Les néoconservateurs exigent une plus grande ingérence en Afghanistan


Par Moon of Alabama – Le 14 avril 2021

L’esprit tordu de l’avant-garde impériale américaine est bien exprimé dans un article d’Eliot A. Cohen, doyen de la School of Advanced International Studies de l’Université Johns Hopkins.

A propos de la sortie des Etats-Unis d’Afghanistan, Cohen écrit :

Ce n'est pas la fin de la guerre ; c'est simplement la fin de sa phase américaine directe. La guerre a commencé il y a plus de quatre décennies, avec l'invasion soviétique de l'Afghanistan, et sa première phase américaine, dans les années 1980, a été marquée par une intervention indirecte des États-Unis en faveur des moudjahidines antisoviétiques. La guerre durera certainement bien au-delà de la sortie américaine. Il n'y aura pas de partage du pouvoir, pas de réconciliation, pas de paix des braves.

Ce sont des mensonges. La guerre a commencé au milieu de l’année 1979, lorsque les États-Unis ont armé les seigneurs de guerre qui se battaient contre le gouvernement afghan :

Dans une interview accordée au magazine français Le Nouvel Observateur, en janvier 1998, l'ancien conseiller à la sécurité nationale des États-Unis, Zbigniew Brzezinski, racontait que "selon la version officielle de l'histoire, l'aide de la CIA aux moudjahidines a commencé au cours de l'année 1980, c'est-à-dire après l'invasion de l'Afghanistan par l'armée soviétique le 24 décembre 1979. Mais la réalité, tenue secrète jusqu'à présent, est tout autre : en effet, c'est le 3 juillet 1979 que le président Carter a signé la première directive d'aide secrète aux opposants au régime pro-soviétique de Kaboul."

Cohen poursuit :

La guerre se poursuivra, avec un avantage pour les guerriers fondamentalistes brutaux que sont les Talibans, qui tortureront et massacreront et abrogeront de même les avancées réalisés en matière d'éducation des femmes et de laïcité sous toutes ses formes. Mais ils ne feront pas tout à leur manière. La Russie, la Chine, l'Iran, le Pakistan, l'Inde et les républiques d'Asie centrale ont leurs propres enjeux dans cette guerre, et tous ne veulent pas voir une victoire pure et simple des talibans. Ils financeront donc des clients et des mandataires, tout comme, selon toute vraisemblance, les États-Unis. Et le peuple afghan continuera à souffrir.

Voici ces avancées…

Alan MacLeod @AlanRMacLeod - 8:18 UTC - 14 avr. 2021

Il y a un demi-siècle, 70% des enseignants afghans et 40% des médecins étaient des femmes. Aujourd'hui, seule une fille sur trois sait lire ou aller à l'école.

Mais le mythe selon lequel les États-Unis aident les femmes est si utile aux bellicistes néocons qu'il ne disparaîtra pas, quels que soient les faits.

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Après plus de 40 ans d’ingérence américaine en Afghanistan et de si mauvais résultats, et après avoir quitté le pays en vaincu, on pourrait penser qu’il serait raisonnable pour les États-Unis de s’abstenir de toute nouvelle ingérence. Mais non, après avoir déploré de façon hypocrite le sort des femmes afghanes, Cohen en demande encore plus :

Les États-Unis pourront choisir leur camp dans ce conflit, un luxe qu'ils n'ont pas actuellement. Pendant des décennies, ils ont été soumis aux menaces pakistanaises implicites et explicites d'étrangler les lignes d'approvisionnement des forces américaines en Afghanistan. Une fois que le retrait aura éliminé l'emprise du Pakistan sur sa logistique, les États-Unis pourront et devront soutenir plus librement les efforts de l'Inde pour protéger ses propres intérêts en Afghanistan. Les États-Unis peuvent de la même manière opposer les Russes aux Chinois, qui ne veulent pas nécessairement les mêmes choses là-bas.

L’Inde et le Pakistan sont des voisins dotés d’armes nucléaires qui se détestent. Alors pourquoi ne pas provoquer une petite guerre entre eux. Juste par dépit.

Quant au rêve de jouer la Russie contre la Chine, heureusement, ce n’est plus possible.

Mais quel degré de haine faut-il avoir pour donner un tel conseil ?

Moon of Alabama

Traduit par Wayan, relu par Hervé pour le Saker Francophone

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