Traînassant vers le dénouement du Russiagate


Par James Howard Kunstler − Le 1er mai 2020 − Source kunstler.com

James Howard KunstlerLes habitants de cette terre ont suffisamment de soucis à l’esprit – concernant leurs moyens de subsistance, carrières, entreprises, mariages, espoirs et rêves qui ce déversent dans l’égout de la nouvelle dépression sur Instagram – mais espérons qu’il leur reste juste un peu d’attention pour le dénouement tourbillonnant de l’odieuse affaire du RussiaGate, qui met en lambeaux les défenses de l’État Profond voyou, après des années de tromperie, de trahison et de dépravation juridique. Le début de la fin est à portée de main dans la poursuite malveillante du général Michael Flynn, et, comme le Russiagate a été révélé pour le complot criminel qu’il est, tous les autres fils de cette vaste tapisserie de sédition se défont.

Mais pourquoi est-ce encore important, me direz-vous ? Eh bien, parce que tous nos problèmes actuels sont principalement dus à l‘omniprésence de la culture de la malhonnêteté, dans laquelle l’Amérique s’est repliée, pour éviter les mandats et les rigueurs de la réalité au 21e siècle. Cette culture a opéré dans tous les domaines de notre vie nationale, du racket de la médecine aux universités, en passant par l’insouciance avec laquelle nous avons joué avec notre dette nationale, la formidable guerre politique intestine, les guerres extérieures futiles que nous avons poursuivies, le conflit idiot entre les sexes et l’agitation raciale, et, encore plus flamboyante, l’anarchie autour de la CIA, du FBI et du Département de la Justice (DOJ) pendant, et après, les élections de 2016. C’était la culture du n’importe quoi dans laquelle rien ne compte. Elle doit cesser si nous espérons continuer en tant que nation crédible.

Le général Flynn, à son poste de chef de la Defense Intelligence Agency, avait irrité l’administration Obama. Il était en désaccord avec beaucoup de choses qui se passaient autour de lui et il l’a dit, en particulier l’accord nucléaire avec l’Iran qui était en train de partir en quenouille. M. Obama a gardé le général Flynn en 2014. Par la suite, le chef de la CIA John Brennan et celui de la Direction nationale du renseignement, James Clapper l’ont mis sous surveillance et ont joué au chat et à la souris avec lui, en utilisant certains des mêmes personnages louches – Stefan Halper, Richard Dearlove – qui se sont dévoilés plus tard comme des acteurs du RussiaGate.

Au début de 2016, le général Flynn a rejoint la campagne Trump en tant que conseiller aux affaires étrangères et, cet été-là, a fait l’erreur d’orchester le slogan «En prison !» contre Hillary, scandé par une foule délirante à la Convention républicaine. Peut-être qu’il savait une chose ou deux sur les activités de la Fondation Clinton. Peut-être qu’il savait aussi ce que faisait Jeffrey Epstein. Ensuite, M. Trump a choqué le monde et a remporté les élections. Le général Flynn fut bientôt nommé nouveau conseiller à la sécurité nationale. On peut imaginer l’angoisse suinter dans un État Profond contrôlé par les Démocrates sur le point de céder le pouvoir à leurs ennemis. Les sonneries d’alarme qui se sont déclenchées dans le vaste réseau souterrain du renseignement aux États-Unis ont dû être assourdissantes.

En panique, la communauté du renseignement a lancé une suite d’opérations pour se débarrasser de Flynn et de Trump. Le 29 décembre, à la fin de la transition du pouvoir, le président Obama a allumé une fusée diplomatique en confisquant des propriétés de retraite dans le Maryland et Long Island appartenant à l’ambassade de Russie et en expulsant 35 employés de l’ambassade, soi-disant comme un retour sur investissement pour la Russie qui a “perturbé l’élection de 2016”. Cela a provoqué un entretien entre le nouveau conseiller à la sécurité nationale Flynn et l’ambassadeur russe Sergey Kislyak. Cela a poussé le FBI à piéger le général Flynn. Les médias ont joué avec le mensonge absurde que les hauts responsables américains ne devraient pas communiquer avec les diplomates en poste aux États-Unis. L’entretien à ce sujet entre Flynn et les officiers du FBI Peter Strzok et Joseph Pientka – dans le style plus que louche de “Avoue, on t’a bien eu” – a été disséqué à mort, donc je vous épargnerai cela, sauf pour dire qu’il a évidemment été réalisé en toute mauvaise foi.

L’affaire judiciaire pour tout cela a traîné pendant plus de trois ans, bien que n’importe qui puisse voir dès le départ qu’il s’agissait d’une poursuite malveillante. J’ai dit ça plus d’une fois dans ce blog depuis des années. Le juge Emmet Sullivan, qui présidait, a ignoré la faute flagrante des procureurs du Département de la justice (DOJ), dirigés par Brandon Van Grack. Le directeur du FBI, Christopher Wray, a caché, pendant trois ans, des preuves à décharge de l’inconduite du FBI et du DOJ, qui favorisaient le général Flynn. Les précédents avocats du général Flynn, appartenant au cabinet d’avocats de Washington DC, Covington and Burling – dans lequel le procureur général de M. Obama, Eric Holder, est associé, défendaient mal le général Flynn, et l’ont fait apparemment exprès. Malgré tout cela, l’affaire est en train de s’effondrer grâce à la diligence du nouvel avocat du général Flynn, Sidney Powell, qui met en pièces les conneries du gouvernement comme un sabre de samouraï à travers du tofu.

