Par Paul Craig Roberts – Le 11 août 2017 – Source paulcraigroberts.org
Le simulacre de procès d’un groupe quelque peu arbitraire de 21 nazis « survivants » à Nuremberg en 1945-46 a été un spectacle orchestré par le juge de la Cour suprême des États-Unis, Robert Jackson. Jackson était le procureur en chef. En tant qu’admirateur depuis longtemps de Jackson, j’ai toujours supposé qu’il avait fait du bon travail.
Mon admiration pour Jackson provient de sa défense de la loi en tant que bouclier du peuple plutôt que comme arme entre les mains du gouvernement et de sa défense du principe juridique connu sous le nom de mens rea, c’est-à-dire que le crime exige l’intention. Je cite souvent Jackson pour sa défense de ces principes juridiques qui sont le fondement même de la liberté. En effet, j’ai cité Jackson dans ma dernière chronique du 31 juillet. Sa défense de la loi comme devant être un contrôle sur le pouvoir du gouvernement joue un rôle central dans le livre que j’ai écrit avec Lawrence Stratton, La tyrannie des bonnes intentions.
En 1940, Jackson était procureur général des États-Unis. Il s’est adressé aux procureurs fédéraux et les a mis en garde contre l’idée de « choisir l’homme et ensuite de mettre les enquêteurs au travail, pour lui coller une infraction sur le dos ». C’est dans ce domaine – dans lequel le procureur choisit une personne qu’il n’aime pas ou qu’il veut gêner, ou sélectionne un groupe de personnes impopulaires, puis cherche une infraction – qu’il y a le plus grand risque d’abus de pouvoir lors d’une poursuite judiciaire. C’est ici que l’application de la loi devient une affaire personnelle, et que le véritable crime devient d’être impopulaire au sein du groupe prédominant ou du pouvoir, d’être attaché à de mauvaises opinions politiques ou d’être personnellement désagréable ou antipathique au procureur lui-même.
Plus tard, le juge de la Cour de Suprême, Jackson a retourné une condamnation d’une cour inférieure au sujet d’une personne qui n’avait aucune idée, ni aucune raison de croire, qu’il avait commis un crime.
Après avoir fini de lire le livre de David Irving Nuremberg (1996), j’ai été dévasté d’apprendre que dans son travail de procureur, lors du procès de Nuremberg, Jackson a violé tous les principes juridiques pour lesquels je l’avais admiré depuis si longtemps. Pour être clair, à Nuremberg, Jackson poursuivait des nazis, mais ce n’était qu’un moyen pour une fin : établir le principe juridique international que commencer une guerre, l’engagement d’une agression militaire, était un crime.
- Le problème, bien sûr, était qu’à Nuremberg, les gens ont été jugés sur la base d’une loi de droit ex post facto qui n’existait pas au moment des actes pour lesquels ils avaient été condamnés.
- En outre, la peine – mort par pendaison – a été décidée avant le procès et avant la sélection des accusés.
- En outre, les accusés ont été choisis et une enquête à charge a été menée contre eux.
- Les preuves à décharge ont été refusées. Les accusations pour lesquelles les accusés ont été condamnés se sont révélées fausses.
- Les procès ont été tellement chargés en faveur du procureur que la défense était pro forma.
- Les accusés ont été maltraités et certains ont été torturés.
- Les accusés ont été encouragés à faire des faux témoignages les uns contre les autres, ce que, pour la plupart, ils ont refusé de faire, sauf Albert Speer qui a été le seul à accepter. Sa récompense fut une peine de prison plutôt que la mort.
- Les femmes et les enfants des accusés ont été arrêtés et emprisonnés. Au crédit de Jackson, cela l’a mis en colère.
Le président Franklin D. Roosevelt, le général Eisenhower et Winston Churchill pensaient que les nazis survivants devaient être fusillés sans procès. Roosevelt a ri au sujet de liquider 50 000 officiers militaires allemands. Eisenhower a déclaré à lord Halifax que les dirigeants nazis devaient être fusillés en essayant de s’échapper, l’euphémisme commun pour le meurtre. Les Russes ont parlé de castrer les Allemands et de mettre enceintes les femmes allemandes pour annihiler la race allemande. Le secrétaire américain au Trésor Henry Morgenthau voulait réduire l’Allemagne à une société agraire et envoyer des Allemands valides en Afrique en tant qu’esclaves pour travailler sur « un grand projet d’infrastructures ».
