaient inexactes. Les États-Unis ont bel et bien fait usage d’armes biologiques durant ce conflit.

American Pravda: Waging Biological Warfare
Ron Unz • The Unz Review • 9 août 2021 • 7500 Mots

Je n’ai aucun doute quant au fait que Becker se soit montré tout à fait sincère, et que ce qu’il affirme sur cette question historique spécifique résulte simplement de son acceptation du récit médiatique conventionnel, et ne relève pas de la tromperie délibérée. Mais si nous employons à présent ses propres valeurs, dès lors que nous reconnaissons que la Chine a dit la vérité par le passé, alors que les États-Unis ont non seulement fait usage d’armes biologiques interdites mais ont aussi menti à ce propos, ces faits perturbants doivent éclairer notre analyse au sujet de l’épidémie de Covid.

Peut-être que le Covid est un virus naturel, et peut-être qu’il est sorti par accident d’un laboratoire situé à Wuhan. Mais il existe également une troisième possibilité logique : qu’il ait été volontairement répandu dans l’une des plus grandes villes de Chine dans le cadre d’une attaque de guerre biologique préparée. L’épidémie de Covid s’est produite au plus haut du conflit international en cours entre la Chine et les États-Unis si bien que les éléments de notre propre gouvernement hostile peuvent constituer des suspects évidents. Aucune de ces trois ouvrages ne semble reconnaître l’existence de cette possibilité hypothétique, même pour simplement la repousser : voici un énorme trou noir qui résulte peut-être, ou peut-être pas, des contraintes propres à l’industrie de publication des États-Unis.

Au moment où sont parus ces livres et cet article de critique, la possibilité que le virus du Covid trouve ses origines aux États-Unis était restée absolument impossible à mentionner dans les médias occidentaux, mais au cours des quelques semaines passées, la situation a subitement changé.

Le professeur Jeffrey Sachs, de l’Université de Columbia, se classe comme pilier de l’establishment dominant et a occupé le poste de président de l’influente commission sur le Covid instituée par le Lancet, un journal médical de premier plan. Au mois de mai, il est sorti de son silence, et a co-signé un article dans la prestigieuse revue Proceedings of the American Academy of Sciences, affirmant que le virus était clairement artificiel, et appelant à une enquête indépendante au sujet de sa possible origine étasunienne.

A call for an independent inquiry into the origin of the SARS-CoV-2 virus
Neil L. Harrison and Jeffrey D. Sachs • PNAS • 19 mai 2022 • 2800 Mots

L’énorme bombe politique lâchée par Sachs est restée presque totalement ignorée de nos médias occidentaux timorés. Cependant, au mois de juin, il a réitéré des remarques semblables lors d’une conférence en Espagne, et un clip concentrant ses propos est devenu viral sur Twitter au début du mois de juillet : il a été retweeté à ce jour 11000 fois, et a accumulé presque un million de vues.

Wow😯Prof. Jeffrey Sachs:

“J’ai présidé pendant 2 ans la commission du Lancet sur le Covid. Je suis convaincu que ce virus est sorti d’un laboratoire de biotechnologie étasunienne […] Nous n’en avons pas la preuve, mais nous disposons de suffisamment d’éléments. [Pourtant] aucune enquête n’est menée, ni aux États-Unis, ni ailleurs”. pic.twitter.com/IYvSJnlv1q

— Arnaud Bertrand (@RnaudBertrand) 2 juillet 2022

Dans un article paru la semaine passée, j’ai avancé que le pot aux roses était bel et bien dévoilé, et le Daily Mail britannique m’a donné raison, en publiant un article qui a enfin brisé l’embargo médiatique :

Le Covid est sorti d’un laboratoire ÉTASUNIEN et non pas du célèbre laboratoire chinois au centre de la dissimulation de la pandémie, affirme un professeur étasunien décrit comme “propagandiste pro-chinois”
Connor Boyd • Daily Mail • 4 juillet 2022 • 1,500 Words

Le Daily Mail s’est spécialisé il y a longtemps pour couvrir les sujets considérés comme trop “chauds” par le reste des médias dominants. En résultante, il a réalisé l’exploit de se positionner en deuxième rang des audiences, derrière la vénérable BBC, avec plus du double du trafic du Washington Post et cinq fois celui du Wall Street Journal. Le récit explosif sur les révélations de Sach a rapidement accumulé des milliers de partages et 1800 commentaires.

Qui plus est, un article précédent du Daily Mail, remontant au mois de février, avait discuté de nouvelles preuves scientifiques établissant qu’un composant central du virus du Covid provenait d’une séquence précédemment développée et brevetée des années plus tôt par Moderna, une entreprise de biotech étasunienne de premier-plan. Quoiqu’il n’existe aucun élément permettant d’avancer que Moderna ait en soi des connexions directes avec le Covid, ce point semble établir que le virus était bel et bien artificiel, et suggérait en outre une origine aux États-Unis.

