Par Moon of Alabama − Le 4 mai 2024
Voici un exemple de psyop étasunienne assez typique, cette fois-ci contre la Chine.
Le 20 avril, le New York Times, en collaboration avec certains médias allemands, publiait ce titre à sensation :
Les meilleurs nageurs chinois ont été testés positifs à un médicament interdit, puis ont remporté l’or olympique – New York Times
L’agence chinoise de lutte contre le dopage avait détecté de minuscules quantités d’un médicament interdit chez certains athlètes de son équipe de natation. Elle a informé, comme il se doit, l’Agence mondiale antidopage (AMA) et a commencé à enquêter sur l’affaire :
La Chine a reconnu les tests positifs dans un rapport de son organisme de réglementation antidopage, affirmant que les nageurs avaient ingéré la substance interdite à leur insu et en quantités infimes, et qu’aucune mesure n’était justifiée à leur encontre.
Toutefois, une enquête menée par le New York Times a révélé que l’épisode, passé sous silence, avait fortement divisé le monde de la lutte contre le dopage, où le record de la Chine est depuis longtemps un point d’ignition. Des responsables américains et d’autres experts ont déclaré que les nageurs auraient dû être suspendus ou identifiés publiquement dans l’attente d’une enquête plus approfondie, et ils ont suggéré que le manquement à cette obligation incombait aux responsables sportifs chinois, à l’organe directeur international de la natation, World Aquatics, et à l’Agence mondiale antidopage, l’autorité mondiale qui supervise les programmes nationaux de dépistage du dopage.
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Même après que d’autres responsables nationaux et internationaux de la lutte contre le dopage aient fourni à plusieurs reprises à l’Agence mondiale antidopage (AMA) des informations suggérant une dissimulation et un dopage de la part des nageurs chinois, l’Agence a choisi de ne pas demander de comptes aux athlètes, affirmant « l’absence de toute preuve crédible » pour remettre en cause la version des faits de la Chine. L’AMA a défendu sa décision de ne pas agir, qualifiant les critiques de non fondées.
L’agence antidopage chinoise et l’AMA ont traité l’affaire dans les règles. Il existait une explication plausible de la contamination d’un aliment par de minuscules quantités de médicament lors d’une épreuve de natation en Chine. Aucun autre test avant et après cet événement n’avait été positif. La quantité de drogue impliquée était trop minime pour faire la différence. L’AMA n’a pas publié d’avis public sur l’incident car aucune autre action n’était nécessaire. Aucun athlète n’a été publiquement nommé et humilié, car sa culpabilité n’a pas été prouvée.
Mais cela ne correspondait pas au programme de communication des États-Unis, qui visait à diffamer la Chine. C’est ainsi que d’autres titres, publiés par les habituels médias de propagande occidentaux, ont suivi :
- L’agence américaine antidopage remet en cause les « demi-vérités » de la Wada sur les nageurs chinois – Guardian
- Adam Peaty dénonce la dissimulation du dopage « systémique » des nageurs chinois – Daily Mail
- L’avocat de la nageuse australienne bannie Shayna Jack est scandalisé par le scandale du dopage olympique chinois – Mail Online
- La Chine enverra 13 nageurs dopés aux Jeux Olympiques de Paris – The Times
Dans une longue conférence de presse (vidéo), l’AMA s’est défendue publiquement. Elle a fait tout ce qu’elle devait faire dans cette affaire.
L’AMA se dit étonnée par les remarques « complètement fausses et diffamatoires » du chef de l’USADA dans l’affaire des nageurs chinois – Global Times
Un rapport assez neutre sur la question a été publié en faveur de l’AMA :
Scandale de la natation chinoise : une défense solide de la part de l’organisme mondial antidopage, mais l’idée d’une dissimulation demeure – The Conservation
La transparence est essentielle à la réputation d’une organisation. Il n’est jamais bon qu’un organisme comme l’AMA soit contraint de répondre à une histoire révélée par les médias, en l’occurrence un documentaire allemand et un article du New York Times.
L’AMA a certainement souffert d’une atteinte à sa réputation en ne dévoilant pas l’affaire lorsqu’elle s’est déroulée il y a trois ans. Mais elle maintient qu’elle n’aurait pas pu gérer la situation différemment en raison de la complexité du cadre mondial de lutte contre le dopage entre l’AMA et les agences nationales antidopage.
Il n’appartenait pas à l’AMA de rendre publics les détails des tests échoués – cette responsabilité incombait à l’Agence chinoise antidopage (CHINADA), car c’est elle qui avait effectué les tests et enquêté sur les résultats positifs. Pour protéger les athlètes innocents, si aucune infraction n’est constatée, aucune annonce publique n’est requise.
Étant donné qu’une enquête du ministère chinois de la sécurité publique a révélé des traces de la substance interdite trimétazidine (TMZ) dans une cuisine de l’hôtel des nageurs, la CHINADA a estimé que les tests positifs étaient le résultat d’une contamination accidentelle. Les nageurs chinois ont été blanchis sans aucune annonce publique.
…
Loin d’accepter a priori les conclusions de la CHINADA, l’AMA a demandé l’intégralité du dossier afin de pouvoir mener ses propres investigations scientifiques et juridiques, notamment en s’entretenant avec le fabricant du médicament pour obtenir les dernières données scientifiques non publiées sur la TMZ et en comparant les contrôles positifs chinois avec les cas de TMZ dans d’autres pays, y compris les États-Unis. L’AMA a finalement conclu qu’il n’y avait pas de preuve concrète pour « réfuter » la possibilité d’une contamination environnementale.
Mais le mal est fait, en raison de l’opération d’information menée par les États-Unis :
L’AMA a-t-elle réussi à changer la donne ? Probablement pas.
Pourquoi ? Parce que l’association des mots « Chine » et « dopage » est un véritable paratonnerre dans le climat politique actuel, compte tenu de l’intense rivalité entre la Chine et les États-Unis.
Actuellement, 23 personnes sont suspendues pour cause de dopage en Australie. Ressentons-nous une honte personnelle ou nationale pour leurs actes répréhensibles ?
Chaque fois que l’équipe américaine se présente aux Jeux olympiques ou monte sur le podium d’un championnat du monde, la montrons-nous du doigt en nous remémorant l’équipe cycliste de l’US Postal Service et le cycliste Lance Armstrong, banni à vie ?
Mais lorsqu’il s’agit de la Chine, de nombreux observateurs s’empressent de nommer les athlètes et de leur faire honte, considérant chaque nouvelle comme une sorte de preuve que le pays dispose d’un programme de dopage systémique, sanctionné par l’État.
Et c’est là, chers amis, le seul but de cette absurdité.
Alors que les prochains Jeux olympiques d’été vont bientôt commencer, nous pouvons nous attendre à voir de plus en plus de choses de ce genre.
Moon of Alabama
Traduit par Wayan, relu par Hervé, pour le Saker Francophone.