Par James Howard Kunstler – Le 12 octobre 2018 – Source kunstler.com
On dirait que quelqu’un a jeté un chat mort sur la piste de luge de Wall Street pendant la nuit pour stopper temporairement la chute de 2000 points de l’indice Dow Jones – et une large sensation de chute libre sur d’autres indices boursiers, y compris dans d’autres pays. Une pause vendredi dans le carnage financier a donné aux « hedge funders » l’occasion de planter des pancartes « à vendre » le long des allées dans les Hamptons [Zones de vacances des riches new-yorkais, NdT], mais qui pourraient être les acheteurs ? Des « hedge funders » d’une autre planète, peut-être ? Vous pouvez compter la-dessus. Et pendant que vous y êtes, comment ça s’écrit, problème de liquidité ?
Bienvenue dans la zone de convergence de la longue urgence, où la loi de Murphy rencontre la loi des effets pervers et la loi des rendements décroissants, les « Trois Amigos » de l’effondrement. C’est là que le fait d’être « réveillé » commence enfin à avoir un sens. À savoir, qu’il y a des choses plus importantes dans le monde que l’hystérie sexuelle comme, par exemple, la baisse de votre niveau de vie (et celui de tous ceux qui vous entourent).
La rencontre entre Kanye West et le président D.J. Trump a été une métaphore encore plus riche de la situation : deux « génies » autoproclamés se la pétant devant des caméras dans le bureau ovale, comme des enfants dans un bac à sable, sans une seule idée intelligible émergeant de la rencontre, et des adultes gênés qui se tenaient tous autour en prétendant que c’était un grand moment de l’histoire. Il fallait se demander quelle part de la fortune de Kanye était cachée dans la maison en flammes des actions des FAANG. Peut-être que ça a fait basculer son interrupteur bipolaire. Ou était-il même attentif à l’action des marchés derrière toutes ces démonstrations de virilité et les câlins avec Trump ? (Il avait son téléphone en main.) Pendant ce temps, M. Trump semblait traverser l’instant derrière son puissant bureau Resolute comme s’il s’était « réveillé » en réalisant que danser sur une bulle financière mondiale épique ne voulait pas vraiment dire être « en train de gagner ».
Si j’étais président, je déclarerais le 12 octobre Journée du plus fou… Plus personne n’aime Christophe Colomb, ce monstre génocidaire du privilège agonisant des hommes blancs. Les futures sont en train de zoomer au moment où j’écris, une dernière razzia pour les salauds de l’OD corral, ce qui m’amène à la question : qui va se présenter lundi [à la bourse] ? Personne, je le prédis. Et ensuite quoi ?
La grande marée faussaire des marchés financiers recommence à baisser influençant les élections de novembre. La ruine de tout cela enterre les restes de l’industrie automobile et du marché immobilier. Les répercussions de la crise seront décrites comme le début d’une récession qui se fait attendre depuis longtemps, mais il s’agira en fait de quelque chose de bien pire, qui n’est pas près de s’arrêter.
Le Parti démocrate n’est peut-être pas assez agile pour tirer parti de la disparition soudaine du capital. Leur seul espoir jusqu’à présent a été d’obtenir le vote de toutes les Américaines, afin d’augmenter leur électorat constitué de victimes enflammées et lésées par des injustices non fondées. C’était amusant de jouer ces cartes, et le Parti ne sait peut-être même pas comment jouer à un jeu différent à ce stade. Les politiciens démocrates peuvent aussi faire partie de ceux qui voient leur valeur nette s’envoler dans les vapeurs d’essence de l’effondrement des marchés, les laissant trop engourdis pour agir. La dernière fois qu’une telle chose s’est produite, à l’automne 2008, le candidat Barack Obama savait à peine quoi dire de la chute de Lehman Brothers et de la cascade de misère qui a suivi – bien qu’il soit déjà un otage de Wall Street à l’insu des électeurs.
Pour compliquer les choses cette fois-ci, il y aura le chaos déclenché au niveau de la politique intérieure et du gouvernement lorsque le mélodrame de la collusion russe qui dure depuis longtemps se transformera en une série d’accusations contre les acteurs de la communauté des services secrets, du ministère de la Justice ET du Comité national démocratique, et peut-être même avec le dernier porte-drapeau du Parti, Hillary Clinton, pour avoir fait de l’affaire Russe et des collusions annoncées, une opération de sédition. Les rouages de la loi tournent lentement, mais ils tourneront même lorsque les marchés financiers seront par terre. Et la menace pour l’ordre public pourrait être si grande qu’il faudrait déclarer un état urgence sans précédent, avec des soldats dans les rues de Washington, comme ce fut malheureusement le cas en 1861, la première fois que le pays a été sens dessus dessous.
Pour lui, les choses sont claires, le monde actuel se termine et un nouveau arrive. Il ne dépend que de nous de le construire ou de le subir mais il faut d’abord faire notre deuil de ces pensées magiques qui font monter les statistiques jusqu’au ciel.
Traduit par Hervé, relu par Cat pour le Saker Francophone