Par Wayan – Le 24 juillet 2023 – Le Saker Francophone
Lettre aux nouveaux lecteurs
Comme de nouveaux lecteurs de cette revue de presse arrivent régulièrement, les mêmes réflexes cognitifs apparaissent. Le plus fréquent est « Pourquoi cette ligne éditoriale anti-Occident » ou « on dirait de la propagande anti-occidentale/russe ». Je vais donc re-répondre à cette inquiétude. Que les anciens lecteurs qui savent déjà pourquoi sautent ce paragraphe, ou le relise pour se rafraîchir la mémoire.
Je parle de « réflexes cognitifs » parce que cela est vraiment le cas, pas pour sortir les grands mots. Je dis réflexes, car ses fondements sont subconscients comme tous les réflexes, cognitifs car ils sont introduits subrepticement dans votre mental, votre esprit, par la propagande médiatique que vous subissez quotidiennement, comme nous le montrons régulièrement dans cette revue de presse.
Cette propagande instille, insidieusement et petit à petit, par sa répétition quotidienne, des idées, des pensées, dans votre esprit qui ressortirons automatiquement lorsque vous vous retrouvez dans certaines situations. Par exemple, la répétition quotidienne du mantra « l’attaque non provoquée de l’Ukraine par la Russie ». Personnellement vous ne suivez pas assez la géopolitique mondiale pour savoir si cette affirmation de « non provoquée » est vraie ou fausse mais, comme vous la lisez dans chaque article sur l’Ukraine, vous finissez par, subconsciemment, la prendre pour une vérité. Comme disait Goebbels, « un mensonge répété mille fois devient une vérité » et même une vérité tellement profonde que quiconque viendra la remettre en question créera une réaction émotionnelle en vous, la même que quand quelqu’un vous ment effrontément en face à face. Donc quand quelqu’un vous dit que la Russie a été poussée, obligée, à attaquer l’Ukraine vous avez le réflexe de penser « c’est un menteur/manipulateur/prorusse qui raconte n’importe quoi » et de couper court à la discussion car « cela ne sert à rien de discuter avec un menteur ». Sans ce réflexe cognitif vous auriez plutôt la réaction de dire « Ha bon, et de quelle manière la Russie a été poussée à attaquer l’Ukraine ? ». Mais le réflexe cognitif instillé par la propagande médiatique vous empêche d’avoir cette réaction équilibrée et donc vous enferme dans la propagande que vous subissez.
Et bien c’est cette réaction émotionnelle et son idée conjointe de « propagande anti-occidentale » que vous ressentez lorsque vous lisez cette revue de presse. Car elle remet en question des opinions qui ont été ancrés en vous par la propagande médiatique et que vous avez assimilé au point d’en faire des idées personnelles, alors que vous n’avez jamais vraiment enquêté sur le sujet, juste avalé et cru sur parole ce que vous disaient les médias. Et le premier mensonge inséré dans votre esprit par les médias occidentaux est que « il n’existe pas de propagande médiatique dans les pays démocratiques car la presse est libre et pluraliste ». Donc quand cette revue de presse vous démontre le contraire vous avez une réaction émotionnelle qui entraîne la pensée automatique « Oh mais c’est de la propagande anti-occidentale… et la propagande russe/chinoise ?…». Alors je vous réponds, loin de moi l’idée que les médias russes ou chinois ne fassent pas de propagande mais, ne lisant ni le russe ni le chinois, ni vous ni moi, nous ne pouvons pas la subir et devrions laisser aux chinois et aux russes le travail de la dénoncer et nous concentrer sur celle que nous subissons, la propagande occidentale. Tout simplement pour moins subir son emprise manipulatoire subconsciente et pouvoir mieux comprendre la réalité qu’elle cherche à modifier ou cacher, en bref rester des citoyens éclairés.
C’est justement l’objet de cette revue de presse dite « alternative », vous présentez d’autres points de vue qui ne sont jamais présentés dans la presse grand public, pour vous permettre de mieux comprendre certains sujets d’actualité qui sont soumis à une forte propagande médiatique, ou alors carrément négligé par les médias pour les sujets qui fâchent, une propagande par omission. Vous l’aurez compris, la guerre en Ukraine est un terrain de propagande intense cachant la guerre hybride de l’Occident contre la Russie, mais bien d’autres sujets le sont aussi.
Donc vos réactions sont normales, elles ont même été instillés pour vous empêcher d’accéder aux autres points de vue. Les étiquettes comme « propagande russe/chinoise », « complotisme », « extrême droite/gauche » qui sont appliqués sur tous les avis vraiment dissidents sont là pour cela, discréditer tout autre point de vue qui pourrait vous faire prendre conscience de la propagande dans laquelle vous baignez, sans le réaliser. Mais ne vous laissez pas bloquer par ces réflexes. Continuez à lire cette revue de presse, tranquillement, en faisant appel à votre conscience, votre capacité de raisonnement, votre esprit critique pour continuer à élargir votre conscience et votre maîtrise de la géopolitique mondiale. Petit à petit, comme pour tous les vieux réflexes inutiles, ils disparaîtront d’eux-mêmes.
***
Alors, pour étayer mes propos, commençons par démonter la psyop [Psychological operation] de cette semaine, une psyop étant une opération de propagande à grande échelle :
L’initiative de la Mer Noire
Nous commencerons cette revue de presse par l’affaire dite de « l’initiative de la Mer Noire », « Black Sea grain deal » dans les médias anglophones. Nous allons expliquer cette histoire en détail car elle montre comment l’Occident l’a utilisé au mieux dans le cadre de sa guerre hybride contre la Russie. Cet accord/initiative date de juillet 2022 et a été négocié par l’intermédiaire d’Erdogan :
« L’initiative céréalière de la mer Noire est un accord signé par la Russie, l’Ukraine, la Turquie et les Nations unies pour permettre l’exportation des céréales ukrainiennes malgré la guerre en Ukraine.
