Syrie – L’énorme propagande en faveur d’al-Qaïda annonce le succès de l’armée syrienne


Moon of Alabama

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Par Moon of Alabama – Le 13 janvier 2018

Le succès des opérations en cours du gouvernement syrien contre al-Qaïda dans le gouvernorat d’Idleb peut être mesuré par le volume de la propagande américaine contre elles. On a assisté à la même opération lorsqu’Alep a été libérée du contrôle d’al-Qaïda. Il y a clairement des médias, des organisations (non) gouvernementales et des politiciens américains pour préférer le régime takfiri d’al-Qaïda en Syrie au contrôle du gouvernement laïque légitime.

Selon les différents courants de cette propagande, à Idleb il y aurait plein d’hôpitaux, de boulangeries et de petits enfants bombardés par les méchants Iraniens et Russes, mais aucun combattant takfiri en vue.

Amnesty International, dont on connait la célèbre supplique : « OTAN, NE LAISSE PAS LE PROGRÈS S’ARRÊTER » en Afghanistan, est de nouveau aux avant-postes :

Amnesty International @amnesty – 15h41 – 12 jan 2018

« Nous sommes révoltés par les attaques contre des civils dans le gouvernorat d’Idleb qui accueille des milliers de personnes déplacées à l’intérieur du pays. Ils n’ont plus nulle part où aller. »

Le tweet est illustré par une photo des mercenaires secouristes d’al-Qaïda, les Casques Blancs, payés par les Britanniques et d’autres gouvernements et encensés par les reportages de propagande des médias britanniques.

L’éternel leader surpayé (plus de 450 000 dollars par an) de Human Rights Watch, Ken Roth, ajoute son grain de sel :

Kenneth Roth @KenRoth – 23:47 – 12 jan 2018

« Poutine–Assad a trompé le grand négociateur Trump en lui faisant croire que la ‘zone de désescalade’ syrienne signifierait un arrêt des attaques contre les civils plutôt qu’une simple accalmie permettant de se regrouper. »

Roth cite un éditorial du Washington Post qui trouve que lutter contre al-Qaïda à Idleb n’est pas dans l’intérêt des États-Unis:

« [Le personnel de Trump] minimise les combats d’Idleb parce que la région est dominée par des groupes rebelles liés à al-Qaïda. (…)

Alors que des groupes extrémistes contrôlent une grande partie d’Idleb, la Turquie affirme que des unités modérées de l’armée syrienne libre (ASL) sont impliquées dans les combats – une affirmation que nous avons également entendue dans la bouche de plusieurs dirigeants de l’ASL en visite à Washington. (…)

Si l’offensive est couronnée de succès, non seulement la Russie mais aussi l’Iran, l’allié le plus proche du régime d’Assad, s’enracineront en Syrie.

Bref, en Syrie, les États-Unis risquent – encore une fois –  de perdre, et la Russie de gagner. »

Le chef du bureau de poste de Washington Post à Beyrouth ajoute sa pierre à l’édifice en qualifiant un propagandiste du culte de la mort d’al-Qaïda à Idleb de « courageux journaliste » :

Liz Sly @LizSly – 21h06 – 11 jan 2018

« Ce journaliste syrien, debout dans un champ alors que les bombes explosent tout autour de lui, a beaucoup de chance d’être en vie. Pas de gilet pare-balles ni de casque. Sa voix couvre difficilement le bruit des explosions. Lui et ses collègues sont très courageux. »

Les rédacteurs néoconservateurs de WaPo tiennent leurs idées du célèbre organe de propagande, the Institute for the study of war (Institut pour l’étude de la guerre). Lorsque les zones de désescalade ont été introduites en Syrie suite à des négociations entre la Russie, l’Iran, la Turquie et les États-Unis, al-Qaïda et État islamique en ont été exclus. Associated Press a écrit à l’époque :

« L’accord appelle également à la poursuite de la lutte contre EI et l’ancien affilié d’al-Qaida, le Front Fateh Al-Sham. »

Al-Qaida s’est opposé à tout accord de désescalade et a juré de poursuivre les combats.

