Par Moon of Alabama − Le 25 aout 2020
L’affaire du prétendu « empoisonnement » d’Alexey Navalny, un histrion russe, devient de plus en plus curieuse.
Navalny est tombé malade, le 20 août dernier, lors d’un vol entre Tomsk, en Sibérie, et Moscou. L’avion a fait un atterrissage d’urgence à Omsk et Navalny a été transféré dans un hôpital. Il est tombé dans le coma. Les médecins ont diagnostiqué une forte baisse de sa glycémie. Navalny est diabétique et ses symptômes, tels que décrits, correspondaient à un choc diabétique. Nous avions donc conclu – un peu prématurément – que Navalny n’avait pas été empoisonné.
Après un jour et demi à l’hôpital d’Omsk, le patient s’est stabilisé. À la demande de sa famille, il a été transporté par avion à Berlin et admis à l’hôpital de la Charité. La Charité est une très grande clinique universitaire, avec 14 000 employés, gérée par l’État, qui est leader dans de nombreux domaines médicaux. Ses laboratoires ont constaté des effets compatibles avec l’ingestion ou le contact d’un inhibiteur de la cholinestérase :
Après son admission, M. Navalny a été soumis à un examen approfondi par une équipe de médecins de la Charité. Les résultats cliniques indiquent un empoisonnement par une substance du groupe des inhibiteurs de la cholinestérase. La substance spécifique impliquée reste inconnue, et une nouvelle série de tests complets a été lancée. L'effet du poison - à savoir l'inhibition de la cholinestérase dans l'organisme - a été confirmé par de multiples tests effectués dans des laboratoires indépendants. À la suite de ce diagnostic, le patient est maintenant traité avec l'antidote atropine.
La cholinestérase est nécessaire dans le système nerveux humain pour décomposer l’acétylcholine, qui est une substance pour la communication entre les synapses. Les inhibiteurs de la cholinestérase sont utilisés dans le traitement de la maladie d’Alzheimer, de la maladie de Parkinson, des troubles anxieux et d’autres maladies. Les inhibiteurs de la cholinestérase peuvent être trouvés dans certains extraits de plantes ou synthétisés. Il existe deux types d’inhibiteurs de la cholinestérase, les carbamates et les organophosphates. Les deux types sont également largement utilisés comme pesticides. Pendant la Seconde Guerre mondiale, les organophosphates ont été développés comme armes chimiques – tabun, sarin, soman – mais n’ont pas été largement utilisés.
Le contenu de la déclaration de la Charité semble impliquer que les résultats de laboratoire indiquent les effets potentiels d’un inhibiteur de la cholinestérase, et non une substance spécifique elle-même. Ceci est conforme à une déclaration de la clinique d’Omsk qui insiste sur le fait qu’aucun inhibiteur de la cholinestérase, c’est-à-dire un « poison », n’a été trouvé :
"Lorsque Alexey Navalny a été admis à la clinique, il a été examiné pour un large éventail de narcotiques, de substances synthétiques, de drogues psychédéliques et de substances médicales, y compris les inhibiteurs de la cholinestérase. Le résultat a été négatif", a déclaré Sabayev, chef de l'unité d'empoisonnement aigu à l'hôpital de soins d'urgence d'Omsk où Navalny a été traité avant d'être transporté par avion en Allemagne. "En outre, il n'avait pas de tableau clinique, spécifique à l'empoisonnement par des substances du groupe des inhibiteurs de la cholinestérase", a ajouté M. Sabayev, qui est également le meilleur toxicologue de la région d'Omsk et du district fédéral de Sibérie.