L’accord a été signé le 22 juillet 2022 à Istanbul puis prolongé à deux reprises. En juillet 2023, après un an d’application, l’accord a permis d’exporter environ 33 millions de tonnes de céréales et autres produits agricoles. »
https://fr.wikipedia.org/wiki/Initiative_céréalière_de_la_mer_Noire
Cet accord, qui est signé et supervisé par les Nations Unis, a deux volets, un favorable à l’Ukraine, l’autre à la Russie. Le premier permet à l’Ukraine d’exporter ces céréales par bateaux en traversant la Mer Noire en toute sécurité et le deuxième permet à la Russie d’exporter ses engrais en promettant, juste pour ses produits là, de lever les sanctions qui pénalisent ses banques en les empêchant d’être payés en dollars :
« Deux groupes de travail des Nations unies ont été créés parallèlement aux pourparlers : l’un, dirigé par Martin Griffiths, responsable des affaires humanitaires des Nations unies et chef du Bureau de la coordination des affaires humanitaires, s’est penché sur l’acheminement des céréales ukrainiennes par la mer Noire ; l’autre, dirigé par Rebeca Grynspan, secrétaire générale de la CNUCED, organisme des Nations unies chargé du commerce et du développement, s’est penché sur la facilitation des exportations de denrées alimentaires et d’engrais russes. »
https://www.un.org/en/black-sea-grain-initiative
Ces deux volets ont été promus médiatiquement en disant qu’ils allaient permettre aux pays pauvres de pouvoir continuer à se nourrir, malgré la guerre, en achetant à la fois les céréales ukrainiennes et les engrais et céréales russes, la Russie étant un des principaux fournisseurs d’engrais au monde :
« Les 6 plus grands exportateurs d’engrais en 2022 étaient la Russie, le Canada, la Chine continentale, les États-Unis d’Amérique, le Maroc puis l’Arabie saoudite. Collectivement, ces principaux fournisseurs ont représenté plus de la moitié (51,6 %) des engrais exportés dans le monde en 2022, contre 52,6 % en 2021. »
https://www.worldstopexports.com/top-fertilizers-exports-by-country/
Neuf mois après la signature de l’accord, en mars 2023, la Russie a commencé à faire remarquer que les termes de l’Accord n’étaient pas respectés :
« L' »accord sur les céréales » de la mer Noire conclu en août dernier ne fonctionne pas comme prévu, car les céréales en provenance d’Ukraine ne sont pas acheminées vers les pays d’Afrique et d’Asie qui en ont besoin et l’Occident continue de bloquer toutes les exportations de denrées alimentaires et d’engrais russes, a annoncé jeudi le ministère russe des affaires étrangères…
Huit mois plus tard, seule la première partie de l’accord a été mise en œuvre, et ce « loin des objectifs humanitaires déclarés », selon le ministère. Depuis le 1er août de l’année dernière, l’Ukraine a exporté plus de 23 millions de tonnes de céréales, dont 70 % étaient destinées à l’alimentation animale. Sur ce total, 47 % sont destinés à l’UE et 34 % aux « pays à revenu moyen supérieur », selon Moscou, alors que seulement 2,6 % sont actuellement destinés aux pays qui ont le plus besoin de nourriture.
Dans le même temps, des progrès « proches de zéro » ont été réalisés dans le déblocage des livraisons de céréales ou d’engrais russes, dont d’autres pays ont cruellement besoin. Kiev continue de bloquer le pipeline d’ammoniac Togliatti-Odessa « pour des raisons purement politiques », ce qui entraîne une pénurie de 2,5 millions de tonnes de matières premières qui pourraient produire 7 millions de tonnes d’engrais et nourrir 200 millions de personnes, selon le ministère.
Les États-Unis et leurs alliés ont déclaré que leurs sanctions ne concernaient pas les denrées alimentaires et les engrais russes, mais ils ont interdit à tous les navires russes d’accoster dans leurs ports ou d’accéder aux services d’assurance et de courtage, imposant ainsi un blocus total à la navigation commerciale, dans les faits, sinon dans les mots.
« Il est temps d’arrêter de jouer la carte de l’alimentation. La plus grande partie des céréales en provenance d’Ukraine est destinée à l’Union européenne en tant que fourrage à des prix de dumping, et non aux pays les plus pauvres », note le ministère. « Les exportations agricoles russes sont entravées de manière flagrante, même si les Européens et les Américains, habitués aux mensonges, tentent de convaincre tout le monde du contraire.
À titre d’exemple, le ministère a indiqué que 262 000 tonnes d’engrais russes étaient bloquées dans les ports des Pays-Bas et des États baltes depuis des mois. Moscou a offert ces engrais aux pays africains à titre gracieux, mais seule une cargaison de 20 000 tonnes, destinée au Malawi, a réussi à partir jusqu’à présent. »
https://www.rt.com/russia/572359-ukraine-grain-deal-sabotage/
En mai, toujours pas de progrès mais Erdogan réussit à persuader la Russie d’attendre encore deux mois pour que les choses s’améliorent. L’accord est prolongé jusqu’au 17 juillet :
« Mercredi, le président turc Recep Tayyip Erdogan a annoncé la prolongation de l’accord sur les céréales de la mer Noire pour deux mois supplémentaires. Moscou a ensuite confirmé cette prolongation.
L’accord sur les céréales a été prolongé jusqu’au 17 juillet inclus, sans aucune modification, a déclaré le ministère russe des affaires étrangères. Si tous les problèmes liés à l’accord ne sont pas résolus dans les deux mois, l’accord sera résilié après le 17 juillet, a précisé le ministère.
Le ministère russe des Affaires étrangères a confirmé la prolongation de l’accord sur les céréales pour une durée de deux mois. Il a indiqué « cinq » tâches systémiques « qui doivent être résolues dans le cadre de la mise en œuvre du mémorandum Russie-ONU et pour lesquelles il n’y a pas eu de progrès », à savoir la reconnexion de la Banque agricole russe à SWIFT, la fourniture de pièces détachées, le déblocage de la logistique de transport et de l’assurance, la réouverture du pipeline d’ammoniac « Togliatti-Odessa » et le « déblocage » des actifs des sociétés russes. »
Mais rien ne bouge. Aucun des cinq points précédents n’est mise en place, alors, un mois avant l’expiration du 17 juillet la Russie annonce :
« La Russie se retirera de l’accord qui permet l’exportation des céréales ukrainiennes via la mer Noire le 18 juillet, a annoncé le vice-ministre des affaires étrangères Sergey Vershinin.
Toutefois, un nouveau cycle de consultations avec les Nations unies sur la sauvegarde de l’accord, initialement négocié par les Nations unies et la Turquie, n’est pas à exclure, a déclaré M. Vershinin à l’agence de presse RIA Novosti mardi.
La Russie reste en contact avec l’organisation mondiale sur cette question, mais « nous allons faire ce que nous avons dit. Nous nous préparons à ce que le 18 juillet devienne la date à laquelle les accords qui ne sont pas respectés prendront fin », a-t-il ajouté.
Au cours des discussions qui ont eu lieu au début du mois, « l’ONU a essentiellement reconnu qu’elle « ne pouvait rien faire » pour fournir ce qui avait été promis à Moscou dans le cadre de l’accord, a déclaré le vice-ministre des affaires étrangères, ajoutant qu’il s’agissait d’une situation « triste ». »
https://www.rt.com/news/578380-grain-deal-ukraine-un/
« L’accord facilité par les Nations unies, officiellement connu sous le nom d’Initiative de la mer Noire, n’a pas atteint ses objectifs initiaux, qui étaient d’acheminer les céréales vers les pays pauvres, a déclaré le ministère. Au lieu de cela, il est devenu un programme « purement commercial » qui achemine des produits vers des pays riches, alors que les exportations de denrées alimentaires et d’engrais russes restent bloquées.
