La folie s’empare de Washington


Philip M. GIRALDIPar Philip M. Giraldi – Le 26 juillet 2018 – Source  Strategic Culture

The Madness Gripping Washington

Les États-Unis et Israël menacent l’Iran depuis une vingtaine d’années, initialement sous le prétexte que ce pays développait une arme nucléaire, mais aussi plus récemment en déclarant que Téhéran est devenu une menace pour l’ensemble du Moyen-Orient. Les deux affirmations sont fondamentalement des mensonges concoctés par Israël et l’Arabie saoudite, qui préféreraient que l’Iran soit supprimé comme un obstacle possible à leurs propres ambitions. Et ils aimeraient que les États-Unis procèdent à l’opération d’enlèvement.

L’Iran est le plus chaud de tous les points chauds du point de vue américain, mais la tendance de la Maison Blanche à menacer avant d’engager des négociations signifie que la plupart des nations considèrent les États-Unis comme la plus grande menace pour la paix dans le monde. Dans une interview récente, le président russe Vladimir Poutine a remarqué comment les États-Unis croient pouvoir intervenir militairement n’importe où dans le monde parce qu’ils « diffusent la démocratie », une justification que personne ne croit plus au vu des résultats des récentes croisades en Afghanistan, en Syrie et en Libye, qui ne sont pas brillants. Poutine a déclaré que Washington devrait traiter toutes les autres nations avec respect si elle voulait obtenir le respect – et la coopération – en retour.

Le bilan de Trump à la Maison Blanche n’est pas encourageant. Il a lancé à deux reprises des volées de missiles de croisière contre des cibles en Syrie sur la base de renseignements fabriqués ou incomplets, suggérant que le gouvernement de Damas avait utilisé des armes chimiques contre son propre peuple. Trump, en affublant le leader nord-coréen Kim Jong-un du sobriquet « rocket man », avant de se lancer dans une diatribe sur la taille du bouton de son arsenal nucléaire « plus grand et plus puissant » que celui de Pyongyang, n’a fait qu’ajouter une humiliation puérile à l’arsenal diplomatique américain.

À la lumière des développements passés, on pourrait penser que cela ne pourrait pas être pire, mais c’est le cas. Trump a attaqué la cible facile qu’offre l’Iran avec un tweet qui était à la fois idiot et embarrassant. L’Iran est indéniablement l’ennemi de choix pour la Maison Blanche depuis le mois de mai, quand Trump a décidé de se retirer du Joint Comprehensive Plan of Action (JCPOA) qui permettait un régime d’inspection intrusif pour surveiller la conformité de l’Iran à la non-prolifération nucléaire. Le mouvement a été applaudi par le puissant lobby israélien et par les gouvernements d’Arabie saoudite et d’Israël, qui ont tous deux leurs propres objectifs pour le Moyen-Orient et préféreraient voir l’actuel Iran indépendant soumis par les bombardements de Washington. Le reste du monde a déploré la décision.

Au cours du dernier incident, Trump a tweeté, en réponse aux commentaires faits dimanche par le président iranien Hassan Rouhani, qui avait déclaré à une réunion de diplomates iraniens que la guerre entre l’Amérique et l’Iran serait un malheur pour tout le monde, en disant « M. Trump, ne jouez pas avec la queue du lion, cela ne ferait que conduire à des regrets. L’Amérique devrait savoir que la paix avec l’Iran est la mère de toute paix, et que la guerre avec l’Iran est la mère de toutes les guerres. »

Trump a répondu de manière explosive avec un tweet tout en majuscules, vraisemblablement pour exprimer visuellement sa rage :

« NE MENACEZ JAMAIS, PLUS JAMAIS LES ÉTATS-UNIS ENCORE UNE FOIS OU VOUS SOUFFRIREZ DES CONSÉQUENCES DU GENRE QUE PEU ONT SOUFFERT DANS L’HISTOIRE AVANT. NOUS NE SOMMES PLUS UN PAYS QUI TOLÉRERA VOS MOTS DÉMENTIELS DE VIOLENCE ET DE MORT. SOYEZ PRUDENT ! » [nous avons essayé de respecter le style du personnage dans la traduction, NdT].

L’avertissement du président Trump qu’il annihilerait l’Iran a raté le fait que Rouhani offrait la paix et exhortait les deux parties à travailler pour éviter la guerre. L’Administration US a déjà annoncé qu’elle rétablira les sanctions existantes contre l’Iran et qu’elle en ajoutera de nouvelles. Après le 4 novembre, Washington sanctionnera tout pays qui achètera du pétrole à l’Iran, augmentant ainsi considérablement le niveau de misère du peuple iranien dans le but, soit de faire capituler son gouvernement, soit de provoquer une révolte contre lui.

Maintenant ça suffit. Le réflexe de recourir immédiatement à la menace d’utiliser une puissance militaire conventionnelle écrasante, ou même des armes nucléaires, pour résoudre des désaccords internationaux est utilisé bien trop souvent par un président dont la compréhension du monde a clairement une tendance maniaco-agressive, dérivée d’une vie passée à vendre et acheter des biens immobiliers à New York.

Et l’usage idiot des tweets est également indigne du poste que détient Trump, c’est la marque d’un tyran de cour de récréation, peu sûr de lui, qui cherche à attirer l’attention. Donald Trump a été élu au moins en partie pour garder l’Amérique en dehors des guerres, et non pour en lancer de nouvelles.

Il est temps qu’il arrête les postures et s’en souvienne.

Philip M. Giraldi

Traduit par jj, relu par Cat, vérifié par Diane pour le Saker Francophone

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