Par Alexander Mercouris – Le 31 octobre 2015 – Source Russia Insider
L’accord sur le North Stream 2 et la visite du vice-chancelier allemand Sigmar Gabriel à Moscou indiquent qu’un rapprochement germano-russe est en vue.
Le 26 novembre 2014, à la suite d’une dépêche de Reuters traitant d’une réunion que Merkel avait eue avec Poutine au sommet du G20 à Brisbane, nous écrivions ce qui suit :
«Merkel s’est mise dans le pétrin, en défiant les Russes en Ukraine où, comme nous l’avons dit à maintes reprises dans RI, ces derniers ont toutes les cartes en main. Habituée à faire prévaloir son point de vue sur les autres dirigeants de l’UE, en traitant avec les Russes, elle est allée au-delà de ses capacités. La première règle en politique est que lorsqu’on est dans un trou, il faut cesser de creuser. Si Merkel ne peut pas cesser de creuser, l’Allemagne pourrait bientôt avoir un nouveau chancelier.»
Nous étions les premiers à dire, à un moment où personne d’autre n’envisageait même cette possibilité, qu’à cause de sa gestion désastreuse de la crise en Ukraine, le poste de Merkel était en jeu.
Depuis lors, Merkel a amplifié ses problèmes par sa gestion désastreuse de la crise grecque et de la crise des réfugiés.
Ce que nous étions les premiers à dire en novembre dernier fait aujourd’hui consensus : Merkel est dans un sale pétrin et ses jours pourraient être comptés.
Des articles dans le très atlantiste Financial Times en disent tout autant.
Nous reproduisons ci-dessous un de ces articles, en partie parce qu’il est payant, mais surtout parce qu’il montre l’ampleur de l’alarme – et de la perplexité – que provoque dans les cercles atlantistes l’évocation de la chute imminente de Merkel.
Il suffit de lire le titre de cet article : If Angela Merkel is ousted, Europe will unravel [Si Merkel est virée, l’Europe se défera].
Le seuil de déclenchement, l’événement qui a rendu publique l’opposition à Merkel en Allemagne et la cristallise, n’est pas la crise en Ukraine. C’est la crise des réfugiés.
Cette dernière crise, toutefois, ne devrait pas être vue comme la cause des problèmes de Merkel. C’est plutôt la goutte d’eau qui a fait déborder le vase.
Bien que la position de Merkel pendant la crise des réfugiés ait été une grave erreur – typique de son caractère –, si sa position politique en Allemagne avait été aussi forte que le croyaient les atlantistes, elle aurait été en mesure d’affronter la tempête.
En réalité, le malaise des élites allemandes à l’égard de Merkel n’a cessé de croître depuis un certain temps – depuis qu’il est devenu clair à l’automne dernier que les Russes ne reculeraient pas sur l’Ukraine et que les sanctions sectorielles qu’elle avait imposées à la Russie ne seraient par conséquent pas levées de sitôt.
Cela a fait courir des risques aux intérêts économiques vitaux de l’Allemagne en mettant en péril ses plans à long terme d’importation de gaz russe et les projets d’expansion de ses affaires sur le marché russe.
La mauvaise gestion par Merkel des négociations sur la dette grecque – en particulier sa décision de passer outre à la demande de Grexit de Wolfgang Schäuble – a renforcé les préoccupations à son sujet en Allemagne, et même plus, en montrant qu’en cas de crise, Merkel finit toujours par jouer pour la galerie atlantiste au lieu de défendre les intérêts nationaux de l’Allemagne.
La crise des réfugiés a été le coup de grâce, le moment où – puisque c’est la question qui a mis l’opinion publique en rage – les doutes et les critiques qui allaient croissant en privé ont pu finalement être exprimés publiquement.
Ce que nous voyons maintenant est une tentative concertée de l’establishment politique et économique allemand de trouver des moyens de recoller les pots cassés avec la Russie.
Le premier grand signe de ce changement a été l’accord inattendu pour le deuxième volet du gazoduc North Stream.
