Les États-Unis regretteront l’assassinat de Qassim Soleimani


2015-05-21_11h17_05Par Moon of Alabama − Le 3 janvier 2020

Aujourd’hui, les États-Unis ont déclaré la guerre à l’Iran et à l’Irak. Ils l’obtiendront en retour.

Tôt dans la matinée, un drone ou un hélicoptère américain a tué le général de division Qassim Soleimani, le célèbre commandant de la force iranienne Quds (Jérusalem), alors qu’il quittait l’aéroport de Bagdad où il venait d’arriver.

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La force Quds est le bras extérieur du Corps des gardiens de la révolution islamique iranienne. Soleiman était responsable de toutes les relations entre l’Iran et les mouvements politiques et militants extérieurs. Il a conseillé le Hezbollah libanais pendant la guerre de 2006 contre Israël. Son soutien aux groupes irakiens leur a permis de chasser les envahisseurs américains d’Irak. Il était l’homme responsable de la défaite de État Islamique en Irak et en Syrie. En 2015, Soleimani s’est rendu à Moscou et a convaincu la Russie d’intervenir en Syrie. Son soutien aux Houthis au Yémen leur a permis de résister aux assaillants saoudiens.

Soleimani était arrivé à Bagdad par un vol normal depuis le Liban. Il n’a pas voyagé en secret. Il a été récupéré à l’aéroport par Abu Mahdi al-Muhandes, commandant adjoint de al-Hashd al-Shaabi, une force de sécurité irakienne officielle placée sous le commandement du Premier ministre irakien. Les deux voitures dans lesquelles ils ont voyagé ont été détruites lors de l’attaque américaine. Les hommes, leurs chauffeurs et gardes sont morts.

Les États-Unis ont créé deux martyrs qui deviendront désormais les modèles et les idoles de dizaines de millions de jeunes au Moyen-Orient.

Les Houthis au Yémen, le Hezbollah au Liban, le Jihad islamique en Palestine, les forces paramilitaires en Syrie, en Irak et ailleurs ont tous bénéficié des conseils et du soutien de Soleimani. Ils prendront tous des mesures pour le venger.

Moqtada al-Sadr, le religieux chiite indiscipliné qui commande des millions d’adeptes en Irak, a donné l’ordre de réactiver sa branche militaire «Jaish al-Imam al-Mahdi». Entre 2004 et 2008, les forces du Mahdi ont combattu l’occupation américaine en Irak. Ils recommenceront.

L’assassinat pur et simple d’un commandant de la stature de Soleimani exige une réaction iranienne au moins à un niveau similaire. Tous les généraux ou hauts politiciens américains voyageant au Moyen-Orient ou ailleurs devront désormais faire attention. Il n’y aura aucune sécurité pour eux nulle part.

Aucun politicien irakien ne pourra plaider pour le maintien des forces américaines dans le pays. Le Premier ministre irakien Abdel Mahdi a appelé à une réunion d’urgence du Parlement pour demander le retrait de toutes les troupes américaines :

“L’assassinat ciblé d’un commandant irakien est une violation de l’accord. Cela peut déclencher une guerre en Irak et dans la région. C’est une violation claire des conditions de la présence américaine en Irak. J’appelle le Parlement à prendre les mesures nécessaires.”

Le Conseil de sécurité nationale d’Iran rencontre le chef suprême Ali Khamenei pour “étudier les options de réponse”. Il existe de nombreuses options de ce type. Les États-Unis ont des forces stationnées dans de nombreux pays autour de l’Iran. Désormais, aucune d’entre elles ne sera en sécurité.

L’ayatollah Ali Khamenei a publié une déclaration appelant à trois jours de deuil public, puis à des représailles.

“Son départ vers Dieu ne met pas fin à son chemin ni à sa mission”, indique le communiqué, “mais une vengeance énergique attend les criminels qui ont sur les mains son sang, et le sang des autres martyrs de la nuit dernière”.

L’Iran liera sa réponse au calendrier politique. Le président américain Donald Trump entamera sa campagne de réélection avec des troupes américaines menacées partout. Nous pouvons nous attendre à ce que des incidents comme les attentats à la caserne de Beyrouth en 1983 [241 soldats américains tués] se répètent quand Trump sera le plus vulnérable.

Celui-ci apprendra que tuer l’ennemi est la partie facile de la guerre. Les difficultés surviennent après cela.

En 2018, Soleimani a répondu publiquement à un tweet dans lequel Trump avait menacé l’Iran :

Monsieur Trump, le joueur ! […] Vous connaissez bien notre puissance et nos capacités dans la région. Vous savez à quel point nous sommes puissants dans la guerre asymétrique. Venez, nous vous attendons. Nous sommes les vrais hommes sur la scène, en ce qui vous concerne. Vous savez qu'une guerre signifierait la perte de toutes vos capacités. Vous pouvez commencer la guerre, mais c'est nous qui déterminerons sa fin.

Depuis mai 2019, les États-Unis ont déployé au moins 14 800 soldats supplémentaires au Moyen-Orient. Au cours des trois derniers jours, des éléments aéroportés et des forces spéciales ont suivi. Les États-Unis ont clairement prévu une escalade.

Soleimani sera remplacé par un officier de stature et de capacité égales. La politique et le soutien de l’Iran aux groupes étrangers s’intensifieront. Les États-Unis n’ont rien gagné avec leur attaque mais en ressentiront les conséquences pour les décennies à venir. Désormais, sa position au Moyen-Orient sera fortement limitée. D’autres vont emménager pour prendre sa place.

Moon of Alabama

Traduit par jj, relu par Wayan pour le Saker Francophone

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