Al-Qaida, l’Arabie saoudite et Israël

Par Robert Parry – Le 4 février 2015 – Source consortiumnews

Exclusif: L’Arabie saoudite est sous l’orage après qu’un détenu d’al-Qaida a impliqué des hauts responsables saoudiens en tant que collaborateurs du groupe terroriste. Et les nuages pourraient même assombrir l’avenir politique du Premier ministre israélien Natenyahou en raison de son alliance bizarre avec Ryiad, explique Robert Parry dans cet article.

par Robert Parry, 4 février 2015

La révélation que le condamné Zacarias Moussaoui, membre actif d’al-Qaida, a identifié des hauts membres du gouvernement saoudien comme financiers du réseau terroriste transforme potentiellement la manière dont les Américains percevront dorénavant les événements au Moyen-Orient et fait courir un risque au gouvernement Likoud d’Israël, qui a forgé une alliance improbable avec certains de ces mêmes Saoudiens.

Selon un article paru dans le New York Times mercredi 4 février 2015, Moussaoui a déclaré, dans une déposition faite en prison, qu’il avait été choisi, en 1998 ou 1999, par des chefs d’al-Qaida en Afghanistan pour créer une base de données informatiques des donateurs du groupe, et que la liste incluait le prince Turki al-Faisal, alors chef des services secrets saoudiens, le prince Bandar bin Sultan, longtemps ambassadeur d’Arabie saoudite aux Etats-Unis, le prince al-Waleed bin Talal, un célèbre milliardaire et investisseur, ainsi que de nombreux dignitaires religieux.

Le prince Bandar bin Sultan, à l’époque ambassadeur aux Etats-Unis, rencontrant le président George W. Bush à Vrawford, Texas. (photo Maison Blanche)

«Cheikh Oussama voulait garder une trace de tous ceux qui donnent de l’argent, a expliqué Moussaoui dans un anglais approximatif, de ceux qui doivent être écoutés ou qui ont contribué à la guerre sainte.»
Bien que la crédibilité de Moussaoui ait immédiatement fait l’objet d’attaques de la part du royaume saoudien, ses affirmations concordent avec les estimations de certains membres du Congrès états-unien qui ont eu accès à une petite partie du rapport secret sur les attentats du 11 septembre, et qui traite du soutien saoudien présumé à al-Qaida.

Ce qui complique encore plus la situation pour l’Arabie saoudite, c’est que, plus récemment, l’Arabie saoudite et d’autres Émirats pétroliers du Golfe persique ont été identifiés comme des soutiens de militants sunnites combattant en Syrie pour renverser le régime à majorité laïque du président Bashar al-Assad. La principale force rebelle bénéficiant de ce soutien est le front al-Nusra, affilié d’al-Qaida en Syrie.

Autrement dit, les Saoudiens semblent avoir poursuivi une relation secrète avec des djihadistes reliés à al-Qaida jusqu’à aujourd’hui.

L’exposition d’Israël

Comme les Saoudiens, les Israéliens se sont rangés du côté des militants sunnites en Syrie, parce qu’ils partagent la vision des Saoudiens que l’Iran, et ce qu’on appelle le croissant chiite – qui va de Téhéran à Beyrouth, en passant par Bagdad et Damas –, est la plus grande menace pour leurs intérêts au Moyen-Orient.
Cette préoccupation commune a incité Israël et l’Arabie saoudite à conclure une alliance de facto, bien que la collaboration entre Jérusalem et Riyad ait souvent été invisible à l’opinion publique. Pourtant, celle-ci a parfois eu l’occasion de pointer son nez lorsque les deux gouvernements déployaient leurs actifs complémentaires – les Saoudiens ont le pétrole et l’argent et Israël a le poids politique et médiatique – dans des domaines où ils ont des intérêts communs.

Ces dernières années, ces ennemis historiques ont coopéré dans leur dédain commun pour le gouvernement des Frères musulmans en Égypte (qui a été renversé en 2013), dans leur tentative de faire chuter le régime de Assad en Syrie, et dans les pressions qu’ils exerçaient ensemble pour faire, adopter par les Etats-Unis une position plus hostile à l’égard de l’Iran.