L’accord sur les céréales devant expirer à la fin du mois, l’Occident collectif, l’Ukraine et même les Nations unies ont intensifié leurs « activités de propagande » sur la question, a déclaré le ministère dans un communiqué.
« Les arguments se résument à affirmer que, sans le maïs fourrager ukrainien, le monde mourra de faim, alors que les sanctions unilatérales illégales imposées par l’Occident à la Russie ne s’appliquent pas à la nourriture et aux engrais », a indiqué le ministère.
En réalité, l’accord sur les céréales est devenu un mécanisme « purement commercial » permettant d’exporter des produits ukrainiens vers des pays « bien nourris » plutôt que vers des pays souffrant d’insécurité alimentaire, a poursuivi le ministère. Quelque 81 % des produits expédiés par l’Ukraine dans le cadre de l’accord au cours de l’année écoulée ont abouti dans des pays « à revenu élevé ou moyen supérieur », a indiqué le ministère, ajoutant que les pays les plus pauvres du monde, notamment l’Éthiopie, le Yémen, l’Afghanistan, le Soudan et la Somalie, ne représentaient que 2,6 % des produits exportés.
Par ailleurs, la situation concernant le blocage des exportations de produits alimentaires et d’engrais russes « continue de se dégrader », a indiqué le ministère. Les cinq objectifs « systémiques » prévus par le mémorandum Russie-ONU n’ont toujours pas été atteints. »
https://www.rt.com/russia/579208-ukraine-grain-deal-prospects/
Pourtant des pays comme le Mexique seraient intéressés pour acheter des engrais russes sans être obligés de passer, pour éviter les sanctions, par des intermédiaires qui ne font qu’en faire monter le cout :
« Le Mexique étudie les moyens d’accroître le commerce bilatéral avec la Russie, a déclaré l’ambassadeur en Russie, Eduardo Villegas Megias, dans une interview publiée samedi par RIA Novosti.
Selon le diplomate, le Mexique souhaite augmenter les importations d’engrais russes, qu’il reçoit principalement par l’intermédiaire de pays tiers. « C’est une condition nécessaire au développement de l’agriculture. Le gouvernement consacre des sommes considérables aux engrais.
« L’exportation de ce produit depuis la Russie se faisait auparavant par le biais de certains intermédiaires, des entrepreneurs privés… mais le gouvernement mexicain souhaite envisager l’achat de grandes quantités d’engrais pour l’agriculture avec le soutien des autorités russes », a déclaré M. Megias, ajoutant que son pays était également intéressé par l’augmentation des importations d’acier russe pour le développement du secteur manufacturier mexicain. »
https://www.rt.com/business/579377-mexico-russian-fertilizers-trade/
Au dernier moment, le 13 juillet, l’ONU, signataire garante de l’accord, fait une proposition à Poutine, alors qu’un mois auparavant elle déclarait qu’elle « ne pouvait rien faire » :
« Le secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, a proposé au président russe Vladimir Poutine que Moscou accepte de prolonger l’accord sur le transport des céréales en échange d’un accès partiel au système de paiement international SWIFT, a rapporté Reuters mercredi, citant ses sources.
La Russie souhaitait que sa banque agricole, Rosselkhozbank, soit reconnectée à SWIFT, mais un porte-parole de l’UE a déclaré en mai que la levée des restrictions imposées aux banques du pays n’était pas à l’ordre du jour.
Les exportations russes de denrées alimentaires et d’engrais ne sont pas soumises aux sanctions occidentales. Moscou a toutefois souligné que les restrictions imposées aux paiements, à la logistique et à l’assurance constituaient en fait un obstacle aux expéditions.
Pour remédier à cette situation, l’UE envisage désormais de connecter une filiale de Rosselkhozbank à SWIFT afin de permettre spécifiquement les transactions de céréales et d’engrais, selon Reuters.
Selon les sources de l’agence, M. Guterres a suggéré au président Poutine que Moscou prolonge de plusieurs mois l’accord sur les céréales de la mer Noire, afin de donner à Bruxelles le temps de connecter la filiale de Rosselkhozbank à SWIFT.»
https://www.rt.com/business/579636-un-grain-deal-putin-swift/
Alors que l’ONU et l’UE n’ont pas fait un geste depuis un an, au dernier moment ils « envisagent » de se pencher sur le cas. Evidemment, la réponse de Poutine est des plus circonspects :
« La Russie envisage de suspendre sa participation à l’accord sur les céréales facilité par les Nations unies jusqu’à ce que ses exportations de denrées alimentaires et d’engrais soient débloquées, a déclaré jeudi le président Vladimir Poutine. Aucune des promesses faites à Moscou dans le cadre de l’accord n’a encore été tenue, a-t-il déclaré, ajoutant que l’accord n’était qu’une « affaire à sens unique ».
« Laissons-les d’abord tenir cette promesse, puis nous reviendrons immédiatement à l’accord« , a déclaré Poutine.
Moscou pourrait ne plus vouloir prolonger l’accord dans l’espoir que les pays occidentaux et les Nations unies remplissent leur part du marché, a déclaré le président. « Nous pouvons suspendre notre participation à cet accord », a-t-il déclaré, ajoutant que « tout le monde nous dit une fois de plus que toutes les promesses faites seront tenues ».
Selon Poutine, aucun de ces objectifs n’a été atteint. « Rien – et je tiens à le souligner – n’a été fait. C’était un jeu unilatéral depuis le début. Pas un seul objectif lié aux intérêts de la Fédération de Russie n’a été atteint », a-t-il déclaré, ajoutant que Moscou avait à plusieurs reprises prolongé l’accord de bonne foi malgré ce fait. »
https://www.rt.com/russia/579665-putin-future-grain-deal/
Alors, plutôt que de tenir cette promesse, Von der Leyen lance la première attaque diplomatique en disant que si Poutine ne renouvelle pas l’accord alors la « sécurité alimentaire mondiale » est en jeu, en évitant bien sûr de dire que le non renouvellement de cet accord est dû au fait que le second volet de cet accord n’a pas été respecté par l’Occident :
« « La balle est dans le camp du président Poutine », a pour sa part estimée le 13 juillet Ursula von der Leyen, faisant mine d’ignorer la cause du problème. « La Russie a une responsabilité de prolonger l’accord ou alors l’insécurité alimentaire mondiale en sera la conséquence », a poursuivi la présidente de la Commission européenne lors d’une conférence de presse au côté du secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres. »
https://francais.rt.com/international/106309-cereales-ukrainiennes-demandes-russes-poutine
On notera que Guterres, qui se tient au coté de Von Der Leyen, ne fait rien pour redresser le tir, mettant ainsi la neutralité de l’ONU en question, alors que l’organisation est un des signataires garantissant l’accord.
