La « chute d’Alep » vue par les journaux du Moyen-Orient


Ou la zizanie provoquée par la défaite


Par Yuriy Zinin – le 22 decembre 2016 – Source New Eastern Outlook

La libération d’Alep et le retrait des militants radicaux de cette ville syrienne ont provoqué une tempête de réponses et de commentaires à travers diverses sources médiatiques du Moyen-Orient.

Tout en essayant de minimiser ce grand succès pour Damas, les sources médiatiques du camp anti-syrien ont essayé de poser leurs arguments. Ils perçoivent la chute d’Alep comme le résultat direct de diverses intrigues et conspirations, tout en admettant de graves erreurs de calcul faites par la soi-disant « opposition ». Dans le même temps, ces sources médiatiques maudissent l’Occident pour avoir tourné le dos aux « combattants révolutionnaires » syriens et la Turquie pour avoir « trahi leur cause », etc.

Le journal pro-saoudien Al-Sharq al-Awsat, cependant, a été forcé de reconnaître la libération d’Alep comme étant une victoire majeure pour Damas, qui fut atteinte grâce à l’important soutien fourni par la Russie.

En même temps, il est clair que les commanditaires de l’opposition, en particulier ceux du golfe Persique, sont déterminés à nier toute responsabilité pour l’échec de leurs militants. L’un des journaux les plus influents du pays, Okaz, critique le camp anti-Assad pour vivre dans des hôtels de luxe en dehors de la Syrie. Il est scandalisé qu’à la lumière des événements récents à Alep, ces « ingrats révolutionnaires de salon » aient commencé à critiquer les monarchies du Golfe pour ne pas leur fournir assez de soutien. Ils considèrent le royaume comme un « porte-monnaie », selon le journal, alors que leur seul but est de se remplir les poches de pièces d’or en profitant du sang et de la souffrance de leurs concitoyens.

D’autres sources médiatiques du camp anti-Assad notent, de manière bien optimiste, qu’ils ont perdu une bataille mais qu’ils n’ont pas perdu la guerre.

Le journal libanais As-Safir estime que la chute d’Alep est le résultat direct de l’échec des forces pro-occidentales en Syrie. Même si la soi-disant opposition avait le contrôle de grandes villes syriennes pendant des années, ils viennent de montrer qu’ils sont incapables de gouverner efficacement dans les territoires qu’ils occupent. En fait, ce qu’ils ont fait a entraîné la paralysie complète de toutes les structures gouvernementales, ce qui pourrait bien aboutir à la somalisation complète de tout le pays. L’opposition n’a pu obtenir certains succès que dans un nombre restreint d’endroits, mais n’a jamais eu de stratégie globale à exposer. En revanche, les forces gouvernementales visent à libérer les territoires de leur pays et à les reconstruire.

Dans ce contexte, nous assistons à une intensification de la guerre médiatique, avec au moins 60 stations de télévision différentes tentant délibérément de distordre les événements en Syrie. Cette machine de propagande est alimentée par les pétrodollars fournis par les monarchies du golfe Persique, et ces derniers ne vont pas s’arrêter.

Il semble que nous ayons déjà entendu tout cela, Damas ayant été accusée d’utiliser des armes chimiques contre la population, les troupes syriennes et russes étant impliquées dans d’inexistantes « atrocités » contre la population civile, la destruction présumée des écoles et des hôpitaux, l’affirmation que la politique de la Russie en Syrie et dans toute la région est unilatérale.

Aujourd’hui, dans les rangs des propagandistes anti-Assad, on peut apercevoir des signes de confusion profonde. Selon le journal Al-Qods Al-Arabi, quatre « activistes médiatiques » d’un certain nombre de groupes djihadistes à Alep se sont rendus aux autorités, bien avant la chute de la ville. Cela a rendu l’opposition perplexe, puisque ceux qui se sont enfuis ont été impliqués dans des opérations secrètes et la collecte de fonds.

La libération d’Alep, affirme le site d’information irakien Sawt al-Iraq, signifie que des millions de dollars ont été jetés au vent, gaspillés, dans le financement des groupes anti-gouvernementaux et pour leur fournir des informations provenant de différentes sources. Il est clair à ce stade que, en 2011, lorsque le président Obama a annoncé que les jours d’Assad étaient comptés, il s’est bien trompé. Ce sont les jours de Barack Obama qui sont comptés maintenant, soutient le journal, puisque celui ci ne va plus rester longtemps au pouvoir.

Le monde occidental est englouti par l’hystérie au sujet d’Alep. Mais il est resté silencieux tout le temps où la ville a été occupée par État islamique, al-Nusra et d’autres organisations terroristes, alors pourquoi commencer à s’en préoccuper seulement maintenant?

Yury Zinine

Traduit par Wayan, relu par nadine pour le Saker Francophone

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