Quatre années et trente millions de morts plus tard


Par Ron Unz − Le 22 avril 2024 − Source Unz Review

L’épidémie mondiale de COVID a commencé il y a plus de quatre ans, et si l’on a quelque peu arrêté d’en parler au cours des deux dernières années au vu de l’attention désormais portée sur la guerre menée en Ukraine par la Russie et le conflit entre Israël et Gaza, elle a eu un impact colossal et persistant.

L’épidémie de COVID et les néo-conservateurs de Trump

The Economist tient à jour depuis 2020 le décompte le plus reconnu du nombre de décès humains et suivant ses calculs, le nombre total d’« excès de mortalité » à l’échelle mondiale a quasiment atteint les trente millions, cependant que des milliards de personnes ont vu leur vie fortement perturbée par les confinements et les dislocations économiques. Les États-Unis ont également subi ces mêmes facteurs, totalisant plus d’un million de décès d’Étasuniens, et les importantes dépenses du gouvernement en vu d’empêcher un effondrement économique ont fait augmenter notre dette de plus de 1000 milliards de dollars, soit une augmentation d’à peu près 50% au cours des toutes dernières années.

Durant cette même période, j’ai publié une longue suite d’articles sur le sujet des origines du Covid. La journée d’hier a marqué la date anniversaire de publication du premier de ces articles, et au cours des derniers jours, j’ai relu la plupart de mes écrits à ce sujet, dont le volume total dépasse largement les 100 000 mots.

Dans la plupart de ces articles, j’avais supposé que les impacts sociaux et économiques à long terme de l’épidémie et des confinements seraient bien plus importants que ce qui a été observé. La vie quotidienne aux États-Unis semble être revenue à la normale bien plus rapidement que je ne m’y attendais à l’époque. Hormis quelques changements permanents ci et là, les signes rappelant ces années très difficiles semblent pour la plupart avoir disparu de notre vie quotidienne, et je pense que l’on retrouve ce schéma dans la plupart des autres pays. Mais si l’on met de côté cette prédiction non avérée — que sans doute d’autres observateurs ont pu partager à l’époque — je pense pouvoir dire que je maintiens absolument les positions que j’ai prises dans cette grosse vingtaine d’articles, surtout pour ce qui concerne mon analyse très controversée des véritables causes de cette épidémie mondiale dévastatrice.

L’origine du COVID a constitué ma principale contribution au débat public, et maintenant que quatre années se sont écoulées, et que la poussière est partiellement retombée, je pense qu’il est utile de revenir sur cette question et de repasser en revue certains de mes arguments. Mais bien que mon premier article date du mois d’avril 2020, on comprend mieux l’analyse sous-jacente à celui-ci en prenant en compte des événements qui se sont produits antérieurement.

En 2016, une vague massive de rejet contre les establishments politiques, aussi bien Démocrate que Républicain, a porté Donald Trump jusqu’à la Maison-Blanche. Cependant, il s’est malheureusement révélé rapidement être un président déconnecté et plutôt erratique, et affublé des problèmes naturels qui caractérisent quiconque est entièrement nouveau dans l’exercice d’un mandat électif ; si bien qu’il a notoirement permis à ses principaux conseillers de tourner en rond autour de lui sur des sujets importants.

En outre, bien qu’il ait mené sa campagne de 2016 en se présentant comme candidat d’un changement idéologique drastique, la plupart des nominations qu’il a décidées ont promu des Républicains relativement conventionnels. Dans les quinze mois suivant son élection, il s’est persuadé de mettre sa politique de sécurité nationale entre les mains de néo-conservateurs durs, comme le Secrétaire d’État Mike Pompeo, ou le Conseiller à la Sécurité Nationale John Bolton, deux personnages intensément hostiles envers la Chine et l’Iran, qui ont parfois ignoré ou contourné leur ignorant supérieur. Des journalistes de premier plan ont par la suite rapporté que les principaux conseillers de Trump dissimulaient parfois ses ordres exécutifs, ce qui a empêché Trump de les ratifier au statut de loi, en espérant qu’il allait les oublier — et il les a effectivement oubliés.

Pour exemple particulièrement grave de l’incapacité de Trump à contrôler ses propres subordonnés, on peut citer une réunion au sommet des plus importantes, fin 2018, avec son homologue chinois Xi Jinping. Huawei était l’une des sociétés chinoises les plus importantes, championne technologique au niveau mondial, dont le directeur financier, Meng Wanzhou, était la fille du fondateur et président de la société, et anciennement figurant parmi les dirigeants de premier plan de son pays. Mais à peine huit mois après sa prise de fonctions, Bolton a ordonné son arrestation lors d’un transit au Canada, sur la base d’accusations de violations de sanctions étasuniennes en Iran, une action qui a gravement abîmé nos relations avec la Chine. Plusieurs années plus tard, un article de 10 000 mots paru dans le Wall Street Journal révélait certains détails fascinants derrière ce grave incident international.

M. Bolton, alors conseiller à la sécurité nationale au sein de l’administration Trump, savait que l’arrestation de Mme Meng pouvait perturber le grand événement que constituait ce sommet, un dîner entre le président Donald Trump et le dirigeant chinois Xi Jinping. Pourtant, M. Bolton, faucon antichinois de la première heure, a estimé que le risque méritait d’être pris. Le président ne savait encore rien de ses projets. Les employés de la Maison-Blanche ont par la suite débattu du sujet de savoir si M. Bolton avait informé M. Trump, ou si le plan était resté inconnu de ce dernier…

Mme Meng a été conduite au poste de police, on a relevé ses empreintes et on lui a permis de passer un coup de téléphone au seul avocat parlant le chinois que Huawei parvint à trouver en un délai réduit, un avocat spécialisé en droit des brevets. Alors que l’avocat prenait la route pour venir au poste de police, Mme Meng s’est mise à manquer d’air, ce qui a inquiété les policiers qui l’ont envoyée à l’hôpital.

Messieurs Trump et Xi étaient au même moment attablés et dégustaient un steak argentin, accompagné d’un Malbec de 2014. L’objectif du dîner était de parvenir à une trêve dans la guerre commerciale étasuno-chinoise, de plus en plus marquée. Aucun des deux hommes ne semble avoir été mis au courant de l’arrestation de Mme Meng. M. Bolton, assis à côté de M. Trump, n’en a pas fait mention.

Selon les dirigeants chinois, M. Xi a été mis au courant de cette arrestation peu de temps après, et a considéré la séquence comme trompeuse et insultante. Il venait d’accepter d’acheter davantage de denrées alimentaires et de ressources énergétiques en provenance des États-Unis.

M. Trump a questionné M. Bolton plusieurs jours plus tard, lors d’un dîner de Noël tenu à la Maison-Blanche, selon des personnes ayant assisté à la conversation. « Pourquoi avez-vous fait arrêter Meng ? » a demandé le président. « Vous saviez pourtant qu’elle est l’Ivanka Trump chinoise ? »

Treize mois plus tard, un incident encore plus choquant s’est produit dans le Moyen-Orient. Durant de nombreuses années, le général Qasem Soleimani avait été considéré comme le dirigeant militaire le plus important d’Iran et, au vu de son excellente réputation auprès du peuple iranien, on le considérait comme un candidat probable pour les élections présidentielles de 2021. Mais début 2020, des dirigeants étasuniens l’ont attiré à Bagdad sous prétexte de négociations de paix pour le Moyen-Orient avec nos représentants, et ont ensuite persuadé Trump de le faire assassiner à son arrivée sur place, le 2 janvier. Ce meurtre odieux a amené nos deux nations sur le seuil de la guerre ouverte, les Iraniens se mettant à bombarder nos bases du Moyen-Orient au moyen d’une bonne dizaine de missiles balistiques, par représailles. Bien que l’Iran ait annoncé cette opération avec suffisamment d’avance pour éviter que des Étasuniens soient tués, plus d’une centaine de nos soldats ont été blessés.

Depuis longtemps l’Iran essayait de renouer des relations amiables avec les États-Unis, mais les Israéliens considéraient ce pays comme leur plus important rival de la région, et durant plus d’une décennie, ils avaient œuvré de concert avec leurs proches alliés néo-conservateurs pour provoquer une guerre entre l’Iran et les États-Unis, dans l’espoir d’amener notre puissante armée à détruire leur adversaire local, à l’instar de la manière dont nous avons attaqué et détruit l’Irak de Saddam Hussein au lendemain des attentats du 11 septembre. Aussi, cet assassinat s’inscrivit presque certainement dans ce projet israélien établi de longue date, et bien que les responsables exacts au sein du gouvernement étasunien n’aient jamais été identifiés, il apparaît comme hautement probable que Pompeo et Bolton aient été lourdement impliqués dans sa préparation.

L’assassinat public d’un dirigeant étranger aussi élevé, en temps de paix, constituait une action quasiment sans précédent au cours des trois derniers siècles d’histoire mondiale ; et nos médias dominants ont pris grand soin d’éluder totalement l’évidente dimension israélienne de ce crime. Il s’en est suivi que j’ai décidé d’explorer le vaste sujet des assassinats, en me concentrant sur le Mossad israélien et son probable rôle dissimulé derrière un grand nombre d’incidents de haut niveau déclenchés au cours des soixante-dix années passées. À la fin mars 2024, j’ai publié une longue et exhaustive analyse sur ce sujet historique important.

