La Grande-Bretagne veut que la guerre en Afghanistan reprenne


Par Moon of Alabama – Le 20 août 2021

Immédiatement après la victoire des talibans, une énorme campagne de désinformation a été lancée pour les dénigrer.

On entend soudain toutes sortes d’allégations disant que les talibans font ceci ou cela de mal. Ces accusations sont pour la plupart fondées sur des ouï-dire et ne sont accompagnées d’aucune ou de très peu de preuves. Ne les croyez pas sans une confirmation directe des sources originales.

Le lancement d’Amrullah Saleh et d’Ahmed Massoud comme chefs de la nouvelle résistance contre les talibans a dû être préparé de longue date. On n’obtient pas article d’opinion dans le Washington Post et plusieurs grands journaux européens, trois jours seulement après la chute de Kaboul, sans un certain délai et sans un soutien « occidental » sérieux.

Si Saleh est un ancien espion de la CIA, Ahmed Massoud a été préparé par les Britanniques :

Après avoir terminé ses études secondaires en Iran, Massoud a suivi pendant un an un cours militaire à l'Académie militaire royale de Sandhurst. En 2012, il a commencé un premier cycle d'études en études sur la guerre au King's College de Londres où il a obtenu sa licence en 2015. Il a obtenu son master en politique internationale à l’Université de Londres en 2016.

Le type de campagne de désinformation combiné au lancement bien préparé d’une « campagne de résistance », avec des soldats afghans prétendument formés par les SAS, et les articles d’opinion dans les journaux de la région me laissent conclure que tout ceci est dirigé par les Britanniques. Ils sont assez bons dans leur entreprise de désinformation dite « communication stratégique ».

Les conservateurs qui se sont exprimés lors de la session parlementaire spéciale étaient les plus furieux de la manière dont leur guerre impériale contre l’Afghanistan se terminait et de leur propre incapacité à en empêcher une telle fin, tout en prétendant être une « puissance globale ».

Comme le remarque Richard Murphey dans Withering Britain :

C'est donc un moment important pour le rôle des États-Unis dans le monde. Il ne crée pas de vide, mais le risque qu'un vide s'ensuive - que la Chine cherchera trop volontiers à combler - semble très réel à l'heure actuelle.

Et quelle est la place de la Grande-Bretagne dans tout cela ? En un sens, il n’y en a pas pour elle. Les États-Unis ne nous ont pas consultés, et ne nous disent apparemment toujours pas ce qu'ils font à Kaboul. Nous ne sommes plus un acteur. Il n'y a pas eu de relation spéciale. Notre opinion ne valait pas la peine d'être entendue. Elle ne comptait pas pour les États-Unis. Le faux-semblant est terminé.

Avec cela, le vestige de la puissance britannique, construit dans les traces des années 1940 et les mythes mutuellement avantageux formés depuis, a disparu. Nous ne sommes plus qu'un État lointain, petit et assez insignifiant, un parmi tant d'autres. L'illusion qui nous fait croire que sommes différents doit disparaître.

Mais cette illusion va-t-elle disparaître ? Allons-nous, avec sa disparition, cesser de construire des porte-avions qui sont déjà stratégiquement inutiles des décennies avant leur conception ? Cesserons-nous de nous croire exceptionnels ? Et une Angleterre contrariée deviendra-t-elle toujours plus agressive à l'égard des derniers vestiges de son empire ; les États qu'elle soumet à sa domination au sein du prétendu Royaume-Uni, qui se sent de moins en moins uni ?

Ce sont des questions importantes. Seul le temps pourra y apporter des réponses. Mais j'ai le sentiment que tout a changé. L'image de la puissance britannique s'est étiolée. Si toutes les parties concernées pouvaient maintenant faire face à cette réalité et à leur avenir, cela serait mieux. Si, en même temps, nous cessions de harceler et d'abuser du monde et que nous apprenions réellement à vivre avec lui et à travailler à ses côtés, ce serait encore mieux. Mais le ferons-nous ? C'est une question que tout le monde se pose. Les sages espèrent que nous le ferons.

Cet espoir est, comme nous venons de le voir plus haut, vain.

Les articles sur les actes présumés des talibans « contre les femmes afghanes » feront à nouveau l’objet de reportages spéciaux. Les femmes ont été utilisées pour vendre la longue guerre contre l’Afghanistan depuis le tout début. Mais combien de femmes ont-elles été tuées par les bombes soviétiques, britanniques et américaines pendant cette guerre ?

En ce qui concerne l’utilisation abusive du féminisme pour promouvoir la guerre sans fin contre l’Afghanistan et le dénigrement des talibans, veuillez lire l’excellent article intitulé « Afghanistan : The End of the Occupation » [que nous allons traduire et qui sera publié dans les prochains jours, NdT], co-écrit par une anthropologue qui a travaillé sur place.

Moon of Alabama

Traduit par Wayan, relu par Hervé, pour le Saker Francophone

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