Par Moon of Alabama – Le 2 décembre 2025
Alors qu’il devient évident que l’Ukraine perd la guerre par procuration contre la Russie, les idées que les gouvernements européens lancent deviennent de plus en plus folles.
Certains sont maintenant impatients d’attaquer « préventivement » la Russie en « représailles » pour de prétendues « attaques hybrides » contre des pays européens. Ces « attaques hybrides » sont pour la plupart de purs fantasmes.
Politico a été le premier à signaler cette absurdité :
L’Europe pense l’impensable : des représailles contre la Russie – Politico, 27 novembre 2025
Les pays envisagent des cyberopérations offensives conjointes et des exercices militaires surprises alors que Moscou intensifie sa campagne de déstabilisation des alliés de l’OTAN.
Les drones et les agents russes lancent des attaques à travers les pays de l’OTAN et l’Europe fait maintenant ce qui aurait semblé bizarre il y a quelques années à peine : planifier comment riposter.
Les idées vont de cyberopérations offensives conjointes contre la Russie et de l’attribution plus rapide et mieux coordonnée des attaques hybrides en pointant rapidement du doigt Moscou, aux exercices militaires surprises dirigés par l’OTAN, selon deux hauts responsables gouvernementaux européens et trois diplomates de l’UE.
“Les Russes testent constamment les limites – quelle est la réponse, jusqu’où pouvons-nous aller ? » Le ministre letton des Affaires étrangères Baiba Braže a noté dans une interview. Une « réponse plus proactive est nécessaire« , a-t-elle déclaré à Politico. « Et ce n’est pas parler qui envoie un signal, c’est agir.«
Quelles sont les « attaques hybrides » en question ?
Des drones russes ont bourdonné en Pologne et en Roumanie au cours des dernières semaines et des derniers mois, tandis que de mystérieux drones ont fait des ravages dans les aéroports et les bases militaires à travers le continent. D’autres incidents incluent le brouillage de GPS, des incursions d’avions de combat et de navires de guerre, et une explosion sur une liaison ferroviaire polonaise clé transportant de l’aide militaire à l’Ukraine.
L’idée d’attaquer « de manière préventive » la Russie vient d’un document de défense italien :
La semaine dernière, le ministre italien de la Défense, Guido Crosetto, a critiqué “l’inertie” du continent face à la multiplication des attaques hybrides et a dévoilé un plan de représailles de 125 pages. Il y suggérait de créer un Centre européen de lutte contre la guerre hybride, une cyber-force de 1 500 hommes, ainsi que du personnel militaire spécialisé dans l’intelligence artificielle.
Pour moi, il semble que quelqu’un cherche à obtenir des financements supplémentaires de la part de l’OTAN. Trois jours plus tard, un général italien de l’OTAN reprenait l’idée :
L’Otan envisage d’être « plus agressive » contre la guerre hybride de la Russie (archivé) – Financial Times, 30 novembre 2025
Le plus haut responsable militaire de l’Alliance a déclaré qu’il pourrait devenir proactif face à la menace de Moscou
L’Otan envisage d’être “plus agressive” pour répondre aux cyberattaques, au sabotage et aux violations de l’espace aérien de la Russie, selon le plus haut responsable militaire de l’alliance.
L’amiral Giuseppe Cavo Dragone a déclaré au Financial Times que l’alliance militaire occidentale envisageait d’intensifier sa réponse à la guerre hybride de Moscou.
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Certains diplomates, en particulier des pays d’Europe de l’Est, ont exhorté l’Otan à cesser d’être simplement réactive et à riposter. Une telle réponse serait plus facile pour les cyberattaques où de nombreux pays ont des capacités offensives mais serait moins facile pour le sabotage ou les intrusions de drones.
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Dragone a déclaré qu’une “frappe préventive” pouvait être considérée comme une “action défensive”, mais a ajouté : “C’est plus éloigné de notre façon normale de penser et de nous comporter.”
Il a ajouté “Être plus agressif par rapport à l’agressivité de notre homologue pourrait être une option. [Les questions sont] le cadre juridique, le cadre juridictionnel, qui va faire ça ?”
L’amiral Dragone utilise un discours orwellien alors qu’il semble manifestement faire pression pour obtenir 1 500 emplois rémunérés par l’OTAN dans son pays d’origine.
Le problème avec tout cela est qu’il y a peu de preuves d’attaques hybrides.
