…des scientifiques tirent la sonnette d’alarme au sujet du programme d’armes bactériologiques étatsunien
Par Moon of Alabama – Le 6 octobre 2018
Des preuves récentes d’essais de substances biologiques létales à Tbilissi, en Géorgie, ont suscité l’inquiétude au sujet de la recherche américaine sur les armes biologiques dans certains pays étrangers. Des scientifiques européens sont extrêmement préoccupés par un douteux programme de recherche, financé par le Pentagone, qui semble destiné à propager des maladies aux cultures, aux animaux et aux humains à l’étranger. La création de telles armes et des moyens spéciaux de les distribuer est interdite par le droit national et international.
Les États-Unis mènent des recherches sur les armes biologiques dans le monde entier :
Des scientifiques de la guerre biologique utilisant la couverture diplomatique testent des virus d’origine humaine dans des laboratoires biologiques du Pentagone, disséminés dans 25 pays à travers le monde. Ces biolaboratoires américains sont financés par la Defense Threat Reduction Agency (DTRA) dans le cadre d’un programme militaire de 2,1 milliards de dollars – Cooperative Biological Engagement Program (CBEP), et sont situés dans des pays de l’ex-Union soviétique comme la Géorgie et l’Ukraine, le Moyen-Orient, le Sud-Est asiatique et l’Afrique.
Jusqu’au milieu des années soixante-dix, l’armée américaine a testé des armes de guerre biologique sur la population américaine, parfois à grande échelle et sur des races spécifiques. Après qu’une enquête du Congrès eut révélé l’ampleur du programme, de tels tests ont été transférés à l’étranger.
Des entreprises privées utilisent des laboratoires contrôlés par le gouvernement américain dans des pays étrangers pour des recherches biologiques secrètes menées sous contrat par l’armée américaine, la CIA et le Département de la sécurité intérieure. Le mois dernier, la journaliste bulgare Dilyana Gaytandzhieva a écrit au sujet de l’un de ces laboratoires biologiques sous contrôle américain :
L’ambassade des États-Unis à Tbilissi transporte du sang humain congelé et des agents pathogènes, sous cargaison diplomatique, pour un programme militaire secret étatsunien. Des documents internes, impliquant des diplomates américains dans le transport et l’expérimentation d’agents pathogènes sous couverture diplomatique, m’ont été révélés par des initiés géorgiens. Selon ces documents, des scientifiques du Pentagone ont été envoyés en République de Géorgie et ont reçu l’immunité diplomatique pour mener des recherches sur les maladies mortelles et les insectes piqueurs au Lugar Center, le laboratoire biologique du Pentagone à Tbilissi, capitale de la Géorgie.
Al Mayadeen TV a diffusé un reportage vidéo sur le laboratoire et ses effets mortels sur les » patients « géorgiens.
La semaine dernière, le ministère russe de la Défense et le ministère russe des Affaires étrangères ont accusé les États-Unis de recherche illégale sur les armes biologiques dans ce laboratoire de Tbilissi :
La question de ce qui pourrait se passer dans le centre de recherche secret sponsorisé par les États-Unis et hébergé par ce voisin du sud de la Russie a été soulevée par l’armée russe jeudi après avoir étudié les dossiers publiés en ligne par un ancien ministre géorgien.
Ces documents font état de la mort de 73 personnes sur une courte période de temps, ce qui indique qu’il s’agit d’un test d’agents chimiques ou biologiques hautement toxiques à taux de létalité élevé, a déclaré Igor Kirillov, commandant de la branche militaire russe responsable de la défense des troupes contre les armes radiologiques, chimiques et biologiques.
Les États-Unis ont rejeté ces allégations sans donner d’explication pour ces documents fuités, le type des recherches effectuées près de Tbilissi, le secret et la sécurité inhabituels qui entourent ce laboratoire.
Il n’y a pas que les Russes et les Géorgiens qui s’inquiètent des recherches secrètes des États-Unis sur la guerre biologique. Des scientifiques allemands et français ont récemment tiré la sonnette d’alarme au sujet d’un autre projet de recherche douteux du Pentagone.
En octobre 2016, la Defense Advanced Research Projects Agency (DARPA) a annoncé un nouveau projet nommé Insect Allies :
Un nouveau programme DARPA est sur le point d’offrir une alternative aux réponses face aux menaces agricoles traditionnelles, en utilisant la thérapie génique ciblée pour protéger les plantes matures pendant leur cycle de croissance. La DARPA propose de s’appuyer sur un système de diffusion naturel et très efficace en deux étapes pour transférer les gènes modifiés aux plantes : les insectes vecteurs de virus des plantes qu’ils transmettent. Ce faisant, la DARPA vise à transformer certains insectes ravageurs en « Insect Allies », d’où le nom de ce nouveau projet.
