Par Moon of Alabama – Le 9 janvier 2024
En avril dernier, le gouvernement américain, avec l’aide précieuse du New York Times, lançait une campagne contre l’Agence mondiale antidopage (AMA) et contre la concurrence sportive chinoise.
Les meilleurs nageurs chinois ont été contrôlés positifs à un médicament interdit, puis ont remporté l’or olympique – New York Times
Le contrôle positif, qui a révélé une digestion très mineure d’un médicament améliorant les performances, a été effectué par l’agence antidopage chinoise. Celle-ci a immédiatement interdit aux athlètes de participer à d’autres compétitions. Une enquête approfondie a révélé que les médicaments avaient été ingérés involontairement. L’AMA a accepté ces résultats. Les athlètes furent libres de participer aux futures compétitions.
Mais comme les États-Unis n’aiment pas se mesurer à des athlètes chinois de classe mondiale, ils en ont profité pour lancer une campagne de diffamation à leur encontre.
Salir l’« ennemi » – Une opération de manipulation de l’information typiquement américaine – Moon of Alabama
L’agence antidopage chinoise et l’AMA ont traité l’affaire dans les règles. Il y a eu une explication plausible à la contamination d’un aliment par de minuscules quantités d’un médicament lors d’une épreuve de natation en Chine. Aucun autre test avant et après cet événement n’avait été positif. La quantité de médicaments en cause était trop minime pour faire la différence. L’AMA n’a pas publié d’avis public sur l’incident car aucune autre action n’était nécessaire. Aucun athlète n’a été publiquement nommé et humilié, car sa culpabilité n’a pas été prouvée.
Mais cela ne correspondait pas au programme de communication des États-Unis, qui vise à diffamer la Chine. C’est ainsi que d’autres titres des habituels médias de propagande occidentaux ont suivi : …
L’AMA a répondu à l’attaque :
L’AMA a examiné minutieusement les cas au début de 2024 avec tout le scepticisme nécessaire, et a conclu qu’il n’y avait pas de preuve pour contester la viande contaminée comme source des tests positifs et a donc décidé de ne pas faire appel au TAS. Aucune des autres organisations antidopage n’a fait appel non plus. Comme l’AMA l’a indiqué précédemment, une fois qu’il n’y a pas de preuve pour contester un scénario de contamination sans faute, aucune organisation antidopage n’a jamais fait appel d’un cas pour convertir un constat de non-violation en un constat de violation sans faute.
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La politisation de la lutte contre le dopage se poursuit avec cette dernière tentative des médias américains d’insinuer que l’AMA et l’ensemble de la communauté antidopage ont commis des actes répréhensibles. Comme nous l’avons vu ces derniers mois, l’AMA a été injustement prise en pleine tensions géopolitiques entre les superpuissances, mais elle n’a aucun mandat pour y participer.
En août 2024, Reuters publiait un article « exclusif » sur le traitement illégal des cas de dopage par l’agence antidopage américaine. L’USADA laissait les athlètes continuer à concourir même après avoir été pris en flagrant délit de dopage.
Des athlètes sous couverture ? Les agences antidopage mondiale et américaine s’affrontent sur les tactiques – Reuters / CNN
L’Agence mondiale antidopage (AMA) estime que l’agence américaine USADA a enfreint le code mondial en laissant plusieurs athlètes qu’elle avait pris en flagrant délit de violation des règles antidopage entre 2011 et 2014 rester sous couverture et continuer à concourir sans être poursuivis, en échange d’informations sur d’autres contrevenants.
L’USADA affirme que cette tactique est nécessaire et autorisée, et souhaite continuer à l’utiliser. L’AMA affirme que cette tactique est contraire à son code et que les athlètes pris en flagrant délit de violation des règles sur le dopage ne devraient pas pouvoir s’aligner dans les courses, potentiellement pour gagner des prix et des médailles, sans avoir d’abord été poursuivis et sanctionnés publiquement.