Nous pouvons être sûrs qu’un toxicologue qualifié reconnaîtrait une crise cholinergique. Il existe cependant un cas documenté en Inde dans lequel un empoisonnement aux organophosphates a été faussement interprété comme une acidocétose diabétique – merci à Bernd Neuner :
Nous présentons une jeune fille de 15 ans qui a été traitée initialement pour une "acidocétose diabétique" entraînant une aggravation de son état général. Ce problème, associé à des investigations ciblées, nous a finalement conduits à un diagnostic et à la gestion appropriée d'une surdose intentionnelle de pesticide organophosphoré (OP), prenant la forme d'une acidocétose diabétique.
Mais selon le porte-parole du Kremlin, Dimitry Peskov, les médecins russes ont fait le bon diagnostic et appliqué la thérapie appropriée – traduction automatique :
La déclaration des médecins allemands sur le diagnostic du fondateur du FBK, Alexei Navalny, n'est pas nouvelle pour les spécialistes russes, a déclaré aux journalistes Dmitri Peskov, secrétaire de presse du président russe. "Nous n'avons encore rien appris de nouveau de cette déclaration. Nous avons donc contacté nos médecins et leur avons demandé comment, d'un point de vue professionnel, pouvions nous comprendre ce qui a été écrit. Le fait est que cette baisse de cholinestérase a été établie dès les premières heures par nos médecins de l’hôpital d'Omsk. Et l'atropine, dont les Allemands parlent et qui est maintenant donnée au patient, a commencé à être administrée pendant la première heure du séjour du patient en soins intensifs", a déclaré M. Peskov. Le porte-parole présidentiel a souligné que le niveau de cholinestérase peut diminuer pour diverses raisons, notamment à cause de la prise de plusieurs médicaments. En même temps, les médecins allemands n'ont pas identifié de substance toxique dans les analyses de Navalny. "Il est donc très important ici de trouver ce qui a causé la baisse des niveaux de cholinestérase. Et ni nos médecins, ni les Allemands n'ont encore pu en établir la cause. Du moins, c’est ce qui découle de la déclaration de nos collègues médecins allemands. Il n'y a pas de substance, malheureusement, elle ne peut pas être établie, les analyses ne le montrent pas", a expliqué M. Peskov. Il a souligné que les données analytiques des médecins russes et allemands sont les mêmes, mais que les conclusions sont différentes. "Nous ne comprenons pas pourquoi nos collègues allemands sont si pressés d’utiliser le mot empoisonnement. Vous savez, cette version était parmi les premières que nos médecins ont examinées, mais je le répète encore une fois : la substance n'a pas encore été établie. Peut-être que les Allemands ont des données", a déclaré M. Peskov, notant que les médecins russes sont prêts à fournir des échantillons des premiers tests.
Si Navalny a été empoisonné – ce qui n’est pas établi – la question suivante est de savoir comment Navalny est entré en contact avec un inhibiteur de la cholinestérase. Le contact a-t-il été causé par lui-même ou par quelqu’un d’autre ? Était-ce intentionnel ou non ?
Les porte-parole de Navalny ont insisté sur le fait que la seule substance que Navalny a ingérée ce matin-là était un thé provenant d’un bar de l’aéroport. Une vidéo de la télévision en circuit fermé de l’aéroport montre que le thé a été apporté du bar par une personne qui s’est ensuite assise avec Navalny. Ils ont vraisemblablement voyagé ensemble. Comment le barman de l’aéroport, s’il a soi-disant empoisonné Navalny, aurait-il pu savoir pour qui était le thé ?
Alors que les médias « occidentaux » poursuivent leur absurde « Poutine a empoisonné Navalny », il est important d’insister sur le fait que d’autres personnes ont plus de raisons de nuire à Navalny que le Kremlin :
Au cours des dernières années, Navalny s'est fait des ennemis en révélant des affaires de corruption. Sa dernière affaire concernait le gouverneur local de Tomsk. C'est aussi la raison pour laquelle il s'y était rendu en avion. Si Navalny est victime d'un crime, les suspects devraient être recherchés là-bas.
Moon of Alabama
Traduit par Wayan, relu par Jj pour le Saker Francophone