Ukraine:
Reprise de la guerre au printemps?

Par Colonel Cassad – Le 13 mars 2015 – Source cassad-eng.livejournal

Une brève mais importante mise à jour: les Etats-Unis veulent saboter les accords de Minsk pour éliminer l’Europe du jeu.

Quelques mots sur la prochaine étape de la guerre et sur la décision du Conseil de sécurité nationale et de défense de l’Ukraine (CSND)* concernant le statut spécial des districts spécifiques du Donbass en vertu des accords du 19 septembre.

1. Il faut dire tout de suite que la décision du CSND ukrainien ne va pas satisfaire les Républiques populaires de Donbass (RPD) et de Lougansk et que personne ne renoncera à Debaltseve ni à l’aéroport. Cette décision a en fait pour but de saboter les accords de Minsk en torpillant le volet politique des accords signés le 12 février. C’est juste un nouveau maillon de la longue chaîne des actes de sabotage de la junte, comme le fait que celle-ci n’ait pas terminé l’échange de prisonniers de guerre, n’ait pas arrêté de tirer, n’ait pas retiré ses armes lourdes et son artillerie, ait refusé d’amnistier les dirigeants de la RPD, ait annoncé que seule l’autorité des gens élus pendant le mandat de Ianoukovitch était légale, et ait également essayé d’obtenir déploiement de soldats de la paix dans le Donbass pour contrôler la frontière. Tout cela suggère que la junte sabote systématiquement et délibérément les accords de Minsk avec un objectif très clair: au moment opportun, elle doit être prête à reprendre les hostilités et en faire porter le chapeau à la RPD, à la RPL et à la Fédération de Russie.

2. En ce qui concerne les conditions de la reprise des hostilités: comme certains lecteurs l’ont noté, le sujet d’une reprise inévitable des opérations militaires a pris clairement plus d’importance dans les médias russes. En outre, on entend de plus en plus parler de la concentration croissante de l’armée de la junte dans la zone de la ligne de front, ainsi que des projets éventuels de la junte de mener une opération de guerre réelle. D’un côté, cela n’est peut-être qu’une nouvelle alerte militaire, et alors la tension décroîtra quelque peu après le tumulte médiatique, jusqu’au moment où les opérations militaires reprendront effectivement. Mais il ne peut pas être exclu qu’une reprise de haute intensité des opérations militaires puisse avoir lieu fin mars (comme cet hiver, où tout le monde pensait que la guerre reprendrait au printemps, et elle a redémarré en janvier). Des nouvelles inquiétantes sont arrivées de la frontière aujourd’hui: de longues files de personnes qui veulent quitter l’Ukraine pour la Russie se sont formées aux checkpoints de la RPD et de la RPL. Hier, au moins 150 voitures faisaient la queue à Izvarino. Aujourd’hui, selon les informations locales, la longueur de la queue a atteint plusieurs kilomètres. Les réfugiés disent que certains d’entre eux ont appris de parents vivant dans les territoires occupés que l’armée ukrainienne allait réattaquer entre le 15 et le 20 mars, ce qui correspond, semble-t-il, à ce que Gleb Bobrov a écrit sur une possible offensive de la junte sur le front de Lougansk les 16 ou 17 mars. En principe, les Forces d’autodéfense de nouvelle Russie sont conscientes de ce scénario, par conséquent la junte ne nous prendra pas par surprise. La junte n’a pas grande chance de remporter des victoires importantes ni de détruire la Novorussie. Les endroits où la situation serait la plus difficile sont: la zone de la route Bakhmutka et Slavyanoserbsk, Gorlovka et Yasinovataya, Volnovakha–Yelenovka–Dokuchayevsk. Il se peut aussi que rien ne se passe jusqu’en avril, mais une attaque ne peut être totalement exclue.

3. Il faut comprendre que les forces de la junte ne se sont pas encore tout à fait remises des pertes subies pendant la campagne de l’hiver 2015. Le sol n’est pas encore sec partout non plus, mais la junte peut quand même reprendre les hostilités pour des raisons politiques: il est important pour elle et pour les États-Unis d’empêcher l’Europe de prendre la main dans le conflit ukrainien et il est important d’aller vers le scénario d’une guerre où la junte se battrait avec le soutien de l’aide militaire étrangère et des pressions politiques et économiques exercées par l’Occident sur la Fédération de Russie. Pour cela, la junte est, semble-t-il, prête à sacrifier des territoires et deux à trois mille soldats, ce qui est à peu près ce qu’elle perd à chaque échec de ses offensives et de ses encerclements. Mais pour la junte et ses commanditaires, ces pertes ne sont pas un problème, elles sont juste un investissement permettant de mener les choses dans la bonne direction.

Il y a un an environ, quand l’armée ukrainienne a marché sur le Donbass, les habitants qui l’ont accueillie avaient les mains vides. Mais maintenant, après une année de guerre sanglante, le Donbass a ce qu’il faut pour répondre à l’agresseur. Il n’y a donc pas lieu de paniquer au vu des intentions de la junte – elle a été mise en déroute au cours de l’été 2014, elle a été battue au cours de l’hiver 2015, et si la guerre reprend dans les un ou deux prochains mois, je suis absolument certain que la junte subira une nouvelle défaite militaire.

Colonel Cassad

Article original  (en russe )

Traduit de l’anglais par Dominique Muselet, relu par jj pour le Saker Francophone.

 

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