Israël et l’Arabie saoudite ont aussi joint leurs efforts pour mettre la pression sur le président de la Russie Vladimir Poutine, qui est considéré comme un supporter clé à la fois de l’Iran et de la Syrie. Les Saoudiens ont utilisé leur pouvoir en termes de production de pétrole pour faire baisser les prix et frapper l’économie russe, tandis que les néoconservateurs états-uniens – qui partagent la vision géopolitique du monde d’Israël – étaient en première ligne du coup d’État qui a renversé Victor Ianoukovitch, le président ukrainien pro-russe en 2014.

L’alliance israélo-saoudienne en coulisses a placé – inconfortablement parfois – les deux gouvernements du côté des jihadistes sunnites combattant l’influence chiite en Syrie, au Liban et en Irak. Le 18 janvier 2015, par exemple, Israël a attaqué des conseillers libanais et iraniens assistant le gouvernement d’Assad en Syrie, tuant plusieurs membres du Hezbollah et un général iranien. Ces conseillers militaires étaient engagés dans des opérations contre le front al-Nusra d’al-Qaida.

En même temps, Israël s’est abstenu d’attaquer des militants d’al-Nusra qui avaient investi une parcelle de territoire syrien à proximité des hauteurs du Golan occupées par Israël. Une source proche des services de renseignements états-uniens m’a dit qu’Israël a un pacte de non-agression avec les forces d’al-Nusra.

L’alliance de la carpe et du lapin

Les alliances bizarres d’Israël avec les intérêts sunnites ont évolué ces dernières années, lorsque Israël et l’Arabie saoudite sont apparus comme un étrange ménage commun dans la lutte géopolitique contre l’Iran, dirigé par des chiites, et ses alliés en Irak, en Syrie et au Sud-Liban. En Syrie, par exemple, des responsables israéliens ont dit clairement qu’ils préféreraient que les extrémistes sunnites l’emportent dans la guerre civile plutôt qu’Assad, qui est un alaouite, une branche de l’islam chiite.

En septembre 2013, l’ambassadeur d’Israël aux Etats-Unis, Michael Oren, puis un proche conseiller du Premier ministre Benjamin Netanyahou, ont déclaré au Jerusalem Post qu’Israël préférait les extrémistes sunnites à Assad.
« Le principal danger pour Israël provient de l’arc stratégique qui s’étend, depuis Téhéran, à Damas et à Beyrouth. Et nous avons vu le régime d’Assad comme la clé de voûte dans cet arc, a déclaré Oren dans une interview au Jerusalem Post. Nous avons toujours voulu qu’Assad s’en aille, nous avons toujours préféré les méchants non soutenus par l’Iran aux méchants qui l’étaient.» Il a ajouté que c’était le cas même si les méchants étaient affiliés à al-Qaida.

Et, en juin 2014, s’exprimant en tant qu’ancien ambassadeur lors d’une conférence de l’Institut Aspen, Oren a développé sa position, disant qu’Israël préférerait même une victoire par la brutalité de l’État Islamique au maintien au pouvoir en Syrie d’un Assad soutenu par l’Iran. «Pour Israël, si c’est un mal qui doit l’emporter, laissez le mal sunnite prévaloir», a dit Oren.

Scepticisme et doute

En août 2013, lorsque j’ai publié pour la première fois un article sur la relation croissante entre Israël et l’Arabie saoudite, sous le titre The Saudi-Israeli Superpower [La superpuissance israélo-saoudienne, NdT], toute l’histoire a été accueillie avec beaucoup de scepticisme.

Mais, peu à peu, cette alliance secrète est devenue publique.
Le 1er octobre 2013, le Premier ministre israélien y a fait allusion dans son allocution à l’assemblée générale des Nations unies, qui était largement consacrée à la dénonciation du programme nucléaire de l’Iran et à la menace d’une attaque israélienne unilatérale.

Dans cette attitude belliqueuse, Netanyahou s’est largement trompé sur l’évolution des rapports de force au Moyen Orient, disant: «Les dangers d’un Iran nucléarisé et l’émergence d’autres menaces dans notre région ont amené nombre de nos voisins arabes à reconnaître, à reconnaître en fin de compte, qu’Israël n’est pas leur ennemi. Et cela nous offre l’occasion de surmonter une hostilité historique et de construire de nouvelles relations, de nouvelles amitiés, de nouveaux espoirs.»