American Pravda : Assassinats du Mossad
Ron Unz — The Unz Review — 27 janvier 2020 — 27300 mots

L’épidémie de COVID — un épisode de guerre biologique ?

Bien que ce long article ait attiré un important lectorat et ait fait l’objet de plus de 1000 commentaires, l’épidémie de Covid apparue à cette époque recevait une attention de plus en plus importante, et balaya rapidement tous les autres sujets. Mais ces incidents remontant au début de l’administration Trump me sont restés à l’esprit alors que je commençai à examiner l’émergence subite de ce nouveau virus mystérieux à Wuhan, en Chine.

Mon premier article important sur le COVID est paru au mois d’avril 2020, et j’y ai décrit la séquence des événements :

Lorsque les journaux du matin ont commencé à faire mention de l’apparition d’une nouvelle maladie mystérieuse en Chine à la mi-janvier, je n’y ai guère prêté attention, absorbé que j’étais par les retombées de l’assassinat du haut dirigeant iranien et de la possibilité dangereuse d’une nouvelle guerre au Moyen-Orient. Mais les rapports ont continué de s’accumuler, et le nombre de décès s’est accru, indiquant que la maladie virale pouvait se transmettre entre humains. Les premières tentatives conventionnelles menées par la Chine en vue de contenir la propagation de la maladie semblaient échouer.

Puis, le 23 janvier, après seulement 17 décès, le gouvernement chinois a pris la décision stupéfiante de confiner et de mettre en quarantaine les onze millions d’habitants de la ville de Wuhan, un événement qui a soulevé l’attention du monde entier. Ils ont rapidement étendu cette politique aux 60 millions de Chinois habitant la province de Hubei, et peu de temps après, ont bloqué l’ensemble de l’économie nationale et confiné 700 millions de Chinois à domicile, une mesure de santé publique sans doute mille fois plus importante que toute autre jamais décidée dans l’histoire humaine. Soit les dirigeants chinois étaient devenus subitement fous, soit ils considéraient ce nouveau virus comme une menace nationale absolument mortelle, de nature à justifier un contrôle à tout prix.

Les premiers récits du New York Times et d’autres organes de presse dominants ne faisaient aucune mention des origines du virus du COVID, ou bien le décrivaient comme naturel, mais dès le tout début, de nombreux autres récits apparurent sur Internet, présentant une perspective radicalement différente.

En janvier, peu d’Étasuniens prêtèrent attention aux premiers rapports faisant état d’une épidémie inhabituelle dans la ville chinoise de Wuhan, dont on ne connaissait qu’à peine le nom. Loin de cela, l’attention politique était centrée sur la lutte pour la destitution de Trump et sur les retombées de notre dangereuse confrontation militaire avec l’Iran. Mais vers la fin du mois, j’ai découvert que les franges de l’Internet débordaient d’affirmations selon lesquelles la maladie était provoquée par une arme biologique chinoise accidentellement libérée du laboratoire même de Wuhan, cette théorie étant promulguée activement par Steve Bannon, ancien conseiller de Trump, ainsi que ZeroHedge, un site internet conspirationniste de droite. De fait, ces récits se sont tellement propagés dans ces cercles idéologiques que le sénateur Tom Cotton, un néoconservateur républicain de premier plan, s’est mis à la promouvoir sur Twitter et sur Foxnews, provoquant la publication d’un article dans le New York Times sur ces « théories complotistes marginales. »

Peu de temps après, j’ai découvert que de nombreuses théories sur le COVID promues par ces activistes de droite anti-chinois trouvaient apparemment leurs racines dans des tentatives de propagande du gouvernement étasunien. Dès le 9 janvier, avant même qu’un seul décès pour cause de COVID ait été officiellement rapporté, notre radio Free Asia, associée à la CIA, s’était mise à propager des récits selon lesquels le COVID pouvait être une arme biologique chinoise échappée du laboratoire de Wuhan, et deux semaines plus tard, le journal de droite Washington Post reprenait le même récit, citant des membres anonymes du gouvernement étasunien qui semblaient lui apporter du crédit.

Ces étranges développements ont commencé à soulever rapidement des doutes dans mon esprit. Qui plus est, que le virus fût naturel ou résultât d’une fuite hors d’un laboratoire, l’agenda de son apparition m’apparaissait comme très suspect, comme je l’ai expliqué dans mon article :

Quelles que soient les origines de l’idée, apparaît-il plausible que l’épidémie de coronavirus ait pu découler d’une fuite accidentelle de ce laboratoire chinois ? …

Durant le mois de janvier, les journalistes écrivant au sujet de la crise sanitaire en développement en Chine insistaient régulièrement sur le fait que la nouvelle épidémie virale s’était produite au pire moment et dans le pire lieu possibles, avec une apparition dans le nœud de transports de Wuhan juste avant les vacances du Nouvel An, alors mêmes que des centaines de millions de Chinois s’apprêtaient à rejoindre leurs lointaines familles pour les festivités, provoquant potentiellement une propagation de la maladie dans toutes les régions du pays et produisant une épidémie permanente et incontrôlable. Le gouvernement chinois a évité ce destin funeste en prenant la décision sans précédent de fermer toute l’économie chinoise et de confiner 700 millions de Chinois à domicile pendant de nombreuses semaines. Mais le résultat semble avoir été très juste, et si Wuhan était restée ouverte à peine quelques jours de plus, la Chine aurait pu avoir à subir une dévastation économique et sociale à long terme.

Une fuite accidentelle hors d’un laboratoire se serait évidemment produite de manière aléatoire dans l’agenda. Mais l’épidémie semble avoir commencé à la période de temps précisément la plus à même de provoquer des dégâts en Chine, la fenêtre de temps de dix jours, voire de trente jours, la pire possible. Comme je l’ai noté au mois de janvier, je n’ai vu aucune preuve solide du fait que le coronavirus soit une arme biologique, mais s’il l’était, l’agenda de son apparition rendrait un accident très peu probable.

Les États-Unis et la Chine avaient passé les années précédentes dans un état d’âpre confrontation internationale, et voici qu’un virus mystérieux était apparu dans le second pays, propre à dévaster sa société et son économie. Cela ne constituait pas le début d’une preuve, mais cela souleva en moi des soupçons raisonnables :

Si le virus avait été libéré de manière intentionnelle, le contexte et les motivations d’une telle attaque biologique contre la Chine ne pouvaient guère être plus évidents. Bien que nos médias peu éveillés continuent de prétendre le contraire, la taille de l’économie chinoise a dépassé la nôtre il y a plusieurs années déjà, et a continué de connaître une croissance toujours plus rapide. Les entreprises chinoises ont également pris la tête dans plusieurs technologies centrales, avec Huawei qui est devenu le principal fabricant d’équipements de télécommunications au monde, et qui domine l’important marché de la 5G. Le projet chinois des Nouvelles Routes de la Soie a menacé de réorienter le commerce mondial autour d’une masse terrestre eurasiatique interconnectée, de quoi diminuer fortement le contrôle des États-Unis par les mers. J’ai suivi de près la Chine depuis plus de quarante ans, et les tendances n’ont jamais été aussi marquées. En 2012 déjà, j’avais publié un article sous le titre provocateur : « Montée de la Chine, chute des États-Unis ?«  et depuis lors je n’ai trouvé aucune raison de remettre en cause mon verdict.

Laquelle des superpuissances est-elle la plus menacée par ses « élites extractives » ?
Ron Unz — The American Conservative — 17 avril 2012 — 7000 mots

Durant les trois générations qui ont succédé à la seconde guerre mondiale, les États-Unis se sont maintenus comme puissance mondiale suprême sur les plans économique et technologique, et l’effondrement de l’Union soviétique il y a trente ans nous a laissé comme seule superpuissance restante, n’ayant plus à faire face à une puissance rivale militaire crédible. Un sentiment croissant de perte de ce positionnement sans défi a sans doute inspiré la rhétorique anti-chinoise de nombreuses personnalités de premier plan de l’administration Trump, qui ont lancé une importante guerre commerciale peu après avoir pris leurs fonctions. La misère et l’appauvrissement croissants affligeant de vastes sections de la population étasunienne ont naturellement amené ces électeurs à chercher un bouc émissaire, et une Chine prospère et en plein essor a constitué la cible parfaite.

Malgré le conflit économique de plus en plus marqué contre la Chine au cours des deux dernières années, je n’avais jamais envisagé la possibilité que la situation pût prendre un tournant militaire. Les Chinois avaient depuis longtemps déployé des missiles de portée intermédiaire, que de nombreux observateurs considéraient comme propres à couler nos porte-avions dans la région, et ils avaient également amélioré leur dissuasion militaire conventionnelle. Qui plus est, la Chine entretient de bonnes relations avec la Russie, qui constitue la cible d’une intense hostilité étasunienne depuis plusieurs années ; et la nouvelle série de missiles hypersoniques russes révolutionnaires a fortement réduit tout avantage stratégique des États-Unis. Aussi, une guerre conventionnelle contre la Chine apparaissait comme une entreprise absolument désespérée, cependant que les hommes d’affaires et ingénieurs chinois gagnaient constamment du terrain face à un système économique étasunien en déclin et hautement financiarisé.

