Des responsables étasuniens affirment que le “Russiagate” n’a pas fini de faire parler de lui


Par Moon of Alabama – Le 23 janvier 2023

À la fin de l’année dernière, une campagne de lettres piégées touchait plusieurs bureaux en Espagne :

Fin novembre et début décembre 2022, un certain nombre de lettres piégées ont été envoyées dans toute l’Espagne. Des colis ont été reçus chez des personnes et des lieux très en vue, notamment la résidence du Premier ministre espagnol à Moncloa, les ambassades d’Ukraine et des États-Unis à Madrid, la base aérienne de Torrejon et le fabricant d’armes Instalaza. Une personne a été blessée dans ces attaques, un agent de sécurité de l’ambassade d’Ukraine à Madrid.

La Haute Cour d’Espagne aurait ouvert une enquête pour un éventuel cas de terrorisme.

En décembre 2022, les autorités espagnoles ont révélé qu’elles pensaient que les lettres avaient été postées depuis la ville de Valladolid.

Jusqu’à présent, l’Espagne n’a pas déterminé quelle personne ou quel groupe aurait pu envoyer les lettres et quels étaient les motifs possibles de cette campagne.

Cela ne semble pas avoir d’importance pour certains “responsables étasuniens” qui tentent d’imputer l’affaire à la Russie. L’histoire est une continuation du conte de fées frauduleux nommé “Russiagate“.

Les sténographes du New York Times titrent ainsi :

Des agents russes sont soupçonnés d’avoir ordonné à un groupe d’extrême droite de poster des bombes en Espagne

Selon des responsables américains, l’opération pourrait être un signal lancé par la Russie indiquant que le pays et ses mandataires pourraient mener d’autres actions terroristes en Europe si ces pays continuent à soutenir l’Ukraine.

On pourrait s’attendre à des preuves lorsque des affirmations d’une telle portée sont faites. Mais hélas, aucune n’est fournie.

Cette histoire assez longue est basée sur les sources suivantes :

Des officiels américains disent …

Des responsables américains et européens croient … selon des responsables américains.

Les enquêteurs … se sont concentrés sur … ont dit les responsables.

Les responsables américains disent … que les officiers russes qui ont dirigé la campagne semblaient avoir l’intention …

L’objectif apparent … ont déclaré les responsables américains, qui ont parlé sous le couvert de l’anonymat en raison du caractère sensible de l’enquête.

Il n’y a aucun signe que Moscou soit prêt à s’engager dans des attaques secrètes ou des sabotages à grande échelle, ce qui, selon les responsables russes, pourrait provoquer une réponse, selon les responsables américains et alliés.

Le calcul de M. Poutine… disent les officiels américains.

Poutine a donné à son agence de renseignement militaire une grande latitude … disent-ils.

Les officiers russes derrière cette campagne travaillent pour … Les officiels américains disent.

Des membres de l’agence ont été impliqués dans … selon des responsables américains.

Les responsables américains soupçonnent … Selon des responsables américains.

Les enquêteurs espagnols ont identifié des “personnes d’intérêt” … selon un haut fonctionnaire américain.

Une porte-parole de l’ambassade d’Espagne à Washington s’est refusée à tout commentaire, invoquant la poursuite de l’enquête.

Fiona Hill … a déclaré qu’il ne serait pas surprenant si …

Les responsables des services de renseignement américains et britanniques ont travaillé avec la police nationale espagnole et les responsables du contre-espionnage … Leurs soupçons à l’égard du Mouvement impérial russe … se sont renforcés à la fin de l’année dernière … selon les responsables.

Le groupe radical n’est que partiellement aligné sur le gouvernement russe. Les dirigeants du mouvement ont critiqué l’incompétence des dirigeants russes dans la guerre en Ukraine et ont accusé Poutine de corruption. Pourtant, parce que le groupe partage les objectifs de Moscou de saper … les services de renseignement russes ont été en mesure d’influencer ses opérations, selon des responsables américains.

Le Département d’État a désigné le groupe … en avril 2020 …

… a déclaré le département dans l’annonce de la désignation.