Bien que certains aient tenté de le présenter comme une victoire pour Berlin, comme je l’ai expliqué auparavant, ce sont les Allemands qui ont fait des concessions importantes – acceptant un échange d’actifs qui permettra à Gazprom de se projeter en aval en acquérant une participation dans le réseau européen de pipelines – quelque chose que les États-Unis ne supportent pas et que les Européens ont toujours refusé jusqu’à présent.
North Stream 2 augmente bien sûr aussi la dépendance de l’Europe aux fournitures de gaz russe – que les États-Unis et leurs alliés atlantistes veulent réduire – et rapprochent le moment où l’Ukraine cessera définitivement d’être un pays de transit.
Fait intéressant, le vice-chancelier allemand Sigmar Gabriel s’est exprimé ouvertement, pas seulement pour soutenir le North Stream 2, mais aussi en disant que la Commission européenne ne devrait pas interférer en semblant remettre en cause la position de l’Ukraine comme pays de transit.
Les mots précis de Gabriel, adressés à Poutine lui-même, étaient les suivants :
«Ce qui est le plus important, dans la mesure où des questions juridiques sont en jeu, c’est que nous nous efforcions d’assurer que tout cela reste de la compétence des autorités allemandes, si possible. Donc si nous y parvenons, les possibilités d’ingérence externe seront limitées. Et nous sommes dans une bonne position pour négocier sur cette question.
Afin de limiter les ingérences politiques sur ces questions – vous êtes évidemment conscients que ce n’est pas qu’une simple formalité – nous devons régler le problème du rôle de l’Ukraine comme pays de transit après 2019. Il y a des raisons techniques à cela : vous savez que le système ukrainien d’acheminement du gaz n’est pas en très bon état. Et, bien sûr, vous connaissez le rôle financier et politique que cela jouera pour l’Ukraine, en plus du blocage du gaz.»
C’est un avertissement clair à la Commission européenne de ne pas invoquer le Troisième paquet énergétique pour bloquer le North Stream 2 – comme cela avait été fait pour le South Stream.
On n’a quasiment jamais entendu un important responsable allemand dire ouvertement, de cette manière, que le droit allemand devrait primer sur le droit européen. Qu’il l’ait fait à Moscou, lors d’une rencontre avec Poutine, est encore plus impressionnant et visait clairement à souligner ce point.
Peut-être pour mettre en évidence la mesure dans laquelle les Russes et les Allemands se parlent de nouveau sur les questions économiques, des rumeurs ont circulé que l’accord Opel de 2009 pourrait être relancé sous une forme ou une autre, avec probablement l’offre aux Russes d’une participation dans la société. Les Russes ont fait savoir clairement que, pour le moment, ils ne sont pas intéressés.
Tandis que des mesures sont prises pour raccommoder les relations économiques, les premiers signes de reprise du dialogue se manifestent.
Il est significatif que ce soit le vice-chancelier et ministre de l’Economie allemand Sigmar Gabriel, qui est aussi le chef du SPD – le parti junior dans la coalition de Merkel est le second parti en importance – qui semble agir comme l’homme important, comme l’a montré sa récente visite à Moscou à la tête d’une forte délégation allemande qui comprenait le ministre des Affaires étrangères Steinmeier.
Gabriel sera allé à Moscou comme représentant du gouvernement allemand. Le fait qu’il y soit allé est le signe le plus marquant que le dialogue politique entre Berlin et Moscou a repris.
Il y a cependant beaucoup plus à dire sur la visite de Gabriel.
Avec l’affaiblissement visible de l’emprise de Merkel sur le pouvoir, il est impossible d’écarter l’impression que Gabriel, en se rendant à Moscou, faisait un coup politique, se mettant lui-même, au cas où Merkel tomberait subitement, en position de reprendre rapidement la charge.
La visite de Gabriel à Moscou ressemble carrément à une intention de sa part de s’introduire auprès des Russes comme le chancelier allemand en attente, tout en signalant à la puissante communauté des affaires allemande qu’il est l’homme préparé à résister à Washington et à réparer les relations avec les Russes.