Le lendemain, la deuxième chaîne de télévision israélienne, Channel 2, rapportait que d’importants responsables de la sécurité israélienne avaient rencontré leur homologue des États du golfe à Jérusalem, on pense qu’il s’agissait du prince Bandar, l’ancien ambassadeur saoudien aux Etats-Unis qui était alors chef des services secrets saoudiens.

La réalité de cette alliance improbable a maintenant atteint même les médias états-uniens dominants. Par exemple, Joe Klein, le correspondant de Time magazine, a décrit ce nouveau copinage dans un article de l’édition du 19 janvier 2015. Il écrit: «Le 26 mai 2014 un débat public sans précédent a eu lieu à Bruxelles. Deux anciens espions haut placés, d’Israël et de l’Arabie saoudite – Amos Yadlin et le prince Turki al-Faisal –, sont restés assis pendant plus d’une heure, à discuter de la politique régionale dans un débat animé par le journaliste du Washington Post David Ignatius. Ils étaient en désaccord sur certains points, comme la nature exacte d’un accord de paix entre Israël et la Palestine, et sont tombés d’accord sur d’autres: la gravité de la menace nucléaire iranienne, la nécessité de soutenir le nouveau gouvernement militaire en Égypte, la demande d’une action internationale concertée en Syrie. La déclaration la plus frappante est venue du prince Turki, qui a déclaré que les Arabes avaient franchi le Rubicon et ne voulaient plus combattre Israël.»

Même si Klein a détecté le côté lumineux de cette détente, celle-ci comporte aussi un côté sombre, comme Moussaoui l’a rapporté dans sa déposition, qui identifie le prince Turki comme l’un des bailleurs de fonds d’al-Qaida. Encore plus troublante, peut-être, sa mention du prince Bandar, qui s’est longtemps présenté lui-même comme un ami des États-Unis, tellement proche de la famille Bush qu’il était surnommé Bandar Bush.

Moussaoui a affirmé qu’il avait discuté d’un plan pour abattre l’Air Force One [l’avion du président US, NdT] au moyen d’un missile Stinger avec un membre du personnel de l’ambassade saoudienne à Washington, à l’époque où Bandar était ambassadeur aux Etats-Unis.

Selon l’article de Scott Shane dans le New York Times, Moussaoui a dit qu’il était chargé de trouver un endroit approprié pour lancer une attaque de Stinger, puis s’échapper ensuite, mais il a été arrêté le 16 août 2001 avant d’avoir pu mener à bien cette mission de reconnaissance.

Penser que quelqu’un, dans l’ambassade saoudienne alors sous le contrôle de Bandar Bush, complotait avec al-Qaida pour abattre l’Air Force One de George W. Bush est choquant, si l’information est vraie. Ça aurait été inconcevable même après les attaques du 11 septembre, qui a impliqué quinze Saoudiens parmi les 19 pirates de l’air.

Le lendemain de cette attaque terroriste qui a tué près de 3 000 Américains, Bandar est allé à la Maison Blanche et a persuadé Bush d’organiser la rapide sortie des Etats-Unis de membres de la famille Ben Laden et d’autres Saoudiens. Bush a été d’accord pour aider ces Saoudiens à partir par les premiers vols de nouveau autorisés.

L’intervention de Bandar a sabordé les chances du FBI d’en apprendre plus sur les liens entre Oussama Ben Laden et les auteurs des attentats du 11 septembre, en ne donnant aux agents du FBI que le temps de mener des interviews superficielles avec les Saoudiens sur le départ.

Bandar lui-même était proche de la famille Ben Laden et il a reconnu avoir rencontré Oussama dans le contexte où Ben Laden le remerciait de l’aider à financer le projet de jihad en Afghanistan au cours des années 1980 : «Pour être honnête avec vous, je n’ai pas été impressionné, a déclaré Bandar à Larry King, de CNN. Je pensais que c’était un type très simple et très calme.»

