Par Phil Butler – Le 16 avril 2016 – Source New Eastern Outlook
George Soros est un homme qui a réussi, tout du moins en termes de fortune et de pouvoir. Cette légende des hedge funds a décuplé son influence par l’intermédiaire de ses fondations Open Society, au point d’être en mesure de disséminer ses idées et de contraindre des gouvernements dans plus de 40 pays. Voici une analyse de la façon dont l’idéologie de Lebensraum de l’Empire que promeut Soros est en train de redessiner le paysage de la société civile en Géorgie.
Dans mes derniers écrits sur les machinations de Soros au service d’une plus large élite cabalistique, je concentrais mon analyse sur la Lettonie, et sur la manière dont la nébuleuse de fondations Soros a pénétré (infecté, pourrait-on dire) le tissu de la société civile à presque tous les niveaux. Le fait est, que partout où se déroule un conflit et où prospère le chaos, on trouve divers agents de Soros à la manœuvre. Partout où il existe une forte nécessité d’exercer une influence géopolitique, les fondations Open Society de Soros, de concert avec de nombreux autres think tanks et ONG, incubent et financent tout d’abord certaines forces subversives, pour ensuite influencer et manipuler le public.
En Géorgie, tout comme en Lettonie, les efforts entrepris pour imposer aux Géorgiens la démocratie-à-la-Soros sont tout bonnement diaboliques. Ce que les sbires de Soros mettent en place est une véritable opération de lavage de cerveaux à grande échelle, une conversion idéologique de quelques individus clés de la société civile, utilisant les mêmes méthodes qui font que les hedge funds génèrent autant de profits. Pour résumer un processus complexe, les fondations Open Society investissent de l’argent et d’autres ressources pour obtenir un effet désiré. Ces gains sont répartis en objectifs de court et de long terme, mais sont également fixés sur des objectifs plus lointains, où ils coïncident avec les intérêts de l’Otan, de la CIA, du Ministère des affaires étrangères des États-Unis et de la Maison Blanche.
Par son système de subventions, les fondations Open Society dans les faits achètent une soumission des destinataires de ces financements à l’idéal démocratique à-la-Soros. Les innovations les plus récentes dans le champ de la manipulation sont expérimentées par la fondation Open Society Géorgie, sous la forme de financements et de déclarations de soutien. Un appel aux think tanks à participer à une initiative appelée Programme de développement en think tank des détenteurs de maîtrises et doctorats, n’est ni plus ni moins qu’un nouveau coup de pub pour les acolytes de Soros. Ne vous y trompez pas, cet appel à l’action des think tanks est une des initiatives les plus ambitieuses entreprises par Soros et les promoteurs du Nouvel ordre mondial. Je cite l’annonce:
Le Programme de développement en think tank des détenteurs de maîtrises et doctorats, a pour objectif d’attirer dans des think tanks triés sur le volet, dans les nouveaux États-membres de l’UE mais aussi les États des Balkans occidentaux, en Géorgie, en Moldavie et en Ukraine, les détenteurs récents de maîtrises et doctorats en sciences sociales et humanités, pour leur donner l’opportunité de se former à la recherche en politiques publiques et de se former au militantisme dans un think tank réputé dans la région.
Il s’agit d’une annonce de recrutement pour former de nouveaux bataillons d’agents et de lobbyistes en politiques publiques. Comme ce fut le cas en Lettonie, les fondations Open Society disséminent leurs idéaux, stratégies et initiatives pour la transformation des sociétés civiles à tous les niveaux, par le biais de financements. La stratégie, bien que simple, est brillante. Soros investit quelques millions, d’autres ONG et gouvernements étrangers le rejoignent, et le produit fini (le retour sur investissement) est une nation de citoyens passés à l’essoreuse Soros, prêts à être reformatés sous son propre programme de démocratisation.