Moon of Alabama fait un résumé de l’histoire :
« Il s’est également avéré que le flux de céréales en provenance de l’Ukraine n’a pas été distribué aux personnes souffrant de la faim :
Une enquête récente menée par le média autrichien eXXpress indique toutefois que ce n’est pas le cas. Près de la moitié des exportations ukrainiennes de blé et de maïs vers l’Union européenne ont fini par nourrir les porcs espagnols qui produisent le célèbre jambon.
Selon eXXpress, seuls 15 % des exportations ont abouti dans les pays menacés par la famine, dont 167 000 tonnes en Éthiopie et 65 000 tonnes au Soudan. L’Espagne, quant à elle, a reçu 2,9 millions de tonnes de blé et de maïs en provenance d’Ukraine. »
https://lesakerfrancophone.fr/les-manigances-autour-de-laccord-sur-les-cereales
« Le total des exportations de céréales ukrainiennes vers les huit pays “les moins avancés“, dont sept sont également des “pays à faible revenu“, s’élevait à seulement 1 896 077 tonnes métriques, soit 6,8 % du total. À titre de comparaison, l’Espagne, un “pays développé” à “revenu élevé“, a importé un total de 5 980 657 tonnes de céréales d’Ukraine, soit 19,4 % du total.
Les 116 millions d’habitants de l’Éthiopie, un pays “en développement” à “faible revenu“, ont reçu un total de 282 760 tonnes, tandis que les 17,8 millions d’habitants des Pays-Bas, un pays “développé” à “revenu élevé“, ont acheté 1 920 649 tonnes d’aliments pour porcs, principalement à base de maïs. »
L’argument de la sécurité alimentaire utilisé par Von Der Leyen, ainsi que tous les médias et dirigeants occidentaux, ne tient donc pas la route. C’est juste un argument pour diaboliser la Russie.
D’autant plus qu’une bonne partie passe par les routes européennes et y reste :
« Il est également beaucoup moins nécessaire d’exporter des céréales d’Ukraine par voie maritime. Une partie de ses exportations de céréales est désormais acheminée par voie terrestre et fluviale vers la Roumanie et, de là, vers le reste du monde. »
https://lesakerfrancophone.fr/les-manigances-autour-de-laccord-sur-les-cereales
Déstabilisant ainsi le marché céréalier européen, sans que Von Der Leyen ne fasse le moindre geste :
« Le mécontentement des agriculteurs polonais grandit face à l’afflux de blé et de maïs d’Ukraine : ces céréales avaient vocation à être exportées sur les marchés mondiaux, mais la plupart se sont entassées en Pologne, participant à une baisse généralisée des prix. Le ministre s’était fendu d’une lettre à la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, réclamant notamment la réintroduction de droits de douane pour les produits agricoles ukrainiens. Ces derniers entrent en effet sur le sol de l’Union en passant par la frontière polonaise. “Étant donné qu’il apparaît clair que les revendications des fermiers ne seront pas entendues par la Commission européenne, j’ai pris la décision de démissionner de mon poste de ministre de l’Agriculture et du Développement rural”, a annoncé Henryk Kowalczyk dans un communiqué. »
Cela n’empêche pourtant pas Von Der Leyen d’accuser Poutine d’être la cause de « l’insécurité alimentaire ».
Le 17 juillet donc, surprise dans les médias occidentaux, dont RFI :
« « L’accord de la mer Noire s’est de facto terminé aujourd’hui », a déclaré aux journalistes le porte-parole du Kremlin Dmitri Peskov, ajoutant que « dès que la partie [des accords] concernant la Russie sera satisfaite, la Russie reviendra immédiatement à l’accord sur les céréales ».
Voyons maintenant comment RFI présente l’affaire :
« Cet accord, conclu en juillet 2022 par la Russie et l’Ukraine après médiation de l’ONU et de la Turquie, est destiné à éviter une crise alimentaire mondiale en permettant les exportations de céréales ukrainiennes via la mer Noire en toute sécurité malgré le conflit en Ukraine. »
On a vu que cet argument utilisé par Von Der Leyen et repris en chœur par tous les médias occidentaux, dont RFI et l’ONU, est faux car une très petite partie des céréales ukrainiens atteint les pays en « insécurité alimentaire », la plus grande partie restant en Europe, au point de déstabiliser le marché céréalier européen.
« La Russie juge notamment que ses propres exportations de céréales et d’engrais sont entravées, même si elles ne sont pas directement visées par les sanctions occidentales prises en réaction à l’invasion russe de l’Ukraine en février 2022 »
RFI ne précise pas que cela faisait partie de l’accord et présente cela comme une réaction émotive et sans fondement de la part de la Russie puisque les céréales russes ne font pas l’objet de sanctions directes, mais indirectes car la Russie ne peut pas se faire payer facilement par un pays décidant, ou étant obligé, de respecter les sanctions occidentales. Pour accentuer l’image d’un gouvernement émotif, donc peu raisonnable et d’autant plus dangereux, l’article ajoute :
« Les déclarations de Dmitri Peskov interviennent quelques heures après une attaque ukrainienne par drone naval qui a touché le crucial pont reliant la Russie à la péninsule annexée de Crimée, et tué deux civils. »
Celui qui suit l’affaire de près sait très bien que cela n’a rien à voir mais le lecteur de RFI ne le sait pas et aura donc tendance à retenir un tel lien.
Pour garder un minimum de qualité journalistique, le paragraphe se finit ainsi :
« Le porte-parole du Kremlin a toutefois assuré que la décision de non-reconduction de l’accord et l’attaque n’étaient pas « liés », expliquant qu’« avant même cette attaque, c’était la position du président Poutine ». »
Mais qui va croire le porte-parole de Kremlin dans une population à qui l’on rabâche depuis des mois de se méfier de « la propagande du Kremlin ».
« La Russie, qui traînait des pieds depuis de longs mois lorsqu’on évoquait le renouvellement de cet accord, a donc mis sa menace à exécution. Moscou renvoie la balle dans le camp de ce qu’on appelle, en Russie, « l’Occident collectif » : pour les Russes, c’est à lui qu’il revient désormais d’autoriser le transit des navires de grains et d’engrais russes dans les ports, de permettre d’assurer les cargaisons ou encore de rebrancher au système interbancaire Swift Rosselkohzbank, la banque agricole de Russie. »
L’article fait passer le non-respect d’un accord signé il y a un an, sous la garantie de l’ONU, pour un caprice de la part de la Russie. Le fait que « l’Occident collectif » n’a pas fait le moindre geste pour que cet accord soit perpétué est carrément balayé sous le tapis de la propagande de guerre.
