L’ancien conseiller de Zelensky risque sa vie en disant la vérité aux Ukrainiens


Par Andrew Korybko − Le 22 janvier 2023

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Il ne fait aucun doute qu’Alexei Arestovich, ancien conseiller de Zelensky, risque sa vie en disant aux Ukrainiens la dure vérité qu’il leur faut connaître d’urgence. Kiev ne va sans doute pas vaincre la Russie, chose qui est désormais affirmée également par des dirigeants étasuniens et polonais, et ce débouché de la guerre résulte sans aucun doute pour partie des luttes intestines féroces (et peut-être même mortelles) qui occupent la sphère dirigeante ukrainienne. Arestovich se comporte donc en patriote, mais il pourrait le payer de sa vie.

Alexey Arestovich, l’ancien conseiller de Zelensky qui avait subi d’immenses pressions et avait fini par démissionner après avoir reconnu par inadvertance la culpabilité de Kiev dans la tragédie de Dnipropetrovsk/Dnipro au mois de janvier 2023, risque à présent sa vie en disant la vérité aux Ukrainiens sur la guerre par procuration menée par l’OTAN contre la Russie. Selon ses dires, il est improbable que l’Ukraine l’emportera dans ce conflit, Kiev ayant déjà raté un grand nombre d’opportunités militaro-politiques, qui ont fini par être saisies par la Russie, et qui lui ont permis de prendre l’avantage selon lui.

Arestovich a donné du poids à la dramatique affirmation d’Andrzej Duda, le président polonais, selon qui l’Ukraine pourrait en fin de compte ne pas survivre à l’opération spéciale russe, avis que l’ancien conseiller du président ukrainien partage publiquement « sur la base de certaines informations (secrètes) ». Cette remarque provocatrice suggère que Zelensky et ceux qui l’entourent cachent la dure vérité au peuple ukrainien, un sous-entendu qui brise tous les tabous du pays et met directement en danger la vie d’Arestovich.

Il est allé encore plus loin, en laissant entendre que l’équipe de son ancien patron est en pleine lutte intestine, affirmant que « nous ne sommes invincibles que jusqu’à ce que nous nous attaquions les uns les autres. Lorsque cela se produit nous sommes tout à fait en mesure de perdre, en peu de temps et sans nous y attendre. » Ces propos sont particulièrement scandaleux lorsque l’on pense au crash de l’hélicoptère de la semaine dernière aux abords de Kiev, qui avait coûté la vie à Denis Monastyrsky, ministre de l’intérieur, et à son équipe, surtout après que Zelensky ait affirmé à Davos que « les accidents, en temps de guerre, ça n’existe pas. »

Arestovich s’est toujours positionné de manière indépendante lorsqu’il était en poste auprès du propagandiste en chef de facto de l’Ukraine, mais il est désormais totalement devenu « incontrôlable » dans le contexte du soi-disant « politiquement correct » de son pays. Il n’a plus la moindre envie de dissimuler la vérité, et préfère révéler des choses que son ancien patron préférerait évidemment maintenir secrètes, à savoir que Kiev a très peu de chances de vaincre la Russie, chose que Mark Milley, président des chefs d’État-major conjoints des États-Unis, avait également affirmé la veille.

Quiconque était sceptique au sujet de cette déclaration du haut-dirigeant militaire étasunien, tout à fait alignée avec celle du dirigeant polonais prononcée quelques jours auparavant, devrait désormais être convaincu de la véracité de ces prédictions, à présent que l’ancien conseiller de Zelensky vient de leur apporter du crédit. La révélation derrière les propos d’Arestovich est que de graves luttes internes sont en cours au sein du gouvernement ukrainien, et c’est le sous-entendu selon lequel le ministre de l’intérieur aurait pu être assassiné du fait qu’il ait franchi la ligne rouge de Kiev.

C’est une chose de répéter de ce que les dirigeants étasunien et polonais viennent de dire, nonobstant le caractère « politiquement incorrect » que cela revêt, et c’en est une toute autre que de suggérer que les luttes internes ukrainiennes sont non seulement mortelles pour ceux qui se retrouvent pris dans leurs feux directs (peut-être même directement dans le cas de Monastyrsky), mais sont aussi responsables de la défaite probable de Kiev dans la guerre par procuration menée par l’OTAN contre la Russie. Aucun dirigeant ukrainien, en poste ou démis de ses fonctions, n’avait jusqu’ici osé partager ces dures vérités.

Le poste occupé par le passé par Arestovich comme propagandiste en chef de facto de l’Ukraine lui a valu une énorme confiance de la part des masses, qui continue d’exister malgré son soi-disant « faux-pas » la semaine dernière, lorsqu’il avait reconnu par inadvertance la culpabilité de Kiev dans la tragédie de Dnipropetrovsk/Dnipro. Les gens croient en ce qu’il dit, et c’est pour cela que Zelensky et ses proches vont probablement considérer ses derniers propos comme une menace directe envers leur pouvoir ; Arestovitch pourrait bien se faire rapidement assassiner par le SBU, à moins qu’il ne s’enfuie rapidement.

Il reste également une faible chance que certains éléments, au sein des puissants services de renseignements militaires ukrainiens, le soutiennent. Dans ce scénario, il pourrait se retrouver sous leur protection et se voir autorisé la poursuite du largage de ses bombes de vérité sur Zelensky, dans l’objectif de générer un sentiment opposé au gouvernement avant un changement de régime contre le président (que cela se produise démocratiquement, en préparation des prochaines élections du printemps 2024, ou au travers d’une Révolution de Couleur ou d’une autre forme de coup d’État).

En tous cas, il ne faut pas douter qu’Arestovich risque bel et bien sa vie en disant aux Ukrainiens la dure vérité qu’ils ont besoin d’entendre. Kiev ne va sans doute pas vaincre la Russie, et cette prédiction s’aligne avec celles de dirigeants étasunien et polonais ; ce débouché de la guerre découle indubitablement de féroces luttes internes (voire mortelles) qui accablent le gouvernement ukrainien. Arestovich s’est donc comporté en patriote, mais il pourrait en payer le prix de sa vie.

Andrew Korybko est un analyste politique étasunien, établi à Moscou, spécialisé dans les relations entre la stratégie étasunienne en Afrique et en Eurasie, les nouvelles Routes de la soie chinoises, et la Guerre hybride.

Traduit par José Martí, relu par Wayan, pour le Saker Francophone

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