Par Moon of Alabama – Le 4 mai 2018
Le Grauniad 1 s’enfonce de plus en plus dans la désinformation : « Révélation : Le Royaume-Uni veut renforcer l’alliance anti-Russie » est le titre d’une première page du journal qui ne nous révèle absolument rien. Aucun secret ne nous est dévoilé, et aucun journaliste n’a posé la moindre question embarrassante à qui que ce soit.
Comme tant d’articles du même genre, cet article désinforme pour accuser la Russie de désinformer.
La principale « révélation » vient d’un haut-fonctionnaire du gouvernement britannique. On y a ajouté quelques citations des propagandistes anti-russes habituels. Les allégations douteuses ou fallacieuses des gouvernements « occidentaux » sont présentées comme la vérité. Le fait que la Russie les nie est la preuve de la rouerie russe et de sa « désinformation ».
L’article commence ainsi :
« Le Royaume-Uni profitera d’une série de sommets internationaux cette année pour appeler à une stratégie globale de lutte contre la désinformation russe et préconiser une remise en question du dialogue diplomatique traditionnel avec Moscou, à la suite de la campagne agressive du Kremlin pour nier l’emploi d’armes chimiques au Royaume-Uni et en Syrie.
(…)
‘Le secrétaire d’État aux Affaires étrangères considère la réponse de la Russie à Douma et Salisbury comme un tournant et pense qu’il existe un soutien international pour aller plus loin’, a déclaré un officiel de Whitehall. ‘Les domaines dans lesquels le Royaume-Uni est le plus susceptible de s’engager sont la lutte contre la désinformation russe et la recherche d’un mécanisme pour obliger ceux qui utilisent des armes chimiques à rendre des comptes.’ »
Il existe un mécanisme pour obliger ceux qui utilisent des armes chimiques à rendre des comptes. Il s’agit de la Convention sur les armes chimiques et de l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques (OIAC). C’est le gouvernement britannique qui a refusé d’appeler l’OIAC lors de l’incident de Skripal :
« Au tout début, le gouvernement britannique s’est opposé à l’implication de l’OIAC, comme le demandait la Russie. Ce n’est que le 14 mars, dix jours après l’incident et deux jours après que le Premier ministre Theresa May a porté des accusations contre la Russie, que le gouvernement britannique a demandé à l’OIAC d’intervenir. Ce n’est que le 19 mars, 15 jours après l’incident, que l’équipe technique de l’OIAC est arrivée et a prélevé des échantillons de sang. »
Revenons maintenant à la désinformation du Guardian :
« Le Royaume-Uni a fait valoir aux différents ministères des affaires étrangères, que les dénégations russes au sujet de Salisbury et de Douma prouvent que cet État ne veut pas coopérer pour parvenir à une compréhension commune de la vérité, mais utilise au contraire les deux épisodes pour tenter systématiquement de diviser l’électorat occidental et semer le doute. »
Une « compréhension commune de la vérité » est un terme intéressant. Quelle est la vérité ? Ce que prétend le gouvernement britannique ? Il a accusé la Russie d’avoir empoisonné les Skripal huit jours à peine après l’incident. Maintenant, deux mois plus tard, il admet qu’il ne sait pas qui est coupable :
« À ce jour, la police et les services de renseignement n’ont pas réussi à identifier la ou les personnes qui ont perpétré l’attaque de l’agent innervant à Salisbury, a révélé le conseiller à la sécurité nationale du Royaume-Uni. »
Les Britanniques savent-ils d’où vient le prétendu poison Novitchok ? À moins qu’ils ne l’aient produit eux-mêmes, ils n’en ont probablement aucune idée. La République tchèque vient d’admettre qu’elle a fabriqué de petites doses d’un agent innervant Novitchok pour des tests. D’autres acteurs en ont fait autant.
Revenons au Guardian :
« Les politiciens britanniques ne sont pas les seuls à prétendre que la propension au mensonge de la Russie n’est pas une caractéristique personnelle de Poutine, mais une stratégie gouvernementale qui rend la diplomatie traditionnelle inefficace.
