Les enjeux du Russiagate sont extrêmes


2015-12-23_11h07_45-150x150Par Paul Craig Roberts – Le 25 janvier 2018 – Source paulcraigroberts

Le retard des Républicains à publier le résumé de l’enquête Russiagate du Comité de renseignement de la Chambre donne du poids à l’affirmation de la presse aux ordres selon laquelle le rapport n’est pas publié parce que c’est une tentative de piratage de Trump qui n’est pas crédible. Seuls les Républicains sont assez stupides pour se mettre dans une telle situation.

Les lecteurs me demandent pourquoi le mémo n’est pas publié s’il est réel. Il doit y avoir des raisons autres que la stupidité des Républicains. Oui, c’est vrai. Parmi les nombreuses raisons qui pourraient bloquer la publication, on trouve :

1) Les Républicains sont très soucieux de la sécurité nationale. Ils ne veulent pas fournir de précédents pour la publication d’informations classifiées.

2) De nombreuses circonscriptions électorales du Congrès républicain accueillent des installations du complexe militaire / de sécurité. Mécontenter un grand pourvoyeur d’emplois et diriger vers un autre candidat le financement d’une campagne électorale est une considération importante.

3) Le régime George W. Bush / Dick Cheney était un régime néoconservateur. Une conséquence est que les républicains sont influencés par les néoconservateurs qui exagèrent la prétendue « menace russe ».

4) Le lobby israélien peut faire perdre l’élection à n’importe quel membre de la Chambre et du Sénat. Le lobby israélien est allié aux néoconservateurs et cette alliance entend maintenir les États-Unis militairement actifs contre les menaces perçues contre l’hégémonie israélienne au Moyen-Orient, et contre la Russie, qui soutient la Syrie et l’Iran, pays perçus comme des menaces par Israël.

5) De nombreux Républicains se sont eux-mêmes investis dans de fausses allégations de type Russiagate contre Trump et voudraient le remplacer par Pence. D’autres Républicains croient que Trump mine les alliances étrangères coûteuses, achetées par Washington et, partant de là, mine la puissance américaine.

Beaucoup d’Américains ne semblent pas comprendre ce qui est en jeu. Ce à quoi l’Amérique est confrontée est un complot organisé par les hauts fonctionnaires du département de la Justice d’Obama, du FBI, de la CIA, du DNC de Hillary et des médias aux ordres pour renverser le résultat d’une élection démocratique et destituer le président. La base du coup d’État est un faux dossier acheté, qui consiste en des allégations non étayées contre Trump, et qui a été utilisé pour obtenir des mandats judiciaires, au nom de la loi FISA, pour espionner Trump et divers associés espérant trouver quelque chose qui puisse être utilisé contre Trump. Quoi qu’il en soit, les fausses allégations ont pu être livrées aux médias vendus à la CIA et utilisées pour créer un scandale nécessitant un procureur spécial pour enquêter sur le Russiagate. Une fois l’enquête en cours, les journalistes ont poursuivi le scandale en espérant convaincre assez d’Américains que Trump devait avoir fait quelque chose – « pas de fumée sans feu » qui justifierai sa destitution. La combine avait fonctionné contre Richard Nixon, mais pas contre Ronald Reagan, et Trump n’est pas Reagan.

Si les plus hauts échelons des agences policières de l’État peuvent s’en tirer après avoir tenté, ou réussi, un coup d’État contre le président des États-Unis, alors c’est la fin complète de la démocratie et de la responsabilité du gouvernement. La Chambre, le Sénat et le pouvoir judiciaire deviendront aussi impuissants que le sénat romain sous les Césars. Nous vivrons sous une dictature dirigée par des agences policières.

Beaucoup d’Américains disent qu’ils n’ont pas besoin de connaître le rapport des renseignements de la Maison blanche, parce qu’ils ne croient pas la connerie du Russiagate, pour commencer. Ils sont à côté de la plaque. Ils ont besoin du rapport, car les responsables de cette tentative de coup d’État doivent être identifiés, inculpés et poursuivis pour leur acte de haute trahison.

Ce n’est pas un problème mineur. Cela va au cœur de savoir si une forme de liberté existera encore. Nous savons tous que la capacité de la population à demander des comptes au gouvernement n’est pas garantie par la démocratie. Cependant, il n’y aura plus aucune perspective de pouvoir demander des comptes au gouvernement s’il s’agit d’un État policier, un chemin que les États-Unis empruntent depuis un certain temps. L’audacieuse tentative de coup d’État contre le président Trump est notre chance de stopper l’élan vers un État policier.

Malgré mes récentes publications, beaucoup de gens ne comprennent pas que le document judiciaire de la FISA, qui a été déclassifié, publié et commenté par moi-même, William Binney et l’ancien procureur américain Joe di Genova contient des aveux du FBI et du DOJ (ministère de la Justice) selon lesquels ils ont indûment espionné et obtenu des mandats du tribunal sous de faux prétextes. En d’autres termes, nous avons l’autorité du tribunal FISA lui-même pour dire que le FBI et le DOJ ont avoué à la cour leurs transgressions. Lorsque Stephen Boyd, attaché du ministère de la Justice (sic) au Congrès, affirme que le ministère « n’est au courant d’aucun acte répréhensible » il ment comme un arracheur de dents. Le DOJ a déjà avoué ses méfaits au tribunal de la FISA.

En savoir plus : Lendman sur la déclaration de Boyd selon laquelle la publication de la note nuirait à la sécurité nationale et aux enquêtes en cours. C’est toujours la même ficelle lorsque le gouvernement veut couvrir ses crimes.

Lorsque l’amiral Rodgers, directeur de l’Agence de sécurité nationale, a découvert que le FBI et le DOJ utilisaient abusivement le système d’espionnage pour des raisons politiques partisanes, il a fait savoir qu’il allait informer le tribunal FISA. Cela a poussé le FBI et le DOJ à se précipiter à l’avance devant le tribunal et à avouer des « erreurs » en promettant de resserrer les procédures afin de ne pas commettre d’autres erreurs à l’avenir. Ce sont ces « erreurs » et corrections que révèle le document judiciaire de la FISA.

En d’autres termes, l’information existe déjà dans le domaine public qui prouve que le Russiagate était une conspiration organisée dans le but de renverser le président élu des États-Unis.

On peut faire valoir que ce serait tout aussi bien si le coup d’État réussissait car il mettrait fin à la prétention de Washington d’être une grande démocratie pratiquant la liberté et la justice pour tous. La plupart des autres gouvernements, et on peut espérer les gouvernements russe et chinois aussi, verront certainement le coup d’État comme la dernière transition de l’Amérique vers un État policier, et abandonneront leurs idées utopiques de parvenir à un accord avec Washington. Les craintes sur la capacité de Washington à intimider le monde seraient grandement renforcées par la perception universelle que le gouvernement des États-Unis est devenu un État policier.

Paul Craig Roberts

Traduit par jj, relu par Cat pour le Saker Francophone

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