Par Moon of Alabama – Le 19 avril 2018.
Pourquoi la mission d’enquête (FFM) de l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques (OIAC) n’a-t-elle pas encore atteint la Douma ?
Les inspecteurs de l’OIAC sont retenus par le Département de la sûreté et de la sécurité des Nations Unies (UNDSS) qui a son mot à dire sur tout mouvement des organisations dépendantes de l’ONU dans les régions pouvant être dangereuses. L’UNDSS est dirigé par un officier de police et de renseignement australien. Le retard semble être intentionnel.
Le dimanche 8 avril, des vidéos ont été publiées d’une prétendue « attaque chimique » à Douma, une banlieue de Damas. À cette époque, la région était sous le contrôle de Jaish al-Islam, une organisation terroriste salafiste financée par l’Arabie Saoudite. Les différentes vidéos de supporters terroristes comme les Casques blancs n’étaient pas convaincantes. Elles montraient de toute évidence des scènes d’un prétendu « bombardement de barils » et des corps manipulés d’enfants morts qui avaient été déplacés et décorés avec de la mousse à raser pour correspondre superficiellement aux allégations d’une « attaque chimique ». Une autre vidéo montrait des personnes dans un hôpital arrosées d’eau, sans raison apparente.
Un média d’opposition souvent cité, Le Syrian Observatory, basé en Grande-Bretagne, a lui-même nié l’existence d’une attaque chimique. Le 8 avril, il n’a rapporté qu’une suffocation due à l’effondrement d’un abri à la suite d’un bombardement :
« Parmi les victimes, il y a eu 21 civils, dont 9 enfants et 3 femmes, tués à cause de suffocations causées par les violents bombardements qui ont détruit les sous-sols des maisons dans la région de la Douma, qui venaient de cesser une heure auparavant… »
L’« attaque chimique » n’a probablement jamais eu lieu. Elle s’est produite quelques jours à peine après que le président américain Trump a annoncé qu’il voulait que l’armée américaine quitte la Syrie. Un an plus tôt, un incident similaire s’est produit à la suite d’une annonce similaire faite par Trump. Les États-Unis ont réagi à l’incident de 2017 en bombardant un terrain d’aviation syrien vide.
Le lendemain de l’incident, les terroristes salafistes de Jaish al-Islam se sont rendus et ont quitté la région en vertu d’un accord de cessez-le-feu conclu avec l’aide de l’armée russe. L’accord de cessez-le-feu ne permet pas à l’armée syrienne d’entrer dans la zone, seule la police militaire russe est autorisée.
La police militaire russe est immédiatement entrée dans la zone et a enquêté sur la maison où des personnes auraient été tuées par des « armes chimiques ». Elle n’a trouvé aucune preuve qu’un tel événement ait eu lieu. Le gouvernement syrien a demandé à l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques (OIAC) d’enquêter sur cette affaire.
De nombreuses équipes de journalistes du monde entier ont depuis lors visité la zone où l’incident aurait eu lieu. Elles ont également visité l’hôpital de campagne montré dans l’une des vidéos de l’opposition. Les médecins de cet hôpital affirment qu’aucun de leurs patients n’a été touché par une attaque chimique. Les cas qu’ils ont examinés avaient des difficultés respiratoires causées par l’inhalation de poussière projetée par l’explosion de bombes ou de tirs d’artillerie. Les prétendues « victimes » qui apparaissent dans la vidéo de l’hôpital ont déclaré qu’elles avaient été payées.
Les partisans d’un changement de régime prétendent que les affirmations du personnel hospitalier travaillant à la Douma, désormais contrôlée par le gouvernement, sont des mensonges. Les médecins sont donc des menteurs, sauf ceux qui sont contrôlés par les djihadistes. Voir par exemple cet article de propagande de mauvaise qualité du Guardian : des médecins syriens « soumis à une intimidation extrême » après l’attaque de Douma, par Martin Chulov, de Beyrouth, et Kareem Shaheen, d’Istanbul.
L’article commence ainsi :
« Le chef du plus grand organisme de secours médical en Syrie affirme que les médecins qui ont participé aux soins après l’attaque chimique présumée à la Douma ont été soumis à une ‘extrême pression’ de la part de responsables syriens qui ont saisi des échantillons biologiques, les ont forcés à abandonner des patients et ont exigé leur silence. »
Maintenant, regardez l’image. Elle montre du personnel du Croissant-Rouge syrien. La légende est fausse. Il est écrit : « Des médecins emmènent un blessé à l’hôpital de Damas après que des roquettes ont été tirées sur la Douma le 7 avril ». L’image provient en réalité d’une série de photos publiées par l’agence de presse syrienne SANA.
La série présentée par SANA a pour titre : « Des blessés parmi les civils à cause d’attaques au mortier lancées par Jaish al-Islam sur Damas ».
L’attaque a été menée PAR des terroristes de la Douma contre des civils de Damas, et non pas contre la Douma, comme l’insinue le Guardian.
Le Croissant-Rouge syrien, fondé en 1942, compte 1 592 employés et quelque 6 000 volontaires. Il s’agit en effet de la « plus grande agence de secours médical en Syrie ». Mais cette organisation n’est pas celle que le Guardian décrit et cite :
« Le Dr Ghanem Tayara, directeur de l’Union of Medical Care and Relief Organisations (UOSSM), a déclaré que les médecins chargés de traiter les patients dans les heures qui ont suivi l’attentat du 7 avril ont été informés que leurs familles seront en danger s’ils offrent des témoignages publics sur ce qui s’est passé. »
L’Union of Medical Care and Relief Organizations a été fondée en 2012, est basée à Reyhanli, en Turquie, et prétend avoir 600 employés. Elle est formée de la Syrian American Medial Society (SAMS), qui est financée par le faux nez de la CIA, l’USAID, et fait partie de ceux qui veulent un changement de régime en Syrie, de la British-Syrian Medical Society qui ne travaille que dans les zones tenues par les rebelles, ainsi que de boîtes postales britanniques et américaines pour collecter les dons. On dit que SAMS et UOSSM seraient des organismes associés aux Frères musulmans.
