Les nombreux Travaux d’Hercule


Par James Howard Kunstler − Le 22 novembre 2020 − Source Clusterfuck Nation

James Howard KunstlerUne chose que l’on peut dire de la conférence de presse commune des trois avocats de la campagne Trump, jeudi à midi, assurément ce n’était pas très au point. Mais quoi,  sommes-nous à ce point une nation de crétins lobotomisés que notre principal critère pour tout acte public d’un mélodrame national aigu soit la qualité de la présentation ? Je suppose que nous aimons que nos crises soient ébouriffantes [ou bouffantes par leur côté bouffe ?, NdT], comme un spot de Caitlin Jenner sur ‘The View’. Celle-ci, cependant, reste brutale et sauvage.

C’est ainsi que Rudy Giuliani se tenait dans cette salle de réunion exiguë, avec des traces sombres qui coulaient sur ses tempes comme s’il transpirait du sang –  plus vraisemblablement, de la teinture pour les cheveux – faisant parfois des blagues et lançant de temps en temps des avertissements très durs concernant les poursuites en cours pour fraudes électorales. On a vu ensuite, Sidney Powell ; elle est d’habitude très sobre mais cette fois elle semblait trembler de chagrin et bouillir de rage devant le dévoiement de la démocratie américaine et la connivence bien connue de l’État Profond dans cette affaire, cédant presque aux larmes à certains moments alors qu’elle esquissait l’histoire sinistre et les collusions des systèmes de vote Dominion et Smartmatic, – et l’échec complet de l’administration publique à contrôler tout cela pendant de nombreuses années. Il y eut enfin Jenna Ellis, très sûre d’elle, soulignant à une demi-douzaine de reprises, et de manière assez sévère pour les médias obstinément séditieux, que les preuves réelles seraient révélées au tribunal et que la présentation du jour n’était qu’un simple aperçu. Vous pigez ? Au tribunal !

Trump et sa conseillère juridique Jenna Ellis

Les médias n’ont pas compris le message, – expressément sourds, comme d’habitude, – et les histoires ont donc fait le tour des chambres d’écho d’enfumage sur Internet, marquant combien les trois avocats n’avaient pas réussi à convaincre. Plus tard dans la nuit, Tucker Carlson a reproché à Sidney Powell de ne pas avoir fait part de ce qu’elle avait l’intention de présenter au tribunal. Apparemment, elle lui aurait raccroché au nez. Soyons réalistes, cette dame a eu un mois et une année difficiles, car elle a dû se battre contre le malveillant et dépravé juge Emmet Sullivan pour faire acter le non-lieu dans l’affaire contre le général Flynn ordonné par le DOJ, et maintenant cet énorme truc d’une affaire de fraude électorale historique et capitale.

Alors tout va bien, les avocats de M. Trump ont mis la table pour une épique bataille de gastronomie politique avec seulement quelques semaines pour conclure l’enquête, déposer et poursuivre, et nous devrons rester là comme des adultes et regarder comment tout cela se passera dans les tribunaux. Il se peut qu’il y ait d’autres manigances dans les différentes législatures d’État à propos des listes électorales et autres, en cours de route, mais en attendant, je tiens à vous rappeler qu’il y a beaucoup d’autres foyers d’affrontement dont il faut tenir compte dans cette méga-crise naissante.

L’une d’entre elles, bien sûr, est le train d’équipage de tyrannie qui accompagnerait le vieux Joe Biden, ce tordu, ce fou, jusqu’au pouvoir, s’il parvenait à prêter serment – voir plus loin. Grâce aux actions de son équipe de transition, M. Biden – ou le gang en coulisse – vise à mettre en place dans les agences fédérales un régime officiel de suppression de la liberté d’expression, de la liberté de l’information, de la culture de la néantisation dite-cancel culture, de l’oppression raciale, de la guerre des genres et autres points du programme du ‘Wokenisme1. Avez-vous une idée de l’ampleur de la colère et de la contestation que cela va provoquer ? Pensez-vous que la moitié de la population restera assise pendant les séances de dénonciation et de destruction des “privilèges des Blancs” ?

Un autre acteur de désordre est l’État profond lui-même. Cet empire maléfique est sur le point de s’imposer à nouveau dans un dernier acte de sédition après quatre années d’incessantes intrigues méprisables. Le ministère de la Justice, le FBI, la CIA et toutes les autres agences oppressives auront carte blanche pour surveiller les citoyens américains et tenter de contrôler tout ce qu’ils font. Toute l’affaire Russiagate  – telle qu’elle pourrait être menée à bien sous la direction du procureur John Durham –  sera jetée à la mer avec des boulets aux pieds, à la manière du crime organisé. Les Comey, Brennan, Clapper, McCabe, Strzok, Gina Haspel, Andrew Weissmann et le reste de la bande vont tous se remettre à patiner, – certains pourraient même être réinstallés dans leurs bureaux fédéraux. Facebook, Twitter et Google seront recrutés comme censeurs sociaux – ils s’y sont déjà employés, certes – pour supprimer la diffusion d’informations indésirables. Dieu sait dans quel genre de mésaventures à l’étranger ce gang va se fourvoyer. Je ne me donnerai même pas la peine d’évoquer les perversités et les expériences économiques que le nouveau régime pourrait tenter de lancer en raison de ce qui suit …

