Que faut-il pour traduire Hillary Clinton en justice ?

U.S. Democratic presidential nominee Hillary Clinton speaks at a campaign rally in Sanford, Florida, U.S. November 1, 2016. © Brian Snyder


Pepe Escobar

Par Pepe Escobar – Le 3 novembre 2016 – Source thesaker.is

Pratiquement toute la planète retient son souffle à la perspective de Hillary Clinton devenant éventuellement le prochain président des États-Unis (POTUS).

Comment cela est-il humainement possible, alors que le Bûcher des Scandales – alimenté quotidiennement, sans relâche, par les révélations de WikiLeaks et maintenant par les enquêtes convergentes du FBI – peut maintenant être vu depuis l’espace interstellaire ?

C’est possible parce que Hillary Clinton, grâce à un paroxysme hystérique fabriqué, est soutenue par pratiquement l’ensemble de l’Establishment américain, le parti de la guerre consensuel avec les neocons / néolibérauxcons, et l’axe Wall Street – médias de masse.

Mais l’histoire a tendance à nous montrer qu’il y a toujours une goutte qui fait déborder le vase.

Cela pourrait être – comme révélé par WikiLeaks – le 2 mars 2015, le jour où John Podesta a écrit, «nous allons devoir détruire tous ces e-mails».

C’est arrivé exactement le même jour où il a été révélé que Hillary Clinton avait utilisé un serveur personnel de messagerie en tant que Secrétaire d’État.

Pourtant, cela ne révèle qu’une partie du puzzle. Il doit y avoir une réponse à l’email de Podesta – que WikiLeaks fera, ou pas, fuiter dans les prochains jours avant l’élection. Si l’aller-retour montre clairement l’intention – de tromper – alors nous avons un pistolet fumant à 100% : le récit de la (cash) machine Clinton selon lequel Hillary a simplement effacé des courriels personnels s’écroule comme l’ultime Château de Cartes.

De plus, cela dévoilerait ce qui était dès le départ la stratégie privilégiée de la (cash) machine de Clinton : contrecarrer les enquêtes internes ultérieures du Département d’État et du FBI.

En ce qui concerne la (cash) machine de Clinton, l’empilement du trafic d’influence est la norme. John Podesta est également le fondateur du Center for American Progress, une création de George Soros et un terrain de recrutement de premier plan pour les responsables de l’administration Obama, y ​​compris des agents du Trésor américain qui ont décidé quels géants financiers de l’élite Too Big To Fail seraient épargnés après la crise de 2008. DCLeaks.com, pour sa part, relie les fondations de l’Open Society de Soros  à des rackets de financement mondiaux conduisant directement à la subversion des gouvernements et au changement de régime radical – sauf chez les pays donateurs de la Fondation Clinton, évidemment.

Des bananes exceptionnelles, quelqu’un en veut ?

Le goutte-à-goutte parfaitement chronométré des révélations de WikiLeaks sur la (cash) machine de Clinton ressemble à une forme sophistiquée de supplice chinois. Pour alléger la douleur, l’enfumage standard implacable a été de changer de sujet, de blâmer le messager, et de tout mettre sur le dos des mauvais pirates russes alors que la source réelle des fuites pourrait venir directement du ventre de la bête – Washington.

Au club de discussion de Valdai la semaine dernière, il a suffi de quelques phrases du président Poutine pour tourner en ridicule l’ensemble du baratin sur la (cash) machine de Clinton, avec une seule torpille :

«Un autre problème mythique et imaginaire, que je ne peux que qualifier d’hystérie des USA, concerne les propos insinuant l’existence d’une ingérence russe dans l’élection présidentielle américaine. Les États-Unis ont beaucoup de problèmes véritablement urgents, semble-t-il, depuis la colossale dette publique jusqu’à l’augmentation de la violence par armes à feu, en passant par les cas d’actions arbitraires de la part de la police. On peut penser que les débats électoraux devraient se concentrer sur ces problèmes et sur d’autres non résolus, mais l’élite n’a rien pour rassurer la société, semble-t-il, et tente donc de détourner l’attention du public en désignant plutôt des hackers russes, des espions, des agents d’influence et ainsi de suite.

Je me dois de m’interroger et de vous poser la question : est-ce que quelqu’un imagine sérieusement que la Russie peut influencer le choix du peuple américain ? L’Amérique n’est pas une sorte de ‘république bananière’, après tout, c’est une grande puissance. Corrigez-moi si je me trompe.»

La réalité, cependant, insiste pour nous offrir le spectacle de plusieurs instances de républiques bananières, se chevauchant pour nous présenter un trou noir géant en guise de transparence.

L’anthropologue Janine Wedel a été l’une des rares, dans les médias traditionnels américains liés à Clinton, à reconnaître comment Bill Clinton, alors que Hillary était secrétaire d’État, a perfectionné sa version du «capitalisme philanthropique» : un racket, payer pour jouer de blanchiment d’argent, une pratique qui «ne se limite pas aux Clinton».

Et le racket a prospéré en intégrant des pépites, telles qu’une Hillary parfaitement consciente que les principaux donateurs de la Fondation Clinton, le Qatar et l’Arabie saoudite, finançaient également ISIS / ISIL / Daesh.

Huma, la princesse déchue

Maintenant, moins d’une semaine avant l’élection, nous sommes arrivés à la conjoncture cruciale où les révélations de WikiLeaks convergent avec les trois enquêtes du FBI.

