Par Pepe Escobar − Le 10 février 2021 − Source Asia Times
Les futurs historiens pourraient enregistrer ce jour comme celui où le ministre russe des affaires étrangères Sergey Lavrov, habituellement imperturbable, a décidé qu’il en avait ras-le-bol :
Nous nous habituons au fait que l'Union européenne tente d'imposer des restrictions unilatérales, des restrictions illégitimes et nous partons du principe, à ce stade, que l'Union européenne est un partenaire peu fiable.
Josep Borrell, le chef de la politique étrangère de l’Union européenne, en visite officielle à Moscou, a dû se le prendre en pleine gueule.
Lavrov, toujours parfait gentleman, a ajouté : « J’espère que l’examen stratégique qui aura lieu bientôt se concentrera sur les intérêts vitaux de l’Union européenne et que ces entretiens contribueront à rendre nos contacts plus constructifs ».
Il faisait référence au sommet des chefs d’État et de gouvernement de l’UE qui se tiendra le mois prochain au Conseil européen, où ils discuteront de la Russie. Lavrov ne se fait pas d’illusions : les « partenaires peu fiables » ne se comporteront pas en adultes.
Pourtant, on peut trouver quelque chose extrêmement intrigant dans les remarques préliminaires de Lavrov lors de sa rencontre avec Borrell : « Le principal problème auquel nous sommes tous confrontés est le manque de normalité dans les relations entre la Russie et l’Union européenne – les deux plus grands acteurs de l’espace eurasien. C’est une situation malsaine, qui ne profite à personne ».
Les deux plus grands acteurs de l’espace eurasiatique. Retenez cela. Nous y reviendrons dans un instant.
Dans l’état actuel des choses, l’UE semble irrémédiablement portée à aggraver cette « situation malsaine ». La chef de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a lamentablement échouée dans ses négociation pour le vaccin. Elle avait initialement envoyé Borrell à Moscou pour demander les droits de licence pour la production du vaccin Spoutnik V par des entreprises européennes – vaccin qui devrait être approuvé par l’UE.
Et pourtant, les eurocrates ont préféré se noyer dans l’hystérie, en faisant la promotion des bouffonneries de l’OTAN et de l’escroc condamné Navalny – le Guaido russe.
Pendant ce temps, de l’autre côté de l’Atlantique, sous le couvert de « dissuasion stratégique », le chef de la STRATCOM américaine, l’amiral Charles Richard, a laissé échapper avec désinvolture qu’« il existe une réelle possibilité qu’une crise régionale avec la Russie ou la Chine puisse rapidement dégénérer en un conflit impliquant des armes nucléaires, s’ils percevaient qu’une guerre conventionnelle menacerait leur régime ou leur État ».
Ainsi, la responsabilité de la prochaine – et dernière – guerre est déjà attribuée au comportement « déstabilisateur » de la Russie et de la Chine. On suppose qu’ils vont « perdre » – et ensuite, dans un accès de rage, passer au nucléaire. Le Pentagone ne sera qu’une victime ; après tout, affirme M. STRATCOM, nous ne sommes pas « coincés dans une guerre froide ».
Les planificateurs de STRATCOM feraient bien de lire l’analyse militaire d’Andrei Martyanov qui, depuis des années, est en première ligne pour expliquer en détail comment le nouveau paradigme hypersonique – et non les armes nucléaires – a changé la nature de la guerre.
Au cours d’un exposé technique détaillé, Martyanov montre comment « les États-Unis n’ont tout simplement pas de bonnes options actuellement. Aucune. La moins mauvaise option, cependant, est de parler aux Russes et non en termes de délire géopolitique et de rêves humides laissant à penser que les États-Unis, d’une manière ou d’une autre, pourraient convaincre la Russie « d’abandonner » la Chine – les États-Unis n’ont rien, zéro, à offrir à la Russie pour la pousser à le faire. Mais au moins, les Russes et les Américains pourraient au moins régler pacifiquement cette merdique histoire d’ »hégémonie » entre eux puis convaincre la Chine de s’asseoir enfin, comme un « Club des Trois », à la table des négociations et de décider, enfin, comment diriger le monde. C’est la seule chance pour les États-Unis de rester pertinents dans le nouveau monde ».