La transcription de la rencontre de Gabriel avec Poutine au Kremlin publiée par le gouvernement russe contient ces propos surprenants :
«Si nous considérons le passé, l’an 2000, lorsque l’Allemagne et la Russie avaient d’excellentes relations, il est très difficile de comprendre pourquoi le développement de nos deux pays est allé dans des directions totalement différentes.
Je pense que la situation entourant l’Ukraine est très probablement un symptôme plutôt que la cause des problèmes qui ont surgi.
[…]
Et je pense que c’est une immense occasion de surmonter le conflit, en particulier parce qu’il y a des parties concernées, en Europe et aux États-Unis, qui bénéficient davantage de la poursuite de ce conflit plutôt que de sa résolution. Donc nous devons tout faire et utiliser toutes les possibilités pour dépasser ce conflit.»
Il est impossible de lire autre chose dans ces propos qu’une critique voilée de Merkel pour avoir permis la détérioration des excellentes relations que les deux pays entretenaient l’un avec l’autre en 2000, c’est-à-dire avant que Merkel ne devienne chancelière.
Les paroles de Gabriel sont tout aussi clairement une déclaration – allant aussi loin qu’un dirigeant allemand en est capable – affirmant que le conflit ukrainien a été délibérément conçu par des groupes en Europe et aux États-Unis afin de ruiner les relations de l’Allemagne – et de l’Europe – avec la Russie, et que ce sont ces parties qui, dans ce but, tentent de prolonger le conflit.
Les Russes auront soigneusement noté ces commentaires, tout comme Washington et Berlin. C’était certainement pour les faire – et pour qu’ils soient publiés – que Gabriel s’est rendu à Moscou.
La critique de la politique des États-Unis qui émane des propos de Gabriel fait précisément écho à celle de Jean-Claude Juncker, le président de la Commission européenne, connu pour être très proche de la vision allemande, et en particulier très proche du collègue SPD de Gabriel, le ministre allemand des Affaires étrangères, Steinmeier.
Comme nous l’avons expliqué précédemment, Juncker a fait récemment un pas étonnamment important vers la reprise du dialogue de l’Europe avec Moscou, et l’a fait, de surcroît, d’une manière qui contenait un reproche clair à Washington. Ci-dessous, ses propos précis :
«Nous devons faire des efforts dans le sens de relations concrètes avec la Russie. Ce n’est pas sexy [sic], mais cela doit se faire, nous ne pouvons pas continuer comme ça. […] La Russie doit être traitée correctement. […] Nous ne pouvons pas laisser Washington dicter nos relations avec la Russie.»
Il est difficile de croire que Juncker a dit ce qu’il a dit sans avoir obtenu d’abord le feu vert de Berlin, et vu les propos de Gabriel à Poutine à Moscou, il n’y a aucun doute. En fait, il semble que Gabriel et Juncker avaient coordonné leurs positions à l’avance.
Les signes de la reprise du dialogue entre Berlin et Moscou sont relevés ailleurs.
Stratfor, l’agence de renseignements privée des États-Unis, a publié récemment un long rapport à ce propos, qui analyse la visite de Gabriel à Moscou en détail et exprime clairement les préoccupations de Washington.
Stratfor parle de « Berlin tâtant le terrain avant de prendre une décision sur l’avenir des relations de l’Allemagne avec la Russie », ce qui est sans doute vrai, mais ce qui – à la lumière des propos tenus par Gabriel à Poutine à Moscou et de l’accord sur le North Stream 2 – sous-estime aussi indubitablement le sérieux de ce qu’il se passe.
Quelque chose pourrait-il faire dérailler ce processus ?
Tout d’abord il est important de dire que si Merkel est en baisse, elle n’est pas dehors. Elle n’aurait pas été chancelière pendant presque dix ans sans posséder une extraordinaire habileté politique, et elle l’utilisera aujourd’hui jusqu’au bout.
Une chose qui joue à son avantage est qu’elle a pris soin d’éviter tout rival susceptible d’émerger de son propre parti – la CDU.
