Par Moon of Alabama – Le 13 juillet 2018
Il n’y a aucune preuve dans l’acte d’accusation de Mueller contre les 12 Russes. Sa publication a pour but de saboter le sommet prévu entre Trump et Poutine.
Le conseiller spécial Robert Mueller a publié un acte d’accusation (pdf, 29 pages) contre 12 personnes soupçonnées d’être des officiers ou des agents de la GRU, le service de renseignement militaire russe. Ces personnes, affirme l’acte d’accusation, travaillent pour une sous-unité opérationnelle (26165) et une sous-unité technique (74455) de la GRU.
Un grand jury de Washington a émis 11 chefs d’accusation qui sont détaillés ci-dessous et suivis de notes. À la fin de l’article, il y a une courte analyse.
Le premier chef d’accusation est « Conspiration en vue de commettre un délit contre les États-Unis » en volant des courriels et en les divulguant. L’acte d’accusation affirme que les unités du GRU ont envoyé des messages d’hameçonnage à la campagne Hillary Clinton et au DNC 1 et au DCCC 2, des organisations du Parti démocrate. Cela leur a permis d’avoir accès aux boîtes aux courriels de John Podesta et d’autres personnes. Ils sont également accusés d’avoir installé des logiciels espions (X-agent) sur des ordinateurs du DNC et d’avoir exfiltré des courriels et d’autres données venant de ces organismes. Les courriels ont été distribués et publiés par les hackers anonymes de DCLeaks et Guccifer II, et plus tard par Wikileaks. L’acte d’accusation affirme que DCLeaks et Guccifer II étaient des faux-nez du GRU. Wikileaks, appelé « organisation 1 » dans l’acte d’accusation, est impliqué mais pas encore accusé.
Note : Il y a un Grand Jury différent pour les interminables poursuites contre Julian Assange et WikiLeaks. Assange a nié que les courriels qu’il a publiés provenaient d’une source russe. Craig Murray, un ancien ambassadeur britannique, a dit qu’il avait reçu les courriels lors d’un voyage à Washington et qu’il les avait remis à Wikileaks.
L’acte d’accusation décrit en détail comment divers ordinateurs et plusieurs noms de domaine ont été loués pour accéder aux ordinateurs du DNC et du DCCC. La démonstration est globalement plausible, mais il y a peu ou pas de preuves à l’appui.
Les chefs d’accusation 2 à 9 de l’acte d’accusation parlent de « vol d’identité aggravé » pour avoir utilisé les noms d’utilisateur et les mots de passe des comptes personnels d’autres personnes.
Le chef d’accusation 10 parle d’une « conspiration pour blanchir de l’argent ». Cela aurait été fait « par le biais d’un réseau de transactions structuré pour profiter de l’anonymat des crypto-monnaies comme le bitcoin ». Il est allégué que les accusés ont miné 3 des bitcoins, les ont fait passer par des douzaines de comptes et de transactions et les ont ensuite utilisés pour louer des serveurs, l’accès à un réseau privé virtuel et les noms de domaine utilisés dans l’opération.
Note : L’acte d’accusation me renforce dans l’idée que le bitcoin et autres crypto-monnaies sont des créations des services secrets et leurs terrains de jeu, à l’exemple de Tor et autres logiciels « cool » censés protéger votre « vie privée » sur internet. C’est la raison pour laquelle il faut éviter de les utiliser.
Le chef d’accusation 11 de l’acte d’accusation mentionne une « conspiration en vue de commettre un délit contre les États-Unis ». Il affirme que certains des accusés ont piraté les bureaux de vote des États et les entreprises américaines qui fournissent des logiciels pour les élections.
Note : Dans d’autres rapports, il est affirmé que l’attaque cybernétique présumée n’a entraîné aucun changement dans les résultats des élections ni aucun autre dommage.
Les États-Unis vont demander la confiscation des objets de valeur que les accusés possèdent aux États-Unis si les accusés sont condamnés.
Analyse
- Ce n’est pas un hasard si cet acte d’accusation a été publié aujourd’hui, quelques jours avant le premier sommet entre Donald Trump et le président russe Vladimir Poutine, et peu avant la fin du championnat du monde de football en Russie. Le communiqué a pour objectif de saboter les pourparlers.
- L’acte d’accusation décrit une vaste opération, mais ne contient aucune preuve de ce qu’il allègue.
- Mueller espère probablement que l’acte d’accusation n’arrivera jamais devant un tribunal. Les accusations portées seraient extrêmement difficiles à prouver. N’importe quel avocat qui se respecte demandera comment l’information sur laquelle il s’appuie a été obtenue et dans quelle mesure elle était basée sur l’espionnage illégal de la NSA. Une activité de la NSA que les États-Unis ne veulent pas révéler.
- Il est peu probable qu’il y ait jamais un procès. Les personnes inculpées sont toutes des Russes qui se trouvent en Russie et aucune d’entre elles ne sera assez stupide pour répondre à une invitation à Las Vegas ou à Disney World.
Mais qui sait ?
En février, Mueller a inculpé l’Agence russe de recherche sur Internet, une usine à trolls de hameçonnage à des fins commerciales, au motif qu’elle aurait influencé les élections américaines. À l’époque, on s’attendait à ce qu’il n’y ait jamais de procès. À la surprise générale, Concord Management, l’une des sociétés russes accusées, a relevé le défi et exigé que les pièces du dossier lui soient communiquées. Mueller a alors tenté de retarder la communication les preuves (qu’il n’avait probablement pas.) Un juge a rejeté sa demande de délai. L’affaire est en cours.
L’adjoint au procureur général Rosenstein, qui a présenté l’acte d’accusation, a également ajouté trois précisions qui seront probablement peu relayées par les médias. Il a dit (vidéo) que l’acte d’accusation n’alléguait en aucun cas :
- que les Américains (soi-disant hameçonnés, ndt) savaient qu’ils étaient en contact avec des Russes ou avec une opération russe ;
- qu’un Américain quelconque ait commis un délit en lien avec cette affaire ;
- que l’opération incriminée ait changé ou influencé l’élection.
L’acte d’accusation, qui pourrait bien avoir être complètement inventé et qui ne sera probablement jamais soumis à l’épreuve des tribunaux, renforcera la campagne « La Russie est un ennemi » qui a été lancée bien avant les élections de 2016. Cela renforcera la conviction de certains démocrates que la Russie, et non le choix d’une candidate repoussante, a coûté la présidence à Hillary Clinton.
La détente avec la Russie que le président américain Donald Trump tente de faire advenir sera maintenant plus difficile à réaliser et à perpétuer.
Traduction : Dominique Muselet
Notes