L’empreinte de la Horde d’or
Bien que les chances soient négligeables pour que l’Union européenne améliore l’état de cette « situation malsaine » avec la Russie, rien n’indique que ce que Martyanov décrit sera envisagé par l’État profond américain.
La voie à suivre semble inéluctable : sanctions perpétuelles ; expansion perpétuelle de l’OTAN le long des frontières russes ; constitution d’un cercle d’États hostiles autour de la Russie ; ingérence perpétuelle des États-Unis dans les affaires intérieures russes – avec une cinquième colonne ; guerre de l’information perpétuelle et à grande échelle.
Lavrov fait de plus en plus clairement savoir que Moscou n’attend rien d’autre. Les faits sur le terrain continueront donc à s’accumuler.
Nordstream 2 sera terminé – sanctions ou pas – et fournira le gaz naturel dont l’Allemagne et l’UE ont tant besoin. L’escroc Navalny, 1 % de « popularité » réelle en Russie, a été condamné et restera en prison. Les citoyens de toute l’UE recevront leur dose de Spoutnik V. Le partenariat stratégique entre la Russie et la Chine continuera de se renforcer.
Pour comprendre comment nous en sommes arrivés à ce gâchis russophobe impie, une feuille de route essentielle est fournie par le conservatisme russe, une nouvelle étude passionnante de philosophie politique réalisée par Glenn Diesen, professeur associé à l’université du sud-est de la Norvège, chargé de cours à l’école supérieure d’économie de Moscou, et l’un de mes éminents interlocuteurs à Moscou.
Diesen commence par se concentrer sur l’essentiel : la géographie, la topographie et l’histoire. La Russie est une vaste puissance terrestre sans accès suffisant aux mers. La géographie, affirme-t-il, conditionne les fondements des « politiques conservatrices définies par l’autocratie, une conception ambiguë et complexe du nationalisme, et le rôle durable de l’Église orthodoxe » – ce qui implique une résistance au « laïcisme radical ».
Il est toujours crucial de se rappeler que la Russie n’a pas de frontières naturelles défendables ; elle a été envahie ou occupée par les Suédois, les Polonais, les Lituaniens, la Horde d’or mongole, les Tatars de Crimée et Napoléon. Sans parler de l’invasion nazie, qui a été extrêmement sanglante.
Que veut dire ce mot ? Tout : « sécurité », en russe, c’est byezopasnost. Il se trouve que c’est une négation, car byez signifie « sans » et opasnost signifie « danger ».
La composition historique complexe et unique de la Russie a toujours posé de sérieux problèmes. Oui, il y avait une étroite affinité avec l’empire byzantin. Mais si la Russie « revendiquait le transfert de l’autorité impériale de Constantinople, elle serait forcée de la conquérir ». Et revendiquer la succession, le rôle et l’héritage de la Horde d’or reléguerait la Russie au statut de puissance seulement asiatique.
Sur la voie de sa modernisation, l’invasion mongole de la Russie a non seulement provoqué un schisme géographique, mais a laissé son empreinte sur la politique : « L’autocratie est devenue une nécessité suite à l’héritage mongol et à l’établissement de la Russie en tant qu’empire eurasien avec une vaste étendue géographique mal connectée ».
