Les US du côté des forces obscures de la Seconde Guerre mondiale


Les États-Unis ont rétrospectivement rejoint le côté fasciste de la Seconde Guerre mondiale 


Par Eric Zuesse – Le 4 septembre 2015 – Source strategic-culture

Lors de la célébration commémorative à Beijing, jeudi 3 septembre, marquant le 70e anniversaire de la libération de la Chine du joug de l’agresseur japonais, terminant ainsi la Seconde Guerre mondiale dans le Pacifique, les États-Unis ont ostensiblement évité de se retrouver côte à côte avec la Chine, leur ancien allié pro-démocratique de l’époque.  Et à la place, ils ont a posteriori changé de camp, pour se ranger aux côtés des anciens fascistes, les puissances de l’Axe, le Japon lui-même, mais aussi l’Allemagne.

La diplomatie internationale est fortement axée sur le symbolisme historique, une chose que tous les gens impliqués dans la diplomatie internationale comprennent. La diplomatie internationale concerne constamment l’histoire et la fabrication de l’histoire ; c’est la substance même de la diplomatie ; et le symbolisme historique dans cet événement diplomatique particulier était clair : les États-Unis, de manière rétrospective, ont quitté le côté allié anti-fasciste, et sont passés du côté de l’Axe fasciste ; les États-Unis s’identifient maintenant avec les nations de l’Axe – les agresseurs. Les États-Unis ne s’identifient plus aux nations qui ont été agressées.

La BBC, dans son rapport sur les préparatifs de la Chine pour l’événement, a remarqué l’absence notable de dirigeants occidentaux dans la liste des personnes qui avaient accepté les invitations. Le rapport de la BBC continue, dans cette veine remarquable, sinon étonnante candeur : «Le défilé sert donc un double rôle : un reflet du passé et un signal pour l’avenir. Le récit officiel de la Chine sur les horreurs qu’elle a subies dans le passé – l’humiliation historique aux mains des puissances coloniales – est directement lié aux préoccupations actuelles de la Chine sur sa souveraineté et son intégrité territoriale, y compris dans les mer de l’est et du sud. A un niveau viscéral au sein de la société chinoise, il est impossible de détacher le passé du présent.» Le rapport s’est même terminé en reconnaissant la volonté du président chinois Xi Jinping «de protéger les intérêts fondamentaux de la Chine». Il s’agit d’une remarque sympathique, pas du tout hostile, à la fin d’un tel article. La légende de la BBC pour une photo était tout aussi honnête, et sans aucune coloration de propagande ajoutée à l’événement prévu : «La parade commémore ce que la Chine appelle la guerre de résistance du peuple chinois contre l’agression japonaise». Voilà comment la Chine voit la chose, et c’est exactement ce qu’elle est ; la BBC a honnêtement présenté le point de vue chinois sur une partie mémorable de l’histoire de la Chine. Le tropisme occidental anti-chinois et anti-russe était absent dans ce reportage admirable. [Ceci était avant l’événement, NdT]

Puis, le jeudi 3 septembre, le jour de l’événement, l’agence de presse officielle de la Chine Xinhua (maintenant appelée Agence Chine Nouvelle, afin de souligner la rupture de la Chine avec la position marxiste-maoïste de la guerre froide) affichait en gros titre : «Xi appelle le pays à se rappeler l’histoire de la guerre, et à poursuivre le développement pacifique», et le rapport commençait ainsi :

Le président chinois Xi Jinping a déclaré jeudi que tous les pays devraient tirer les leçons de l’histoire de la Seconde Guerre mondiale et s’affairer à un développement pacifique.

Xi a fait ces remarques au début d’une réception après un grand défilé militaire pour commémorer le 70e anniversaire de la victoire de la Guerre de Résistance du Peuple chinois contre l’agression japonaise et la Guerre antifasciste mondiale.

«Nous espérons sincèrement que tous les pays tirent sagesse et force de l’histoire, et poursuivent le développement pacifique en travaillant ensemble pour ouvrir un avenir prometteur à la paix mondiale», a-t-il déclaré devant plus de 800 invités chinois et étrangers.

« La victoire de la Chine dans la guerre était une grande victoire remportée par le peuple chinois se battant au coude à coude avec ses alliés anti-fascistes et les peuples dans le monde », a-t-il ajouté.