Des Scientifiques affirment que le virus du Covid contient des séquences d’ADN qui “correspondent à un brevet déposé par Moderna TROIS ANNÉES avant le début de la pandémie.”
Connor Boyd • Daily Mail • 4 juillet 2022 • 2100 Mots

Ainsi, grâce à Sachs, un débat public est désormais lancé pour savoir si le Covid est ou non sorti d’un laboratoire étasunien. Mais les deux premières flambées épidémiques se sont produites en Chine et en Iran, frappant les deux pays du monde les plus exposés à l’hostilité des États-Unis, ce qui serait sans doute très improbable si le virus s’était répandu par accident.

Le sous-texte absolument impossible à évoquer de la discussion en cours est la possibilité évidente que le virus du Covid ait été créé dans un laboratoire aux États-Unis, puis volontairement déployé contre la Chine et l’Iran exactement comme l’avait dénoncé l’Iran à l’époque, pour ensuite fuiter et dévaster les États-Unis et le reste de l’Occident.

Au cours des deux dernières années, j’ai été pratiquement seul à soutenir cette hypothèse controversée, qui s’est vue presque totalement exclue des médias dominants et alternatifs. Ma longue suite d’article est consultable sur mon site unz.com et a été concentrée en un livre électronique téléchargeable gratuitement, déjà téléchargé plus de 11000 fois :

Covid/Biowarfare Series
Ron Unz • The Unz Review • avril 2020 – décembre 2021 • 60000 Mots

En 1986, les médias occidentaux qui dominaient le monde se sont assurés que le désastre de Tchernobyl en vint à symboliser l’incompétence et la malhonnêteté soviétiques, et ont utilisé cet incident pour infliger un coup terrible et peut-être fatal à l’Empire soviétique vacillant. Mais de nos jours, l’Occident continue de dominer les médias mondiaux, si bien que l’Empire étasunien n’a eu à souffrir d’aucune conséquence grave de son rôle probable dans le désastre du Covid pourtant bien plus conséquent. Cependant, les choses sont peut-être en train de changer.

Google et Facebook sont les principaux gardiens de l’internet mondial, et quelques jours après la publication de mon premier article sur les origines du Covid, au mois d’avril 2020, ils avaient censuré notre site web et avaient déréférencé toutes nos pages, réduisant fortement notre capacité à répandre nos informations. De même, la division Youtube de Google est la plateforme vidéo dominante au niveau mondial, et apparemment elle relègue à l’obscurité les vidéos discutant du Covid qui s’écartent trop du récit standard.

Mais la censure politique de plus en plus stricte pratiquée par Youtube sur de nombreux sujets a créé une ouverture pour des plateformes vidéo concurrentes, et selon un article du New York Times paru au mois de mars, Rumble est devenu le principal concurrent, surtout pour attirer les conservateurs et les soutiens de Trump exclus par les sévères restrictions pratiquées par Youtube. Après que la grande chaîne russe RT a été interdite par Youtube, elle a également basculé sur Rumble.

Le trafic géré par Rumble reste marginal par rapport à celui de Youtube, la plateforme dominante continuant d’attirer environ cent fois plus de visites mensuelles. Mais le refus par Rumble de supprimer les contenus controversés en fait l’un des meilleurs choix pour qui défie le dogme de l’establishment, et je suis très satisfait de mes propres résultats. Juste avant l’éclatement de la guerre entre la Russie et l’Ukraine au mois de février, j’ai produit plusieurs interviews vidéos sur mon analyse du Covid avec des petits podcasteurs, et ceux-ci ont été vus plus de 600 000 fois sur Rumble, dont plus de 100 000 fois rien qu’au cours des dix derniers jours.

En outre, deux de mes interviews vidéo ont désormais dépassé les 200 000 vues chacune, des totaux qui semblent se classer parmi les plus populaires sur cette plateforme.

Après que Youtube l’a banni, Alex Jones se concentre désormais sur Rumble, où il dispose de 127 000 abonnés, mais si vous classez ses vidéos par nombre de vues, aucune n’a dépassé les 70 000 vues. Si vous cherchez “Tucker Carlson” une dizaine de ses vidéos dépassent les 300 000, mais l’écrasante majorité est bien en dessous des 100 000. Et hormis son flux vidéo continu, la chaîne RT sur Rumble n’a produit que quatre vidéos dépassant les 100 000 vues, et une écrasante majorité de vues plus proche des 10k.

Si mes interviews avec de petits podcasteurs ont désormais accumulé davantage de vue sur Rumble que 98% des vidéos montrant Alex Jones, Tucker Carlson ou RT, cela suggère l’énorme audience potentielle que pourrait produire une discussion candide sur les vraies causes probables d’un désastre global sans doute mille fois plus grave que celui de Tchernobyl.


Lien vidéo




Lien vidéo




Lien vidéo

Traduit par José Martí, relu par Wayan, pour le Saker Francophone

   Envoyer l'article en PDF