« Un Est-Ouest colossal »
La Russie, c’est surtout la rencontre de l’Est et de l’Ouest. Diesen nous rappelle que Nikolai Berdyaev, l’un des principaux conservateurs du XXe siècle, l’avait déjà remarqué en 1947 : « L’incohérence et la complexité de l’âme russe peuvent être dues au fait qu’en Russie, deux courants de l’histoire du monde – l’Est et l’Ouest – se bousculent et s’influencent mutuellement (…) La Russie est une section complète du monde – un Est-Ouest colossal. »
Le chemin de fer transsibérien, construit pour renforcer la cohésion interne de l’empire russe et pour projeter sa puissance vers l’Asie, a changé la donne : « Avec l’expansion des colonies agricoles russes à l’est, la Russie remplace de plus en plus les anciennes routes qui contrôlaient et reliaient auparavant l’Eurasie ».
Il est fascinant de voir comment le développement de l’économie russe a abouti à la théorie du « Heartland » de Mackinder – selon laquelle le contrôle du monde nécessitait le contrôle du supercontinent eurasien. Ce qui a terrifié Mackinder, c’est que les chemins de fer russes reliant l’Eurasie allaient saper toute la structure de pouvoir de la Grande-Bretagne en tant qu’empire maritime.
Diesen montre également comment l’eurasisme – apparu dans les années 1920, parmi les émigrés, en réponse à 1917 – était en fait une évolution du conservatisme russe.
L’eurasisme, pour un certain nombre de raisons, n’est jamais devenu un mouvement politique unifié. Le cœur de l’eurasisme est l’idée que la Russie n’était pas un simple État d’Europe de l’Est. Après l’invasion des Mongols au XIIIe siècle et la conquête des royaumes tatars au XVIe siècle, l’histoire et la géographie de la Russie ne pouvaient pas être uniquement européennes. L’avenir exigerait une approche plus équilibrée – et un engagement avec l’Asie.
Dostoïevski l’avait brillamment formulé avant tout le monde, en 1881 :
Les Russes sont autant asiatiques qu'européens. L'erreur de notre politique au cours des deux derniers siècles a été de faire croire aux citoyens européens que nous sommes de vrais Européens. Nous avons trop bien servi l'Europe, nous avons pris une trop grande part à ses querelles intestines (...) Nous nous sommes inclinés comme des esclaves devant les Européens et n'avons fait que gagner leur haine et leur mépris. Il est temps de se détourner de cette ingrate Europe. Notre avenir est en Asie.
Lev Gumilev était sans doute la superstar d’une nouvelle génération d’eurasistes. Il affirmait que la Russie avait été fondée par une coalition naturelle entre Slaves, Mongols et Turcs. « The Ancient Rus and the Great Steppe », publié en 1989, a eu un impact immense en Russie, après la chute de l’URSS – comme je l’ai appris de mes hôtes russes lorsque je suis arrivé à Moscou via le Transsibérien, à l’hiver 1992.
Comme l’explique Diesen, Gumilev proposait une sorte de troisième voie, au-delà du nationalisme européen et de l’internationalisme utopique. Une université Lev Gumilev a été créée au Kazakhstan. Poutine a qualifié Gumilev de « grand Eurasien de notre époque ».
Diesen nous rappelle que même George Kennan, en 1994, a reconnu la lutte des conservateurs pour « ce pays tragiquement blessé et spirituellement diminué ». Poutine, en 2005, a été beaucoup plus clair. Il a souligné :
L'effondrement de l'Union soviétique a été la plus grande catastrophe géopolitique du siècle. Et pour le peuple russe, ce fut un véritable drame (...) Les anciens idéaux ont été détruits. De nombreuses institutions ont été démantelées ou simplement réformées à la hâte (...) Avec un contrôle illimité sur les flux d'information, les groupes d'oligarques ont servi exclusivement leurs propres intérêts corporatifs. La pauvreté de masse a commencé à être acceptée comme la norme. Tout cela a évolué dans un contexte de récession économique des plus sévères, de finances instables et de paralysie dans la sphère sociale.
Appliquer la « démocratie souveraine »
Nous arrivons ainsi à la question cruciale de l’Europe.
Dans les années 1990, sous l’impulsion des atlantistes, la politique étrangère russe fut axée sur l’idée de Grande Europe, un concept basé sur la « Maison européenne commune » chère à Gorbatchev.