«Comme théâtre principal de la guerre anti-fasciste à l’Est, la guerre de résistance de la Chine a apporté une contribution essentielle à la victoire dans le monde entier», a continué Xi.

«Aucune force n’est supérieure au travail réalisé en commun avec un seul esprit», a-t-il dit, notant que durant la guerre, les alliés anti-fascistes et d’autres forces à travers le monde ont joint leurs efforts dans la lutte contre leur ennemi commun.

«Nous, les Chinois, nous n’oublierons jamais le soutien précieux apporté par les peuples épris de paix, les pays et les organisations internationales à notre lutte contre les agresseurs japonais.»

Le rapport a ensuite décrit la vision de Xi pour l’avenir de la Chine :

Avec un souvenir douloureux du passé, a indiqué M. Xi, le peuple chinois s’est constamment engagé sur une voie de développement pacifique et une stratégie d’ouverture gagnant-gagnant.

«Une Chine plus forte et plus développée se traduira par une plus grande force pour la paix mondiale», a déclaré le président.

Le journal German Economic News, dans son rapport sur l’événement, a noté :

De nombreux dirigeants se sont abstenus de participer à la parade militaire, afin de ne pas offenser les Américains, entre autres les alliés du Japon. L’Allemagne et les États-Unis ont seulement envoyé leur ambassadeur. De l’UE, seul le président tchèque Milos Zeman était présent. Le Premier ministre japonais Shinzo Abe, politicien de droite conservateur, très critiqué en Chine, avait refusé une invitation au «monument à la victoire dans la guerre du peuple chinois contre l’invasion japonaise et la lutte contre le fascisme».

Alors qui était là? Qui n’a pas assisté? :

Parmi les quelque 30 invités de l’État, il y avait le président russe Vladimir Poutine, le Secrétaire général de l’ONU Ban Ki-moon et le président de Corée du Sud Park Geun-hye, qui avait également souffert de l’agression japonaise. Dans la parade ont défilé près de 1 000 soldats de 17 pays tels que la Russie, Cuba, le Kazakhstan, le Mexique, le Pakistan et la Serbie.

En d’autres termes, cet événement, qui portait sur la Seconde Guerre mondiale, a eu une représentation qui reflétait plutôt la Guerre froide – la guerre entre le capitalisme et le communisme – même si le communisme (sauf en Corée du Nord) est mort et disparu, et qu’il reste des vestiges déclinants en Chine et à Cuba. L’idéologie contre laquelle les États-Unis ont mené la Guerre froide devrait donc maintenant être ignorée, et non traitée comme si la Guerre froide se poursuivait toujours et était toujours le point central de la politique étrangère américaine. Cette obsession de la Guerre froide par les États-Unis à propos d’un événement concernant la Seconde Guerre mondiale est pathologique, surtout en cette époque de hausse de la menace des djihadistes islamiques à travers le monde, une menace réelle pour l’Orient et l’Occident. Cette Seconde Guerre froide pourrait produire une troisième guerre mondiale, guerre nucléaire cette fois-ci. Pour quoi? Sur quoi? Pas sur le terrorisme islamique. Mais c’est tout de même ce que les dirigeants américains cherchent : la renaissance d’une Guerre froide, après que toute idée décente pour le retour d’une telle chose est passée depuis longtemps.

Un article d’accompagnement de Xinhua était intitulé «Peu de monde à l’Ouest se souvient du rôle de la Chine dans la Seconde Guerre mondiale». Il continuait : «… alors qu’il s’agissait d’un allié des États-Unis et de la Grande-Bretagne, juste après Pearl Harbor en 1941, et jusqu’à la capitulation du Japon en 1945, a déclaré un expert Oxford».

CCTV América titrait, le 25 août : «La Chine diffuse la liste des dirigeants mondiaux qui seront présents au V-Day et a noté : les journalistes présents à la conférence de presse ont montré leur intérêt pour les dirigeants qui ne veulent pas assister à la célébration.»

Le BRICS Post a rapporté que  «Mis à part la présidente brésilienne Dilma Rousseff, qui se bat avec des difficultés internes, les dirigeants des pays du BRICS sont attendus à la parade de la Chine le mois prochain pour renforcer leurs liens».