Au vu de ces circonstances difficiles, une attaque de guerre biologique par les États-Unis contre la Chine pouvait apparaître comme la seule carte restant à jouer dans l’espoir de maintenir la suprématie des États-Unis. Le déni plausible permettait de minimiser les risques de représailles de la part de la Chine, et si l’attaque réussissait, le terrible coup porté à l’économie chinoise allait lui infliger un retard de plusieurs années, allant peut-être même jusqu’à déstabiliser son système social et politique. L’utilisation des médias alternatifs pour promouvoir dès le départ des théories selon lesquelles l’épidémie de coronavirus découlait d’une fuite depuis un laboratoire d’armes biologiques chinoises constituait un moyen naturel de prendre l’ascendant sur toute accusation chinoise à venir suivant ces lignes, ce qui permettait aux États-Unis de remporter la guerre de propagande internationale avant même que la Chine ait commencé à se battre.

….

Telles étaient les pensées que j’avais à l’esprit durant la dernière semaine de janvier, après que j’ai découvert les théories circulant largement et selon lesquelles l’épidémie massive chinoise constituait une conséquence auto-infligée de ses propres recherches en matière de guerre biologique. Je ne voyais aucune preuve solide du fait que le coronavirus fût une arme biologique, mais si cela en était une, la Chine constituait certainement la victime innocente de l’attaque, sans doute menée par des éléments de l’establishment de la sécurité nationale étasunienne.

Peu de temps après, on a porté à mon attention un très long article écrit par un expatrié étasunien installé en Chine, se faisant appeler « Metallicman », et tenant de toute une gamme de croyances excentriques et peu plausibles. J’ai compris depuis longtemps que des personnalités bancales peuvent souvent tenir lieu de vecteur pour des informations importantes indisponibles par ailleurs, et cette instance en a constitué un parfait exemple. Son article dénonçait l’épidémie comme une probable attaque menée par les États-Unis, et apportait de nombreux éléments factuels que je n’avais pas considérés jusqu’alors. Comme il a autorisé la republication de son article, je l’ai fait, et son analyse longue de 15000 mots, bien qu’assez brute de forme et peu policée, a commencé à attirer un nombre considérable de lecteurs sur notre site, sans doute parce qu’il s’agissait de l’un des premiers articles rédigés en langue anglaise à suggérer que la nouvelle maladie mystérieuse était une arme biologique étasunienne. Nombre de ses arguments me sont apparus comme douteux ou rendus inutiles par les développements ultérieurs, mais plusieurs autres me sont apparus comme plutôt convaincants.

Il indiquait qu’au cours des deux années précédentes, l’économie chinoise avait déjà subi des secousses importantes à cause d’autres nouvelles maladies mystérieuses, frappant à l’époque des animaux plutôt que les humains. Durant l’année 2018, un nouveau variant de la grippe aviaire avait balayé le pays, éliminant de vastes pans de l’industrie volaillère chinoise, puis en 2019 une épidémie virale de grippe porcine avait dévasté les fermes porcines chinoises, détruisant 40 % de la source de viande intérieure du pays, et il s’était dit à grande échelle que cette épidémie de grippe porcine avait été propagée par de mystérieux drones. Mes journaux du matin n’avaient pas ignoré ces récits importants, et avaient noté que l’effondrement subi d’une grande partie de la production de nourriture intérieure chinoise pouvait constituer une bénédiction pour les fermes étasuniennes orientées vers l’exportation au plus haut de notre conflit commercial, mais je n’avais jamais examiné les implications évidentes que cela pouvait induire. Ainsi, durant trois années de suite, la Chine avait été gravement impactée par d’étranges maladies virales, la dernière étant la seule à s’être montrée mortelle pour l’humain. Ces éléments restaient purement circonstanciels, mais le schéma semblait hautement suspect.

L’auteur notait également que peu avant l’épidémie de coronavirus à Wuhan, la ville avait hébergé 300 officiers de l’armée étasunienne, venus participer aux Jeux Mondiaux Militaires, une coïncidence d’agenda des plus remarquables. Comme je l’ai indiqué à l’époque, comment les Étasuniens réagiraient-ils si 300 officiers de l’armée chinoise étaient venus pendant une durée prolongée à Chicago, et que peu après une épidémie mystérieuse et mortelle avait subitement éclaté dans la même ville ? Ici encore, les éléments sont purement circonstanciels, mais sont de nature à soulever des soupçons des plus sombres.

Les recherches scientifiques sur le coronavirus avaient déjà indiqué ses origines chez la chauve-souris, ce qui avait amené les médias à supposer que des chauve-souris vendues sur les marchés ouverts de Wuhan avaient constitué le vecteur originel de la maladie. Dans le même temps, les vagues d’accusations anti-chinoises orchestrées avaient insisté sur les recherches menées dans le laboratoire chinois sur la même source virale. Mais nous avons rapidement publié un long article écrit par Whitney Webb, journaliste d’investigation, qui apportait des preuves à la pelle établissant l’importance colossale des efforts de recherche menés par les laboratoires étasuniens en matière de guerre biologique, qui s’étaient également centrés durant des années sur les virus de la chauve-souris. Webb était à l’époque associée avec MintPress News, mais cet organisme avait étrangement refusé de publier son article, peut-être frileux d’exposer les graves accusations que cela induisait à l’encontre du gouvernement étasunien sur ce sujet colossal. Si elle n’avait pas pu publier son article sur notre plateforme, sa contribution majeure au débat public aurait pu se trouver restreinte à un lectorat très réduit.

………

À peu près dans le même temps, j’ai noté une autre coïncidence des plus étranges qui n’avait soulevé aucune attention de la part de nos médias nationaux somnolents. Bien que son nom ne me dît rien, mes journaux du matin de cette fin janvier évoquaient des récits importants au sujet de l’arrestation surprise du professeur Charles Lieber, l’un des principaux scientifiques de l’Université de Harvard et président de son département de chimie, que l’on présentait parfois comme un potentiel futur Prix Nobel.

Les circonstances de cette affaire m’apparaissaient comme très bizarres. Comme de nombreux autres universitaires étasuniens de premier plan, Lieber avait noué durant des décennies des liens étroits avec la Chine en matière de recherches scientifiques, exerçant des nominations conjointes et recevant des fonds substantiels pour ses travaux. Mais voici qu’il était accusé de violations de suivi financier vis-à-vis de ses candidatures dans les dotations de fonds gouvernementaux — un délit des plus obscurs — et sur la base de ces accusations, il fut arrêté par le FBI au petit matin dans sa maison de banlieue de Lexington et emmené menottes aux poignets, encourant peut-être des années d’emprisonnements dans des prisons fédérales.

Une telle action gouvernementale à l’encontre d’un universitaire semblait presque sans précédent. Au plus haut de la Guerre Froide, de nombreux scientifiques et techniciens étasuniens furent accusés à raison d’avoir volé des secrets sur les armes nucléaires pour les livrer à Staline, mais je n’avais jamais entendu dire qu’on les avait traités de manière aussi rude, sans parler d’universitaires de la stature du professeur Lieber, qui n’était accusé que de violations techniques en matière de suivi financier. De fait, cet incident rappelait les récits de descentes pratiquées par le NKVD durant les purges soviétiques des années 1930.

Bien que Lieber fût décrit comme professeur de chimie, quelques secondes de recherches sur Google ont suffi à révéler que certains de ses travaux les plus importants avaient relevé de la virologie, dont certains portaient sur les technologies de détection de virus. Ainsi, une nouvelle épidémie virale, massive et mortelle, avait éclaté en Chine et presque simultanément, un haut universitaire étasunien présentant des liens étroits avec la Chine et une expertise en matière de virus avait subitement été arrêté par le gouvernement fédéral, et il ne se trouvait aucun média pour exprimer la moindre curiosité vis-à-vis d’un possible lien entre ces deux événements.

Je pense ne prendre que peu de risques en supposant que l’arrestation de Lieber par le FBI avait été provoquée par l’occurrence de l’épidémie de coronavirus, mais aller plus loin relève purement de la spéculation. Ceux qui accusent à présent la Chine d’avoir créé le coronavirus pourraient certainement suggérer que nos agences de renseignements ont découvert que le professeur de Harvard avait été personnellement impliqué dans cette recherche au caractère mortel. Mais je pense qu’il est bien plus probable que le professeur Lieber se soit mis à se demander si cette épidémie en Chine pouvait constituer le résultat d’une attaque biologique lancée par les États-Unis, et qu’il avait peut-être évoqué ses soupçons avec un peu trop de force, entrainant le courroux de notre establishment de sécurité nationale. L’application d’un traitement de cette rudesse à un haut scientifique de Harvard est de nature à fortement intimider tous ses collègues, qui pourraient désormais réfléchir à deux fois avant d’évoquer certaines théories controversées face à un journaliste.

