Si les Etats Unis n’ont plus besoin du pétrole arabe pourquoi Trump continue-t-il à les supporter ?


2015-05-21_11h17_05Par Moon of Alabama – Le 28 novembre 2018

Que font les troupes américaines au Moyen-Orient ?

Dans une interview accordée au Washington Post, le président américain Donald Trump donne une réponse :

Trump a également lancé l’idée de retirer les troupes américaines du Moyen-Orient, en invoquant la baisse du prix du pétrole comme raison d’un éventuel retrait.

“Maintenant, allons-nous rester dans cette partie du monde ? L’une des raisons de le faire serait  Israël “, a déclaré Trump. “Le pétrole devient de moins en moins une raison parce que nous en produisons de plus en plus, plus que nous n’en avons jamais produit. Donc, vous savez, tout d’un coup, on arrive à un point où on n’a plus besoin d’y rester.”

C’est seulement Israël, ce n’est plus le pétrole, dit Trump.  Mais un pays doté de l’arme nucléaire n’a pas besoin de troupes américaines pour sa protection.

Alors si ce n’est plus pour le pétrole, pourquoi les États-Unis défendent-ils les Saoudiens ?

Le secrétaire d’État de Trump, Mike Pompeo, n’est pas d’accord avec son patron. Dans un article paru aujourd’hui dans le Wall Street Journal, il affirme que le partenariat entre les États-Unis et les Saoudiens est vital parce qu’il englobe beaucoup plus que le pétrole :

L’affaiblissement des liens entre les États-Unis et les Saoudiens serait une grave erreur pour la sécurité nationale des États-Unis et de leurs alliés.

Le royaume est une force puissante pour la stabilité au Moyen-Orient. L’Arabie saoudite s’emploie à garantir la fragile démocratie irakienne, à maintenir Bagdad attachée aux intérêts de l’Occident et non à ceux de Téhéran. Riyad aide à gérer l’afflux de réfugiés fuyant la guerre civile syrienne en travaillant avec les pays d’accueil, en coopérant étroitement avec l’Égypte et en établissant des liens plus solides avec Israël. L’Arabie saoudite a également contribué à hauteur de millions de dollars aux efforts déployés par les États-Unis pour combattre État Islamique et d’autres organisations terroristes. La production pétrolière saoudienne et la stabilité économique sont les clés de la prospérité régionale et de la sécurité énergétique mondiale.

Où et quand, s’il vous plaît, l’Arabie Saoudite a-t-elle “géré l’afflux de réfugiés fuyant la guerre civile syrienne”. Est-ce quand elle a vidé ses prisons de ses criminels violents et les a envoyés mener le jihad contre le peuple syrien ? Elle a plutôt ” géré cela “ en poussant des millions de gens à s’enfuir de chez eux.

L’Arabie saoudite est peut-être beaucoup de choses, mais n’est pas “une force puissante pour la stabilité”. Il suffit de le demander aux 18 millions de Yéménites qui, après des années de bombardements saoudiens, sont sur le point de mourir de faim.

Le travail de Pompeo en faveur du dictateur saoudien s’est poursuivi aujourd’hui par un briefing au Sénat sur le Yémen. Les sénateurs voteront bientôt sur une résolution visant à mettre fin à l’appui des États-Unis à la guerre. Dans ses remarques préparées Pompeo a écrit :

La souffrance au Yémen me chagrine, mais si les États-Unis d’Amérique n’étaient pas impliqués au Yémen, ce serait bien pire.

Comment pourrait-ce être pire qu’une famine qui menace les deux tiers de la population ?

Si les États-Unis et la Grande-Bretagne n’appuyaient pas les Saoudiens et les Émirats, la guerre prendrait fin dans les deux jours suivant. Les avions saoudiens et émiratis sont entretenus par des spécialistes américains et britanniques. Les Saoudiens cherchent toujours 102 militaires américains de plus pour s’occuper de leurs avions. Il serait facile pour les États-Unis d’empêcher le recrutement de ces anciens combattants.

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Ce sont les États-Unis qui ont bloqué une résolution, pourtant déjà édulcorée, du Conseil de sécurité de l’ONU appelant à un cessez-le-feu au Yémen :

La raison de ce retard est toujours l’inquiétude de la Maison-Blanche au sujet de la colère de l’Arabie saoudite, qui s’oppose fermement à la résolution, selon de nombreuses sources. CNN a rapporté plus tôt ce mois-ci que le prince héritier saoudien, Mohammed bin Salman, s’est “mis en colère” lorsqu’on lui a présenté une première version du document, ce qui a entraîné un retard et de nouvelles discussions entre alliés occidentaux sur la question.

Nous avons récemment écrit que se soumettre aux Saoudiens et maintenir Muhammad bin Salman en place nuirait aux politiques de Trump au Moyen-Orient. L’article faisait remarquer que Trump avait demandé beaucoup de choses aux Saoudiens, mais qu’en fait :

Il n’y avait quasiment rien dans la liste de Trump que les Saoudiens aient vraiment respecté. Son alliance avec MbS ne lui a apporté aucun profit et lui a causé beaucoup de problèmes.

Trump a protégé MbS des conséquences du meurtre de Jamal Khashoggi. Il espérait en tirer parti. Mais ce n’est pas ainsi que MbS voit les choses. Il sait maintenant que Trump ne l’affrontera pas, quoi qu’il fasse. Si MbS ” pique une crise “ au sujet d’une résolution du Conseil de sécurité de l’ONU, les États-Unis la bloqueront. Lorsqu’il lancera sa prochaine ” aventure “, les États-Unis le protégeront encore. Est-ce ainsi qu’une superpuissance est censée gérer un état vassal ?

Si l’instinct de Trump lui a vraiment suggéré que les troupes américaines devraient être retirées du Moyen-Orient et de l’Afghanistan, ce dont je doute, il devrait lui obéir. Le soutien à la guerre saoudienne contre le Yémen n’y contribuera pas. Choyer MbS ne Rendra pas sa Grandeur à l’Amérique.

Moon of Alabama

Traduit par Wayan, relu par jj pour le Saker Francophone

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