… qui est le fiasco financier de la maison mère qui éclatera lors d’une présidence de Joe Biden et la destruction monumentale de l’activité qui prendra la forme d’une implacable dépression. Le système bancaire mondial est gros d’un monstre de dix mois du type Rosemary’s Baby. Les confinements et cessation d’activité hivernales dues à la Covid-19 vont mettre une balle dans la tête de toutes les petites entreprises restantes et les entreprises géantes zombie sont sur le point de s’effondrer. Les périodes de moratoire de paiement des loyers, des hypothèques et des prêts se terminent en décembre. Si elles ne sont pas renouvelées, de nombreuses familles risquent de perdre leur logement ; si elles sont prolongées, de nombreux créanciers et propriétaires seront en faillite, incapables de faire face à leurs propres obligations. Peu de gens dans les médias ou dans l’administration semblent comprendre que les dettes impayées explosent, et finiront par miner l’ensemble du système, en particulier les devises, qui circulent comme le sang dans un organisme, et sont maintenant victimes d’une hémorragie. Non seulement il n’y aura pas d’argent pour les expériences économiques des progressistes, mais il n’y aura pas assez d’argent pour stopper la chute rapide du niveau de vie en Amérique. Biden & Company, si triomphant en ces temps d’assombrissement, essuieront de plein fouet ce choc en 2021.

Dans le cas peu probable où M. Trump l’emporterait dans cette querelle électorale, lui et son peuple seront soumis exactement à ce qu’ils ont déjà commencé à subir, à savoir le développement catastrophique de la crise épique duQuatrième Tournant que j’appelle la Longue Urgence. Il y aura une offensive supplémentaire d’anarchie Antifa/BLM dans les rues, en plus des difficultés économiques de l’époque. Comment l’Amérique sortira-t-elle de cette tempête, c’est la plus importante question à $64 000 milliards de tous les temps. Le néo-féodalisme, un nouvel âge sombre, un nouvel âge de pierre… qui sait… ?

Comme une sorte de Post-Scriptum et selon ce que j’ai mentionné plus haut, il y a les questions subsistantes, comme celle de savoir si le Ol’White Joe Biden pourra seulement parvenir à monter sur le podium inaugural. En dehors de ses facultés mentales défaillantes, il y a les questions qui entourent ses affaires et celles de sa famille dans les pays étrangers ces dernières années, en particulier l’argent récolté par les entreprises dans lesquelles ils sont partie prenante en Chine, avec des liens aux services de renseignements chinois. Cela suscite des inquiétudes légitimes sur le risque de sécurité nationale que représente Biden devenu président. Ces inquiétudes ne sont pas près de disparaître.

Enfin, quelques mots d’encouragement à ceux d’entre vous qui sont presque en phase terminale de dégoût devant la malhonnêteté et la mauvaise foi des personnes qui dirigent les choses dans notre pays : ce n’est pas une occurrence historique comme l’URSS de 1989. Les seigneurs soviétiques avaient une presse aux ordres, bien sûr, mais Internet n’avait alors qu’une présence larvée dans la culture mondiale. Tout ce que le peuple russe avait à combattre dans le milieu immersif de mensonges dans lequel il vivait, c’était les stencils des ronéoteuses et la feuille de vigne de leur politiquement correct. Nous disposons aujourd’hui de bien meilleures ressources pour diffuser l’information en Amérique, malgré nos tribulations avec les médias de la presse Système et les voyous de la Silicon Valley. Nous disposons d’un réseau d’information alternative assez solide et de nombreux commentateurs  indépendants entreprenants, capables de diffuser de l’information. L’information indépendante continuera et sera diffusée, et il est utile de se rappeler que la vérité a des pouvoirs divins qui lui sont propres.

James H. Kunstler

Note de dedefensa

Note du Saker Francophone

Nous reprenons ici l'article de Kunstler, traduit et commenté par dedefensa.org le 21 novembre 2020. Pour le Wokerstérisme, retrouvez l'article de kunstler.

Traduit par dedefensa, relu par le Saker Francophone

Notes

  1. Kunstler écrit ‘Wokesterism’ pour désigner cette dynamique en plein développement, et il nous a fallu nous rendre dans notre atelier ès-néologismes pour y trouver un équivalent francisé. Nous avons hésité entre ‘Wokenessisme’ et ‘Wokenisme’, sensible à la correspondance audible entre le premier avec ‘progressisme’, alors qu’il s’agit bien d’une sorte d’hyper-progressisme, de monstre sorti du “ventre fécond de la bête immonde” (progressiste, of course) ; optant finalement pour le second, moins laid, plus facilement prononçable. Nous ne sommes pas définitivement fixé et nous y reviendrons. Dans tous les cas, nous croyons qu’il faut utiliser un tel pléonasme, d’abord parce que cette extraordinaire folie est spécifiquement de développement et de production américaniste (et donc garder le mot choisi par les acteurs eux-mêmes) ; ensuite parce que les équivalents hors-USA, tels que ‘nouvelle gauche’, ‘gauche moderne’, ‘gauchisme’ ou ‘hypergauchisme’, voire ‘marxisme culturel’ et ‘grascisme’ (de Gramsci) que certains intellectuels US eux-mêmes utilisent, etc., – ces équivalents sont d’une platitude et surtout, surtout, d’un anachronisme qui ne nous disent rien de l’importance du mouvement.
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