Et pourtant, l’Europe de l’après-guerre froide a fini par se configurer, dans la pratique, comme une expansion ininterrompue de l’OTAN et la naissance – et l’élargissement – de l’UE. Toutes sortes de contorsions libérales ont été déployées pour inclure toute l’Europe, tout en excluant la Russie.
Diesen a le mérite de résumer l’ensemble du processus en une seule phrase : « La nouvelle Europe libérale représentait une continuité anglo-américaine en termes de règle des puissances maritimes, et l’objectif de Mackinder d’organiser la relation germano-russe selon un format à somme nulle pour empêcher l’alignement des intérêts ».
Pas étonnant que Poutine, par la suite, ait dû être érigé en épouvantail suprême, ou « nouvel Hitler ». Poutine rejeta catégoriquement le rôle de simple apprenti de la civilisation occidentale pour la Russie – et son corollaire, l’hégémonie (néo-)libérale.
Mais il est resté très accommodant. En 2005, Poutine soulignait que « par-dessus tout, la Russie était, est et sera, bien sûr, une grande puissance européenne ». Ce qu’il voulait, c’était découpler le libéralisme de la politique de puissance – en rejetant les principes fondamentaux de l’hégémonie libérale.
Poutine disait qu’il n’y a pas de modèle démocratique unique. Le sien a finalement été conceptualisé comme une « démocratie souveraine ». La démocratie ne peut pas exister sans souveraineté ; c’est pourquoi on écarte la « supervision » occidentale pour la faire fonctionner.
Diesen fait remarquer que si l’URSS était un « eurasisme radical de gauche, certaines de ses caractéristiques eurasiennes pourraient être transférées à un eurasisme conservateur ». Diesen note comment Sergey Karaganov, parfois appelé le « Kissinger russe », a montré « que l’Union soviétique était au centre de la décolonisation et qu’elle a été l’artisan de l’essor de l’Asie en privant l’Occident de la capacité d’imposer sa volonté au monde par la force militaire, ce que l’Occident a fait du XVIe siècle jusqu’aux années 1940″.
Ce fait est largement reconnu dans de vastes régions du Sud, de l’Amérique latine à l’Asie du Sud-Est en passant par l’Afrique.
La péninsule occidentale de l’Eurasie
Ainsi, après la fin de la guerre froide et l’échec de la Grande Europe, le pivot de Moscou vers l’Asie pour construire la Grande Eurasie ne pouvait qu’avoir un air d’histoire inévitable.
La logique semblait impeccable. Les deux pôles géo-économiques de l’Eurasie étaient l’Europe et l’Asie de l’Est. Moscou veut les relier économiquement en un supercontinent : c’est là que la Grande Eurasie rejoint l’initiative chinoise des « Nouvelles routes de la soie ». Mais il y a aussi la dimension russe supplémentaire, comme le note Diesen : la « transition de la périphérie habituelle de ces centres de pouvoir vers le centre d’une nouvelle construction régionale ».
D’un point de vue conservateur, souligne Diesen, « l’économie politique de la Grande Eurasie permet à la Russie de surmonter son obsession historique pour l’Occident et d’établir une voie russe organique vers la modernisation ».
Cela implique le développement d’industries stratégiques, de corridors de connectivité, d’instruments financiers, de projets d’infrastructure pour relier la Russie européenne à la Sibérie et à sa cote Pacifique. Tout cela sous un nouveau concept : une économie politique conservatrice d’industrialisation.
Le partenariat stratégique Russie-Chine est actif dans ces trois secteurs géo-économiques : industries stratégiques/plates-formes technologiques, corridors de connectivité et instruments financiers.
Cela propulse la discussion, une fois de plus, vers l’impératif catégorique suprême : l’affrontement entre le Heartland et la puissance maritime.