Robert Jackson a vu dans ces intentions non seulement une criminalité de classe parmi les dirigeants alliés, mais aussi une occasion manquée de créer un principe juridique qui criminaliserait la guerre, éliminant ainsi la catastrophe de la guerre dans l’histoire future. Le but de Jackson était certes admirable, mais les moyens nécessitaient de contourner les principes juridiques anglo-américains.
Jackson a eu sa chance, peut-être parce que Joseph Staline a mis son veto à l’exécution sans procès. D’abord un faux procès, a déclaré Staline, pour démontrer leur culpabilité, de sorte de ne pas faire de ces nazis des martyrs.
Comment a été choisie la liste des 21 ou 22 personnes à accuser ? Eh bien, ceux que les alliés avaient sous les verrous ! Pas tous ceux qu’ils souhaitaient. Ils avaient le Reichsmarschall Herman Göring qui dirigeait l’armée de l’air. Quelles que soient les accusations valables contre Göring, elles n’ont pas été considérées comme atténuées par le fait que sous Göring, la force aérienne allemande a principalement été utilisée contre des formations ennemies sur le champ de bataille et non, comme les forces aériennes américaines et britanniques, dans des bombardements massifs pour terroriser les habitants de villes civiles comme Dresde, Tokyo, Hiroshima et Nagasaki, ou par le fait que, dans les derniers jours d’Hitler, ce dernier a retiré à Göring toutes ses responsabilités, l’a expulsé du parti et a ordonné son arrestation.
Les procès de Nuremberg sont paradoxaux du fait que la loi que Jackson avait l’intention d’établir devait s’appliquer à tous les pays et non à l’Allemagne seule. La loi ex post facto en vertu de laquelle les Allemands ont été condamnés à mort et à la prison a également criminalisé les bombardements massifs des villes allemandes et japonaises par les forces aériennes britanniques et américaines. Pourtant, la loi n’a été appliquée qu’aux Allemands dans le box des accusés. Dans son livre, Apocalypse 1945 : The Destruction of Dresden (1995), Irving cite la dissidence du général américain George C. McDonald concernant la directive visant à bombarder des villes civiles comme Dresde. Le général McDonald a qualifié la directive d’« extermination des populations et de destruction de villes » de crime de guerre selon les normes de Nuremberg.
Ils avaient le ministre des Affaires étrangères Ribbentrop. Ils avaient les maréchaux Keitel et Jodl et les amiraux Raeder et Dönitz. Ils avaient un banquier allemand, Hjalmar Schacht, qui a été sauvé de sa peine par l’intervention de la Banque d’Angleterre. Ils avaient un journaliste. Ils avaient Rudolf Hess qui était dans une prison britannique depuis 1941 lorsqu’il est allé en Grande-Bretagne lors d’une mission de paix pour mettre fin à la guerre. Ils voulaient un industriel, mais Krupp était trop vieux et malade. Il manquait l’incarnation du diable. Vous pouvez lire la liste dans le livre d’Irving.
Göring savait dès le début que le procès était un canular [Fake Justice ?, NdT] et que sa peine de mort avait déjà été décidée. Il a eu les moyens (une capsule de poison) tout au long de son emprisonnement de se suicider, privant ainsi ses ravisseurs de leur humiliation planifiée. Au lieu de cela, il a gardé les accusés Allemands ensemble, et ils se sont tenus debout. Possédant un QI élevé, il a de temps en temps fait passer ses ravisseurs pour des imbéciles. Il s’est tellement moqué de Robert Jackson lors de son procès que toute la cour a éclaté de rire. Jackson n’a jamais avalé le fait d’être ridiculisé dans la salle d’audience par Göring.
Et Göring ne s’est pas contenté de faire passer ses ravisseurs pour des gens stupides et incompétents. Lui, les généraux et les amiraux ont demandé une exécution militaire en bonne et du forme, mais par mesquinerie, le Tribunal voulait les voir pendus. Göring a dit à ses ravisseurs qu’il leur permettrait de le fusiller, mais qu’ils ne le pendraient pas, et quelques minutes avant qu’il ne fût mis sur la potence devant la presse assemblée et les caméras, il a pris la capsule de poison, en bousculant le spectacle de propagande de son exécution. À ce préjudice, il en a ajouté un autre en laissant au commandant de la prison, le colonel Andrus, une note lui disant qu’il avait eu trois gélules. Une qu’il a laissée aux Américains pour qu’ils la trouvent, pour leur permettre de réfléchir que son moyen de leur échapper leur était passé sous le nez. Une qu’il avait prise quelques minutes avant le spectacle de son exécution et il a décrit où trouver la troisième. Il avait facilement contourné les inspections régulières et approfondies qui lui avaient été infligées par crainte de son suicide et du fait qu’il échappe à l’usage prévu par la propagande de son exécution.