Le Guardian montre donc une image du Croissant-Rouge syrien dans le contexte de revendications ridicules faites par une organisation partisane des djihadistes. Le Croissant-Rouge syrien n’a aucun lien avec cette organisation. L’UOSSM est présentée, à tort, comme la plus grande organisation de secours en Syrie. Ses affirmations sont répétées sans aucune remise en question par des « journalistes » du Guardian, basés en Turquie et au Liban, pour contrer les interviews et les observations faites par de vrais journalistes, présents sur place, à la Douma. L’article et la manière dont il est présenté montre le fond atteint par un journal autrefois raisonnable. Jonathan Cook a d’autres choses à dire à propos de cet article du Guardian.
Le vendredi 13 avril, la mission d’enquête de l’OIAC est arrivée à Damas. Samedi, la France, le Royaume-Uni et les États-Unis (FUKUS) ont bombardé un centre de recherche agricole et médicale à Damas ainsi que deux dépôts de l’armée syrienne. L’attaque a raté ses autres cibles, un échec que l’armée américaine tente de dissimuler. L’attaque a eu lieu malgré les doutes du Pentagone et d’autres personnes sur ce qui s’est réellement passé. Des généraux militaires britanniques de haut rang ont publiquement mis en doute les allégations d’une « attaque chimique » syrienne.
La banlieue où l’incident présumé s’est produit n’est qu’à quelques kilomètres du centre de Damas. Les journalistes et les équipes de tournage se promènent partout sans aucune protection et interviewent librement le personnel hospitalier. L’OIAC n’a pas encore atteint la région. Elle prétend que sa sécurité est insuffisante.
Comme d’autres organisations affiliées aux Nations unies, l’OIAC compte sur le Département de la sûreté et de la sécurité des Nations unies (UNDSS) pour sa protection.
Hier, Le directeur général de l’OIAC, Ahmet Üzümcü, un diplomate de carrière turc, ancien représentant permanent turc à l’OTAN, a fait cette déclaration :
« Le 16 avril, nous avons reçu confirmation de l’Autorité nationale de la République arabe syrienne que, conformément aux accords conclus pour permettre l’évacuation de la population de Ghouta, les militaires syriens n’ont pas pu entrer à Douma. La sécurité des sites où la FFM prévoit de se déployer est sous le contrôle de la police militaire russe. Le Département de la sûreté et de la sécurité de l’ONU a pris les dispositions nécessaires avec les autorités syriennes pour escorter l’équipe jusqu’à un certain point, puis pour que l’escorte soit prise en charge par la police militaire russe. Cependant, l’UNDSS a préféré effectuer d’abord une visite de reconnaissance sur les sites, visite qui a eu lieu hier. Les membres de l’équipe de la FFM n’ont pas participé à cette visite.
À l’arrivée sur le site 1, une grande foule s’est rassemblée et l’UNDSS a conseillé à l’équipe de reconnaissance de se retirer. Sur le site 2, l’équipe a essuyé des tirs d’armes légères et un explosif a explosé. L’équipe de reconnaissance est donc retournée à Damas. »
Note : Seulement 10% environ de la population de la région de la Ghouta, à laquelle appartient la Douma, des terroristes et membres de leurs familles, ont été évacués. D’autres personnes sont restées ou sont retournées dans les zones maintenant libérées.
Aucune autre organisation n’a fait état de tirs ou d’explosions récents à la Douma.
Même le New York Times, défenseur acharné de l’« opposition » syrienne, s’interroge sur cette histoire mais ne se donne pas la peine de répondre à la question :
« Le fait que des journalistes aient pu se promener à Douma sans être maltraités soulève des questions sur les raisons pour lesquelles on a jugé que les enquêteurs ne pouvaient pas se rendre à la Douma en toute sécurité. »
Pourquoi des coups de feu ont-ils été tirés sur l’équipe de sécurité de l’ONU, mais pas sur d’autres personnes en déplacement dans la région ?
Si, comme le prétendent les partisans des terroristes, du chlore a été utilisé dans l’« attaque chimique » il est peu probable que les enquêteurs de l’OSCE en trouvent des preuves matérielles. Le chlore se dissipe et ne laisse aucune trace spécifique dans le cadavre. Par contre, des discussions avec des témoins locaux pourraient être utiles.
On a l’impression que certains cercles craignent que l’OIAC puisse atteindre la zone, parler à des témoins et confirmer les affirmations des médecins de l’hôpital ainsi que de nombreux journalistes qui disent qu’il n’y a pas eu d’« attaque chimique ». Cela montrerait que l’attaque contre la Syrie n’est qu’un crime de guerre brutal et injustifié.
Le chef de l’UNDSS est un commandant de police australien :
Drennan, qui occupe depuis 2009 le poste de sous-commissaire à la sécurité nationale au sein de la Police fédérale australienne, apporte sa vaste expérience dans le maintien de l’ordre et l’application de la loi aux niveaux communautaire, national et international.
Serait-il possible qu’un distingué commandant de police australien retarde ou empêche l’enquête de l’OIAC pour protéger des alliés britanniques et américains ?
Moon of Alabama
Traduit par Wayan, relu par Cat pour le Saker Francophone.
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