Les trois grandes puissances eurasiennes, historiquement, étaient les Scythes, les Huns et les Mongols. La raison principale de leur fragmentation et de leur décadence est qu’ils n’ont pas pu atteindre – et contrôler – les frontières maritimes de l’Eurasie.
La quatrième grande puissance eurasienne était l’empire russe – et son successeur, l’URSS. L’URSS s’est effondrée parce que, une fois en place, elle n’a pas pu atteindre – et contrôler – les frontières maritimes de l’Eurasie.
Les États-Unis l’ont empêché en appliquant une combinaison de Mackinder, Mahan et Spykman. La stratégie américaine est même devenue connue sous le nom de mécanisme de confinement Spykman-Kennan – tous ces « déploiements avancés » dans la périphérie maritime de l’Eurasie, en Europe occidentale, en Asie de l’Est et au Moyen-Orient.
Nous savons tous à présent que la stratégie globale des États-Unis en mer – ainsi que la raison principale pour laquelle les États-Unis sont entrés dans la Première et la Seconde Guerre mondiale – était de prévenir l’émergence d’un hégémon eurasien par tous les moyens nécessaires.
Quant à l’hégémonie des États-Unis, elle était grossièrement conceptualisée – avec l’arrogance impériale requise – par le Dr Zbig « Grand Échiquier » Brzezinski en 1997 : « Pour empêcher toute collusion et maintenir la dépendance sécuritaire des vassaux, pour garder ces vassaux dociles et protégés, et pour empêcher les barbares de se rassembler ». Le bon vieux « Diviser pour mieux régner », appliqué par le biais de la « domination systémique ».
C’est ce système qui est en train de s’effondrer – au grand désespoir des suspects habituels. Diesen note comment, « dans le passé, pousser la Russie en Asie reléguait la Russie dans l’obscurité économique et éliminait son statut de puissance européenne ». Mais maintenant, avec le déplacement du centre de gravité géo-économique vers la Chine et l’Asie de l’Est, c’est un tout nouveau jeu de stratégie.
La diabolisation permanente de l’alliance Russie-Chine par les États-Unis, associée à cette mentalité de « situation malsaine » des sbires de l’UE, ne fait que rapprocher la Russie de la Chine, au moment même où la domination mondiale de l’Occident, qui dure depuis deux siècles seulement, comme l’a prouvé Andre Gunder Frank, touche à sa fin.
Diesen, peut-être trop diplomatiquement, s’attend à ce que « les relations entre la Russie et l’Occident changent également à terme avec la montée de l’Eurasie. La stratégie hostile de l’Occident à l’égard de la Russie est conditionnée par l’idée que la Russie n’a nulle part où aller et qu’elle doit accepter tout ce que l’Occident lui offre en termes de « partenariat ». La poussée orientale modifie fondamentalement la relation de Moscou avec l’Ouest en permettant à la Russie de diversifier ses partenariats ».
Il se peut que nous approchions rapidement du moment où la Russie de la Grande Eurasie présentera à l’Allemagne une offre à prendre ou à laisser. Soit nous construisons ensemble le cœur de l’Europe, soit nous le construisons avec la Chine – et vous ne serez qu’un spectateur de l’histoire. Bien sûr, il y a toujours la possibilité d’un axe Berlin-Moscou-Pékin, bien qu’elle soit très éloignée. Mais des choses plus étranges sont arrivées.
En attendant, Diesen est convaincu que « les puissances terrestres eurasiennes finiront par intégrer l’Europe et d’autres États à la périphérie intérieure de l’Eurasie. Les loyautés politiques se déplaceront progressivement à mesure que les intérêts économiques se tourneront vers l’Est et que l’Europe deviendra progressivement la péninsule occidentale de cette Grande Eurasie ».
Voilà de quoi donner à réfléchir à ceux qui entretiennent une « situation malsaine » dans cette péninsule.
Pepe Escobar
Traduit par Wayan, relu par Jj pour le Saker Francophone
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