Par Christelle Néant – Le 12 avril 2017 – Source DONI press
Dans le Donbass, la tension est palpable alors que beaucoup guettent le moment où l’armée ukrainienne lancera une nouvelle grande offensive sur fond d’effondrement total de l’Ukraine.
Les autorités russes ont elles-mêmes déclaré officiellement, via le porte-parole du Kremlin, que la mise en application des accords de Minsk était un fiasco. Après avoir fait preuve d’une patience et d’une capacité de conciliation diplomatique hors norme, la Russie a bien du finir par admettre que le plan de résolution pacifique du conflit est impossible à mettre en œuvre à cause de l’attitude de Kiev. C’est une façon diplomatique de déclarer ces accords comme étant morts. Ni plus, ni moins.
De leur côté, les États-Unis, pourtant toujours aussi acharnés dans leur russophobie chronique, semblent refuser de payer les pots cassés de leur politique interventionniste. En effet, lors d’une réunion du G7, Rex Tillerson, le secrétaire d’État américain, a demandé ni plus ni moins pourquoi les contribuables américains devraient se soucier du problème ukrainien. En clair : pourquoi devraient-il payer l’addition ?
En lisant cette déclaration, on se frotte les yeux, et on se pince, tant celle-ci semble surréaliste. Les États-Unis ont déstabilisé un pays démocratique, provoqué un coup d’État, et mis à sa tête des autorités illégitimes soutenues par des groupes nazis, et maintenant ils osent dire publiquement que ce n’est pas à eux de payer les pots cassés. On croit rêver. Audiard disait que les cons ça ose tout et c’est même à çà qu’on les reconnaît, mais là on se croirait dans un épisode de la quatrième dimension…
Les États-Unis se comportent comme un sale gosse, qui casse le jouet du voisin, et vient ensuite demander au nom de quoi il devrait rembourser le dit-jouet. Sauf que là il s’agit du sort de plusieurs dizaines de millions de personnes dont il est question. Des gens qui n’avaient rien demandé à personne et surtout pas aux États-Unis.
Et si les États-Unis commencent à devenir de plus en plus frileux concernant l’aspect financier de la question ukrainienne, c’est que les autorités américaines voient bien devant l’accumulation de catastrophes en cours, que l’Ukraine est en plein plongeon vers le fond de l’abîme.
Car le moins que l’on puisse dire, c’est que, comme on pouvait s’y attendre, la situation en Ukraine dégénère de plus en plus et de plus en plus vite.
Énergétiquement d’abord, les autorités ukrainiennes ont dû prolonger l’état d’urgence énergétique faute d’approvisionnement suffisant en anthracite dont les centrales électriques ukrainiennes à charbon ont absolument besoin pour tourner.
Des autorités qui se veulent rassurantes en parlant de futur approvisionnement via l’Afrique du Sud, sans dire publiquement que cela ne suffira pas. Car les quantités de charbon nécessaires sont énormes, et les faire transiter par bateau est un vrai casse-tête (l’acheminement par voie ferroviaire est le plus simple).
Un problème que le gouvernement ukrainien a intérêt à résoudre, s’il ne veut pas continuer la série de fermetures de centrales électriques du pays qui a lieu depuis une semaine faute de charbon (on en est maintenant à quatre centrales à charbon fermées).
Sans parler de l’aspect financier de la chose (l’Afrique du Sud étant à mon avis peu encline à envoyer son charbon en Ukraine sans être sûre d’être payée), car de ce côté là aussi, l’Ukraine va très mal.
Après la condamnation de l’Ukraine devant la haute cour de Londres concernant sa dette de 3 milliards de dollars envers la Russie (dette qu’elle devra payer très bientôt si elle ne veut pas se retrouver officiellement en défaut de paiement), les mauvaises nouvelles économiques s’accumulent en effet pour Kiev.
Ainsi, une étude menée par la société Ipsos MORI à la demande de l’entreprise Ernst & Young a révélé que l’Ukraine est le pays où les milieux d’affaire sont les plus corrompus au monde (sic). Au vu du résultat, le moins que l’on puisse dire c’est que la « révolution de la dignité » qui était censée lutter contre la corruption a lourdement échoué, pour ne pas dire plus.
