Par Alexandre Mercouris – Le 5 mai 2015 – Source Russia Insider
Les critiques fusent en Allemagne au sujet des dernières révélations montrant comment les services de renseignement allemands ont espionné leur propre pays pour le compte des États-Unis. Les dernières critiques à l’égard d’Angela Merkel, de la part de ses collègues de la coalition, pourraient être les signes annonciateurs de ce qui l'attend…
L’année 2015 a vu une Angela Merkel sous pression comme jamais auparavant. Cela a commencé avec l’élection de Syriza en Grèce, représentant un premier défi à ses politiques de sauvetage financier (bailout). Puis est arrivée la défaite militaire en Ukraine, qui l’a obligée à accepter le Memorandum de Minsk.
Selon les derniers articles de presse (par exemple celui-ci, issu du Spiegel), elle commence désormais à être sous pression sur un autre front, cette fois en lien avec des accusations d’espionnage au profit de la NSA.
Cette affaire est apparue en 2013 lors des révélations d’Edward Snowden.
Le problème pour Angela Merkel est que ladite affaire refuse de s’éteindre. Il s’avère que non seulement les USA conduisent une grande partie de leurs lancements de drones à partir de l’Allemagne, mais qu’en plus le service de renseignement allemand (BND, Bundesnachrichtendienst) a, pour le compte des USA et à partir de son site de supervision de Bad Aibling, espionné aussi bien le ministère français des Affaires étrangères et l’Élysée que la Commission européenne et le groupe Airbus. Il n’est pas exclu que même des groupes industriels allemands aient pu être espionnés.
Le vice-chancelier Sigmar Gabriel réclame une enquête approfondie et demande qu’une liste de sélections – numéros de téléphones mobiles et adresses IP – fournie par la NSA au renseignement allemand soit communiquée aux commissions parlementaires qui étudient cette affaire. Le président du groupe SPD Ralf Stegner va plus loin encore, déclarant au journal Süddeutsche Zeitung que c’en était fini du jeu qui consiste à dire qu’Angela Merkel n’est nullement impliquée dans ces récentes révélations, et que son directeur de la chancellerie Peter Altmaier devait maintenant donner des éléments tangibles.
Angela Merkel n’est pas un agent de la CIA, comme certains le prétendent. Elle a trop souvent agi contre les desiderata des USA pour cela (par exemple lors de la vente d’Opel). Elle est juste une personnalité politique faible et indécise, focalisée sur la préservation de sa position.
Le résultat, c’est qu’elle tient une ligne de résistance minimale, que ce soit dans les négociations de sauvetage financier (bailout) ou par rapport au conflit ukrainien, ou encore au sujet des accusations d’espionnage. Elle cherche avant tout à éviter un conflit ouvert avec les USA ainsi qu’avec la puissante fraction atlantiste de l’establishment allemand.
Le danger de ce positionnement est que cela fait s’accumuler les problèmes. Plutôt que de faire montre d’un fort leadership, Angela Merkel a tendance à courber l’échine.
Ceci aura pour conséquence qu’à un moment donné, les problèmes reviendront en boomerang. Et que ni l’Allemagne ni elle n’y sont préparés.
Les dernières critiques à l’égard d’Angela Merkel de la part de ses collègues de coalition pourraient n’être que les signes annonciateurs de ce qui l’attend…
Traduit par Elisabeth, relu par jj et Diane pour le Saker Francophone