La personne dont on parle parfois comme de son successeur possible – le ministre des Finances Wolfgang Schäuble – a montré peu d’intérêt à devenir chancelier, et il est âgé de 73 ans. Il est difficile d’imaginer qu’il soit davantage qu’un choix provisoire.
La question est cependant que même si Merkel survit, elle est maintenant affaiblie, et le prix qu’elle devra payer maintenant pour survivre sera de chercher les moyens de résoudre les crises qui l’assaillent et suscitent des critiques.
L’élection en Pologne du Parti Loi et justice semble même rendre plus difficile une solution à la crise des réfugiés, avec le gouvernement polonais nouvellement élu qui s’oppose à toute proposition allemande de répartition des réfugiés.
Étant donné que la crise des réfugiés semble destinée à durer et à empirer, et compte tenu du fait que les dernières informations provenant de Grèce montrent que la crise là-bas va revenir nous hanter l’année prochaine, Merkel n’est simplement pas en position d’adopter une ligne ferme avec la Russie à propos de l’Ukraine, vu que l’élite politique et commerciale allemande s’oppose de plus en plus à sa manière de faire.
Avec Gabriel qui manœuvre aujourd’hui tout à fait ouvertement pour prendre sa succession, et s’occupe à envoyer des signaux de fumée à la communauté allemande des affaires et aux Russes à propos de sa volonté de le faire, et avec les critiques à Merkel qui circulent dans la CDU en attendant de la tuer, l’espace de manœuvre politique de Merkel a disparu.
———————————————
Du Financial Times
Il est plus adéquat de parler de panique que de complot. Cette semaine, j’ai passé du temps en compagnie de membres du parti chrétien-démocrate d’Angela Merkel. De manière étonnante pour un étranger, les conversations roulaient sur la question de savoir si la chancelière allemande survivrait à la crise des réfugiés.
Certains pensaient qu’elle n’avait que quelques semaines pour renverser la situation. Peu importe qu’elle ait hier seulement dominé tous les autres dirigeants européens. Du jour au lendemain, l’impensable est devenu plausible – et, pour certains dans son parti, probable.
D’autres voix disent que la fièvre va retomber, mais la vulnérabilité de Mme Merkel fait écho aux convulsions qui agitent l’Europe, provoquées par la marée de réfugiés arrivant de Syrie, d’Irak, d’Afghanistan et des pays africaine du Maghreb et du Sahel. Dans la partie orientale, post-communiste, du continent, l’afflux a renforcé les nationalistes ethniques qui n’ont jamais tout à fait adhéré à l’idée de la démocratie libérale. A l’Ouest, cela a fait la fortune des nativistes [ceux qui privilégient les natifs du pays, NdT], tels que le Front national de Marine Le Pen en France. Les rassemblements du parti d’extrême-droite Pegida en Allemagne se caractérisent aujourd’hui par des orateurs qui déplorent la fin des camps de concentration. Si le Britannique David Cameron perd son référendum pour maintenir la Grande-Bretagne dans l’Union européenne, ce sera parce que les émotions provoquées par la migration prennent le pas sur la défense de l’intérêt économique personnel.
Mme Merkel a rarement été qualifiée de politicienne de conviction. Sa longévité à son poste a résidé dans son habileté à trouver le point d’équilibre naturel dans l’humeur nationale allemande ; et, pourrait-on dire, sa cruauté dans l’élimination de ses rivaux potentiels. Les adjectifs les plus souvent appliqués à son style de direction, parfois avec davantage qu’une note de frustration, ont été : prudent, délibératif et consensuel.
Mutti (maman) Merkel, comme on l’appelle souvent, a réussi en assurant ses compatriotes qu’elle protégerait l’Allemagne des incendies qui font rage au-delà de ses frontières. Ils ne doivent pas se préoccuper en détail de la politique. Les Allemands peuvent être assurés qu’elle sera ferme mais calme en résistant au Russe Vladimir Poutine et, bien qu’engagée pour l’avenir de l’euro, elle sera un gardien attentif des finances du pays. Pendant dix ans, les Allemands lui ont fait confiance.