Cerise sur le Bortsoky, la partie signataire n’ayant pas fait le début d’un effort pour respecter son engagement accuse rageusement celle ayant totalement respecté les siens :
« Les Occidentaux ont également réagit, mais avec fermeté. L’ONU a affirmé que des centaines de millions de personnes dans le monde « vont payer le prix » de la décision russe : « Des centaines de millions de personnes font face à la faim et les consommateurs sont confrontés à une crise mondiale du coût de la vie. Ils vont payer le prix », a dénoncé lundi le secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres, estimant que la décision russe « portera un coup aux personnes dans le besoin partout dans le monde ».
« Je condamne fermement la décision cynique de la Russie de mettre fin à l’initiative céréalière de la mer Noire, malgré les efforts des Nations unies et de la Turquie. L’UE s’efforce de garantir la sécurité alimentaire des populations vulnérables de la planète », a tweeté la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen. »
Clou dans le cercueil diplomatique :
« L’ambassadrice américaine à l’ONU a dénoncé lundi un « acte de cruauté » de Moscou. « La Russie joue à des jeux politiques, et de vrais gens vont souffrir », a déclaré Linda Thomas-Greenfield à la presse, accusant la Russie de « prendre l’humanité en otage ».
C’est ce que l’on appelle se faire tailler un costard.
Mais l’objectif principal de cette manipulation est atteint pour l’Occident, le gouvernement russe, c’est-à-dire Poutine, va encore passer pour une entité soumise aux réactions émotionnelles donc peu raisonnable, « cruelle », « prenant l’humanité en otage »… Il est donc normal de chercher à destituer quelque chose d’aussi malfaisant. Une campagne de propagande d’autant plus nécessaire que la Russie est de plus en plus visiblement en train de mettre l’Ukraine en difficulté sur le terrain militaire.
Moon of Alabama a fait sa petite enquête pour voir si le cours du blé est si élevé qu’il risque de provoquer une « insécurité alimentaire » :
« Il y a ensuite le monde réel dans lequel le blé est produit et commercialisé à l’échelle internationale :
Le pic de l’été 2022 a été provoqué par la guerre en Ukraine et n’était pas naturel. Depuis lors, les prix ont évolué avec les hauts et les bas habituels vers un niveau plutôt normal. Lorsque l’accord sur les céréales de la mer Noire a pris fin, ils sont restés dans la normale. »
https://lesakerfrancophone.fr/beaucoup-de-bruit-pour-rien
Voilà donc un exemple typique de guerre hybride, une guerre dans laquelle la psychologie des foules, la propagande, les coups fourrés, tous les coups d’ailleurs, sont permis pour déstabiliser non seulement l’adversaire mais aussi et surtout sa propre population afin qu’elle continue à supporter des guerres qu’elle détesterait naturellement. Les médias et les services secrets sont en première ligne de cette forme de guerre hybride.
Mais attention aux retours de bâton car, pour l’instant c’est l’image de l’Occident qui se dégrade aux yeux du monde entier. Le 19 juillet, Reuters fait une annonce qui ne sera reprise par aucun média :
« L’Union européenne modifiera ses sanctions contre Moscou mercredi en autorisant le dégel de certains fonds de grandes banques russes qui pourraient être nécessaires pour réduire les goulets d’étranglement dans le commerce mondial des denrées alimentaires et des engrais, selon un projet de document.
Cette décision intervient alors que les dirigeants africains ont critiqué l’impact négatif des sanctions sur le commerce, qui pourraient avoir exacerbé les pénuries principalement causées par l’invasion de l’Ukraine par la Russie et son blocage des ports de la mer Noire.
En vertu du nouveau règlement, qui devrait être adopté par les envoyés de l’UE mercredi, les pays de l’UE pourront débloquer les ressources économiques précédemment bloquées appartenant aux principaux prêteurs russes VTB (VTBR.MM), Sovcombank, Novikombank, Otkritie FC Bank, VEB, Promsvyazbank et Bank Rossiya, selon le document.
Dans le cadre des sanctions révisées, l’UE prévoit également de faciliter les exportations de denrées alimentaires à partir des ports russes, que les commerçants avaient cessé de desservir après les sanctions de l’UE, bien que les mesures exemptent explicitement les exportations de denrées alimentaires, a déclaré un fonctionnaire.
L’UE a jusqu’à présent nié que ses sanctions affectaient le commerce alimentaire. »
Retour de bâton pour l’Ukraine aussi qui subit la colère russe face à cette manipulation :
« La Russie a lancé d’intenses attaques de drones et de missiles dans la nuit de mercredi à jeudi, endommageant des infrastructures portuaires essentielles dans le sud de l’Ukraine, notamment des terminaux céréaliers et pétroliers, et blessant au moins 12 personnes, selon des responsables. »
https://news.yahoo.com/russia-launches-intense-night-attacks-063115493.html
La guerre en Ukraine
A la suite du Sommet de Vilnius qui n’a rien apporté de décisif à l’Ukraine, comme elle l’espérait, la guerre militaire est bloquée, la partie russe continuant sa tactique d’attrition des forces ukrainiennes, à l’abri derrière leurs tranchées et leur supériorité balistique.
Par contre, la guerre de propagande fait rage de plus belle. Nous commencerons par cet article de Newsweek datant du 9 juin 2023, au début de la « contre-offensive ukrainienne » :
« Les forces armées ukrainiennes affirment que les troupes russes perdent rapidement le contrôle des zones occupées, alors que les unités de Kiev lancent une offensive majeure, attendue depuis longtemps, avec l’aide de nouveaux systèmes d’armes de l’OTAN, notamment des chars de combat principaux. »
https://www.newsweek.com/russia-rapidly-losing-control-occupied-ukraine-kyiv-1805555
Tous les journaux occidentaux ont repris en cœur cette propagande ukrainienne.
un mois et demi plus tard, cet article du Wall Street Journal explique que :
« Lorsque l’Ukraine a lancé sa grande contre-offensive au printemps, les responsables militaires occidentaux savaient que Kiev ne disposait pas de l’entraînement ou des armes nécessaires pour déloger les forces russes, qu’il s’agisse d’obus ou d’avions de guerre. Ils espéraient toutefois que le courage et l’ingéniosité des Ukrainiens l’emporteraient.