Le Center for International Security and Cooperation de l’université de Stanford décrit le Mouvement impérial russe comme suit … Le groupe prône la restauration du régime tsariste en Russie, dit-il, et entretient des liens avec des groupes néonazis et suprématistes blancs aux États-Unis et en Europe.

Les responsables de la sécurité américains et européens sont de plus en plus préoccupés par les groupes suprématistes blancs ayant des liens transnationaux depuis la majeure partie de la dernière décennie. En 2019, par exemple, un Australien qui a tué 51 personnes dans deux mosquées à Christchurch, en Nouvelle-Zélande, ….

À la suite des récentes lettres piégées, […] Les responsables américains ont déclaré.

En 2018, ils ont tenté de tuer Sergueï V. Skripal, ….. Des agents russes ont également mené à bien … selon des responsables du renseignement européen.

Le même groupe d’élite actif en Europe, l’Unité 29155, a opéré en Afghanistan et a offert des primes pour récompenser les militants liés aux talibans d’avoir tué des troupes américaines et de la coalition, selon une évaluation du renseignement américain d’abord rapportée par le New York Times. Les responsables américains ont déclaré en 2021 qu’ils n’avaient aucune preuve que le Kremlin avait ordonné cette action secrète.

Selon ce que disent certains responsables américains anonymes, un groupe marginal anti-Kremlin en Russie a été utilisé par un service de renseignement russe pour envoyer des lettres piégées de Valladolid, en Espagne, à des bureaux à Madrid.

Mais pourquoi les services de renseignement russes mèneraient-ils une campagne aussi absurde ? Pourquoi utiliseraient-ils un groupe marginal problématique de fous russes pour le faire ? Pourquoi en Espagne ? Pourquoi pas en Pologne, en Allemagne ou en France ? Quelles sont les preuves ?

Aucune de ces questions ne trouve de réponse. Au lieu de cela, des rumeurs et des hypothèses à l’emporte-pièce sont rassemblées pour rendre les affirmations moins scandaleuses. C’est du même ordre que les mensonges sur les “armes de destruction massive en Irak” publiés par le Times il y a 20 ans.

L’ajout de l’histoire invraisemblable de l’empoisonnement des Skripal et des fausses allégations de “primes russes” en Afghanistan ne contribue pas à rendre l’histoire plus convaincante. Il n’y a aucune preuve que l’une ou l’autre de ces histoires se soit produite.

Ce qui est quelque peu amusant, c’est la tentative des auteurs de mettre la frange impérialiste russe en relation avec le massacre de Christchurch en Nouvelle-Zélande. Le tueur était ami avec des terroristes nazis ukrainiens :

Dans le sillage des attentats de la mosquée de Nouvelle-Zélande, des liens sont apparus entre le tireur et une organisation paramilitaire ukrainienne ultranationaliste et suprématiste blanche appelée le Bataillon Azov. Dans son manifeste, le tireur affirme avoir visité le pays lors de ses nombreux voyages à l’étranger, et le gilet pare-balles qu’il portait lors de l’assaut portait un symbole couramment utilisé par le bataillon Azov.

Le Bataillon Azov est en train de devenir un nœud critique du réseau transnational d’extrémistes violents d’extrême droite (ERV). Ce groupe dispose de son propre “bureau de sensibilisation occidental” pour aider à recruter et à attirer des combattants étrangers qui voyagent pour s’entraîner et entrer en contact avec des personnes appartenant à des organisations violentes de même sensibilité dans le monde entier.

Nous savons que les “renseignements américains” sont des “orientés” et que les fonctionnaires américains sont des menteurs, surtout en ce qui concerne l’Ukraine.

Nous le savons parce que les “responsables étasuniens” l’ont dit :

En rupture avec le passé, les États-Unis utilisent des renseignements dans sa guerre de l’information contre la Russie, même quand ces renseignements ne sont pas solides comme le roc.

Cela rend la publication de l’histoire ci-dessus par le Times encore plus douteuse.

Moon of Alabama

Traduit par Wayan, relu par Hervé, pour le Saker Francophone.

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1 réflexion sur « Des responsables étasuniens affirment que le “Russiagate” n’a pas fini de faire parler de lui »

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