Par Amarynth – Le 28 juillet 2022 – Source The Saker Blog
L’actuelle guerre des mots concernant la visite annoncée de Nancy Pelosi à Taïwan atteint un seuil dangereux et menace de déborder sur une action militaire.
La Chine considère cette approche belliqueuse comme une menace pour sa politique déclarée d’un pays, deux systèmes, ainsi que pour le consensus de 1992. Les deux côtés du détroit de Taïwan sont parvenus en 1992 à un consensus selon lequel « les deux parties appartiennent à une seule Chine et travailleront ensemble à la réunification nationale ». Ce consensus définit la nature fondamentale de la relation entre les deux rives du détroit et jette les bases politiques de son développement.
Taïwan est utilisé comme un casus belli (un acte ou un événement qui provoque ou est utilisé pour justifier une guerre) de la même manière que l’Ukraine a été utilisée et est actuellement utilisée. Une guerre médiatique, une propagande énorme, voire brutale, à l’égard de leurs propres citoyens pour dépeindre l’ennemi comme le mal afin de justifier leurs propres actions, des accusations continuelles en utilisant la plate-forme des droits de l’homme ! Nous assistons à des accusations fantaisistes selon lesquelles les équipements Huawei installés au sommet de poteaux espionnent les États-Unis, la Chine infiltre l’administration fédérale américaine et, selon des déclarations et des documents professionnels, la Chine est le deuxième plus grand ennemi des États-Unis. Les dernières en date sont les menaces de tenter d’imposer des sanctions sur les fournitures de pétrole russe à la Chine.
La trajectoire est exactement la même vers la Chine, en utilisant Taïwan comme point sensible, que celle que nous avons observée pendant la période précédant l’OMS russe avec l’Ukraine comme point sensible. Il s’agit d’une :
provocation flagrante et intentionnelle et un déni total du droit international
Un autre point de convergence est que, tout en professant leur « soutien à Taïwan » (comme pour l’Ukraine), ils lui font en réalité du tort (comme pour l’Ukraine).
Voici un bref historique du dangereux brouhaha actuel :
- Nanci Pelosi a annoncé une visite à Taïwan en avril, et la Chine a dit NON ! Pelosi a attrapé le Covid.
- En mai, juin et juillet, les États-Unis ont annoncé une cinquième vente d’armes à Taïwan et la Chine a fortement insisté auprès des États-Unis pour qu’ils l’annulent. Il y a également eu un flot continu de dignitaires et d’ex-dignitaires américains, tels que Pompeo, visitant Taïwan à titre professionnel.
- Pelosi a annoncé une nouvelle visite à Taïwan en août,
Les Chinois ne se contentent pas de dire non, ils ont confié cette affaire à leurs militaires. Alors que c’est le porte-parole du ministère des affaires étrangères qui commentait, c’est maintenant le porte-parole de l’armée chinoise qui commente.
Notre armée ne restera pas les bras croisés si la présidente de la Chambre des représentants américaine Pelosi se rend à Taïwan, elle prendra des mesures décisives pour limiter l’ingérence étrangère – Ministère chinois de la Défense
La question de Taïwan est le plus important des intérêts fondamentaux de la Chine. La sauvegarde de la souveraineté nationale et de l’intégrité territoriale est une responsabilité qui incombe à chaque Chinois, et personne, aucune force ni aucun pays, ne devrait rêver de séparer Taïwan de la Chine – Wang Yi, secrétaire général et ministre des finances chinois.
- Aux dernières nouvelles, le président américain Biden et le président chinois Xi Jinping tiendront des discussions bilatérales aujourd’hui dans le cadre de cette crise, car les Chinois considèrent qu’il s’agit d’une attaque directe contre le principe « Un pays, deux systèmes », ainsi que le consensus de 1992 entre la Chine et Taïwan.
Si Pelosi tente de se rendre à Taïwan, les Chinois répondront militairement.