Elle a affiché les mêmes compétences en Europe. Ceux qui ont observé son fonctionnement lors des sommets des dirigeants de l’UE se sont émerveillés de sa manière informelle de construire des consensus. Une conversation par dessus son épaule avec ce Premier ministre, un accord scellé autour d’une tasse de café avec ce président, une tape amicale sur l’épaule des responsables qui cherchent un terrain d’entente. Mme Merkel a toujours appuyé sur les intérêts allemands mais en favorisant le compromis plutôt que la confrontation.
La crise des réfugiés a révélé une Mme Merkel différente : une dirigeante prête à parler et à agir, selon ses convictions, à sortir de sa cellule capitonnée de groupes de réflexion et de sondages d’opinion. Sa décision d’accueillir les centaines de milliers de personnes faisant route à travers les Balkans a plus de sens pour elle que ce que croient ses opposants. L’Allemagne aurait-elle vraiment pu construire des clôtures et envoyer des soldats les garder ? Aurait-elle pu affréter des trains pour les renvoyer dans un Moyen-Orient en flammes ? Il y avait autant de cœur que de tête dans sa réponse.
C’est bien beau tout ça disent mes amis de la CDU, et son accueil des réfugiés a d’abord correspondu à l’humeur nationale. Mais les chiffres absolus – l’Allemagne s’attend à plus d’un million d’arrivées cette année – ont changé le calcul. Des villes et des villages ont été submergés par l’afflux. Et, c’est la blessure potentiellement fatale pour la chancelière, un sentiment a grandi qu’elle a perdu ce contrôle crucial.
Les politiciens ne cessent jamais de vérifier leur côte de popularité et celle de la CDU a chuté gravement. Il n’y a aucun candidat évident pour la remplacer, mais Wolfgang Schäuble, le ministre des Finances, apparaît comme un pis-aller probable jusqu’à ce qu’un candidat soit désigné pour se présenter à l’élection en 2017. M. Schäuble a été curieusement silencieux ces derniers temps.
Derrière le calcul égoïste, il y a une peur profonde. Les partis du centre de toute l’Europe ont cédé du terrain aux populistes de gauche et de droite parce que leurs électorats ont craint qu’ils ne leur garantissent plus la sécurité. L’Allemagne, nonobstant la méchanceté du petit parti Pegida, a vu le centre tenir. Mais aujourd’hui, sur une question largement considérée comme relevant de l’identité culturelle, Mme Merkel a-t-elle perdu le contrôle ?
Je suis d’avis que la réponse est non, mais lorsque les politiciens sont pris de panique, tout est possible. J’ai observé de près la défenestration de Margaret Thatcher par son propre parti, une autre dirigeante puissante qui semblait invincible jusqu’au moment de sa chute. Elle aussi avait remporté trois élections. Bien que profondément impopulaire en 1990, il semblait impensable, jusqu’à ce que cela arrive, que ses collègues puissent se retourner contre elle avec une telle férocité.
Les enjeux, cependant, sont beaucoup plus élevés avec Mme Merkel. Le krach financier, la crise de l’euro et l’effondrement de l’accord de Schengen pour l’ouverture des frontières ont vu l’Europe se défaire lorsque les partis centristes du continent ont lutté pour relever le défi des populistes. Mme Merkel a été le roc de certitude – la dirigeante dotée de l’autorité pour maintenir le navire à flot. Sans elle les fractures se multiplieraient.
Schäuble aussi est pro-européen, et sous certains aspects un intégrationniste plus engagé. Mais Mme Merkel a été la gardienne d’un accord d’après 1989 qui a enraciné l’Allemagne dans son européanité. Son élimination ferait passer le pays dans le camp de ceux qui s’adonnent aux calcul d’intérêts les plus étroits et les plus immédiats, et renoncent à l’idéal d’une Allemagne européenne. Et ce serait le début de la fin.
Alexander Mercouris
Traduit par Diane, édité par jj, relu par Literato pour le Saker Francophone