Il y a eu un temps dans la loi anglo-américaine où les irrégularités des procès de Nuremberg auraient entraîné le renvoi des juges et la libération des accusés. Même en vertu de la loi ex post facto et des termes extrajudiciaires et extra-légaux en vertu desquels les accusés ont été jugés, au moins deux des personnes condamnées méritaient d’être libérées.
Il n’est pas clair pourquoi l’amiral Donitz a été condamné à dix ans de prison. Le principal juge américain du Tribunal, Francis Biddle, a déclaré : « C’est, à mon avis, une offense à notre concept de justice de punir un homme qui a fait exactement ce que l’on a fait soi-même. Les Allemands ont fait une guerre beaucoup plus propre sur mer que nous. »
Jodl, qui a annulé plusieurs ordres nazis, a été condamné à mort. L’injustice de la sentence a été précisée par une cour allemande en 1953 qui a permis de laver Jodl de toutes les accusations de Nuremberg et de le réhabiliter à titre posthume. La justice française du Tribunal de Nuremberg a déclaré à l’époque que la condamnation de Jodl était sans fondement et constituait une erreur judiciaire.
Toute la procédure de Nuremberg pue le scandale. Les mis en examen ont été accusés d’agression pour l’invasion allemande de la Norvège. Le fait qui a été exclu du procès est que les Britanniques allaient envahir la Norvège eux-mêmes et que les Allemands, plus efficaces, l’ont appris et ont réussi à l’envahir en premier.
Les accusés ont été reconnus coupables d’utiliser le travail d’esclaves, ce qui est paradoxal en raison de la propre pratique des Soviétiques. En outre, alors que le procès était en cours, les Soviétiques ont apparemment rassemblé des Allemands valides pour servir d’esclaves pour reconstruire leur économie dévastée par la guerre.
Les accusés ont été reconnus coupables d’exécutions de masse malgré le fait que les Russes [soviétiques, NdT], qui faisaient partie de l’accusation et des juges, avaient exécuté 15 000 ou 20 000 officiers polonais et les avaient enterrés dans une fosse commune. En effet, les Russes [soviétiques, NdT] ont insisté pour blâmer les Allemands lors du procès pour ce massacre de la forêt de Katyn.
Les accusés ont été reconnus coupables d’agression contre la Pologne, alors que Ribbentrop n’a pas été autorisé à mentionner dans sa défense le Pacte Molotov-Ribbentrop qui divisait la Pologne entre l’Allemagne et l’Union soviétique, sans laquelle l’Allemagne n’aurait pas pu attaquer la Pologne. Le fait est que les Soviétiques, qui étaient juges à Nuremberg contre les Allemands, avaient eux-mêmes envahi la Pologne.
De plus, sans la « garantie » britannique bon marché faite à la Pologne, la dictature militaire polonaise aurait probablement accepté de rendre des territoires dépouillés à l’Allemagne par le traité de Versailles et l’invasion aurait pu être évitée.
La plus grande hypocrisie a été la charge de l’agression contre l’Allemagne alors que les faits indiquent que la Seconde Guerre mondiale a commencé lorsque les Britanniques et les Français ont déclaré la guerre à l’Allemagne. L’Allemagne a conquis la France et a viré les Britanniques hors du continent européen après que les Britanniques et les Français eurent commencé la guerre avec une déclaration de guerre contre l’Allemagne.
Le livre d’Irving est évidemment politiquement incorrect. Cependant, il énumère dans l’introduction les sources volumineuses sur lesquelles s’appuient l’ouvrage : les documents officiels de Robert Jackson et l’histoire orale, les document et les journaux privés de Francis Biddle, les journaux du colonel Andrus, de l’Amiral Raeder, de Rudolf Hess, les interrogatoires des prisonniers, les entretiens avec les avocats de la défense, les procureurs, les interrogateurs et les lettres des prisonniers à leurs épouses. Tout cela et plus, Irving l’a mis à disposition des microfilms pour les chercheurs. Il a comparé les copies des bandes magnétiques des enregistrements originaux du procès avec les transcriptions mimeographiées et les transcriptions publiées pour s’assurer que les mots dits et ceux publiés étaient les mêmes.