Ces subventions (PDF), comme tant d’autres, rémunèrent des universitaires pour qu’ils étudient le programme, et prêchent les résultats de leurs recherches aux membres du gouvernement qui font les politiques publiques, ainsi qu’au grand public, sans oublier les futurs étudiants. La subvention du think tank mentionné ci-dessus (qui a déjà été attribuée) contenait dans l’intitulé de sa mission l’ambiguïté qui consistait à placer des gens tout à fait intelligents dans des think tanks, dans le but d’étudier la pratique de captation de l’État, une forme de corruption que les médias occidentaux attribuent uniquement aux États d’Europe de l’Est.
Cette subvention en particulier confère à Soros et à ses affidés une immense influence à moyen terme sur les nations qu’elle couvre. Sans entrer ni dans les détails micro et macro-économiques, ni dans les détails bancaires, les fondations Open Society subventionnent des versions intranationales du FMI, de la Banque mondiale, et des mécanismes d’influence politique de l’UE (PDF). Grâce à cela, la cabale de Soros peut dans les faits être à l’origine de la création des politiques économiques de la Géorgie et d’autres ex-républiques soviétiques.
Cette information mérite d’être plus finement analysée, mais restons sur le cas de la Géorgie pour le moment. Le rôle (PDF) des fondations Soros dans la Révolution des roses est connu. Une des initiatives, appuyant la création de la station de télévision privée Rustavi-2, a été fondamentale pour soutenir les manifestants. Grâce à Soros et à l’aide d’autres ONG, ainsi qu’au soutien d’organisations gouvernementales américaines, trois acteurs majeurs ont eu la possibilité de jouer un rôle prépondérant dans la préparation de la Révolution des roses : le mouvement de la jeunesse Kmara, les partis d’opposition, en particulier le Mouvement national de Mikheil Saakashvili, et la station de télévision Rustavi-2, chacun jouant son rôle dans le succès et le caractère non violent de la Révolution des roses. C’est indéniable.
Avant que les médias aux États-Unis et en Angleterre ne soient tous devenus des vendus du Système, ils s’inspiraient de l’analyse de Mark MacKinnon [envoyé spécial du Globe & Mail de Toronto, NdT] dans La révolte en Géorgie porte le sceau de George Soros (Globe and Mail, 26 novembre 2003). Jeffrey Silverman, directeur de l’antenne en Géorgie de Veterans Today, et qui travaillait à une époque pour Eurasianet, une officine journalistique, pose, lui, la question des motivations de Soros.
«Oui, il subventionne des échanges estudiantins ainsi que diverses ONG, mais couvrir les salaires d’employés du gouvernement géorgien post-Révolution des roses, c’est aller au-delà de l’assistance et s’apparente à une ingérence dans les affaires internes d’un État souverain.»
En conclusion, les fondations Open Society de Soros agissent comme n’importe quel fonds d’investissement géré par Soros. Viser, investir, faire un tour de table pour trouver de nouveaux investisseurs et contrôler le tout jusqu’à ce que le projet soit mûr. C’est du génie à l’état pur, un génie maléfique, et diablement efficace, à en juger par les résultats en Europe de l’Est. Pour citer une autre étude, La Révolution des roses en Géorgie: d’un régime faible à un régime effondré, qui fait l’état des lieux des interventions étrangères dans le soulèvement en Géorgie :
«USAid a prévu dans son budget plus de programmes d’aide à la démocratie en Géorgie entre 2002 et 2003, que dans n’importe quelle autre ex-république soviétique, à part la Russie et l’Ukraine, considérablement plus peuplées. Cette assistance a inclus des subventions pour des réformes de listes électorales, des sessions de formation professionnelles, des soutiens aux ONG de surveillance des scrutins électoraux et des programmes d’entraînement à la défense des acteurs de la société civile. De concert avec le financement pour ONG des fondations Soros, des voyages d’étude et des séances de formation, l’assistance américaine est en général citée comme source de pressions sur les gouvernements locaux pour organiser des élections démocratiques, tout en augmentant la base électorale et permettre la détection des fraudes post-électorales.»