Les États-Unis se sont retrouvés pris la main dans le sac. Mais ils n’ont pas relâché leurs efforts pour obliger l’AMA à faire ce qu’eux voulaient.
L’administration Biden, en consultation avec le Congrès, a décidé de ne plus verser ses cotisations à l’AMA. Mais cette tentative d’obtenir sa volonté a également échoué :
Le différend entre les États-Unis et l’Agence mondiale antidopage sur le financement de cette dernière s’envenime (archivé) – New York Times
La Maison Blanche a déclaré que les États-Unis avaient retenu leur financement à l’agence, connue sous le nom de WADA, après avoir perdu confiance en sa capacité à se prémunir contre l’utilisation de drogues interdites pour améliorer les performances lors d’événements tels que les Jeux Olympiques.
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Mercredi, l’agence antidopage a réagi en retirant aux États-Unis, qui avaient été le plus grand bailleur de fonds de l’agence, son poste au sein de son conseil d’administration.
L’AMA a déclaré dans un communiqué que, conformément à ses règles, « les représentants d’un pays qui n’a pas payé sa cotisation ne peuvent pas siéger au conseil de fondation ou au comité exécutif ».
La perte du siège au conseil est automatique, a ajouté l’agence.
La campagne d’intimidation que l’administration Biden a menée contre l’AMA pour la plier à sa volonté n’a même pas atteint l’un des résultats escomptés :
La politique américaine à l’égard de l’AMA a été menée par le Dr Rahul Gupta, le tsar des drogues de l’administration Biden, qui supervise le Bureau de la politique nationale de contrôle des drogues de la Maison Blanche.
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La principale exigence du Dr Gupta était que l’AMA se soumette à un audit externe de ses activités. Il a également déclaré que l’AMA devait abandonner les poursuites en diffamation qu’elle a engagées contre les autorités antidopage américaines, qui ont accusé l’AMA d’avoir dissimulé les tests positifs. Enfin, il souhaitait obtenir la preuve qu’une plainte pour violation de l’éthique déposée contre lui – qui semblait avoir pour but de le faire exclure du comité exécutif de l’AMA – avait été abandonnée.
Mais malgré un long va-et-vient entre la Maison Blanche et l’AMA – y compris des réunions en face à face à Riyad, la capitale de l’Arabie saoudite, le mois dernier – l’agence n’a pas accédé aux demandes du Dr Gupta. Elle a également fait savoir que si les États-Unis ne payaient pas, il y aurait des conséquences et que l’AMA trouverait d’autres sources de financement.
À Riyad, un responsable olympique a dit à un responsable de la Maison-Blanche que le non-paiement des cotisations américaines pourrait affecter la capacité du pays à accueillir les Jeux olympiques ou à y participer, selon deux personnes au courant de l’échange, qui ont parlé sous le couvert de l’anonymat parce qu’elles n’étaient pas autorisées à s’exprimer publiquement.
Les États-Unis ont lancé une campagne de dénigrement contre l’AMA. Ils ont cessé de payer leur part à l’AMA et ont perdu leur siège au comité exécutif.
Refusant de se laisser intimider, l’AMA et le Comité international olympique tirent sur la même corde.
Si les États-Unis ne renoncent pas à enfreindre les règles, les futurs événements olympiques, comme les Jeux d’hiver de 2034 prévus à Salt Lake City, pourraient bien être déplacés vers d’autres lieux.
Les athlètes américains, que l’USADA autorise à participer aux compétitions malgré leur dopage, pourraient bien être exclus des futures manifestations.
Les États-Unis sont convaincus que la force fait le droit.
Mais si l’intimidation peut fonctionner contre de faibles « alliés » européens, elle échoue lorsqu’elle tente de faire plier des organisations internationales soutenues par le reste du monde.
Moon of Alabama
Traduit par Wayan, relu par Hervé, pour le Saker Francophone.