Ce que Irving fait dans son livre c’est de rapporter l’histoire que les documents racontent. Cette histoire diffère de la propagande patriotique écrite par les historiens de cours dont nous sommes tous imprégnés. La question se pose : Irving est-il pro-vérité ou pro-nazi ? Le gouvernement national-socialiste d’Allemagne est le gouvernement le plus diabolique de l’histoire. Toute diminution de la diabolisation est inacceptable, donc Irving est vulnérable à la diabolisation par ceux qui sont déterminés à protéger leurs croyances chéries.
Les sionistes ont marqué Irving du saut de « négationiste de l’holocause », et il a été reconnu coupable d’une telle accusation par un tribunal autrichien et a passé 14 mois en prison avant que la condamnation ne soit cassée par un tribunal supérieur.
Dans son livre Nuremberg, Irving supprime diverses légendes de propagande de l’histoire de l’holocauste et rapporte des constatations de sources autorisées que beaucoup des décès dans les camps de concentration proviennent du typhus et de la famine, surtout dans les derniers jours de la guerre, lorsque les aliments et les médicaments ont disparu d’Allemagne, mais nulle part dans le livre il ne nie qu’en effet, dit-il, un grand nombre de Juifs ont péri. Comme je comprends ce terme, une simple modification véridique d’un élément de l’histoire officielle de l’holocauste est suffisante pour marquer une personne comme négationniste de l’holocauste.
Mon intérêt pour le livre et celui pour Robert Jackson. Il avait une noble cause – celle de proscrire la guerre – mais en poursuivant ce but, il a établi des précédents pour les procureurs américains pour faire de la loi une arme dans la poursuite de leurs nobles causes, tout comme cela a été utilisé contre les Nazis – condamnations de crime organisé, abus contre des enfants, trafic de drogue, terrorisme. La mise en accusation de Jackson contre les nazis à Nuremberg a miné les contraintes imposées aux avocats des États-Unis, de sorte que les Américains n’ont pas plus de protection de la loi maintenant que les accusés à Nuremberg.
Mise à jour 12 août 2017 : Voici le récit de David Irving de son arrestation, de son procès et de son emprisonnement en Autriche. Sa condamnation a été cassée par une cour supérieure, et il a été libéré.
http://www.fpp.co.uk/books/Banged/up.pdf
Paul Craig Roberts
Note du Saker Francophone Les répercussions dévastatrices de ce procès sont encore à venir. Que va-t-il se passer si ce procès est attaqué et cassé en droit si ce dernier est un jour rétabli ? Ce genre de déni de justice est du pain bénit pour alimenter toutes sortes de fantasmes des deux côtés et renforce paradoxalement ceux qui tentent de réhabiliter des personnages marqués d'infamies à juste titre et surtout si on considère qu'au moment du procès, des Allemands seront « invités » aux USA, et que certains avaient sûrement un passé nazi. Faire la part des choses ne veut pas dire laver des responsabilités. Mais la justice n'est pas la morale et ce procureur aurait du s'en souvenir. Quelles sortes de mensonges se cachent donc derrière ce procès truqué, quelles autres responsabilités y compris du côté allié ? Les lois mémorielles, certes efficaces politiquement à court terme pour faire taire opposants et historiens, sont encore une très mauvaise réponse, laissant une grenade dégoupillée pour les générations futures. L'autre point étonnant est de découvrir que PCR ne connaissait pas, ou feint de ne pas connaître, même de loin, les dessous du procès alors que c'est un des sujets qui remonte vite quand on commence à creuser un peu l'Histoire, comme les dessous de la Révolution française, le financement de la montée du nazisme en Allemagne... Ça en dit long sur le formatage des esprits aux USA et l'inculture des élites américaines que PCR ne le découvre que maintenant alors que ce livre date de 1996 et qu'il y a beaucoup d'autres sources d'informations. Au fur et à mesure que les psychologies s'effondrent aux USA et en Occident en général, l'Histoire cachée sous le tapis va ressortir telle un GOLEM, rallumant des passions mal éteintes.
Traduit par Hervé, vérifié par Wayan, relu par Cat pour le Saker Francophone
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