………….

À la fin du mois de janvier, notre magazine en ligne avait publié une bonne dizaine d’articles et de posts sur l’épidémie de coronavirus, et le mois de février en a vu paraître de nombreux autres. Ces articles totalisaient des dizaines de milliers de mots et ont attiré un demi-million de mots en commentaires, constituant peut-être bien la source principale en langue anglaise d’un point de vue particulier sur l’épidémie mortelle, et ces éléments ont fini par attirer des centaines de milliers de lecteurs. Quelques semaines plus tard, le gouvernement chinois s’est mis à évoquer prudemment la possibilité que le coronavirus ait pu être apporté à Wuhan par les 300 militaires étasuniens présents dans la ville, et s’est fait lourdement attaquer par l’administration Trump pour avoir répandu de la propagande anti-étasunienne. Mais je soupçonne fortement que les Chinois avaient trouvé cette idée dans nos propres publications.

Alors que le coronavirus commençait peu à peu à se répandre en dehors des frontières de la Chine, un autre développement s’est produit, propre à multiplier mes soupçons. La plupart des premiers cas s’étaient produits exactement comme l’on pouvait s’y attendre, au sein de pays d’Asie orientale jouxtant la Chine. Mais à la fin février, l’Iran était devenu le second épicentre de l’épidémie globale. Plus surprenant encore, ses élites politiques s’étaient trouvées particulièrement frappées, avec pas moins de 10 % des membres du parlement iranien infectés, et au moins une dizaine de dirigeants et hommes politiques morts de la maladie, dont certains étaient particulièrement âgés. De fait, les activistes néo-conservateurs sur Twitter se mirent à noter avec joie que leurs ennemis honnis d’Iran tombaient désormais comme des mouches.

Examinons les implications de ces faits. La seule élite politique au monde à avoir eu à subir des pertes aussi importantes est celle de l’Iran, et cela s’est produit à un stade très précoce, avant que des flambées épidémiques se soient produites où que ce soit dans le monde en dehors de Chine. Ainsi, on voit les États-Unis assassiner le 2 janvier un haut dirigeant militaire iranien, puis à peine quelques semaines plus tard, de vastes portions de l’élite dirigeante iranienne infectées par un nouveau virus mystérieux et mortel, en tuant un grand nombre. Y a-t-il une personne dotée d’un esprit rationnel qui puisse considérer cette séquence comme une pure coïncidence ?

La guerre biologique constitue un sujet très technique, et il est fort peu probable de voir ceux qui en détiennent l’expertise faire état naïvement de leurs activités de recherches classifiées dans les pages de nos grands journaux, et ce encore moins depuis que le professeur Lieber a été emmené en prison, fers aux poignets. Je n’y connais personnellement strictement rien. Mais à la mi-mars, je suis tombé sur des commentaires extrêmement longs et détaillés au sujet de l’épidémie de coronavirus, postés sur un petit site internet par un individu auto-désigné sous le pseudo « OldMicrobiologist », affirmant être un vétéran à la retraite de la bio-défense des États-Unis. Le style et les détails des éléments qu’il a postés m’ont frappé par leur crédibilité, et après quelques recherches, j’ai conclu qu’il était très probable que l’expérience qu’il revendiquait fût bien réelle. Je me suis arrangé pour republier ses commentaires sous la forme d’un article de 3400 mots, qui a bientôt attiré un lectorat important, et 80 000 mots de commentaires supplémentaires.

Bien que l’auteur soulignât l’absence de preuves formelles, il affirmait que son expérience l’amenait à fortement soupçonner que l’épidémie de coronavirus fût bien une attaque de guerre biologique lancée par les États-Unis contre la Chine, sans doute menée par des agents entrés dans le pays sous couverture des Jeux Militaires organisés à Wuhan à la fin octobre, suivant le type d’opération de sabotage que nos agences de renseignements avaient déjà mené en d’autres lieux. Un point important sur lequel il insistait était qu’un haut taux de mortalité était souvent contre-productif pour une arme biologique, car invalider ou hospitaliser de grands nombres de personnes peut imposer des coûts économiques nettement plus élevés à un pays qu’un agent provoquant le même nombre de décès. Selon ses dires, « une maladie fortement contagieuse et peu létale est parfaite pour provoquer la ruine d’une économie, » ce qui suggère que les caractéristiques apparentes du coronavirus étaient proches d’être optimales à cet égard. Les lecteurs intéressés peuvent se pencher sur son analyse et évaluer par eux-mêmes sa crédibilité et ses capacités à persuader…

L’un des aspects intriguant de la situation est que presque dès le départ, des rapports de cette étrange nouvelle épidémie en Chine ont frayé leur chemin dans les médias internationaux, qu’une vaste campagne orchestrée avait été lancée sur de nombreux sites web et plateformes de médias sociaux pour identifier la cause comme arme biochimique chinoise, libérée imprudemment dans son propre pays. Dans le même temps, l’hypothèse nettement plus plausible selon laquelle la Chine était la victime, et non l’instigatrice, ne recevait quasiment aucun soutien où que ce soit, et ne se mit à prendre forme qu’après que j’ai peu à peu localisé et republié les éléments pertinents, souvent tirés d’obscurs coins de l’Internet, et souvent postés par des anonymes. Il semblait donc que la seule partie à mener une guerre de l’information active était hostile à la Chine. L’épidémie et le lancement quasiment simultané d’une campagne de propagande aussi massive ne prouve pas nécessairement l’occurrence d’une attaque biologique, mais je pense que la séquence tend à soutenir cette théorie.

Au début du mois de mars, j’étais de plus en plus convaincu d’avoir compris ce qui s’était produit. Après tout, la Chine et l’Iran étaient les deux pays au monde les plus ciblés par l’hostilité des États-Unis, et il s’agissait des deux pays frappés en premier par le mystérieux virus du COVID, une coïncidence extrêmement étrange, que l’on considère le scénario d’un virus naturel ou celui d’une fuite accidentelle hors d’un laboratoire.

Mais l’accusation que j’examinais était colossale, voulant qu’une attaque de guerre biologique funeste, lancée par des éléments de notre propre gouvernement, ait pu provoquer un désastreux retour de flamme, avec pour conséquence des centaines de milliers d’Étasuniens malades ou morts. Aussi, bien que tous ces éléments circonstanciels m’apparussent comme très convaincants, je n’estimai toujours pas disposer de preuves suffisantes pour produire une publication.

Mais la situation a changé début avril, lorsque l’échec désastreux de nos propres autorités de santé publique à contrôler l’épidémie en éclosion a débouché sur une suite de fuites furieuses de la part de nos services de renseignements. J’ai rapidement compris les implications explosives de ces révélations, qui semblent par ailleurs être restées sous le radar de l’attention de quiconque.

Mais au vu des conséquences terribles de l’évidente inaction de notre propre gouvernement, des éléments de nos agences de renseignements ont tâché de démontrer qu’ils n’étaient pas responsables de ce déclenchement. En début du mois, un récit produit par ABC News a cité quatre sources gouvernementales séparées révélant que dès la fin du mois de novembre, une unité de renseignement spécialement dédiée à la santé au sein de notre Defense Intelligence Agency avait produit un rapport prévenant qu’une épidémie incontrôlable se produisait dans la région chinoise de Wuhan, et avait largement distribué ce document au gratin de notre gouvernement, avertissant qu’il fallait mener des actions pour protéger les soldats étasuniens stationnés en Asie. Après que la nouvelle s’est éventée, un dirigeant du Pentagone a officiellement réfuté l’existence de ce rapport du mois de novembre, et divers autres dirigeants de haut niveau du gouvernement et des services de renseignement ont refusé de commenter le sujet. Mais quelques jours plus tard, la télévision israélienne a fait mention du fait que les services de renseignements étasuniens avaient au mois de novembre bel et bien partagé ce rapport au sujet de l’épidémie de Wuhan avec ses alliés de l’OTAN et avec Israël, ce qui semblait confirmer de manière indépendante la totale véracité du récit originellement produit par ABC News et ses plusieurs sources au sein du gouvernement.

 

Il apparaît donc que des éléments de la Defense Intelligence Agency étaient au courant de l’épidémie de virus mortel à Wuhan plus d’un mois avant que les dirigeants chinois s’en rendissent compte eux-mêmes. À moins que nos agences de renseignements aient réussi une percée en matière de technologies de précognition, je pense que cela n’a pu se produire que pour la même raison qui veut que les pyromanes soient les premiers informés des incendies à venir.

Disposant de cet élément final et décisif, j’ai alors publié un long article.

Accusations de guerre biologique lancées par l’Iran et la Russie

Mon analyse controversée a provoqué immédiatement un énorme intérêt, générant sans doute davantage de visites que tout autre article que j’ai pu écrire durant des années. Mais dans les journées qui ont suivi, notre site internet s’est fait bannir de Facebook et toutes nos pages ont été retirées de Google, et ces coups portés par les deux gardiens de l’Internet ont gravement gêné la distribution de nos informations. Durant presque six ans, nous avions publié des contenus ultra-controversés sur toute une gamme de sujets extrêmement sensibles, et jamais rencontré le moindre problème, mais ma discussion soigneusement étayée au sujet des origines du COVID a provoqué une réaction brutale. Limiter la distribution d’informations importantes peut gravement nuire à un débat public informé.