Ce n’est pas le cas. Des champs de mines profonds et mortels, des fortifications étendues et la puissance aérienne russe se sont combinés pour bloquer en grande partie les avancées significatives des troupes ukrainiennes. Au lieu de cela, la campagne risque de s’enfoncer dans une impasse, avec le risque d’épuiser les vies humaines et le matériel sans que l’on assiste à un changement majeur de dynamique. »
Ce retour de la réalité n’empêche pourtant pas les responsables étasuniens de continuer à propager des fausses nouvelles, les fameuses « fake News », que même l’Ukraine n’ose plus propager :
« L’Ukraine aurait franchi une étape importante dans ses tentatives de reconquête des terres occupées par les forces d’invasion russes, a déclaré dimanche le secrétaire d’État américain Antony Blinken.
S’adressant dimanche à Fareed Zakaria de CNN, Blinken a affirmé que toutes les ambitions de la Russie pour l’invasion « ont échoué il y a longtemps » et a indiqué qu’environ la moitié des territoires occupés avaient été repris par l’Ukraine, tout en soulignant également que la contre-offensive du pays n’en était qu’à ses débuts.
« En ce qui concerne les objectifs de la Russie et de Poutine, ils ont déjà échoué », a déclaré Blinken. « Ils ont déjà perdu. L’objectif était d’effacer l’Ukraine de la carte, d’éliminer son indépendance, sa souveraineté, de l’incorporer à la Russie. Cela a échoué il y a longtemps ».
Il poursuit : « Aujourd’hui, l’Ukraine se bat pour récupérer une plus grande partie des terres que la Russie lui a confisquées. Elle a déjà repris environ 50 % de ce qui avait été saisi initialement. Aujourd’hui, elle mène une lutte acharnée pour en récupérer davantage. La contre-offensive n’en est qu’à ses débuts. C’est difficile ». »
Après sa débâcle en Afghanistan, il semble que Biden veuille absolument cacher au peuple étasunien sa future débâcle en Ukraine.
L’ANASE
Comme l’Afrique, l’Asie du sud-est est (re)devenue un terrain de compétition entre les grandes puissances. Voulant éviter de retomber dans un piège dont les vietnamiens, les cambodgiens, les laossiens, les philippins et même les indonésiens, tous des pays de l’ANASE, se souviennent fraîchement et amèrement, cette région affiche une volonté politique de neutralité vis-à-vis des grandes puissances.
« L’ANASE ne doit pas devenir le mandataire d’une quelconque puissance, a déclaré le président indonésien Joko Widodo aux ministres des affaires étrangères de la région réunis à Jakarta pour la 56e réunion des ministres des affaires étrangères de l’ANASE et d’autres réunions connexes vendredi.
« L’ANASE ne peut pas être une zone de concurrence, elle ne peut pas être le mandataire d’un pays, et le droit international doit être respecté de manière cohérente », a-t-il déclaré.
La ministre indonésienne des affaires étrangères, Retno Marsudi, a également souligné que la région Asie-Pacifique ne devait pas devenir un champ de bataille. Elle a fait ces remarques en s’adressant à la 13e réunion des ministres des affaires étrangères du sommet de l’Asie de l’Est à Jakarta, vendredi, avant que le pays ne termine une série de réunions ministérielles de l’ANASE.
Widodo a souligné que l’ANASE a le potentiel pour devenir le centre de la croissance, à la fois en raison de la jeunesse de sa population et de l’abondance de ses ressources naturelles.
Nous, les pays de l’ANASE, les pays en développement, avons besoin de compréhension, de sagesse et de soutien, tant de la part des pays développés que des pays amis, pour abandonner l’approche « zéro » et adopter une approche « gagnant-gagnant » », a-t-il déclaré. »
http://www.chinadaily.com.cn/a/202307/15/WS64b1d7c9a31035260b816946.html
Cette politique a été bien visible au cours de la réunion des ministres des affaires étrangères des pays de l’ANASE qui s’est tenue à Jakarta, vendredi 14 juillet. Ainsi, Blinken, Lavrov et Wang Yi, leur homologue chinois, ont tous été invités et s’y sont rendus.
« Les plus hauts diplomates américains et chinois tiendront leur deuxième réunion en l’espace de quelques mois jeudi à Jakarta, cherchant à gérer les tensions qui risquent de s’enflammer à nouveau à la suite d’allégations de piratage informatique par la Chine. Le secrétaire d’État américain Antony Blinken et Wang Yi, le plus haut responsable de la politique étrangère chinoise, se rencontreront en marge des discussions de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ANASE) dans la capitale indonésienne, selon le calendrier rendu public par le département d’État. La réunion a lieu bien que Microsoft ait déclaré deux jours plus tôt que des pirates chinois s’étaient introduits dans les comptes de courrier électronique du gouvernement américain, y compris ceux du département d’État. »
https://www.thejakartapost.com/world/2023/07/13/blinken-wang-yi-to-meet-at-asean-talks.html
« Mercredi après-midi, M. Lavrov a participé à un dialogue tripartite avec le haut diplomate chinois Wang Yi et la ministre indonésienne des affaires étrangères Retno Marsudi. La réunion, qui s’est principalement déroulée à huis clos, a duré environ une heure. Peu après le départ de Wang Yi, Lavrov et Retno se sont rendus dans une autre salle pour une réunion bilatérale. Le dialogue entre l’Indonésie et la Russie a duré environ 20 minutes. »
https://jakartaglobe.id/news/lavrov-stays-tightlipped-after-talks-with-indonesia-china
L’Indonésie ayant postulé pour devenir membre des BRICS, le sujet a dû être discuté au cours de la réunion entre Marsudi, Lavrov et Yi.
Les médias de l’Hexagone se sont désintéressés du sujet. Le seul article trouvé vient du Figaro qui se concentre sur les problèmes avec la Birmanie, pays faisant aussi parti de l’ANASE, et la « menace chinoise » :
« Les ministres des Affaires étrangères de l’ANASE sont réunis mardi 11 juillet en Indonésie pour des discussions dominées par la crise en Birmanie, sur fond de divisions entre ses membres sur l’opportunité de réengager le dialogue avec la junte birmane.
La rencontre de deux jours de l’Association des nations d’Asie du Sud-Est (ANASE) sera suivie par des rencontres avec Pékin, Washington et d’autres puissances, au cours desquelles le secrétaire d’État américain Antony Blinken cherchera à tempérer les assurances chinoises en mer de Chine méridionale.
L’ANASE reste divisée sur les tentatives diplomatiques à adopter pour résoudre la crise birmane…
Washington et les membres de l’ANASE vont chercher à « repousser » les actions de Pékin dans la très disputée mer de Chine méridionale, a déclaré samedi 8 juillet à la presse Daniel Kritenbrink, le haut diplomate américain pour l’Asie de l’Est. »
Le sommet UE-CELAC
Le 10 juillet nous parlions du futur sommet Union Européenne-Etats d’Amérique Latine et des Caraïbes :
« Les chefs d’État et de gouvernement de 33 membres de la Communauté des États d’Amérique latine et des Caraïbes (CELAC) devraient se rendre à Bruxelles les 17 et 18 juillet prochains pour un sommet avec leurs homologues de l’Union européenne.
