Le combat de la Chine contre la Trinité Impossible


Par James Rickards – Le 1er septembre 2017 – Source Daily Reckoning

China Battles "Impossible Trinity"

Ce n’est pas parce qu’une chose est inévitable qu’elle ne peut pas être reportée. Le nom populaire pour cela est « reporter au lendemain… », qui est une description parfaitement correcte. Je préfère des termes plus techniques, décrivant l’état des systèmes dynamiques, tels que sous-critiques et super-critiques, mais c’est la même chose.

Une crise financière peut mettre longtemps à couver, mais elle va certainement éclater. Lorsque cela se produit, il y aura d’énormes pertes pour ceux qui ont ignoré les signes avant-coureurs.

La Chine est en situation de pré-crise aujourd’hui.

Elle est confrontée à la logique cruelle de la Trinité impossible.

La théorie de la Trinité impossible a été proposée au début des années 1960 par Robert Mundell, économiste prix Nobel. Il dit qu’aucun pays ne peut avoir un compte de capital 1 ouvert, un taux de change fixe et une politique monétaire de gestion des taux d’intérêts indépendante en même temps.

Vous pouvez avoir un ou deux sur les trois, mais pas tous les trois. Si vous essayez, vous allez échouer − les marchés vous le feront comprendre.

Ces échecs − qui se produisent − présentent les meilleures de toutes les opportunités de profit. Comprendre la Trinité Impossible c’est comprendre la façon dont George Soros a mis à genoux la Banque d’Angleterre le 16 septembre 1992 (encore appelé mercredi noir dans les milieux bancaires britanniques. Soros a également gagné plus de 1 milliard de dollars ce jour-là).

La raison en est que si des rendements plus attrayants sont disponibles à l’étranger, l’argent va fuir le pays d’origine à un taux de change fixe pour chercher le gain le plus élevé. Cela entraînera une crise des changes et une réponse politique qui abandonnera l’un des trois piliers de la Trinité Impossible.

Mais ce n’est pas simplement parce que cette trinité est impossible à long terme qu’elle ne peut être poursuivie à court terme. La Chine essaie d’indexer le yuan au dollar américain tout en maintenant un compte de capital partiellement ouvert et une politique monétaire semi-indépendante. C’est une belle impasse, mais elle n’est pas durable.

La Chine ne peut pas garder un compte de capitaux, même partiellement fermé, pendant longtemps sans voir assécher la source des investissements étrangers directs. De même, la Chine ne peut pas beaucoup augmenter les taux d’intérêt sans provoquer la faillite des entreprises publiques.

La Chine gagne du temps jusqu’au Congrès du Parti communiste en octobre.

Il est important de réaliser que, pour Pékin, l’économie chinoise représente plus que des emplois, des biens et des services. C’est un moyen d’assurer sa légitimité. Le régime chinois est profondément préoccupé par le fait qu’une économie défaillante et un chômage de masse pourraient menacer son pouvoir.

Les marchés chinois sont déformés par les actions de sa banque centrale. Étant donnés les problèmes inhérents à la tentative de gérer une économie sans les signaux de prix appropriés [en provenance du marché, NdT], le défi que Beijing affronte est plus difficile aujourd’hui.

La Chine a une longue histoire de fractures politiques violentes, et le gouvernement est profondément préoccupé par la survie du régime s’il trébuche. Beaucoup en Occident ne parviennent pas à apprécier les craintes de Pékin et surestiment le soutien qu’il a auprès du peuple chinois.

Qu’est-ce que la Chine peut faire ensuite ?

Soumise à la logique impitoyable de la Trinité Impossible, la Chine devra soit dévaluer le yuan, soit voir ses réserves s’évaporer.

En fin de compte, la Chine devra abandonner l’indexation du yuan sur le dollar afin d’arrêter l’hémorragie de capitaux sans tuer l’économie par des taux élevés. La Trinité Impossible. est vraiment impossible à long terme. La Chine comprendra cela dans la douleur.

Cordialement,

Jim Rickards

Traduit par jj, relu par Cat pour le Saker Francophone

  1. Un compte de la balance des paiements enregistrant la position nette du pays dans la propriété des actifs, propres ou étrangers
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