De nombreux observateurs sont tombés d’accord avec moi quant à la nature extrêmement suspecte de l’épidémie très précoce subie par l’Iran, et au sein d’un long article paru en 2021, j’ai discuté de ces éléments en faisant état de détails nettement plus importants, ainsi que de découvertes surprenantes que je venais de faire :

L’épidémie initiale en Iran a étrangement été centrée sur la ville sainte de Qom, siège du pouvoir religieux et de l’élite politique du pays, plutôt que dans la ville de Téhéran, qui est nettement plus peuplée. Que le COVID apparût à Wuhan de manière naturelle, ou qu’il y fût libéré en raison d’un accident de laboratoire, la ville de Wuhan est distante de quelque 5500 kilomètres de Qom, si bien que cette dernière ne semble guère l’emplacement probable pour une éclosion majeure du virus juste après la première.

Au mois de mars, d’autres foyers épidémiques majeurs avaient été signalés en Italie du Nord, puis rapidement en Espagne, mais les circonstances étaient tout à fait différentes. Selon Wikipedia, quelque 300 000 Chinois vivent et travaillent dans cette région d’Italie, et quelque 150 000 Chinois résident en Espagne, et nombre de ces personnes étaient certainement revenues de leur voyage annuel pour le Nouvel An du calendrier lunaire de leur pays d’origine, apportant potentiellement le virus avec elles. En contraste, la population chinoise présente en Iran figure parmi les plus réduites au monde, dénombrée entre 5000 et 9000 personnes, et elle se trouve concentrée de manière écrasante à Téhéran plutôt qu’à Qom.

La Chine entretient des liens de commerce et d’affaires très étendus dans le monde entier, avec peut-être un million de Chinois qui résident en Afrique, et plusieurs millions d’immigrés chinois aux États-Unis et au Canada, dont nombre conservent des liens personnels étroits avec leur pays d’origine. Aussi, si un conseil d’experts internationaux en épidémiologie devaient examiner l’hypothèse d’une nouvelle épidémie à Wuhan, en Chine, et devaient prédire la ville suivante au sein de laquelle la maladie allait se propager, je soupçonne que la ville de Qom, en Iran, aurait été proche du bas de la liste. Mais après l’assassinat début janvier du général Qasem Soleimini et les frappes de représailles iraniennes contre nos bases situées dans le Moyen-Orient, un conseil de stratèges militaires aurait certainement classé les dirigeants iraniens en haut de liste des cibles des États-Unis.

Les États-Unis maintiennent depuis longtemps, en collaboration avec leur proche allié israélien, un réseau performant d’agents et d’opérateurs en Iran, qui ont réussi à mener plusieurs opérations de sabotages majeures et des assassinats de haut niveau. En comparaison avec des attaques aussi difficiles menées contre des cibles très surveillées, épandre sans se faire remarquer un virus invisible et intraçable, mais hautement contagieux dans quelque rassemblement des élites politiques du pays aurait constitué une opération très simple, surtout du fait que les résultats de l’opération ne seraient apparus que des semaines après, au fur et à mesure que les victimes tomberaient malades et que la maladie commencerait à se répandre.

Les éléments circonstanciels suggérant que les États-Unis (ou leur partenaire israélien) aient déployé le COVID contre la classe dirigeante iranienne à Qom apparaissaient tellement forts que j’ai trouvé troublant que les Iraniens eux-mêmes ne soient pas parvenus aux mêmes conclusions et n’aient pas dénoncé publiquement ce qui s’était produit. Ils pouvaient ne disposer d’aucune preuve formelle mais une telle attaque biologique aurait constitué une violation sans précédent des conventions internationales, et sans doute des allégations aussi plausibles auraient-elles été mentionnées dans les gros titres des journaux du monde entier, et soulevé une sympathie considérable de même échelle. Mais il y a quelques mois, j’ai eu la grande surprise de découvrir que les Iraniens avaient précisément dénoncé ces agissements.

Au mois de février 2021, un groupe de recherche sur les médias sociaux affilié à l’Atlantic Council, appartenant à l’establishment, a publié un gros rapport comptant 17000 mots et 54 pages, documentant et dénonçant la vaste gamme de « théories du complot » sans substance, ou supposément fausses, au sujet de l’épidémie de COVID, et consacré plusieurs pages à la présentation de ce qui était considéré comme des « mensonges » iraniens, mais que j’ai aperçues sous un jour entièrement différent. Début mars 2020, le général iranien en charge de la supervision de la défense biologique du pays avaient déjà commencé à suggérer que le COVID était une attaque biologique menée par l’Occident contre son pays et contre la Chine, et quelques jours plus tard, l’agence FARS, organe de presse iranien semi-officiel, avait cité le haut commandant du corps militaire des Gardiens de la Révolution qui avait déclaré :

Aujourd’hui, le pays est engagé dans une bataille biologique. Nous allons l’emporter dans la lutte contre ce virus, qui pourrait être le produit d’une [attaque] biologique lancée par les États-Unis, qui s’est d’abord répandue en Chine, puis dans le reste du monde… Les États-Unis devraient savoir que s’ils ont agi ainsi, le virus va leur revenir en pleine tête.

 

Peu de temps après, Ali Khamenei, dirigeant suprême iranien, a adopté la même posture publique, cependant que Mahmoud Ahmadinejad, l’ancien président populiste, se faisait beaucoup remarquer sur Twitter durant plusieurs mois, dirigeant même ses accusations formelles contre Antonio Guterres, secrétaire général de l’ONU. Un seul de ses nombreux Tweets a provoqué des milliers de Retweets et de pouces en l’air.

Il apparaît clairement au monde que le coronavirus muté a été produit dans un laboratoire, fabriqué par l’entrepôt de guerre biologique appartenant aux puissances mondiales, et qu’il constitue une menace contre l’humanité plus destructrice que les autres armes qui ciblent l’humanité. @antonioguterres

 

La radio et la télévision iraniennes, ainsi que les services de presse internationaux du pays, ont répété ces récits, étayés politiquement par des interviews d’un ancien premier ministre malaisien. Mais la domination des États-Unis sur les médias mondiaux de langue anglaise a garanti que cette controverse internationale majeure ne soit jamais parvenue à mon attention à l’époque.

Le blocus médiatique empêchant les accusations iraniennes de parvenir au monde anglophone [et francophone, NdT…] a été d’autant plus facilité par le contrôle des États-Unis sur l’infrastructure de base de l’Internet. Un mois auparavant, la chaîne Youtube iranienne PressTV pour la Grande-Bretagne s’était fait bannir, faisant suite au bannissement de sa chaîne mondiale. Plus récemment, le gouvernement étasunien a décidé, action sans précédent, de saisir le nom de domaine Internet de PressTV, éliminant complètement tout accès à ce site Internet.

Wikipedia également est sous contrôle hostile, si bien qu’il ne faut guère se surprendre que cette source omniprésente d’informations mondiales suggère de manière très improbable que le retour au pays d’un seul homme d’affaires iranien depuis la Chine ait pu provoquer l’épidémie de Qom.

En 2022, le lieutenant général Igor Kirillov, dirigeant les forces russes de défense en matière de Radiations, de Chimie et de Biologie a tenu une réunion publique au cours de laquelle il a suggéré que le gouvernement étasunien s’était rendu responsable de l’épidémie mondiale de COVID. Quelques jours après, Twitter a suspendu le compte officiel du ministère russe, pour avoir distribué cette information.

Bien que j’estime que les éléments par moi apportés dans mon article originel du mois d’avril 2020 étaient très convaincants, au fur et à mesure, je voyais des faits additionnels renforcer mes conclusions.

Par exemple, j’avais noté dans ce même long article de 2021 qu’en 2017 Trump avait embarqué dans son équipe Robert Kadlec, qui depuis les années 1990 avait été l’un des principaux avocats de la guerre biologique aux États-Unis. L’année suivante, une mystérieuse épidémie virale frappait l’industrie volaillère chinoise, suivie l’année d’après encore par une autre épidémie virale mystérieuse frappant l’industrie porcine chinoise. Qui plus est :

Dès les premiers jours de l’entrée en exercice de l’administration, des hauts dirigeants nommés par Trump avaient considéré la Chine comme adversaire géopolitique le plus formidable des États-Unis, et orchestré une politique de confrontation. Puis, entre janvier et août 2019, le département de Kadlec avait déroulé l’exercice « Crimson Contagion », mettant en jeu une épidémie hypothétique provoquée par un maladie virale respiratoire dangereuse sur le sol chinois, qui finissait par se propager jusqu’aux États-Unis, et les participants devaient se concentrer sur les mesures nécessaires afin de la contrôler dans ce pays. En tant qu’expert figurant parmi les plus éminents des États-Unis en matière de guerre biologique, Kadlec avait souligné l’efficacité unique des armes biologiques aussi loin qu’à la fin des années 1990, et nous devons le féliciter pour la prescience incroyable dont il a fait preuve en organisant un exercice épidémique viral majeur en 2019, aussi semblable que cela qui s’est produit dans le monde réel à peine quelques mois plus tard.