Les fondations Open Society, la façade de la CIA que représente USAid, la Fondation Eurasie (subventions pour les élites dirigeantes), et la Fondation Friedrich Ebert (la plus importante et la plus riche des ONG allemandes) ont toutes financé ou soutenu les efforts de changement de régime dans l’ancienne république soviétique de Géorgie. Comme nous le savons tous, l’étude de cas de la Géorgie constitue la base sur laquelle a été construit le soulèvement en Ukraine. Comme nous le voyons aujourd’hui, ces organisations maintiennent et étendent leur main de fer sur le processus politique en Géorgie. Les troupes de la Fondation Friedrich Ebert en Géorgie maintiennent même leur propre page Facebook, une présence sur les médias sociaux qui diffuse les thèses de la Fondation Friedrich Ebert au sein de l’écosystème politique de la Géorgie, qu’ont contribué à créer Soros et les acteurs du Nouvel ordre mondial. En étudiant les partages de liens sur cette page Facebook, on constate que ce média est influencé par les fondations Open Society, le Fond Marshall allemand, Le National Endowment for Democracy (NED), l’ambassade du Royaume-Uni, et bien d’autres encore.
Ainsi, Soros, de concert avec une clique de think tanks élitistes et de fondations comme la Fondation Friedrich Ebert citée précédemment, pèsent de tout leur poids sur les élections européennes, et à travers tous les champs de l’échiquier social. La division Économie et Société de la Fondation Friedrich Ebert est une division dont les Européens, inquiets de la possibilité que les réfugiés (qui déferlent sur l’Europe) ne prennent les armes, devraient se préoccuper. Ni Soros ni les gens qui animent la Fondation Friedrich Ebert ne nient leur implication dans le champ des politiques publiques. Je cite une récente étude:
«La division Économie et Politiques sociales, à la croisée des mondes universitaire, politique, des acteurs de la société civile et du public, compile des analyses et des débats qui apportent des solutions aux questions actuelles fondamentales dans les champs de l’économie et des politiques sociales. Nous développons des analyses économiques et sociétales, ainsi que des concepts que nous communiquons lors de dialogues que nous animons entre acteurs universitaires, politiques, activistes et le grand public.»
Au terme de mes recherches, je suis sûr que je prouverai l’existence d’une génération entière de politiciens européens qui ont été formés pour jouer les rôles que leurs distribueront un certain cartel élitiste. Dans le livre Angela Merkel: une chancellerie forgée dans la crise, Alan Crawford et Tony Czuczka expliquent que le plus influent des dirigeants européens est une novice en politique, appelée Angela Merkel, créée pendant les années de la réunification allemande. D’autres noms tels Nicolas Sarkozy, George W. Bush, Romano Prodi et Tony Blair, qui appartiennent à cette génération, à ce club pourrait-on dire, de décideurs politiques, révèlent plus de l’existence d’un projet de contrôle extérieur et systématique, que du succès d’un parcours politique.
Toutes ces ONG sont liées aux événements à Tbilissi, à Kiev, et même dans des contrées aussi lointaines que Damas. Je vous quitte sur les souhaits de George Soros adressés aux peuples de Géorgie et du Caucase, extraits du projet des fondations Open Society:
«Les fondations Open Society octroient des bourses, des chaires d’enseignement et des stages toute l’année à des organisations ou à des individus qui partagent les valeurs Open Society. Nous sommes à la recherche de candidats qui ont une ambition et dont les efforts seront orientés vers la promotion du changement social à long terme.»
Phil Butler
Phil Butler est un analyste en politiques publiques, politologue et expert sur l’Europe de l’Est, écrivant exclusivement pour le magazine en ligne New Eastern Outlook.
Traduit par Laurent Schiaparelli, édité par Wayan, relu par nadine pour Le Saker Francophone