Le scénario décrit par la DARPA est assez complexe. Si une culture, par exemple de maïs, était largement infectée par une maladie, un virus serait manipulé et appliqué sur la culture. Le virus génétiquement modifié lui-même modifierait génétiquement la culture pour » guérir « la maladie. Les insectes infectés seraient utilisés pour répandre les virus dans les champs.
Le programme est géré par l’Office des technologies biologiques (BTO) du DARPA. Il n’est pas bon marché. Au moins 27 millions de dollars y ont été engagés. Si le programme discuté était à des fins purement agricoles, pourquoi la Defense Advanced Research Projects Agency (DARPA), qui fait partie du Pentagone, proposerait-elle et financerait-elle de telles recherches ?
Des scientifiques de l’Institut Max Planck de biologie évolutive de Plön (Allemagne) et de l’Institut des sciences de l’évolution de Montpellier (France), ainsi que des juristes de l’Université de Fribourg soulignent que la méthode que DARPA veut appliquer n’a guère de sens pour les objectifs agricoles déclarés.
L’éminent magazine américain Science a publié leurs travaux. Les scientifiques demandent si le projet fait partie d’un programme de recherche agricole ou d’un nouveau système d’arme biologique ?
Dans le cadre d’un programme de recherche en cours financé par la Defense Advanced Research Projects Agency (DARPA) étatsunien, on vise à disperser des virus infectieux génétiquement modifiés qui ont été conçus pour modifier les chromosomes de cultures directement dans les champs. …
Dans le contexte des objectifs déclarés du programme DARPA, nous sommes d’avis que les connaissances à acquérir dans le cadre de ce programme semblent très limitées quant à la capacité d’améliorer l’agriculture étatsunienne ou de répondre aux urgences nationales (à court ou à long terme). De plus, il n’y a pas eu de discussion adéquate sur les principaux obstacles pratiques et réglementaires à la réalisation des avantages agricoles prévus. Par conséquent, le programme peut être largement perçu comme un effort visant à mettre au point des agents biologiques et leurs vecteurs à des fins hostiles, ce qui, si cela était avéré, constituerait une violation de la Convention sur les armes biologiques (CIAB).
Dans sa réponse à cet article scientifique, la DARPA insiste à nouveau sur le fait que le programme a des fins purement agricoles. Mais cette réponse ne satisfait pas les demandes des scientifiques.
Le mécanisme de propagation des virus infectieux génétiquement modifiés pour modifier génétiquement et » guérir « les plantes dans les champs est lui-même source de problèmes et plein de dangers. Utiliser des insectes pour distribuer de tels virus frise la folie.
Si l’on a accès aux champs de cultures ciblés et si l’on a un virus génétiquement modifié pour influencer les plantes, pourquoi utiliser des insectes pour le distribuer ? Pourquoi ne pas utiliser le procédé bien connu de pulvérisation ciblée des champs affectés, comme c’est le cas aujourd’hui ? Ce n’est que lorsqu’on n’a pas accès aux champs, lorsqu’ils sont situés dans un pays étranger auquel les États-Unis n’ont pas accès, qu’il est logique d’utiliser des insectes à cette fin.
L’idée que le but réel (et illégal) de ces recherches américaines est la guerre biologique n’est pas du tout exagérée.
Pendant la guerre de Corée, les États-Unis ont lâché des insectes et des rongeurs infectés sur la Corée du Nord et la Chine pour infecter la population de maladies mortelles (voir l’article du Saker Francophone : « Le sale secret de la guerre de Corée »). Divers agents pathogènes, dont l’anthrax, ont été utilisés contre la population civile. Pendant la guerre du Vietnam, les États-Unis ont pulvérisé des milliers de kilomètres carrés de défoliants toxiques. Ils ont testé des armes biologiques sur les habitants d’Hawaï, de l’Alaska, du Maryland, de la Floride, du Canada et de la Grande-Bretagne. En 2002, des spores d’anthrax militarisées provenant du laboratoire de guerre biologique américain de Fort Derrick ont été utilisées pour faire peur aux politiciens américains et les amener à accepter le Patriot Act. Au moins cinq personnes ont été tuées. Et pourquoi l’U.S. Air Force cherche-t-elle des échantillons de tissu synovial et d’ARN prélevés spécifiquement sur des personnes de race blanche en Russie ?
Les programmes de guerre biologique sont extrêmement dangereux. Non seulement pour » l’ennemi « , mais aussi pour sa propre population. Les maladies infectieuses et les agents pathogènes peuvent se propager dans le monde entier en quelques jours. Les modifications génétiques peuvent avoir des effets secondaires imprévisibles. Les virus peuvent franchir la barrière des espèces. Telles sont les bonnes raisons pour lesquelles de telles armes, et la recherche sur leur utilisation, sont interdites.
Le gouvernement des États-Unis devrait respecter la loi et mettre fin à tous ces programmes, ne serait-ce que dans l’intérêt de protéger son propre peuple.
Moon of Alabama
Traduit par Wayan, relu par jj pour le Saker francophone.