Avec des dirigeants nommés par Trump aussi épris de la guerre biologique, fortement hostiles à la Chine, et menant en 2019 des simulations à grande échelle des conséquences d’une épidémie virale mystérieuse dans ce même pays, il semble absolument déraisonnable d’écarter totalement la possibilité que des projets aussi extrêmement téméraires ait pu être discutés en privé, et finalement mis en œuvre, sans doute sans autorisation préalable de la part du président.

 

L’histoire dissimulée de la guerre biologique étasunienne

Peu de temps après la publication de cet article de mise à jour de mon analyse du COVID de 2020, je me suis mis à explorer l’histoire plus large des capacités de guerre biologique des États-Unis, et j’ai découvert plusieurs faits surprenants que je ne connaissais pas jusqu’alors.

Notre infrastructure de guerre biologique avait au départ été établie durant la seconde guerre mondiale, puis avait intégré les systèmes avancés développés par nos adversaires japonais vaincus, et s’étaient vu accorder des ressources gouvernementales très comparables à celles allouées à notre programme d’armement nucléaire, nettement mieux connu. Presque quatre-vingts années plus tard, ce système massif de guerre biologique/de bio-défense a absorbé un financement total d’environ 100 milliards de dollars, et a sans aucun doute constitué le programme de ce type le plus vaste et le plus ancien au monde.

Qui plus est, contrairement à tout ce que j’ai toujours été porté à croire, des éléments écrasants apparaisaient, établissant que les États-Unis avaient illégalement déployé nos armes biologiques durant la guerre de Corée, aussi bien contre l’armée chinoise que nord-coréenne, conformément aux accusations émises par ces deux pays contre les États-Unis à l’époque. D’autres armes biologiques visant à gâter les ressources alimentaires avaient été utilisées contre l’Allemagne de l’Est, Cuba, et possiblement d’autres pays durant la longue ère de la Guerre Froide, au cours de laquelle nous avons également développé des armes similaires ciblant l’Union soviétique. Notre propre pays semble apparemment avoir subi des retours d’expérience dévastateurs à partir du moment où nous avons développé ces armes biologiques, et ces incidents ont été dissimulés par notre gouvernement et ses médias serviles. Au vu de ces révélations, le déploiement du virus du COVID contre la Chine et l’Iran aura constitué une action pas aussi nouvelle ou extraordinaire que ce que j’avais supposé au départ.

Bien que des experts réputés les aient solidement établis, ces faits importants concernant l’histoire des programmes de guerre biologique étasuniens n’étaient que peu connus en dehors de cercles restreints. J’ai bientôt découvert ces domaines relativement inexplorés en lisant et analysant divers livres qui avaient récemment été publiés au sujet des origines disputées du virus du COVID.

Bien qu’ils aient adopté une variété d’approches différentes, les trois ont soutenu ladite « hypothèse de la fuite de laboratoire », l’alternative perçue à la théorie du virus naturel. Selon cette reconstruction, on estime que le COVID aurait été accidentellement délivré par l’Institut de Virologie de Wuhan, en Chine…

L’un des livres discutés a été écrit par Jasper Becker, un journaliste britannique qui aura passé 18 ans comme correspondant à Pékin, et le paragraphe de fin de l’analyse le cite, suggérant qu’une reconnaissance par la Chine de sa responsabilité pourrait aller jusqu’à la chute du régime en place :

La honte nationale pourrait signifier la fin du pouvoir pour le parti communiste chinois après soixante-dix années. Elle lancerait un séisme politique qui pourrait commencer en Chine mais s’étendrait dans le monde entier.

 

Le relecteur indique que Becker puise dans l’histoire pour suggérer que les réfutations actuelles de la Chine ne sont pas dignes de confiance, soulignant que durant la guerre de Corée, les Communistes chinois avaient lancé une offensive de propagande majeure, affirmant de manière mensongère que l’armée étasunienne avait fait usage d’une « guerre des germes » interdite pour attaquer l’armée chinoise :

C’est l’une des raisons pour lesquelles les agences de renseignements occidentales sont peu amènes à douter ou à remettre en cause les récits officiels au sujet des origines du virus et du rôle de l’institut de virologie de Wuhan… Les gouvernements chinois et soviétique, tout en poussant un récit totalement faux au sujet de leurs ennemis lançant une guerre biologique contre des civils, ont activement fait avancer leurs propres programmes de guerre des germes dans le plus grand secret.

 

Becker, ainsi que son relecteur, affirment tous deux à raison que si un gouvernement s’est fait prendre à mentir par le passé au sujet des armes biologiques, ce qu’il affirme par la suite au sujet de l’épidémie de COVID ne peut pas être pris au sérieux.

Je suis certain que l’écrasante majorité des lecteurs ont simplement hoché la tête à la lecture de ces affirmations, et j’en aurais moi-même fait autant il y a peu de temps. Mais j’ai découvert il y a quelques mois, en enquêtant sur l’histoire de la guerre biologique étasunienne, que le récit que j’avais tranquillement accepté de la part de nos médias était en fait totalement opposé à la vérité historique. Sur la base de documents gouvernementaux déclassifiés et d’autres sources médiatiques de premier ordre, on trouve en réalité des preuves écrasantes que les Chinois avaient dit la vérité durant la guerre de Corée, cependant que nos propres réfutations étaient des mensonges. Les États-Unis avaient bel et bien fait usage de guerre biologique durant ce conflit…

Je n’ai aucun doute sur le fait que Becker était totalement sincère, et sur l’idée que ses affirmations sur cette question historique spécialisée ne relevaient que de son acceptation du narratif conventionnel des médias, et non pas d’une volonté de tromperie délibérée. Mais supposons que nous souscrivions désormais au standard qu’il a lui-même énoncé. Une fois reconnu le fait que la Chine a dit la vérité par le passé, cependant que les États-Unis avaient aussi bien fait usage d’armes biologiques proscrites que menti au sujet de leur usage, ces faits dérangeants doivent pour le moins éclairer notre propre analyse sur l’épidémie de COVID.

Peut-être bien que le COVID a été un virus naturel, et peut-être bien qu’il est sorti par accident d’un laboratoire établi à Wuhan. Mais il existe également une troisième possibilité logique, à savoir qu’il a pu être délibérément libéré dans l’une des villes les plus peuplées de Chine dans le cadre d’une attaque biologique préparée. L’épidémie de COVID s’est produite au plus haut d’un conflit international entre la Chine et les États-Unis, si bien que des éléments de notre propre gouvernement hostile en constituent les suspects les plus évidents. Aucun des trois livres n’a semblé reconnaître l’existence de cette possibilité hypothétique, ne serait-ce que pour la réfuter, un point noir énorme qui résulte peut-être des contraintes qui s’appliquent à l’industrie de la publication étasunienne.

Aucun de ces auteurs ne semblait prêt à ne serait-ce qu’envisager la possibilité que le COVID puisse avoir été un virus étasunien, et ils sont loin d’être les seuls dans ce cas. Depuis le début de l’épidémie, j’ai été surpris par la réticence de presque tous les autres auteurs et de toutes les autres publications, qu’elles relevassent du courant dominant ou alternatif, à examiner ou discuter une telle possibilité, sans jamais mentionner les faits très évocateurs que j’ai accumulés en soutien de mon hypothèse controversée. Cela évoque ce que George Orwell appelait « Crime de pensée » dans son roman dystopique classique 1984, et j’ai fait usage de ce terme dans le titre de mon article.

Fuite de laboratoire ou attaque biologique, et un scénario possible

L’ouvrage écrit par Nicholson Baker, au sujet de ses tentatives partiellement fructueuses d’enquêter sur l’histoire des programmes étasuniens de guerre biologique, avait été l’un des principaux textes sur lesquels je m’étais appuyé dans mon article à ce sujet. Dans un article publié plus tôt la même année, j’avais noté que lui et d’autres auteurs débattant des origines possibles du COVID semblaient limiter leur examen à deux théories seulement, ignorant systématiquement ce que j’appelais « la troisième possibilité exclue » :

Ces auteurs semblent tous deux supposer qu’il n’existe que deux scénarios possibles : un virus naturel subitement apparu à Wuhan à la fin 2019, ou une fuite accidentelle d’un agent infectieux amélioré dans la même ville. Mais une troisième possibilité existe évidemment, clairement suggérée par le centrage de Baker sur le programme de guerre biologique très actif entretenu par les États-Unis, qu’il a discuté en détail aussi bien dans son long article que dans son livre très apprécié. Nous devons absolument considérer la possibilité que l’épidémie de COVID-19 n’a pas du tout été accidentelle, mais a plutôt constitué une attaque délibérée contre la Chine, menée au moment où les tensions internationales avec les États-Unis étaient au plus haut, et suggérant donc que des éléments de notre propre appareil de sécurité en fussent les principaux suspects. Au vu des réalités de l’industrie de la publication, toute exploration sérieuse d’un tel scénario aurait sans doute empêché l’apparition des articles importants de Baker ou de Lemoine dans toute publication respectable, ce qui contribue peut-être à expliquer ce silence. Mais comme je l’ai montré dans ma longue suite d’articles de la Pravda Américaine, de nombreux récits historiques bloqués pour des raisons de ce type se sont juste avérés justes.

