Gérard Foucher – Les secrets de la monnaie


Par Hervé – Source Le Saker Francophone

Je vous présente aujourd’hui un ouvrage fondamental sur les secrets de la monnaie. Il a été écrit par Gérard Foucher, un aristocrate au sens premier du terme, un des meilleurs d’entre nous qui vient de consacrer littéralement les dernières années de sa vie à comprendre les réalités monétaires et à transmettre ce savoir. En plus d’écrire ce livre dont on va parler, il a une excellente chaîne Youtube ou il parle de cette fameuse monnaie et de ses secrets sous la forme de petites vidéos explicatives.

Le livre commence par LA question, celle que vous devez vous poser, puis une fois que vous y aurez répondu, posez-là à votre entourage et à votre banquier :

« Au moment où quelqu’un entre dans une banque pour demander un crédit, où se trouve l’argent du crédit ? »

Gérard Foucher reprend tout à la base et il commence par définir la monnaie comme un moyen d’échange, de réserve et de mesure. La mesure sert à définir la valeur d’un bien ou d’un service et la valeur est relative dépendant de l’intérêt que quelqu’un porte à ce bien ou à ce service à un temps T. Mais la valeur, c’est aussi le temps mis pour produire ou le temps mis pour acquérir les signes monétaires pour acheter et le temps, c’est notre vie.

Vous aurez compris que l’auteur est en même temps un peu philosophe et dans ce livre, il va jongler entre les aspects les plus techniques et l’idée même de la vie et de ce que l’on en fait ou de ce que l’on pourrait en faire. Le système monétaire actuel contrôlé par le système bancaire façonne nos vies et même comment l’on pense. Pouvoir exorbitant ?

Ce sont les crédits qui font les dépôts. Voilà, le grand secret est dévoilé. Il faut donc que quelqu’un s’endette pour que l’argent circule dans l’économie. En période de croissance, c’est le cas. À l’inverse, plus personne ne veut prendre de risque et pire certains remboursent leurs dettes, détruisant ainsi l’argent. Faute de monnaie, c’est la crise. Et c’est bien ce qui préoccupe nos dirigeants. Ils doivent nous faire consommer coûte que coûte même contre notre gré. Il explique aussi que les intérêts viennent s’ajouter au montant à rembourser et qu’il faut bien que des crédits soient pris par d’autres personnes pour vous permettre de trouver cette monnaie supplémentaire. Et tout cela génère des « coûts cachés » que vous allez payer d’une façon ou d’une autre. On est lancé dans une course perpétuelle pour trouver de la monnaie et forcément, certains n’en trouvent pas.

Une fois qu’on a le cerveau en alerte rouge et que l’auteur a tout notre attention, il déroule un certain nombre de cas d’école, expliquant pourquoi et comment certains de nos problèmes trouvent leur source dans les fondements même de la monnaie ; les bulles spéculatives ; la dette ; le chômage ; le prix de l’immobilier ; la qualité de votre steak dans votre assiette si vous pouvez encore vous en payez un.

N’en jetez plus ! On se rend !

Mais non, il y a encore un autre degré de compréhension qui nous échappe, nous, pauvres mortels, qui ne vivons qu’une petite vie, passant le flambeau à la génération suivante qui repartira de quasiment zéro dans la compréhension de ces mécanismes de pouvoir. On dirait que le système a une quantité infinie d’histoires à raconter pour embobiner chaque génération, l’une après l’autre.

Mais que font ces gens avec les masses d’argent colossales qu’ils ont amassé durant toutes ces générations ?

Ils modèlent le monde. Comme le dit très bien Lloyd Blankflein, le PDG de Goldman Sachs devant le Congrès américain, « nous accomplissons le travail de dieu ». C’est l’autre secret de la monnaie. À un certain niveau de richesse, il ne s’agit plus d’acheter une énième Ferrari ou un yacht un peu plus long que celui du copain. Il s’agit de jouer à Dieu, de décider de l’avenir de l’humanité, des gagnants et des perdants et même depuis peu de réfléchir au post-humain, d’annoncer la mort de l’homme.

Il faut le lire pour en prendre conscience. Gérard Foucher nous explique comment la notion même de croissance formate nos esprit, comment nous sommes conditionnés à courir après des signes monétaires dont la rareté est organisée pour rembourser l’argent dont nous avons besoin pour vivre. Le 0,1% décide des modes de production centralisés, des circuits commerciaux complexes et lointains, du découpage des outils de production dispatchés d’un bout à l’autre de la planète. Il y a de l’argent pour tout ça mais pas grand chose pour organiser des circuits courts, pour permettre au gens de retourner vivre à la campagne alors que leurs enfants s’empoisonnent à vivre dans des mégapoles polluées.

Gérard Foucher, grand seigneur, termine son livre avec un éventail de solutions possibles, de pistes de réflexion. Mais il en tire quelques éléments fondamentaux. Rien ne se fera sans nous, sans notre prise de conscience. Un changement radical de format de distribution de la monnaie aura pour corollaire de nous changer nous, notre perception du monde et notre relation à lui et aux autres. Peut-être même faudrait-il poser la question du projet ? Quel est notre projet pour nous-mêmes, pour l’humanité ? Sinon nous risquons de nous faire ballotter encore longtemps par les flots de la vie.

Hervé

Note

Cette note de lecture sort au moment opportun, quand les suisses votent ce jour même pour l'initiative Monnaie Pleine.

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