En amont de ce sommet historique, les pays de la CELAC ont envoyé une contre-proposition de 21 pages au projet de texte que les États membres de l’UE leur avaient envoyé le mois dernier, datée du 4 juillet et consultée par EURACTIV.
Le texte initial de la déclaration proposé par l’UE comprenait plusieurs paragraphes sur le soutien à l’Ukraine, faisant référence aux résolutions de l’Assemblée générale de l’ONU, ont déclaré trois personnes au fait de la question.
« Le texte sur l’Ukraine était très équilibré », a affirmé un diplomate européen à EURACTIV. « Il n’y a rien de spécial dans ce que nous leur avons envoyé », a ajouté un second diplomate de l’UE.
Toutefois, les États d’Amérique latine « ont supprimé tout ce qui concernait l’Ukraine », a déploré un troisième diplomate de l’Union après avoir vu la contre-proposition…
La participation du président ukrainien Volodymyr Zelensky, qui avait initialement reçu une invitation à participer au sommet de la part de l’Espagne, a été annulée après un refus des dirigeants latino-américains. Cette invitation a constitué un point de discorde supplémentaire avant le sommet conjoint. »
Mais les européens ont continué à insister :
« Les dirigeants des pays de l’Union européenne se sont réunis, lundi 17 juillet, avec leurs homologues d’Amérique latine et des Caraïbes pour deux jours à Bruxelles afin de se rapprocher malgré des divergences notamment sur la guerre en Ukraine.
« Nous avons besoin de nos amis proches à nos côtés en ces périodes d’incertitudes », a déclaré la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, en accueillant le président brésilien Luiz Inácio Lula da Silva avant le début du sommet réunissant une cinquantaine de dirigeants.
Ursula von der Leyen a annoncé que les Européens allaient investir 45 milliards d’euros dans l’économie de la région latino-américaine, dans le cadre de la stratégie « Global Gateway », réponse européenne au programme chinois des « Nouvelles routes de la soie ».
Il s’agit du troisième sommet entre l’UE et la Communauté d’États latino-américains et des Caraïbes (CELAC). Le dernier remonte à 2015, et les deux parties essaient de rattraper le temps perdu. Mais le rapprochement n’est pas sans difficultés.
Des désaccords sont apparus dès le début des négociations sur une déclaration commune, notamment en raison de la volonté des Européens de mentionner la guerre déclenchée par la Russie en Ukraine. Les discussions sur ce texte se poursuivaient lundi soir. »
Finalement, le lendemain :
« Une « profonde préoccupation » plutôt qu’une ferme condamnation de la guerre russe en Ukraine. C’est tout ce que les 27 auront pu obtenir des 32 États signataires de cette déclaration de clôture. Le Nicaragua, proche de Moscou, n’a pas donné sa signature. Mais la Celac et l’UE ont généralement dépassé leurs clivages pour mettre en avant une feuille de route commune. »
Suivant leur origine, les médias ont eu un point de vue totalement différent sur ce sommet. Pour le média du pays qui préside le CELAC, l’archipel de St Vincent, ce sont les accords économiques qui importent, pas un mot sur l’Ukraine :
« La série de réunions a débuté par une table ronde commerciale UE-ALC le lundi matin, au cours de laquelle la présidente von der Leyen a présenté le programme d’investissement de la passerelle mondiale UE-ALC (GGIA). Il comprend plus de 135 projets visant à faire de la transition verte et numérique équitable une réalité des deux côtés de l’Atlantique et s’articule autour de quatre piliers : une transition verte équitable, une transformation numérique inclusive, le développement humain et la résilience en matière de santé et les vaccins.
À cette occasion, le président a annoncé que Team Europe s’engageait à verser plus de 45 milliards d’euros pour soutenir le partenariat renforcé avec l’Amérique latine et les Caraïbes jusqu’en 2027. Le sommet a encore renforcé le partenariat entre l’UE et les pays de la CELAC sur des priorités communes, telles que les transitions numérique et verte, la lutte contre le changement climatique et la perte de biodiversité, la santé, la sécurité alimentaire, les migrations, la sécurité et la gouvernance ou la lutte contre la criminalité transnationale.
Au cours du sommet, l’UE a renforcé sa coopération énergétique avec l’Argentine et l’Uruguay en signant deux protocoles d’accord. Le premier définit les principaux domaines de coopération, notamment les énergies renouvelables, l’hydrogène et la réduction des émissions de méthane, et souligne la nécessité d’assurer une transition énergétique socialement juste. Le second met l’accent sur les énergies renouvelables, l’efficacité énergétique et l’hydrogène renouvelable en tant que domaines de coopération essentiels, l’UE et l’Uruguay s’efforçant d’atteindre la neutralité climatique d’ici à 2050.
Dans le cadre de la stratégie « Global Gateway » de l’UE, la Banque européenne d’investissement (BEI) et la Banco Santander ont signé, lors du sommet UE-CELAC, un prêt de 300 millions d’euros pour soutenir l’installation d’une série de petites centrales solaires photovoltaïques d’autoconsommation au Brésil. De même, la BEI a annoncé l’octroi d’un prêt de 200 millions d’euros à la Banco del Estado de Chile pour financer de nouvelles maisons répondant à des normes d’efficacité énergétique plus strictes, ainsi qu’un prêt de 100 millions d’euros pour soutenir l’industrie de l’hydrogène renouvelable en plein essor au Chili.
L’UE a également signé un protocole d’accord avec le Chili pour établir un partenariat sur les chaînes de valeur des matières premières durables, qui contribuera à la sécurité de l’approvisionnement de l’Europe tout en créant des emplois et de la croissance au Chili. »
https://www.stvincenttimes.com/celac-eu-issue-joint-declaration-following-2023-summit-in-brussels/
Les médias étasuniens, qui ne doivent pas voir d’un bon œil l’Europe empiéter dans leur « pré carré », y ont vu une « grande anxiété » et des « divisions » :
« Le dernier jour d’un sommet entre les dirigeants de l’Union européenne et de l’Amérique latine, qui devait être une rencontre amoureuse, a été marqué par une grande anxiété, qui s’est transformée en fracas diplomatique à cause de la guerre en Ukraine.
Les ambassadeurs ont travaillé une bonne partie de la nuit et jusqu’à mardi matin pour trouver un texte, même le plus fade, condamnant la Russie pour son invasion de l’Ukraine. Les discussions ont achoppé sur les réserves de certains pays d’Amérique centrale et du Sud comme Cuba, le Venezuela et le Nicaragua, a déclaré un fonctionnaire de l’UE.
