L’élection américaine n’est pas terminée


Par Patrick Armstrong − Le 4 décembre 2020 − Strategic Culture

Patrick ArmstrongLe président Poutine a raison de ne pas féliciter Joe Biden pour son élection. Il a deux motifs. Le premier est que le processus électoral complexe aux États-Unis n’est pas terminé ; par conséquent, comme Trump ne l’a pas concédé, il n’y a pas de «président élu». Le second est que les résultats peuvent être annulés pour fraude. Dans ce cas, Poutine aura, à la fin de l’histoire, l’air plus intelligent que ceux qui se sont précipités pour féliciter Biden avant la fin du processus.

© Photo: Flickr / Emily Davies

L’audience au Sénat de Pennsylvanie et les poursuites intentées en Géorgie et au Michigan la dernière semaine de novembre ont été la première apparition publique des arguments de fraude et des preuves à l’appui – bien que les médias alternatifs aient été sur l’affaire depuis le début. Contrairement aux déclarations des médias système, ce n’est qu’à partir de ce moment que l’affaire a été présentée dans son intégralité – les actions judiciaires précédentes n’ayant été que des manœuvres préliminaires. Les preuves de fraude relèvent de quatre chefs : les récits de témoins oculaires, les improbabilités, l’analyse statistique et la question des machines à voter et de leurs logiciels. Il est difficile d’inventer des chiffres – il y a des corrélations et des schémas que le fraudeur ne connaît peut-être pas : mieux vaut se contenter d’un pourcentage final à la manière de l’URSS. Cet article résume une partie des difficultés rencontrées avec les résultats publiés ; cet article décrit certaines des «aberrations statistiques».

Entre parenthèses, on pourrait observer que le gouvernement américain déclare que des élections étrangères sont frauduleuses sur une simple fraction de ces preuves. Ou même, comme dans le cas de la Biélorussie, sans aucune preuve du tout : pas de sondages à la sortie des urnes, pas de films floutés ; rien du tout.

Il y a maintenant des centaines, voire des milliers, de témoignages oculaires d’événements étranges – arrivées soudaines de bulletins de vote, observateurs tenus à l’écart, comptage arrêté mais apparemment continuant en secret, bulletins de vote postaux étrangement vierges, piles de bulletins de vote avec seul le nom de Biden rempli, des bulletins de vote pour Trump détruits, des “corrections” suspectes, des problèmes de signature, des bulletins de vote postaux antidatés, des clés USB [contenant des votes] errantes, des personnes décédées votant, des “problèmes” informatiques envoyant des votes Trump à Biden. Bon nombre de ceux-ci sont incorporés dans les témoignages sous serment présentés dans les poursuites et peuvent être lus et jugés par le public. Bien sûr, de nombreux témoignages oculaires peuvent être rejetés pour une raison valable ou une autre, mais il y en a trop maintenant, et de plus en plus, pour simplement les ignorer.

Il y a des improbabilités dans le résultat. Biden a reçu moins de votes que Clinton ou Obama dans la plupart des circonscriptions, mais beaucoup plus dans les «États du champ de bataille». Il y avait des exceptions frappantes dans le vote «à la baisse» : dans les États clés, il y avait de grandes différences entre les votes pour Biden et pour le candidat Démocrate au Sénat [Aux États-Unis, on vote pour plusieurs questions différentes simultanément, même des référendums locaux, NdT]. Il y a des cas où le taux de participation est historiquement élevés – presque au niveau soviétique – dans des circonscriptions clés des «États du champ de bataille». Il y avait des taux de participation incroyablement élevés dans les maisons de retraites et dans les centres de soins. Il existe de nombreux cas où plus de votes ont été exprimés que d’électeurs inscrits. Ce fut généralement une mauvaise journée pour les candidats Démocrates : des sièges ont été perdus à la Chambre et dans les législatures des États, mais nous devons croire que Biden a remporté une forte victoire. Malgré la différence spectaculaire entre les foules enthousiastes, pour l’un ou l’autre candidat, on nous dit que plus de gens sont venus voter pour Biden ce jour-là. Peut-être que l’une de ces anomalies peut être expliquée, mais toutes ?

L’analyse statistique concerne la prochaine catégorie de preuves. Nous voyons que les votes pour Biden, la plupart du temps, et les ceux pour Trump, tout le temps, correspondent à peu près à la courbe de la loi de Benford. Mais dans les secteurs où Biden avait besoin des votes, ce n’est pas le cas. Les infractions à la loi de Benford sont couramment utilisées par les juristes comptables pour signaler une fraude. Une analyse des moyennes mobiles au fil du temps, pendant le scrutin, montre un saut soudain du ratio de votes pour Biden pendant les heures où le comptage a été «arrêté». Dans certains cas, les votes semblent avoir été traités plus rapidement que ce n’est physiquement possible. D’autres analyses indiquent des pics de votes suspects pour Biden. Un certain nombre de statisticiens ont été attirés par la question et leurs analyses suggèrent que des fraudes ont eu lieu. Encore une fois, il y a trop de ces indications – toutes dans la même direction – pour les écarter facilement.