Ursula von der Leyen a été surprise en train de mentir lorsque son personnel a affirmé que la prétendue distorsion du GPS russe avait prolongé un vol qu’elle prenait.
L’intrusion présumée d’avions russes dans l’espace aérien estonien s’était avérée être un passage innocent près d’une île inhabitée loin de la côte.
Le magazine néerlandais Trouw a constaté que la myriade de paniques récentes sur les drones n’avait pas grand-chose à voir avec la Russie.
Analyse de soixante incidents de drones en Europe: beaucoup de panique et peu de preuves (archivé) – Trouw.nl
Traduction automatique:
À l’aide de la plateforme Dronewatch, Trouw a cartographié une soixantaine d’incidents impliquant des drones dans onze pays européens. Ceux-ci ont eu lieu au cours des trois derniers mois. La conclusion : beaucoup de confusion, d’ambiguïté et de fausses alarmes régulières. Pour l’implication de la Russie, comme le soulignent certaines autorités et experts, dans la grande majorité des cas, aucune preuve tangible n’a été fournie.
Dans une quarantaine d’incidents, l’origine n’est toujours pas claire ou aucune preuve n’a été trouvée pour les drones dans l’espace aérien. Un exemple est Oslo, où des vols de drones ont interrompu le trafic aérien à la fin du mois de septembre, affectant des milliers de voyageurs. La police n’a trouvé aucune confirmation par la suite que des drones volaient réellement. La même chose s’est passé pour des rapports venant de l’aéroport suédois de Göteborg, début novembre.
Dans au moins quatorze cas, cela s’est avéré être quelque chose de complètement différent par la suite. Par exemple, les Belges prenaient les (petits) avions et hélicoptères pour des drones, tandis que les objets volants au Sud du Limbourg et du Billund danois étaient des étoiles. La police norvégienne a conclu qu’un « drone » suspect près d’une plate-forme pétrolière en mer du Nord était probablement un navire.
Un certain nombre de fois, il a été établi que les vols de drones étaient l’œuvre d’un amateur ou qu’il s’est avéré plus tard être un touriste. Lors d’un incident à Varsovie où un drone a survolé des bâtiments gouvernementaux, la police polonaise a arrêté un Ukrainien et une jeune fille de 17 ans originaires de Biélorussie. Il n’y a aucune preuve d’espionnage.
Cette photo a été publiée par les médias comme montrant des dommages présumés causés par une explosion présumée le long d’une ligne de chemin de fer polonaise
Selon le média polonais Super Express, un conducteur de train circulant près de la gare de Mikołajówka (Mika) a informé les répartiteurs à 07h39 d’irrégularités dans l’infrastructure ferroviaire.
Une inspection préliminaire a révélé qu’environ un mètre de voie avait été détruit, forçant le train à s’arrêter. Aucun passager ni membre d’équipage n’a été blessé.
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Le Premier ministre Donald Tusk a par la suite souligné la gravité de l’incident sur X, déclarant :
« Faire exploser la voie ferrée sur la route Varsovie–Lublin est un acte de sabotage sans précédent visant directement la sécurité de l’État polonais et de ses civils. Cette route est également d’une importance cruciale pour l’acheminement de l’aide à l’Ukraine. Nous attraperons les auteurs, quels qu’ils soient.”
Rien n’a « explosé« . Ce que l’on peut voir sur la photo n’est pas le résultat d’une explosion. À titre de comparaison, vous voudrez peut-être regarder cette tentative (vidéo) d’utiliser un explosif C-4 pour couper un faisceau en I. C’est un processus TRÈS violent. Mais le ballast de voie sous le rail cassé ainsi que les traverses semblent entiers et intacts. L’incident était très probablement une fissure fragile causée par la fatigue du matériel. Le rail n’était probablement pas fermement fixé sur les traverses et pliait lorsque les trains roulaient dessus. Un passage de trop et les rails se briseront.
Les prétendues « attaques hybrides » lancées par la Russie sont des incidents normaux exagérés ayant peu ou pas de relation avec la Russie. Les utiliser comme excuse pour des lancer des « frappes préventives« , qu’elles soient cybernétiques ou autres, n’est pas vraiment « défensif« .
Au fait, que prévoit de faire l’amiral Dragone si la Russie riposte à ces frappes ?
Moon of Alabama
Traduit par Wayan, relu par Hervé, pour le Saker Francophone.