Le gouvernement saoudien a affirmé avoir rompu les liens avec Ben Laden au début des années 1990, quand ce dernier a commencé à viser les Etats-Unis, parce que le Président George H. W. Bush avait posté des troupes américaines en Arabie Saoudite. Mais – si Moussaoui dit la vérité – al-Qaida aurait toujours compté Bandar parmi ses partisans à la fin des années 1990.

Bandar et Poutine

Les liens éventuels de Bandar avec le terrorisme sunnite sont aussi apparus en 2013, lors d’une confrontation entre Bandar et Poutine sur ce que Poutine voyait comme une menace pure et simple de lancer les terroristes tchétchènes contre les jeux Olympiques d’hiver à Sotchi si Poutine ne réduisait pas son soutien au gouvernement syrien.

Selon une fuite diplomatique sur la rencontre du 31 juillet 2013 à Moscou, Bandar a informé Poutine que l’Arabie saoudite avait une grande influence sur les extrémistes tchétchènes, qui avaient mené de nombreuses attaques terroristes contre des cibles russes et qui s’étaient déployés depuis pour rejoindre la lutte contre le régime d’Assad en Syrie.

Comme Bandar appelait à un rapprochement de la position russe vers la position saoudienne sur la Syrie, il aurait offert des garanties de protection contre les attaques terroristes tchétchènes contre les jeux Olympiques. «Je peux vous donner la garantie de protéger les jeux Olympiques d’hiver dans la ville de Sotchi, sur la mer Noire l’an prochain, aurait dit Bandar. Nous contrôlons les groupes tchétchènes qui menacent la sécurité des jeux. »

Poutine a répondu: « Nous savons que vous avez soutenu les groupes terroristes tchétchènes depuis une décennie. Et ce soutien, dont vous avez parlé avec franchise tout à l’heure, est totalement incompatible avec les objectifs communs de lutte contre le terrorisme mondial.» La menace dans le style mafieux de Bandar envers les jeux de Sotchi – une version de «avec les beaux jeux Olympiques que vous avez organisés, ce serait une misère si quelque chose de terrible se passait» – a échoué à intimider Poutine, qui a continué à soutenir Assad.

Moins d’un mois plus tard, un incident en Syrie a presque forcé la main au président Barack Obama pour lancer des attaques aériennes contre l’armée d’Assad, qui auraient pu ouvrir la voie au front al-Nusra ou à l’État islamique pour prendre Damas ainsi que le contrôle sur la Syrie. Le 21 août 2013, une mystérieuse attaque au gaz sarin à l’extérieur de Damas a tué des milliers de gens et, dans les médias états-uniens, l’incident a immédiatement été attribué au régime d’Assad.

Les néocons américains et leurs alliés libéraux interventionnistes ont demandé qu’Obama ordonne des attaques aériennes en représailles, même si quelques analystes des services de renseignements américains doutaient que les forces d’Assad soient responsables et suspectaient que l’attaque était soutenue par des rebelles extrémistes tentant de pousser l’armée américaine à intervenir dans la guerre civile à leurs côtés.

Pourtant, poussé par les faucons néocons et libéraux, Obama a presque ordonné une campagne de bombardements destinée à abîmer l’armée syrienne, mais qu’il a annulée à la dernière minute. Il a ensuite accepté l’aide de Poutine dans la recherche d’une solution diplomatique dans laquelle Assad a accepté de renoncer à tout son arsenal d’armes chimiques, tout en continuant à nier un rôle quelconque dans l’attaque au sarin.

Plus tard, la rengaine c’est-Assad-qui-l’a-fait a perdu son crédit devant la nouvelle évidence que les extrémistes sunnites, soutenus par l’Arabie saoudite et plus tard la Turquie, étaient plus probablement les auteurs de l’attaque. Un scénario devenu de plus en plus crédible lorsque les Américains en ont appris davantage sur la cruauté et la brutalité de nombreux djihadistes combattant en Syrie. [Voir Consortiumnews.com, The Mistaken Guns of Last August.]

Poutine dans le viseur

La coopération de Poutine avec Obama pour éloigner une attaque militaire états-unienne en Syrie a fait du président russe davantage qu’une cible pour les néocons américains qui pensaient avoir enfin atteint le but de leur long désir de changement de régime en Syrie, uniquement bloqué par Poutine. A la fin de septembre 2013, un des principaux néocons, le président du National Endowment for Democracy, Carl Gershman, a annoncé le but de défier Poutine et de reconnaître son point sensible en Ukraine.