On trouve exactement la même omission criante dans l’article de 11 000 mots produit par Wade. Pris ensemble, Lemoine, Baker et Wade ont produit une vaste collection d’articles de haute qualité sur les origines de l’épidémie mondiale de COVID-19, mais on ne trouve à aucun endroit dans les 54 000 mots qu’ils ont totalisé la moindre mention de l’idée que le virus aurait potentiellement pu trouver ses origines dans le programme étasunien de guerre biologique bien documenté et abondamment financé. Durant plusieurs années, nos journaux ont proclamé que nous sommes désormais pris dans une nouvelle Guerre Froide contre la Chine, avec des risques que celle-ci puisse se réchauffer. Mais les possibles implications évidentes de l’éclatement subi et potentiellement dévastateur d’une dangereuse épidémie virale chez notre principal adversaire international reste une chose que l’on ne peut pas mentionner, trop explosive pour être même réfutée ou tournée en ridicule, sans parler de l’examiner sérieusement.

J’ai terminé cet article en résumant les pièces clés établissant ma conviction en faveur de l’hypothèse de la guerre biologique plutôt que le scénario de la fuite accidentelle hors d’un laboratoire, en revenant sur la reconstruction que j’ai pu produire sur la séquence des événements :

  1. Durant trois années, la Chine avait été prise dans un conflit de plus en plus marqué contre les États-Unis sur les sujets de commerce et de géopolitique, et durant trois années de suite, la Chine avait été frappée très durement par de mystérieux virus. En 2018, un virus de grippe aviaire avait abîmé son industrie volaillère, puis en 2019 un virus de grippe porcine avait détruit 40 % des cheptels de porcs, la première source de viande de la Chine. La troisième année, le COVID-19 apparut. Sans doute un schéma suspect si le dernier événement constituait un simple accident de laboratoire survenu par hasard.
  2. L’épidémie de COVID-19 est apparue au moment le pire et à l’endroit le pire pour la Chine, sur le nœud de transports que constitue la ville de Wuhan, et l’agenda de l’apparition l’a fait apparaître au moment le plus propice à de hauts niveaux d’infection, des voyageurs transitant en masse à l’occasion des vacances du Nouvel An Lunaire vers toutes les régions du pays ; de quoi produire une épidémie impossible à enrayer. L’agenda d’une fuite accidentelle hors d’un laboratoire aurait évidemment produit une date aléatoire.
  3. 300 soldats étasuniens venaient de séjourner à Wuhan dans le cadre des Jeux Militaires mondiaux, apportant une opportunité parfaite pour libérer une arme biologique virale. Imaginez ce que penseraient les Étasuniens si 300 soldats chinois venaient séjourner à Chicago, et qu’immédiatement après un virus mystérieux et mortel faisait subitement éclosion dans la même ville. Que la visite des militaires étasuniens et la fuite accidentelle hors d’un laboratoire se produisissent exactement en même temps aurait constitué une coïncidence étrange.
  4. Les caractéristiques du COVID-19, parmi lesquelles sa haute contagiosité et la faible mortalité qu’il induit, sont absolument idéales pour une arme biologique s’en prenant à l’économie. Il semble étrange qu’une fuite accidentelle hors d’un laboratoire puisse libérer un virus aussi parfaitement conçu pour endommager gravement l’économie de la Chine.
  5. À partir du moment même où l’épidémie s’est déclarée, des blogueurs anti-chinois aux États-Unis, ainsi que la radio Free Asia, financée par les États-Unis, ont lancé une puissante offensive de propagande internationale contre la Chine, affirmant que l’épidémie à Wuhan résultait de la fuite d’une arme biologique proscrite hors du laboratoire de Wuhan. Il se peut que cela n’ai constitué qu’une réaction exceptionnellement rapide et opportuniste de la part de nos organes de propagande, mais ceux-ci semblent s’être vraiment montré très réactifs pour tirer pleinement parti d’un développement totalement inattendu et mystérieux, immédiatement identifiés par eux comme une fuite hors d’un laboratoire.
  6. Au moment de « la deuxième semaine du mois de novembre », la Defense Intelligence Agency étasunienne avait déjà commencé à préparer un rapport secret avertissant d’une épidémie de maladie « cataclysmique » à Wuhan, alors que selon les éléments temporels que l’on connaît, sans doute pas plus d’une vingtaine de personnes avaient commencé à présenter des symptômes d’une maladie au sein d’une ville de 11 millions d’habitants. Comment cette agence a-t-elle découvert ce qui se produisait à Wuhan aussi rapidement, plus vite que les autorités chinoises ou que quiconque ?
  7. Presque aussitôt après, les élites politiques au pouvoir en Iran se sont fait fortement infecter, provoquant de nombreux décès. Pourquoi la fuite accidentelle hors du laboratoire de Wuhan a-t-elle fait un saut aussi rapide à destination des élites politiques iraniennes, avant d’avoir atteint tout autre point du globe ?

Au vu des conclusions suggérées ci-dessus, je pense également qu’il est pertinent que je produise le résumé que j’ai établi d’un scénario plausible pour l’éclatement de l’épidémie de COVID-19. J’avais déjà présenté ce schéma dans un article du mois de septembre 2020, et je ne vois pas de raison de le modifier. De toute évidence, cette reconstruction est purement hypothétique, mais je pense que c’est celle qui correspond le mieux aux éléments que l’on connaît ; au demeurant, tel ou tel élément pourrait être modifié, retiré, ou remplacé sans remettre forcément en question l’ensemble de l’hypothèse.

  1. Des éléments incontrôlés de notre vaste appareil de sécurité nationale, sans doute affiliés aux néo-conservateurs de l’État profond, ont décidé d’infliger de graves dégâts à l’énorme économie chinoise en usant de moyens de guerre biologique. Le projet était d’infecter le nœud central de transports de la ville de Wuhan avec le COVID-19, afin que la maladie se propage de manière invisible dans tout le pays au travers des déplacements occasionnés par les vacances du Nouvel An Lunaire ; ils ont tiré parti des Jeux Militaires internationaux pour introduire quelques agents dans la ville et y libérer le virus. Il me semble probable que seuls quelques individus ont été impliqués dans ce complot.
  2. L’agent biologique qu’ils ont libéré était principalement conçu comme arme contre l’économie, plutôt que comme arme anti-personnelle. Si le COVID-19 présente un taux de mortalité relativement faible, il dispose d’une contagiosité extrêmement forte, une longue période d’infection pré-symptomatique, et il peut même se propager au travers de porteurs asymptomatiques, ce qui le positionne comme candidat idéal pour servir ce dessein. Aussi, une fois répandu sur la quasi totalité du territoire chinois, il devait devenir extrêmement difficile de l’éradiquer, et les tentatives menées ensuite pour le contrôler allaient provoquer des dégâts colossaux sur l’économie et la société chinoises.
  3. Ils ont décidé, comme opération secondaire, de cibler également les élites politiques iraniennes, en déployant peut-être un variant plus mortel du virus. Comme les élites politiques tendent en général à être âgées, elles étaient de toutes façons vouées à subir un taux de décès plus élevé.
  4. Les épidémies mortelles de SARS et de MERS en Asie orientale et dans le Proche-Orient ne s’étaient jamais répandues jusqu’aux États-Unis (ni en Europe), si bien que les comploteurs ont supposé, à tort, qu’il en serait de même pour le COVID-19. De toutes façons, comme les organisations internationales classaient toujours les systèmes de santé étasunien et européen comme parmi les meilleurs en matière de lutte contre les épidémies, ils ont pensé qu’un éventuel retour de flamme ne présenterait que des conséquences minimes.
  5. Seules quelques personnes ont été directement impliquées dans ce complot, et dès que la maladie fut libérée à Wuhan, ils ont décidé de protéger encore davantage les intérêts étasuniens en alertant les unités appropriées en passant par la Defense Intelligence Agency, sans doute en fabricant une sorte de « fuite de renseignement » supposée. Ils se sont simplement arrangés pour que la DIA entende dire que Wuhan subissait apparemment une épidémie « cataclysmique », ce qui a amené cette agence à préparer et à distribuer un rapport secret avertissant nos armées et nos alliés et les invitant à prendre les précautions appropriées.
  6. Malheureusement pour ce plan, le gouvernement chinois a réagi avec une détermination et une efficacité surprenantes, et a rapidement jugulé la maladie. Dans le même temps, le gouvernement étasunien, apathique et incompétent, a largement ignoré le problème, et n’a réagi qu’après la flambée épidémique massive qui a frappé l’Italie du Nord et a retenu l’attention des médias. Comme le CDC avait bâclé la production d’un kit de test, nous ne disposions d’aucun moyen de mesurer le fait que la maladie était déjà en train de se propager aux États-Unis, et le résultat en a été des dégâts colossaux dans l’économie et la société étasuniennes. Au final, les États-Unis ont subi le sort exact qu’ils voulaient infliger à leur rival chinois.

