Par Emmanuel Leroy − 27 Décembre 2016
Elizaveta Glinka, alias Docteur Liza, grande figure de l’action humanitaire, était dans l’avion qui s’est abîmé en mer Noire le 25 décembre dernier avec le chœur de l’Armée rouge qui se rendait en Syrie.
Je suis d’autant plus bouleversé par sa disparition que je l’avais rencontrée l’année dernière en décembre 2015 au ministère des Affaires étrangères de la République populaire de Donetsk et nous avions travaillé ensemble pour la coordination de l’aide à apporter aux populations du Donbass victimes du régime de Kiev.
Nous avions évoqué lors de cette rencontre, divers projets, dont celui de créer une structure humanitaire franco-russe afin de renforcer les liens entre nos deux pays.
À ce stade, et dans l’attente de l’analyse des boites noires de l’avion, il est impossible d’affirmer avec certitude que l’appareil a été frappé par une puissance hostile ou s’il a été victime d’une avarie.
Toutefois, il me paraît difficile de ne pas faire le rapprochement entre les menaces proférées par Barack Obama et la série d’attaques répétées que la Russie subit depuis. Tout se passe comme si l’administration étasunienne sortante mettait en œuvre un processus de durcissement extrême des relations avec la Russie afin de ruiner à l’avance la politique pro-russe de Donald Trump en créant une situation de conflit irrémédiable sur laquelle son successeur ne pourra revenir.
Le 19 décembre, assassinat de l’ambassadeur de Russie en Turquie suivie quelques heures plus tard de la mort mystérieuse de Piotr Polshikov, diplomate de haut rang spécialiste de l’Amérique Latine, retrouvé mort par arme à feu dans son appartement moscovite. Suicide ou assassinat ? Nous n’avons pas de réponse pour l’instant.
Est-ce que tous ces faits seraient à mettre en relation avec la la capture d’officiers occidentaux, y compris Français, qui auraient été découverts dans un bunker d’Alep-Est lors de la libération de la ville ? Pour ceux qui seraient surpris par cette révélation, ou pour les sceptiques invétérés, je rappellerai les propos de Laurent Fabius, alors ministre des Affaires étrangères sur la branche syrienne d’al-Qaïda ou encore les nombreuses sources faisant état de la présence de forces spéciales françaises en Syrie, au moins depuis 2012 voir ici, ou là, ou encore là.
Une source russe non officielle va même encore plus loin en accusant l’Occident, voire la France d’être à l’origine de cette attaque contre le Tupolev qui s’est abîmé en mer Noire. L’auteur émet l’hypothèse d’une agression radio-électronique comme étant la cause de la panne soudaine des transpondeurs de l’appareil puis de sa chute. Il est certain qu’aujourd’hui un certain nombre d’États disposent des moyens de brouillage électronique ou de la capacité de prendre le contrôle à distance de l’électronique embarquée d’un aéronef.
Si par malheur cette suspicion se trouvait confirmée, il s’agirait là d’une dérive gravissime de la politique étrangère française et d’un acte de guerre commis en temps de paix. Obliger les troupes d’élite de l’armée française à servir la cause des égorgeurs « modérés » d’al-Qaïda représente déjà une forfaiture dont les responsables politiques devront rendre compte, mais si cette ignoble conjecture devait être confirmée et si François Hollande, à la demande de l’OTAN, a donné le feu vert de l’Élysée pour cet acte inqualifiable, il aura définitivement ruiné le crédit et l’honneur de la France et il devra répondre de son geste devant l’Histoire.
Adieu Docteur Liza ! Nous garderons votre mémoire.
Emmanuel Leroy
Lien : Tu 154 : L’incompréhensible crash de l’avion militaire russe à Sotchi
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