Invité à commenter un récent rapport du Financial Times qui suggérait que Pékin répondrait militairement si la présidente de la Chambre des représentants se rendait à Taïwan, le gouvernement chinois a confirmé que le contenu était vrai.
« Nous sommes sérieusement préparés », a déclaré le porte-parole du ministère des affaires étrangères, Zhao Lijian, à propos de l’article.
« Si la partie américaine est déterminée à suivre sa propre voie, la Chine prendra des mesures fortes pour y répondre et la contrecarrer résolument. Les États-Unis devraient être tenus responsables de toute conséquence grave », a ajouté le fonctionnaire.
Nous ne savons pas quel type de réponse militaire, mais pour le moment, le porte-avions américain USS Ronald Reagan et son groupe d’attaque, comprenant un destroyer à missiles guidés et un croiseur à missiles guidés, ont quitté Singapour lundi en direction du nord-est de la mer de Chine méridionale, selon les informations de suivi des navires fournies par le groupe de réflexion basé à Pékin, l’Initiative de sondage stratégique en mer de Chine méridionale. L’armée américaine n’a pas révélé sa destination finale, mais l’itinéraire choisi amènerait le groupe de porte-avions jusqu’au détroit de Taïwan s’il continue dans la même direction.
L’administration américaine craint que la Chine n’instaure une zone d’exclusion aérienne au-dessus de Taïwan avant une éventuelle visite de la présidente de la Chambre des représentants Nancy Pelosi sur l’île, afin de perturber les plans de la partie américaine – CNN
Ces provocations constituent une menace pour le monde entier, tout comme les provocations envers la Russie. Pourtant, les États-Unis et leurs acolytes n’ont pas réussi à renverser Hong Kong, ils n’ont pas réussi à créer un désastre économique au Xinjiang pour déstabiliser ce carrefour de la Nouvelle Route de la Soie, et ils ont échoué dans la région autonome du Tibet qui est maintenant une région prospère, sans pauvreté abjecte ni esclavage de serfs, et avec des mœurs religieuses et sociales protégées, ils ont échoué avec la guerre commerciale de Trump, et ils échoueront à Taïwan. Ils échouent en Amérique latine, ils échouent même au Panama pour sauvegarder leur « monde libre » démocratique néolibéral.
Alors qu’ils échouent partout, ils vivent dans une réalité virtuelle et croient le plus sérieusement du monde que le monde leur appartient.
« La Chine ne permettra pas de « prêches moralisateurs » ou d’intimidation de la part de forces étrangères, et quiconque essaiera « se retrouvera sur une trajectoire de collision avec un mur d’acier forgé par 1,4 milliard de personnes« . Xi Jinping.
Taïwan est une distraction et une tentative tardive et désespérée, mais dangereuse, d’obtenir une pertinence permanente de la part des États-Unis.
Caitlin Johnstone a résumé leur dilemme :
« Russie : Ne franchissez pas nos lignes rouges en Ukraine ou nous agirons. Les politiciens américains : Ils bluffent. Franchissez ces lignes rouges.
-> La Russie envahit
La Chine : Ne franchissez pas nos lignes rouges à Taïwan ou nous agirons. Les politiciens américains : Ils bluffent. Franchissez ces lignes rouges.
-> …
Nous attendons de voir le résultat et il s’agira de la réunification nationale de la Chine avec sa province récalcitrante aux conditions de la Chine, et non aux conditions imposées. Gardez à l’esprit que Taïwan n’est pas actuellement un candidat à l’indépendance. Le gouvernement actuel n’ose pas demander un référendum, car 75 % environ des Taïwanais voteront pour rester avec la Chine continentale.
Le China Daily rapporte : Pour la réunification nationale, nous sommes prêts à faire la guerre.
Voici quelques faits historiques réels, par Nathan Rich :
Enfin, la Russie et la Chine vont coordonner leurs actions. Aujourd’hui en Ouzbékistan :
Amarynth
Traduit par Hervé, relu par Wayan, pour le Saker Francophone