Par Andrew Korybko − Le 17 février 2023
Le point de vue présenté par la présente analyse ne doit pas être mal compris : il ne s’agit pas ici d’induire que Lula serait « contrôlé » par Soros, Biden ou Sanders-Alexandria Ocasio-Cortez. Mais l’homme est bel est bien leur « compagnon de route » car il partage désormais sans équivoque leur vision du monde dans une large mesure. Même s’il continue de proférer des slogans socialistes, la priorité de Lula au cours de son troisième mandat est moins d’améliorer les conditions de vie des parties pauvres de son pays que de réaligner géostratégiquement le Brésil sur le Milliard Doré, dirigé par les États-Unis.
Lula, le président brésilien, était déjà soupçonné de recalibrer sa vision du monde de manière bien plus proche des intérêts stratégiques étasuniens, depuis le début de son troisième mandat, et ce également lorsqu’il a condamné la Russie dans sa déclaration conjointe avec Biden début février, mais le fort soutien manifesté par Soros est désormais venu lever tous les doutes. Ce libéral-globaliste, tête pensante des Révolutions de Couleur, a fait l’éloge de Lula au cours de son discours prononcé lors de la Conférence de Sécurité de Munich, ce qui discrédite une bonne fois pour toutes les références multipolaires du dirigeant brésilien.
Selon les propres mots de Soros, postés sur son site web officiel :
De nombreuses autres puissances régionales sont en mesure d’influencer la trajectoire de l’histoire. Le Brésil se détache du lot. L’élection de Lula en fin d’année dernière a constitué un événement crucial.
Le 8 janvier, une tentative de coup d’État s’est produite, très semblable à celle du 6 janvier 2021 aux États-Unis. Lula l’a gérée de main de maître et a établi son autorité comme président.Le Brésil se trouve en première ligne du conflit entre les sociétés ouvertes et fermées ; ce pays se trouve également en première ligne contre le changement climatique. Il doit protéger la forêt tropicale, promouvoir la justice sociale, et raviver la croissance économique, tout cela en même temps.
Il va avoir besoin d’un fort soutien international car il n’existe pas de voie facile pour des émissions nettes nulles s’il échoue.
Chose éloquente, Lula n’a pas marqué de distance de cette manifestation de soutien, et il est presque certain qu’il s’en délecte.
Après tout, Soros est en solidarité totale avec Biden, si bien que manquer de respect à l’un reviendrait à manquer de respect à l’autre, chose que Lula ne ferait jamais après avoir voyagé à Washington DC pour baiser l’anneau de l’auriculaire du président étasunien, afin de le remercier d’avoir pleinement soutenu sa réélection. L’influence du dirigeant étasunien sur son homologue brésilien est désormais telle que ce dernier en est arrivé à tweeter qu’il s’associait partiellement avec Biden en « défense de la démocratie« malgré le fait que ce dernier fût vice-président des États-Unis durant les opérations de changement de régime « EuroMaidan » en Ukraine et « Opération Car Wash » au Brésil.
Lula ne semble plus prêter attention au fait que Biden ait joué un rôle dans son propre renversement anti-démocratique, grâce à une Guerre Hybride menée par des moyens judiciaires, et il s’ensuit qu’il ne serait pas non plus gêné par une expansion des Révolutions de Couleur de Soros dans le monde. En contradiction totale de ce que la Russie a dit jusqu’ici au sujet de la perpétuation sans fin de la guerre par proxy menée par les États-Unis à sa frontière pour se battre jusqu’au dernier Ukrainien, Lula a alors tweeté que « je pense que Biden est limpide en affirmant que la guerre doit prendre fin. »
Son histoire d’amour politique avec les alliés de Soros dépasse Biden, et s’étend aux autres faux hommes de gauche Bernie Sanders, et Alexandria Ocasio-Cortez (AOC), qui ont tous deux rencontré Lula durant son voyage à Washington DC. Lula s’est tellement épris d’AOC après leur rencontre qu’il a répondu par un émoji en forme de cœur lorsqu’elle a retweeté les photographies de leur rencontre, cependant que Bernie a prédit que « les États-Unis et le Brésil vont bâtir un partenariat plus fort » en résultante de la réélection du dirigeant brésilien.
Comme on peut le constater avec le fort soutien manifesté par Soros à son égard, ses éloges enthousiastes pour Biden, ainsi que les accolades entre lui et Sanders-AOC, Lula s’est entouré des plus sinistres des libéro-globalistes. Ceci confirme l’idée, qui remonte au mois de novembre 2022, selon laquelle le parti Démocrate étasunien avait infiltré le parti des travailleurs du Brésil par ces moyens, même si on n’aura pu s’en rendre compte qu’après que cette infiltration a atteint le point le plus haut de la direction de ce parti.
Au vu de ces observations factuelles « politiquement incorrectes » au sujet des nouveaux alliés idéologiques de Lula aux États-Unis, il ne fait aucun doute que ses références multipolaires sont discréditées une bonne fois pour toutes. Mais cela n’induit pas qu’il ne peut pas continuer de contribuer à des progrès graduels dans cette direction dans le cadre de la transition systémique globale en cours. Cela renforce au final surtout la perception qui est décrite dans le premier lien hypertexte du présent article, selon laquelle tout ce qu’il va faire pourrait par inadvertance, ou de manière délibérée, contribuer aux intérêts étasuniens.
Le point de vue présenté par la présente analyse ne doit pas être mal compris : il ne s’agit pas ici d’induire que Lula serait « contrôlé » par Soros, Biden ou Sanders-Alexandria Ocasio-Cortez. Mais l’homme est bel est bien leur « compagnon de route » car il partage désormais sans équivoque leur vision du monde dans une large mesure. Même s’il continue de proférer des slogans socialistes, la priorité de Lula au cours de son troisième mandat est moins d’améliorer les conditions de vie des parties pauvres de son pays que de réaligner géostratégiquement le Brésil sur le Milliard Doré, dirigé par les États-Unis.
Andrew Korybko est un analyste politique étasunien, établi à Moscou, spécialisé dans les relations entre la stratégie étasunienne en Afrique et en Eurasie, les nouvelles Routes de la soie chinoises, et la Guerre hybride.
Traduit par José Martí, relu par Wayan, pour le Saker Francophone
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