Ce sommet tant attendu, huit ans après le précédent, s’est transformé en une impasse sur la question de savoir qui serait le premier à se prononcer sur un sujet sur lequel la grande majorité des 60 pays présents s’étaient déjà mis d’accord lors de plusieurs votes aux Nations unies et dans d’autres institutions internationales.
Alors que l’Union européenne (27 États) souhaitait que le sommet soit axé sur de nouvelles initiatives économiques et une coopération plus étroite afin de contrer l’influence croissante de la Chine dans la région, plusieurs dirigeants de la Communauté des États d’Amérique latine et des Caraïbes (33 États) ont mis sur la table des récriminations vieilles de plusieurs siècles concernant le colonialisme et l’esclavagisme.
« La majeure partie de l’Europe a été, et est toujours, le bénéficiaire déséquilibré d’une relation dans laquelle notre Amérique latine et nos Caraïbes ont été et sont inégalement attelées », a déclaré Ralph Gonsalves, premier ministre de Saint-Vincent-et-les-Grenadines, qui assure la présidence de la CELAC. »
« Les divisions au sujet de la guerre en Ukraine sont à l’origine d’une fracture lors du sommet UE-Latas qui était censé être une rencontre amoureuse. »
https://apnews.com/article/eu-latin-america-summit-ukraine-b0c9cf42c7bbfc58afba3b6f89e3cac6
Fiona Scott Morton
La semaine dernière nous parlions de cette étasunienne choisit par la Commission européenne pour réguler l’activité des GAFAM en Europe :
Fiona Scott Morton, une économiste américaine qui était un haut fonctionnaire antitrust sous le mandat de l’ancien président Barack Obama, a été nommée économiste en chef de la concurrence à la Commission européenne, a annoncé l’organe exécutif de l’UE mardi.
Elle jouera un rôle clé dans les enquêtes menées par l’autorité européenne de la concurrence sur Alphabet (GOOGL.O) Google, Apple (AAPL.O), Meta Platforms (META.O) et Microsoft (MSFT.O), ainsi que sur des fusions très médiatisées telles que l’acquisition d’iRobot (IRBT.O) par Amazon (AMZN.O) et l’accord Figma d’Adobe (ADBE.O).
Sa nomination à l’unité d’élite antitrust de la Commission européenne a suscité des critiques avant même d’être annoncée.
Et bien les critiques ont continué cette semaine contre ce loup dans la bergerie. D’abord venant du Parlement européen :
« Devant le parlement européen, Margrethe Vestager n’est pas venue plaider pour Fiona Scott-Morton. Même si elle s’est pliée au jeu des questions parlementaires pendant plus d’une heure, la commissaire à la Concurrence est simplement venue dire que son choix était définitif.
Les députés européens tirent la sonnette d’alarme devant les conflits d’intérêts possibles dans des dossiers où Fiona Scott-Morton a eu à travailler pour ou contre Microsoft, Apple, Amazon, Broadcom, Pfizer ou Google.
Mais Margrethe Vestager leur oppose une fin de non-recevoir. « Ce serait vraiment aller trop loin si le Parlement avait son mot à dire dans chaque évaluation de conflit d’intérêts pour chaque personne qui arrive à la Commission ou la quitte. J’espère vraiment qu’on a eu votre confiance pour le travail accompli jusqu’ici », a commenté Margrethe Vestager. »
Puis de la part de Macron :
« Le président français Emmanuel Macron a critiqué mardi la décision de la responsable antitrust de l’UE, Margrethe Vestager, d’embaucher une économiste américaine plutôt qu’une européenne pour superviser la Big Tech, ajoutant que son travail antérieur pourrait conduire à des conflits d’intérêts. »
Face à tant de résistance Scott-Morton a finalement préféré renoncer à ce poste :
« « Fiona Scott Morton m’a informée de sa décision de ne pas accepter le poste d’économiste en chef à la concurrence. Je l’accepte avec regret », a déclaré Margrethe Vestager sur Twitter. »
Mais la souveraineté numérique de l’Europe est encore très loin :
« L’Europe a-t-elle laissé passer l’occasion de mettre fin à l’accès disproportionné des agences de renseignement américaines à nos données personnelles ? La réponse est clairement « oui » pour Max Schrems, le juriste autrichien à l’origine des invalidations des accords transatlantiques de transferts de données vers les États-Unis. »
Dédollarisation
Conséquences des sanctions étasuniennes, le processus de dédollarisation du commerce international continue. Cette semaine c’est l’Inde qui prend les initiatives :
« L’Indonésie et l’Inde envisagent de régler leurs transactions bilatérales en monnaie locale et de relier leurs systèmes de paiement rapide afin de stimuler les transferts de fonds transfrontaliers, selon un haut fonctionnaire du gouvernement indien.
La ministre indienne des finances, Nirmala Sitharaman, et son homologue indonésien, Sri Mulyani Indrawati, ont discuté de ces propositions avant les réunions du groupe des vingt pays en Inde, a déclaré le fonctionnaire qui a demandé à ne pas être identifié car les plans ne sont pas publics. Les pourparlers sont avancés et une annonce pourrait être faite une fois que les fonctionnaires auront rempli les formalités, a ajouté le fonctionnaire. »
« Afin de stimuler le commerce et les investissements bilatéraux, le Premier ministre Narendra Modi, qui se trouve aujourd’hui à Abou Dhabi pour s’entretenir avec le président des Émirats arabes unis, le cheikh Mohamed ben Zayed Al Nahyan, a annoncé que l’Inde et les Émirats arabes unis avaient convenu de commencer le règlement commercial en monnaies locales. Le Premier ministre Modi a déclaré qu’il espérait que le commerce bilatéral entre les deux pays dépasserait bientôt la barre des 100 milliards de dollars, alors qu’il s’élève actuellement à 85 milliards de dollars. »
https://indianexpress.com/article/india/pm-narendra-modi-uae-visit-live-updates-abu-dhabi-8838587/
Et pour finir dans ce registre, une vidéo toujours parfaitement documentée, de Marc Touati qui nous explique où en sont les prospectives mondiales :
« Ce sont les deux événements économiques majeurs qui ont marqué la planète ces derniers jours. D’une part, la publication des enquêtes des directeurs d’achat qui détaillent les perspectives de croissance pour le monde et chacun des principaux pays qui le composent.
D’autre part, l’annonce par les BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud) de la création prochaine d’une monnaie d’échange concurrente du dollar et adossée à l’or. »
https://www.youtube.com/watch?v=9N-UmpUO-Sk
A lundi prochain.