Enfin, il y a touts les problèmes avec certaines machines à voter – en particulier Dominion – et leurs logiciels associés. L’argument est que les machines et les logiciels ont été spécifiquement conçus pour produire des résultats frauduleux : les totaux peuvent être modifiés, les votes commutés d’un candidat à l’autre, le vote entrant pondéré en faveur d’un candidat, etc. Il existe des témoignages sous serment à cet effet. Les câbles de l’ambassade des États-Unis et les enquêtes précédentes avaient révélé des problèmes avec les machines Dominion mais, néanmoins, celles-ci et le logiciel associé ont été largement utilisés en 2020. Il existe une implication étrangère possible, et importante, dans ces machines : de nombreuses pièces sont fabriquées en Chine ; des témoins affirment que les décomptes de vote ont été envoyés à d’autres pays sur Internet et ont été accumulés là-bas et que les mots de passe dans le système étaient largement disponibles. Un expert en sécurité informatique atteste que «des centaines de milliers de votes» ont été transférés de Trump à Biden par les machines. Ces problèmes attirent les programmeurs et les pirates informatiques et il existe maintenant un certain nombre de vidéos sur Internet montrant la facilité avec laquelle les machines peuvent être piratées.

En résumé, l’argument est que les machines ont été programmées pour truquer le vote dans les états clés – et peut-être partout – d’un montant jugé suffisant pour gagner. Mais le vote de Trump a été tellement plus important que prévu que le décompte a dû être «arrêté» dans les «États du champ de bataille» ; dans le temps «suspendu», les bulletins de vote étaient fabriqués pour compenser. L’image d’une courbe rouge (républicains)  lisse, dépassée par une courbe bleue (démocrates) en gradins est devenue le logo de ceux qui croient qu’il y a eu de telles manipulations.

Il s’agit maintenant d’un tas d’accusations, de déclarations de témoins et d’affirmations : ces accusations peuvent-elles être prouvées devant un tribunal – en laissant de côté la question de savoir si les tribunaux américains peuvent se prononcer sur une question aussi partisane – voir l’expérience du général Flynn ? Ou, étant donné les dispositions de l’article II, section 1 de la Constitution – «Chaque État nommera, de la manière que la législature de celui-ci pourra ordonner, un nombre de grands électeurs…» – peut-on convaincre suffisamment de législatures d’État de sélectionner des électeurs votant Trump ? Nous allons le découvrir. Mais il y a certainement trop de choses à rejeter sans ambages et rien ne laisse entendre que l’une ou l’autre des parties concédera quoi que ce soit tant que la question n’aura pas été résolue jusqu’au bout.

Mais quelle que soit la décision prise, la moitié de la population sera convaincue que l’élection a été volée – en effet un sondage Rasmussen à la mi-novembre a montré que près de la moitié de la population – dont 30% de démocrates ! – estime déjà que «les démocrates ont volé des votes ou détruit des bulletins pro-Trump dans plusieurs États pour s’assurer que Biden gagnerait».

2020 n’a pas été une bonne année pour les États-Unis, la COVID-19 a fait des ravages, les gains économiques de ces dernières années se sont érodés, la violence civile et les émeutes sont monnaie courante. Une élection contestée laissant la moitié de la population penser que son candidat a été démis de ses fonctions ne rendra pas les choses plus pacifiques. Beaucoup parlent, sinon de guerre civile pure et simple, de graves troubles civils.

Et, dans un état de troubles civils généralisés, et qui sait quoi d’autre, quel est l’avenir de l’Imperium Américain ? De nombreux experts citeront la prétendue remarque de Plehve sur l’attrait d’une «petite guerre victorieuse» pour distraire la population. Mais où reste-t-il encore des petites guerres ? Afghanistan ? Irak ? À peine victorieuses … Il est peu probable que le renversement de Maduro soit rapide ou, même si c’était le cas, qu’il distraie les émeutiers américains passionnés. Une guerre avec l’Iran ne serait ni petite ni victorieuse. Une guerre civile vraiment grave diviserait l’armée américaine et la rapatrierait. Les conséquences des élections de novembre 2020, quiconque se retrouvera à la Maison Blanche en janvier, seront durables. L’Imperium aura d’importantes préoccupations chez lui.

Et du point de vue de Moscou ? La mobilisation des ressources américaines pour faire face aux problèmes de la patrie sera bien accueillie, mais les dangers d’implosion d’un État nucléaire ne le seront pas. 2021 pourrait faire de 2020 un havre béni de stabilité.

Patrick Armstrong

Traduit par jj, relu par Hervé pour le Saker Francophone

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