Angela Merkel, la chancelière allemande, a dit, en sortant d’un long entretien téléphonique avec Poutine – elle en a eu plus de 40 en un an – qu’il vivait dans un autre monde. »
Non, Merkel n’a jamais dit ça. C’est l’administration Obama qui a fait écrire ça à ses laquais du New York Times :
« La chancelière allemande Angela Merkel a dit à M. Obama au téléphone, dimanche, qu’après avoir parlé avec M. Poutine, elle se demandait s’il était en contact avec la réalité. Il est ‘dans un autre monde’, a-t-elle dit. »
Lorsque nous avons lu ça en mars 2014, cela nous a tout de suite paru suspect :
« C’est étrange, cela ne ressemble pas du tout à Merkel. Je doute qu’elle ait dit cela comme ‘les personnes à qui elle a parlé de sa conversation avec Poutine’ le font écrire au Times. Il s’agit plutôt d’une tentative pour discréditer Merkel et l’empêcher de s’entendre avec la Russie en dehors du contrôle américain. »
Un jour plus tard, le gouvernement allemand a nié que Merkel ait jamais dit une pareille chose (ma traduction) :
« La chancellerie est mécontente du rapport du New York Times. Merkel n’a absolument jamais voulu dire que Poutine ne se comportait pas rationnellement. En fait, elle a dit à Obama que Poutine avait un point de vue sur la Crimée différent [de celui d’Obama]. »
Un journaliste de McClatchy a poursuivi l’enquête et il est arrivé à la même conclusion que moi. La « fuite » au New York Times était de la désinformation.
Cette désinformation, diffusée par l’administration Obama et dont la fausseté a été immédiatement démontrée, est maintenant présentée par Patrick Wintour, le rédacteur diplomatique du Guardian, comme la preuve que la Russie fait de la désinformation et que Poutine est méchant.
Le ministre britannique de la Défense Gavin Williamson veut que les journalistes entrent dans les forces de réserve britanniques pour aider à la production de propagande :
« Il a dit que le recrutement de l’armée devrait se faire ‘en se tournant vers des personnes différentes, des journalistes, qui se demandent peut-être : Quelles sont mes compétences et en quoi peuvent-elles être utiles à l’armée ?’ »
Patrick Wintour serait sûrement une bonne recrue.
Il pourrait aussi aller à l’OTAN participer à la guerre de l’information que le Conseil de l’Atlantique veut intensifier afin de propager plus de désinformation sur ces satanés Russkofs :
« Ce dont nous avons besoin maintenant, c’est d’une alliance de défense transfrontalière contre la désinformation − appelez cela OTAN-Communications. Une telle alliance est, en fait, presque aussi importante que l’alliance militaire. »
Tout comme l’auteur de l’article du Guardian ci-dessus, un rédacteur du lobby de propagande de l’OTAN, le Conseil atlantique, fait de la désinformation contre les Russes qui ne résiste pas au plus petit examen :
« En épinglant l’agent innervant Novitchok sur la Suède ou la République tchèque, ou en accusant le Royaume-Uni pour l’attaque au gaz innervant en Syrie, le Kremlin sème la confusion dans la population de nos pays et nous fait perdre confiance dans nos institutions. »
La Russie n’a pas épinglé le Novitchok sur la Suède, ni la République tchèque. Elle a dit, à juste titre, que plusieurs pays produisaient du Novitchok. La Russie n’a pas accusé le Royaume-Uni pour l’« attaque au gaz innervant » en Syrie. La Russie a dit qu’il n’y a pas eu d’attaque chimique à Douma.
Les accusations de désinformation russe que ces auteurs portent ne résistent pas à un examen sérieux. Qui plus est, leurs articles sont eux-mêmes pleins de mensonges, de déformations de la vérité, bref… de désinformation.
L’objectif principal des intenses pressions opérées sur la plupart des organes d’information pour qu’ils fassent de la propagande anti-russe, est d’introduire un contrôle strict de l’information au sein des sociétés « occidentales ».
Tout ce qui s’éloigne de la « vérité » telle que prescrite ci-dessus doit être recouvert de tonnes de mensonges supplémentaires ou, si cela ne marche pas, être discrédité en tant que désinformation « ennemie ».
Ces techniques seront utilisées contre quiconque s’écartera de la norme imposée. Vous n’aimez pas ce pipeline dans votre jardin ? C’est que vous êtes complices des trolls russes, ou que vous êtes vous-même l’agent d’une puissance étrangère. La sécurité sociale ? Les Russes aiment ça. C’est de la désinformation. Laisse tomber !
Traduction : Dominique Muselet
Note
- Nom satirique donné autrefois au Guardian parce qu’il contenait beaucoup de coquilles ↩