Le South China Morning Post, dans le plus complet de tous les rapports sur la liste des participants, a titré : «Seuls les vrais amis de la Chine assisteront à la parade du 70e anniversaire. Les dirigeants occidentaux clés et Kim Jong-un ne seront pas là». Ce rapport a déclaré: «Le seul chef d’État ou de gouvernement de l’UE sera le président tchèque, Milos Zeman. Le Premier ministre Shinzo Abe du Japon ne sera pas présent, bien que l’ancien Premier ministre japonais Tomiichi Murayama viendra. Pyongyang [Corée du Nord] enverra son membre du Politburo Choe Ryong-hae. Les États-Unis, le Canada et l’Allemagne vont envoyer des représentants de leurs missions diplomatiques en Chine [quelqu’un de leur ambassade], tandis que la France et l’Italie vont envoyer leurs ministres des Affaires étrangères ». Toutefois, l’ancien Premier ministre britannique Tony Blair a également assisté, comme l’a fait le président russe Vladimir Poutine et le président Park Geun-hye de la Corée du Sud.

En d’autres termes : les États-Unis, le Canada, l’Allemagne et la Corée du Nord ont envoyé des représentants du plus bas niveau ; la République tchèque, la Corée du Sud et la Russie ont envoyé le plus haut niveau ; la France, l’Italie, la Grande-Bretagne et le Japon étaient dans le milieu. La Chine est l’un des pays du BRICS, donc sur ce seul fait, il est naturel que les BRICS aient envoyé des représentants de haut niveau. En envoyant seulement un membre du Politburo, la Corée du Nord indique la profonde insatisfaction de Pyongyang avec le degré de soutien que la Chine lui a fourni récemment. L’envoi, par le Japon, d’un ancien Premier ministre montre que le gouvernement japonais ne veut pas vraiment qu’il y ait une autre guerre entre les deux géants économiques de l’Asie : c’est une concession extraordinaire de la part du pays dont la défaite était célébrée par l’événement.

Cette liste d’invités est un condensé parfait de la situation où les choses en sont maintenant arrivées dans la structure des relations internationales. C’est une déclaration historique, sur le présent, ainsi que sur le passé. Le symbolisme n’est peut-être pas aussi clair que des mots, mais il est beaucoup plus emblématique, parce qu’il s’agit de la réalité crue que les mots ne peuvent représenter (ou peuvent même déformer). De toute évidence, l’administration Obama a fait tout ce qu’elle pouvait pour soutenir les anciennes puissances fascistes, le Japon et l’Allemagne, contre la Chine, rétrospectivement, à cette occasion. Le Japon est moins disposé que l’Allemagne à suivre la volonté de l’Amérique de reconstruire les affaires du monde sur les fondations de la Seconde Guerre mondiale, après que les États-Unis ont viré à 180 degrés pour devenir aujourd’hui la première puissance fasciste au monde – en remplacement de ce qu’était l’Allemagne. L’Italie n’est pas non plus disposée à se plier entièrement et à embrasser le nouveau rôle de l’Amérique comme leader mondial du fascisme. De même, le Royaume-Uni refuse de se plier entièrement – l’alliance anglo-américaine s’effiloche. La Corée du Nord suit les États-Unis sur cette question seulement à cause de la détérioration de ses relations avec la Chine. La Corée du Sud est plus intéressée à ne pas offenser la Chine qu’elle ne l’est à continuer de suivre la ligne de vassal complet d’un pays devenu désormais clairement fasciste. C’est extraordinaire, mais va de pair avec l’affaiblissement de la relation entre la Corée du Nord et la Chine.

Afin de comprendre plus profondément ce virage des États-Unis vers le fascisme dans les affaires internationales, les liens suivants sont, je pense, particulièrement pertinents, car ils décrivent les développements antérieurs allant dans la même direction générale – les États-Unis sont aujourd’hui les leaders fascistes du monde :

«Les États-Unis, et seulement trois pays à l’ONU, pour soutenir officiellement le nazisme et le négationnisme ; Israël s’écarte d’eux; l’Allemagne s’abstient»

«Le États-Unis détruisent l’Europe – à l’insu de leur plein gré?»

«Jimmy Carter a raison, les États-Unis ne sont plus une démocratie»

Eric Zuesse est historien il est l’auteur de They’re Not Even Close: The Democratic vs. Republican Economic Records, 1910-2010, et de CHRIST’S VENTRILOQUISTS: The Event that Created Christianity.

Traduit par jj, relu par Diane pour le Saker Francophone

 

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