Dans la page libre opinion du Washington Post du 26 septembre 2013, Gershman a qualifié l’Ukraine de plus grand trophée et d’étape importante vers une éviction de Poutine. Gershman écrit que «le choix de l’Ukraine de rejoindre l’Europe accélérera la disparition idéologique de l’impérialisme que représente Poutine. (…) Les Russes aussi, sont face à un choix, et Poutine peut se retrouver lui-même en train de perdre, pas seulement à l’égard de l’étranger proche, mais en Russie même.» [Voir Consortiumnews.com’s Neocons Ukraine-Syria-Iran Gambit.]

Toutefois, au début de 2014, Poutine était obsédé par la menace implicite d’attaque terroriste, proférée par Bandar, contre les jeux Olympiques de Sotchi. Ce qui l’a distrait du changement de régime – poussé par le NED et la secrétaire adjointe néocon au Département d’État pour les Affaires européennes, Victoria Nuland – dans le pays voisin, l’Ukraine.

Le 22 février 2014, des putschistes, dirigés par une milice néo-nazie bien organisée, ont éjecté du pouvoir le président élu Victor Ianoukovitch et son gouvernement. Poutine a été pris au dépourvu et, dans le chaos politique qui s’en est suivi, a accepté les requêtes des responsables criméens de rejoindre la Russie, faisant ainsi exploser ses rapports de coopération avec Obama.

Avec Poutine, nouveau paria pour les responsables de Washington, l’influence néocon a aussi été renforcée au Moyen-Orient, où il était possible d’exercer une nouvelle pression sur la montée chiite en Syrie et en Iran. A l’été 2014, cependant, l’État islamique, qui avait rompu avec al-Qaida et le Front al-Nosra, s’est déchaîné, envahissant l’Irak et décapitant des soldats prisonniers. L’État islamique s’est alors engagé dans d’épouvantables décapitations d’otages occidentaux en Syrie, filmées en vidéo.

La brutalité de l’État islamique et la menace qu’il a fait peser sur ceux qui sont soutenus par les États-Unis, le gouvernement irakien dominé par les chiites, a changé le calcul politique. Obama s’est senti obligé de lancer des attaques aériennes contre l’État islamique, à la fois en Irak et en Syrie. Les néocons américains ont tenté de convaincre Obama d’étendre les attaques en Syrie sur les forces d’Assad, mais Obama a réalisé qu’un tel plan ne bénéficierait qu’à l’État islamique et au Front al-Nusra.

En effet, les néocons s’agitaient – davantage que l’ambassadeur Oren l’avait fait – en faveur des extrémistes sunnites alliés avec al-Qaida contre le régime laïc d’Assad parce qu’il était allié avec l’Iran. Maintenant, avec la déposition de Moussaoui identifiant les dirigeants saoudiens comme patrons d’al-Qaida, il semble qu’un autre voile soit levé.

Pour compliquer les choses encore davantage, Moussaoui a aussi affirmé qu’il transmettait des lettres entre Oussama Ben Laden et le prince héritier Salman, récemment devenu roi après la mort de son frère, le roi Abdallah. Mais c’est la révélation de Moussaoui qui a peut-être jeté la lumière la moins flatteuse sur Bandar, d’abord confident de la famille Bush et qui – si Moussaoui a raison – a peut-être joué un double jeu sinistre.

Le Premier ministre israélien Netanyahou affronte peut-être aussi des questions embarrassantes, spécialement s’il tient le discours qu’il a prévu devant une session commune avec le Congrès, le mois prochain, et attaque Obama pour être trop mou avec l’Iran.

Et les néocons américains pourraient devoir expliquer pourquoi ils ont apporté de l’eau au moulin, pas seulement pour les Israéliens, mais pour un Israël allié de facto à l’Arabie saoudite.

Le journaliste d’investigation Robert Parry a publié de nombreux articles pour Associated Press et Newsweek dans les années 1980. Son dernier ouvrage : America’s Stolen Narrative.

Traduit par Diane, relu par jj pour le Saker Francophone

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