Par Moon of Alabama – Le 20 décembre 2017
Hier, le Sénat des États-Unis, contrôlé par les républicains, a adopté un gigantesque projet de loi fiscale. La Chambre des représentants va le voter aujourd’hui et Trump signera le projet de loi dès que possible.
Le projet de loi fait passer le taux d’imposition des sociétés de 35 % à 21 %. Il abaisse la tranche d’imposition supérieure de 39,6 % à 37 %. Il va alourdir le fardeau de la moitié des pauvres. C’est un pillage en bonne et due forme.
Lorsque le projet de loi sera entièrement mis en œuvre, il bénéficiera à hauteur de 83% aux 1% les plus riches. Incroyablement, il augmente les impôts de la moitié des familles de travailleurs.
Les Républicains prônent toujours la théorie mensongère du ruissellement. Ils prétendent qu’augmenter les revenus des entreprises permettra à ces dernières d’investir davantage et que cela accroîtra donc l’activité économique. C’est idiot. Cela n’a jamais été démontré et aucun véritable spécialiste des sciences sociales ne prend cette théorie au sérieux. La plupart des entreprises ne manquent pas d’argent. Elles peuvent en plus emprunter à des taux record. Aucune entreprise n’hésite à investir quand elle a de la demande pour ses produits. Sans augmentation de la demande, il n’y a tout simplement aucune raison de faire des investissements supplémentaires.
La demande ne peut pas augmenter si les gens n’ont pas d’argent pour acheter les produits. Pour accroître la demande, le revenu disponible de la population doit augmenter grâce à des salaires plus élevés, plus d’aide sociale ou une réduction des impôts pour les tranches d’imposition les plus basses. (L’augmentation de l’endettement des consommateurs a des limites et il a des conséquences négatives à long terme).
La nouvelle loi fiscale augmentera le déficit fédéral d’environ 1 500 milliards de dollars en dix ans. L’augmentation massive de la dette est intentionnelle. Elle permettra de justifier la deuxième étape du plan républicain qui a pour but de ramener les États-Unis à l’âge d’or. Paul Ryan, le Président de la Chambre des représentants, l’a déjà annoncé :
« Les Républicains du Congrès et l’administration Trump envisagent de modifier radicalement les lois et règles du système de protection sociale du pays l’année prochaine.
Paul Ryan, élu Républicain du Wisconsin et Président de la Chambre des représentants, dit qu’il veut utiliser la procédure accélérée dite de ‘réconciliation’ 1 l’an prochain pour réformer l’accès aux droits sociaux, une réforme qui mettrait l’accent sur la promotion du travail et un enseignement axé sur la carrière.
(…)
Les Républicains soutiennent largement l’idée de modifier le filet de sécurité fédéral et d’imposer des exigences de travail plus strictes à des programmes comme Medicaid et les bons d’alimentation. »
Pour l’instant, les Républicains ne toucheront probablement pas à Medicare ni à la sécurité sociale. Ce sont des prestations pour lesquelles les gens ont cotisé, pas des « aides » à proprement parler. Même les électeurs républicains veulent les garder pratiquement telles quelles. Toute tentative de toucher à ces programmes entraînerait un contrecoup électoral trop important. Il est donc peu probable que les Républicains parviennent à voler suffisamment les pauvres pour compenser tout l’argent qu’ils donnent maintenant aux riches. Ils vont plutôt augmenter la dette fédérale.
Bien que la plupart des électeurs n’aiment pas le projet de loi fiscal actuel, il pourrait favoriser les Républicains aux élections de mi-mandat de 2018. La plupart des effets négatifs du projet de loi ne se feront sentir qu’en 2019 et dans les années suivantes. Ce sont ces années suivantes que les Républicains doivent craindre. Tant que les taux d’intérêt sont bas, une augmentation de la dette fédérale n’est pas trop grave. Mais lorsque les taux d’intérêt augmenteront, comme cela ne manquera pas d’arriver, la situation budgétaire fédérale deviendra beaucoup plus difficile.
Le mini-Reagan de la Maison-Blanche et les membres du Congrès républicain aiment comparer leur projet de loi actuel avec celui de Ronald Reagan de 1981. Il allait dans la même direction que leur projet. Le taux d’imposition des plus riches est passé de 70 % à 28 %. Mais en 1982, et par la suite, Reagan a dû imposer les hausses d’impôt les plus élevées jamais enregistrées pour maintenir un minimum de stabilité du budget. Les recettes fiscales en pourcentage du PIB n’ont pas diminué du tout sous Reagan.
Les deux étapes de la réduction des impôts et de la réduction de l’aide sociale que les Républicains ont prévues seront probablement suivies d’une troisième (etc…) étape qui réduira l’impact du projet de loi initial. L’impact positif et / ou négatif global de ce renvoi d’ascenseur à leurs riches sponsors sera probablement beaucoup moins important que ce qu’affirment les deux camps politiques.
Traduction : Dominique Muselet
Notes