Les plans de guerre étatsuniens pour l’Ukraine


Par The Saker – Le 16 avril 2021 – Source The Saker’s Blog

Franchement, le discours de Biden à la nation américaine (le premier de sa vie) était probablement le discours politique le plus nul et le plus désemparé que j’ai jamais entendu.  Et je ne parle pas du fait que Biden ait appelé Poutine « Clutin » ou qu’il ait confondu « désescalade » et « vaccination », je parle du contenu même de son discours.  Je le résumerais ainsi : nous continuerons à vous blesser et à vous humilier constamment, nous vous traiterons comme un enfant de 10 ans qui se comporte mal et qui a besoin d’une bonne fessée, mais nous voulons la paix et de bonnes relations.  Il est clair que Biden n’a aucune compréhension des affaires russes.  Mais si « Biden » (le collectif « Biden », pas le légume confus) a un plan, que pourrait-il être ?

J’ai déjà expliqué quel est le plan américain pour l’Ukraine : encourager les Ukronazis à attaquer la Russie tout en n’impliquant pas les États-Unis dans une guerre armée avec la Russie.

Comment les États-Unis pourraient s’y prendre ?

Un exemple :

Annoncer d’abord en grande pompe que les États-Unis envoient 2 (selon certaines versions 5 !) navires de l’US Navy en Mer Noire pour « dissuader » la Russie, montrer leur « soutien » aux Ukrainiens et leur donner le sentiment qu’en cas d’attaque, ils seront « couverts » par les États-Unis. Cela n’est pas sans rappeler ce que les États-Unis ont fait avec Saakashvili en 08.08.08 [Attaque géorgienne de l’Ossetie du Sud, NdSF] ou ce qu’ils ont fait pendant le « Printemps de Prague ». Franchement, c’est un vieux truc que l’Occident a utilisé d’innombrables fois dans son histoire. Et une fois que les Ukies se sentent exaltés d’être sous la protection de l’oncle Shmuel, retirez discrètement votre projet d’envoyer des navires dans ce qui est de facto un lac russe.

Les États-Unis marchent sur une corde raide : ils doivent inciter les Ukrainiens à attaquer, mais ces derniers sont terrifiés. Ils doivent donc leur donner l’impression que « le monde est avec vous », « nous vous protégerons », « nous nous battrons avec vous », puis, lorsque la situation semble s’aggraver, abandonner les Ukrainiens et se mettre à l’abri. Bien sûr, l’Occident uni soutiendra les Ukrainiens politiquement et économiquement (juste pour maintenir l’économie ukrainienne en survie), mais certainement pas militairement, car cela créerait le risque d’une guerre dévastatrice que les États-Unis et l’OTAN perdraient ou décideraient de recourir au nucléaire, ce qui serait tout simplement suicidaire.

Un chœur d’opinions profondément erronées, tant en Russie qu’en Occident, déclare aujourd’hui que Biden a « cligné des yeux », que la Russie a gagné et que la paix va maintenant arriver. Il s’agit là d’un point de vue très naïf qui découle principalement d’une méconnaissance de la nature de la guerre moderne et des opérations psychologiques.

Encore une fois, ce que certains peuvent voir comme une politique « Biden » en zigzag à l’égard de la Russie pense à tort que puisque « Biden » n’a pas promis le feu et le soufre contre la Russie, cela signifie que « Biden » a plié. C’est une idée fausse extrêmement dangereuse et je suis persuadé que les décideurs russes voient clair dans cette ruse (même s’ils n’en disent rien, ceux qui sont en fonction, du moins jusqu’à présent).

Poutine n’a toujours pas annoncé quelles contre-mesures (je préfère cette notion à celle de contre-sanctions, qui sont symétriques) la Russie prendra ensuite (contre les États-Unis, le Royaume-Uni et la Pologne principalement). Je n’ai aucune idée de ce que le Kremlin pourrait décider, mais j’observe des niveaux très élevés d’indignation et de détermination dans les médias russes (tant dans les médias traditionnels que dans l’internet russe). La société russe en a clairement assez et, une fois de plus, Poutine doit faire face à un nombre croissant de critiques pour avoir été trop mou et indécis. J’espère et je m’attends à ce que la réponse de la Russie soit cette fois-ci beaucoup moins douce (et, par conséquent, ambiguë) que par le passé. Nous le saurons bientôt.

Mise à jour de l'auteur

Juste au moment où je publiais cet article, j'ai vu l'article de Sputnik sur les contre-mesures russes. Franchement, je ne suis absolument pas impressionné et je pense que la plupart des Russes sont du même avis. Bien sûr, nous ne savons pas ce qui se passe en coulisses et les Russes ne sont pas tenus de divulguer ce qu'ils pourraient faire d'autre. Toutefois, je pense que des mesures telles que la fermeture du détroit de Kerch constituent une bien meilleure approche. Attendons quelques jours avant de porter un jugement définitif sur la qualité des contre-mesures russes.

The Saker

Traduit par Wayan, relu par Hervé, pour le Saker Francophone

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