L’Institut pour l’étude de la guerre l’a reconnu à l’époque, et a souligné qu’al-Qaïda constituait un véritable danger pour l’accord :

« L’accord de cessez-le-feu donnera à al-Qaïda le temps et l’espace nécessaires pour renforcer son réseau au sein de l’opposition, notamment par le biais de structures locales de gouvernance et de sécurité. (…)

Les rebelles syriens sont contrariés par la demande américaine d’abandonner la lutte contre le président Assad et par la diminution du soutien des États-Unis aux rebelles. Al-Qaïda va exploiter ce mécontentement et tenter de combler le vide. Al-Qaïda va tenter de détruire l’accord, mais il le fera au meilleur moment pour lui. »

Le fait qu’al-Qaïda soit la principale force régnante et combattante à Idleb, qu’il ait été exclu de l’accord de désescalade et qu’il tente de le faire éclater est désormais commodément oublié. Dans ses écrits les plus récents, l’Institut prétend même que les attaques contre al-Qaïda violent l’accord de désescalade :

« La Russie, l’Iran et le régime du président syrien Bachar al-Assad ont lancé une opération conjointe dans le nord-ouest de la Syrie contre la forteresse d’al-Qaïda dans la province d’Idleb en novembre 2017. (…)

L’offensive de la coalition pro-régime viole la zone de ‘désescalade’ dans la province d’Idleb. »

C’est un pur mensonge. Les diverses résolutions du Conseil de sécurité des Nations-Unies sur la Syrie appellent à  « éradiquer les lieux de refuge que [al-Qaïda et EI] se sont créés sur des pans importants de la Syrie ». Mais l’Institut pense maintenant que la lutte contre al-Qaïda n’est pas dans l’intérêt des États-Unis :

Une campagne pro-régime pour s’emparer de la province d’Idleb n’est pas dans l’intérêt des États-Unis. L’extension du contrôle d’Assad a pour corollaire une extension de l’empreinte et de l’influence militaires iraniennes en Syrie. (…)

Rien de ce qui va résulter de l’action de la Turquie et de la Russie ne sera dans l’intérêt des États-Unis. Ils devraient aider la Turquie à bloquer les opérations pro-régime qui vont provoquer une nouvelle catastrophe humanitaire. Les États-Unis doivent toutefois se tenir à l’écart du jeu diplomatique russe ou des relations de la Turquie avec al-Qaïda. Les États-Unis doivent au contraire conserver leur liberté d’action et résister à la tentation d’externaliser les impératifs américains de sécurité nationale à des acteurs régionaux déjà en guerre en Syrie.

Qu’est-ce que ça veut dire concrètement ? Qu’est-ce que l’Institut ou les rédacteurs du Washington Post aimeraient voir se produire ? Une attaque de la Turquie contre les forces syriennes et russes en Syrie pour les empêcher d’attaquer al-Qaïda ? L’occupation d’Idleb tenue par al-Qaïda par les forces américaines contre la volonté de la Syrie, la Turquie, l’Iran et la Russie ? Et comment cela pourrait-il se faire ?

Ni l’Institut ni le Washington Post ne donnent de conseils pratiques. Amnesty International et Human Rights Watch n’avancent aucune proposition concrète pour résoudre ce problème. Ils semblent préférer que les civils vivant à Idleb restent sous le joug mortel de fanatiques religieux dont l’idéal de « femmes libérées » (vidéo) prend la forme de tentes noires qui marchent.

Heureusement, une action militaire à plus grande échelle contre la Syrie par la Turquie ou les États-Unis est désormais improbable. La libération meurtrière du gouvernorat d’Idleb d’al-Qaïda va se poursuivre. La vague de propagande qui se déchaîne contre elle laisse penser qu’elle sera couronnée de succès. Cela rend encore moins compréhensible la raison pour laquelle les organes mentionnés ci-dessus s’entêtent dans leurs efforts pour la contrer. Je repose la question : qu’est-ce qu’ils veulent au juste ?

Traduction : Dominique Muselet

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