Car niveau dignité, les Ukrainiens en ont de moins en moins, comme le révèle cette sordide affaire criminelle de trafic d’organes. Suite au Maïdan qui leur promettait monts et merveilles, les Ukrainiens se sont tellement appauvris qu’ils en sont maintenant réduits à vendre leurs organes à des trafiquants pour s’en sortir. Un business lucratif si on en croit le SBU et la police ukrainienne, puisque ce réseau envoyait 4 à 5 Ukrainiens par mois se faire enlever un rein à l’étranger contre de l’argent, dont 80 000 à 100 000 dollars par rein pour les trafiquants.
Et il ne s’agit que d’un seul réseau démantelé. Combien d’autres y en-a-t-il qui continuent d’officier en Ukraine, envoyant leurs concitoyens se faire charcuter pour quelques billets ? Rien que d’imaginer les chiffres on en a la nausée.
Et en terme de nausée, on est servi en Ukraine, avec la condamnation, somme toute très légère, des soldats et ex-soldats du bataillon Tornado à Kiev. Après des mois de procès, souvent interrompu par les nazis ukrainiens qui voulaient obtenir la libération des accusés, la cour du quartier d’Obolon à Kiev a en effet rendu son jugement dans le dossier de ce bataillon nazi, qui avait violé, torturé et tué des habitants du Donbass (y compris des femmes et des enfants).
Le moins que l’on puisse dire c’est qu’au vu de l’atrocité des crimes commis, et des preuves indiscutables des faits présentes sur les téléphones portables des accusés, les 8 à 11 ans de prison ferme prononcés contre les accusés font à peine office de tape sur la main. Car on parle là de crimes contre l’humanité et de crimes de guerre : kidnappings, torture, viols (y compris sur des enfants), et exécutions sommaires (en clair meurtres).
Les condamnés comme le Parquet ont fait appel pour des raisons opposées, mais le moins que l’on puisse dire c’est que la justice ukrainienne a été bien complaisante avec ce bataillon nazi. À Nuremberg de tels faits auraient valu la pendaison pure et simple à leurs auteurs.
Et il n’y a pas que la justice qui part à vau-l’eau en Ukraine. L’armée ukrainienne continue de se décomposer sur place dans le Donbass, comme le montre cette nouvelle explosion d’un entrepôt de stockage de munitions, face à Yassinovataya cette fois. Pour l’instant deux hypothèses sont envisagées : un non respect des règles de sécurité, ou une énième tentative de masquer les vols et reventes d’armes par les soldats ukrainiens, qui essayent ainsi de se faire de l’argent facile.
Les autorités ukrainiennes, de leur côté, envisagent de régler leur problème insoluble de gestion des ordures, en envoyant ces dernières dans la zone interdite de Tchernobyl, alors que celle-ci est devenue une réserve naturelle. Plutôt que d’investir pour régler le problème, la junte de Kiev essaye de cacher les ordures sous le tapis, en transformant cette zone en décharge géante radioactive à ciel ouvert. C’est vrai quoi, quitte à faire une connerie, autant la faire à fond…
Et puis détruire ce qui est à la surface ne suffisant pas, l’incurie des autorités de Kiev finit aussi par toucher le sous-sol. Ainsi, les représentants des Républiques Populaires de Donetsk et Lougansk (RPD et RPL) à Minsk, ont révélé l’ampleur du désastre dans les mines inactives qui se trouvent dans la zone du Donbass occupée par l’armée ukrainienne.
Depuis le début de la guerre, un certain nombre de mines sont à l’arrêt, souvent pour cause d’infrastructures détruites que Kiev n’a jamais cherché à réparer. Résultat ces mines qui ne sont plus entretenues, et dont les pompes ont cessé de fonctionner, se remplissent d’eau, et sont pour beaucoup désormais inondées.
Ce qui pose deux problèmes : le premier est que cette eau qui part dans les mines est perdue, alors qu’une bonne partie devrait normalement alimenter la République Populaire de Lougansk par exemple ; le deuxième est encore plus grave, puisque l’eau qui a envahi ces mines les a profondément fragilisées, risquant de provoquer des effondrements des galeries, et donc du sol à la surface, avec toutes les conséquences tragiques que l’on peut imaginer.
L’Ukraine est à l’image de ces mines : à l’abandon, gravement fragilisée par les conséquences de ce dernier, et elle risque de s’effondrer à tout instant, en essayant d’entraîner le Donbass avec elle.
Christelle Néant
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