L’affaire évolue maintenant rapidement vers un point culminant, peut-être en raison de la nomination par William Barr du procureur fédéral du Missouri, Jeffrey Jensen, pour examiner l’affaire. Quelqu’un, peut-être le nouveau directeur par intérim du renseignement national, Richard Grenell, a arraché aux mains moites du directeur du FBI, Wray, des ballots de documents précédemment cachés. Ils apportent une preuve évidente d’un stratagème illégal visant à faire passer en force la condamnation de Flynn. Si le juge Sullivan ne rejette pas l’affaire dans deux semaines, il passera pour un imbécile et une canaille. Il se soucie probablement de sa réputation. Toute lecture impartiale de cette affaire amènerait, au minimum, ce juge à assigner les avocats du DOJ pour outrage à magistrat.

La question se pose : pourquoi le procureur général Barr a-t-il permis que cela dure aussi longtemps ? Je crois qu’il pense que la meilleure solution serait que le juge Sullivan soit contraint par le poids de la preuve de faire son devoir et de rejeter l’affaire contre le général Flynn. Après tout, l’objectif est de rétablir la primauté du droit, ce qui implique de faire fonctionner les tribunaux fédéraux de façon honnête et équitable. Si M. Barr prenait la mesure extraordinaire d’intervenir, cela signifierait qu’on ne peut pas faire confiance à la Cour, et cela ne rétablirait pas l’état de droit. Il en va de même pour une grâce présidentielle.

En arrière-plan se profile l’avocat fédéral John Durham, qui travaille depuis un an sur la trame des comportements suspects autour de tous les aspects du canular du RussiaGate, le plus grand scandale de l’histoire des États-Unis. M. Barr a été accusé d’avoir permis à plusieurs hauts responsables du DOJ de rester dans leur fonction pendant tout ce temps, y compris le directeur du FBI, Wray, malgré la disgrâce que leur apportent les révélations au goutte à goutte de leurs méfaits. Je pense que M. Barr et M. Trump ont résisté à la tentation d’intervenir afin, d’abord  de mettre à l’écart les collaborateurs malveillants du RussiaGate au Congrès et dans les médias, et ensuite pour des raisons similaires au processus impliquant le général Flynn, évoqué précédemment : rétablir le fonctionnement ​​régulier de la justice et la foi dans le système.

Le RussiaGate, et tous ses méfaits collatéraux, équivalaient à une conspiration séditieuse de plusieurs agences gouvernementales contre le Chef de l’exécutif. C’était explicitement un effort pour renverser un président par des moyens illégitimes. La conspiration s’est étendue aux membres du Congrès, qui n’ont pas le privilège de l’immunité contre les crimes graves, soit dit en passant. La liste partielle des représentants du gouvernement, actuels ou anciens, susceptibles d’être poursuivis dans ces affaires devrait comprendre Barack Obama, Susan Rice, John Brennan, James Clapper, James Comey, Andrew McCabe, Rod Rosenstein, John Carlin, Mary McCord, Michael Atkinson, James Baker (DOJ), James Baker (DOD), Loretta Lynch, Sally Yates, Dana Boente, Peter Strzok, Lisa Page, Joseph Pientka, William Priestap, Bruce Ohr, Kevin Clinesmith, Robert Mueller, Andrew Weissmann, Aaron Zebley, Jeannie Rhee, David Laufman, le sénateur Mark Warner, le sénateur Richard Burr, James Wolfe, le représentant Adam Schiff, Eric Ciaramella, le colonel Alexander Vindman. Les acteurs extérieurs au gouvernement comprennent Glenn Simpson, Nellie Ohr, Christopher Steele, Stefan Halper, Sidney Blumenthal, Cody Shearer, David Kramer. Les personnalités médiatiques suivantes pourraient être nommées co-conspiratrices non inculpées : Dean Baquet, Martin Baron, Jeff Zucker, Andrew Lack, Rachel Maddow, Lawrence O’Donnell, Chris Cuomo, Joe Scarborough, David Corn, David Ignatius et Ari Melber.

Remarque : Le New York Times n’a pas couvert les développements de cette semaine dans l’affaire du général Michael Flynn. Ainsi, il n’y a aucune trace de cette injustice épique dans le journal de référence. Ce n’est donc plus le journal de référence.

Too much magic : L'Amérique désenchantéeJames Howard Kunstler

Pour lui, les choses sont claires, le monde actuel se termine et un nouveau arrive. Il ne dépend que de nous de le construire ou de le subir mais il faut d’abord faire notre deuil de ces pensées magiques qui font monter les statistiques jusqu’au ciel.

Traduit par jj, relu par Hervé pour le Saker Francophone

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