L’acte I est cette bombe WikiLeaks : Peter Kadzik, qui est maintenant en charge du ministère de la Justice (DOJ), enquête sur les 650 000 e-mails trouvés sur l’ordinateur portable partagé par le bras-droit de Clinton, Huma Abedin et son mari dont elle est séparée –, le pervers Anthony Wiener, est un pion de Clinton.

Non seulement Kadzik était l’avocat de Marc Rich quand il a été pardonné par Bill Clinton, mais Podesta – ainsi que révélé par WikiLeaks – a remercié Kadzik de lui avoir «évité la prison», et c’est Kadzik qui a averti Podesta, en secret, de l’enquête sur les courriers électroniques de Clinton.

La (cash) machine de Clinton, mettant en vedette une soi-disant Madonna vertueuse, est en fait une entreprise assez dégueulasse. Huma et ses liens rapprochés avec l’Arabie saoudite – et les Frères musulmans – sont légendaires, incluant son frère Hassan, qui travaille pour Sheikh Yusuf al-Qaradawi. Podesta, en passant, est un lobbyiste bien rémunéré de l’Arabie saoudite à Washington. Cela fait partie des connexions de la Fondation Clinton.

Pourtant, maintenant que Huma est sous les feux de la rampe – tout en maintenant qu’elle ne savait pas que tous ces courriels étaient dans son ordinateur portable et celui de Wiener – il n’est pas étonnant que Hillary l’ait immédiatement déclassée, publiquement, en «l’une de mes aides». Elle était un succédané de fille pour Hillary. Maintenant elle est décrite comme la princesse déchue.

Et cela nous amène à l’intersection de ces trois enquêtes du FBI, sur le serveur de messagerie occulte de Hillary – enquête théoriquement fermée par Comey, du FBI, l’été dernier –, sur la Fondation Clinton, et sur la pédopornographie de Wiener. Le FBI enquête depuis plus d’un an sur la Fondation Clinton. Essayons de faire court pour une longue histoire.

Suivre la preuve

En juillet dernier, le DOJ – sous la bannière Clinton / Obama Loretta Lynch – a décidé de ne poursuivre personne sur Emailgate, le scandale des email de Hillary. Et pourtant, le directeur du FBI, Comey – qui a néanmoins souligné l’«extrême négligence» de Hillary – a mis le turbo, dans son attitude de non-déni, sur une autre enquête, comme si le FBI «avait cherché à recentrer l’enquête sur la Fondation Clinton».

Rapidement, nous avons vu des enquêteurs du FBI sur la Fondation Clinton demander l’autorisation d’accéder à tous les courriels planqués par l’enquête Emailgate. Le District Est de New York a refusé. Point très important à savoir : devinez qui, jusqu’à 2015, était la procureure dans le District Est ? Eh bien le pion de Clinton / Obama, Loretta Lynch.

Entre en scène une couche supplémentaire de légalité. Il y a moins de deux mois, les enquêteurs du FBI sur la Fondation Clinton ont découvert qu’ils ne pouvaient avoir accès à aucun matériel Emailgate en rapport avec les accords d’immunité.

Mais il y a environ un mois, une autre équipe du FBI a capturé le célèbre ordinateur portable partagé par Huma et Wiener – en utilisant un mandat permettant seulement une enquête sur Weiner, à propos d’activité sexuelle concernant une jeune fille de 15 ans. Par la suite, ils ont trouvé tous les comptes courriels d’Huma Abedin – de humaabedin@yahoo.com au crucial huma@clintonemail.com. Cela signifiait non seulement que Huma transmettait des courriels du Département d’État à ses comptes privés, mais aussi que Hillary envoyait des courriels depuis la messagerie secrète clintonemail.com à Huma sur yahoo.com.

Personne ne le savait à coup sûr, mais certains de ces e-mails pourraient être des doublons de ceux auxquels les enquêteurs du FBI sur la Fondation Clinton n’avaient pas eu accès en raison des accords d’immunité gênants.

Ce qui est établi maintenant est que les métadonnées [pas le contenu, NdT] dans l’ordinateur portable Huma / Wiener ont été dûment examinées. Maintenant, imaginez les deux équipes d’enquêteurs du FBI – Fondation Clinton et pervers Wiener – comparant leurs notes. Puis décidant finalement que les e-mails de Huma sont pertinents.

Des questions clés se posent. La plus urgente est de savoir comment les courriels ont été jugés pertinents si les enquêteurs pouvaient seulement examiner les métadonnées. Ce qui importe, c’est que Comey a certainement été mis au courant du contenu des courriels – un changement de donne potentiel. C’est pourquoi une de mes sources insiste sur le fait que sa décision de tout rendre public venait d’en haut.

L’autre question clé est maintenant de savoir si le DOJ – via Kadzik ? – va de nouveau déjouer une autre enquête, cette fois sur la Fondation Clinton. Des agents sérieux du FBI, des seniors, ne prendraient pas cela gentiment – et c’est un énorme euphémisme. Le FBI enquête sur la Fondation Clinton depuis plus d’un an. Maintenant, ils ont sans doute accumulé des preuves – et ils ne vont pas lâcher. Gagner la présidence semble maintenant être le moindre des problèmes sur le Bûcher des Scandales de Hillary Clinton.

Pepe Escobar est l’auteur de Globalistan : How the Globalized World is Dissolving into Liquid War (Nimble Books, 2007), Red Zone Blues : a snapshot of Baghdad during the surge (Nimble Books, 2007), Obama does Globalistan (Nimble Books, 2009), Empire of Chaos (Nimble Books) et le petit dernier, 2030, traduit en français.

Traduit et édité par jj, relu par cath  pour le Saker Francophone

Article original paru sur Russia Today

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