Le rôle possible de l’« infiltration cognitive »

Selon mon scénario, le retour de flamme d’une attaque biologique bâclée contre la Chine (et l’Iran) a été responsable de l’épidémie mondiale de COVID, tuant plus d’un million d’Étasuniens et des dizaines de millions de personnes dans le monde entier, tout en perturbant gravement la vie de milliards de personnes. Si cela est avéré, il s’agit d’une histoire digne de figurer parmi les plus remarquables de l’histoire humaine, la seconde guerre mondiale étant sans doute seule en mesure de rivaliser par son ampleur.

Pourtant, hormis quelques exceptions notables, presque personne au monde n’aura au cours des quatre années passées discuté de cette possibilité ou de l’ensemble d’éléments factuels qui en soutiennent la plausibilité. Et, pour autant que je puisse en juger, ce silence s’est depuis lors étendu jusque sur l’ensemble de la frange conspirationniste de l’Internet, bien que ce secteur soit empli de personnalités normalement très enclines à sauter sur toute théorie controversée ou « exaltante » ne présentant même qu’un lambeau d’élément pour l’étayer.

L’étrangeté de cette situation me pose question, mais mon long article de 2021 suggérait que cela pourrait pour partie s’expliquer par une tentative réussie de la part d’agents du gouvernement de détourner des « théoriciens du complot » vers des impasses, exactement comme Cass Sunstein l’avait jadis suggéré :

De nombreuses personnes, constituant potentiellement une majorité, se montrent très réticentes à adhérer à une théorie qui ne soit pas reconnue par les figures d’autorité qu’elles connaissent, qu’il s’agisse des éditeurs du New York Times ou des experts de FoxNews. Seule une petite minorité de la population est prête à franchir ces limites idéologiques et à risque de se voir affublée de l’étiquette de « théoricien du complot ».

Les personnes transgressives qui adhèrent à des croyances hétérodoxes sont en général prêtes à en accepter de nombreuses autres, et se montrent souvent heureuses de le faire, faisant parfois montre d’un manque de pensée logique et de jugement analytique, et cela peut porter ombrage à l’ensemble de la communauté. Ces tendances peuvent les amener à grignoter l’appât empoisonné de théories mensongères mais attirantes, que celles-ci soient promues par des promoteurs pensant bien agir, par des charlatans égoïstes, ou par des agents sous couverture engagés dans des opérations d’« infiltration cognitive ». La vaste profusion de théories du COVID peu orthodoxes, lourdement promue par des vidéos, des Tweets et divers sites internet peut dériver de ces trois sources différentes.

On a trouvé des personnes pour affirmer que le COVID n’existait pas, ou qu’il était quasiment inoffensif, à peine plus dangereux que la grippe ordinaire, et selon qui le décompte des morts provoquées par l’épidémie ne serait qu’un produit d’une propagande médiatique mensongère. D’autres ont poussé cette notion encore plus loin, affirmant que les virus en général n’existent pas. Des sentiments de ce type ont malheureusement été fréquemment exprimés sur l’interface de commentaires très peu modérée de notre site internet…

Comme je n’ai guère consacré de temps à ces sujets, je me contenterai d’affirmer qu’une grande partie des commentaires agités à ce sujet apparaissent comme excentriques et peu plausibles. De nombreux activistes semblent adhérer à une conspiration mondiale unifiée impliquant la Chine, les États-Unis, la Russie, Israël, l’Iran, et pratiquement tous les autres pays, œuvrant tous de concert pour faire comme si le COVID était dangereux et que les vaccins contre le COVID ne l’étaient pas, alors que c’est l’exact opposé qui est vrai. Mais l’idée de voir tous ces pays mutuellement hostiles coopérer dans un dessein aussi étrange apparaît comme extrêmement peu probable, et le président russe Vladimir Poutine a récemment illustré ce point important lors de sa longue présentation annuelle face à ses citoyens préoccupés :

J’ai entendu : qu’il n’y a rien du tout, qu’en réalité il n’y a pas d’épidémie. Lorsque vous leur dites que cela est en train de se produire dans le monde entier, ils répondent : « OK, les dirigeants des pays sont entrés en collusion. » Ont-ils la moindre idée de ce qui se produit dans le monde, et des contradictions qui affligent le monde contemporain, où tous les dirigeants seraient supposés se lever pour conspirer tous ensemble ? C’est totalement ridicule.

Ces activistes agités se montrent particulièrement absurdes en désignant une caste de grands méchants, souvent centrée sur Klaus Schwab du Forum Économique Mondial ou Bill Gates, le fondateur de Microsoft, présentés comme les organisateurs diaboliques de cette calamité mondiale, leur complot étant identifié sous le terme de « Grand Reset ». Il y a quelques mois, j’ai répondu à certaines de ces affirmations dans l’un de mes commentaires :

Je reconnais que tous les machins sur le Grand Reset/l’Agenda 2021/le Forum économique mondial me sont toujours apparus comme totalement débiles, tellement ridicules que je ne les ai jamais considéré outre mesure au-delà des articles ou discussions sur mon propre site internet. Je considère également tout ce qui relève du « complot diabolique de Bill Gates pour exterminer l’humanité » comme appartenant à la même catégorie.

Je soupçonne fortement que toute cette sorte de « théories du complot » (à mon avis) peu plausibles et ridicules sont sans doute promues pour détourner l’attention des éléments très concrets et très pesants établissant le fait que le COVID-19 a constitué une attaque biologique étasunienne. Après tout, la CIA ou qui vous voulez ne préférerait-elle pas que les activistes agités sur internet passent leur temps à fulminer sur un banquier international de 83 ans répondant au nom de Klaus Schwab, organisant une conférence publique annuelle à Davos, plutôt que centrer leur attention sur tous les éléments de preuve que j’ai accumulés, impliquant l’appareil de sécurité nationale dans l’énorme désastre mondial ?

De fait, est-ce que Cass Sunstein n’a pas affirmé il y a des années que faire usage d’« infiltration cognitive » pour promouvoir des futilités ridicules constituait le meilleur moyen de vaincre les « théoriciens du complot » sur internet ? Cela a remarquablement bien fonctionné pour le 11 septembre, alors pourquoi ne pas l’appliquer également pour le COVID-19 ?

Je serais le premier à reconnaître que divers groupes et personnages tirent tout à fait parti de l’épidémie virale, notablement en amenant la Réserve Fédérale à dépenser des milliers de milliards de dollars pour renflouer leurs affaires et leurs emprunts, et pour doper massivement les cours de leurs actions boursières. Mais après la chute financière de 2008, ils ont utilisé leur pouvoir politique pour piller le Trésor étasunien exactement de la même manière, et ils ont obtenu un colossal sauvetage financier de la part du gouvernement sans avoir eu besoin d’une épidémie pour cela. Je doute donc qu’ils aient créé le COVID-19 pour cela.

Plus récemment, le Dr. Anthony Fauci et notre NIH ont été diabolisés et pris pour cibles, en partie parce qu’il avait déjà été haï par de nombreux activistes pour ses associations avec nos confinements impopulaires et d’autres mesures visant à contrôler l’épidémie.

J’ai également discuté de ces sujets en détail dans un article de 2022 :

Les soupçons croissants de la communauté alternative du COVID

Outre l’anniversaire de mon article originel du mois d’avril 2020, j’ai été également amené à produire la présente revue lorsque j’ai pu voir le sénateur Rand Paul, interviewé la semaine dernière sur la célèbre chaîne Youtube d’Andrew Napolitano.

La première partie de la discussion du sénateur s’est intéressée aux origines du COVID, et exactement comme je l’avais anticipé, il est apparu totalement ignorant des faits centraux que j’ai présentés dans le présent article. Au lieu de cela, il s’est prononcé en faveur du scénario de la fuite accidentelle hors du laboratoire de Wuhan, considérée comme plus probable qu’un virus naturel, sans même considérer la troisième possibilité, nettement plus plausible — mais également nettement plus explosive. En outre, il est apparu comme relativement confus au sujet de certains éléments par lui cités, et n’a pas reconnu l’extrême plausibilité scientifique de certains aspects de sa reconstruction. Je pense donc que lui, ou ses aides, pourraient trouver très intéressants les éléments de ma propre analyse.

De fait, je pense que les éléments accumulés sont tellement écrasants que les personnes intelligentes qui en prennent connaissance en gardant l’esprit ouvert se laisseront probablement convaincre.

Par exemple, le Daily Sceptic est un magazine en ligne britannique orienté vers la science, jouissant d’une bonne réputation, fondé au départ par Toby Young et actuellement publié par le Dr. Will Jones.

Au mois de décembre 2022, Jones entretenait des soupçons sur la manière dont la DIA pouvait avoir été mise au courant de l’épidémie de COVID à Wuhan aussi précocement, et il a publié un article solidement étayé analysant cette étrangeté et suggérant prudemment certaines des mêmes conclusions auxquelles j’étais moi-même parvenu.

J’ai donné à lire cet article à quelques-uns de mes amis, et l’un d’entre eux m’a présenté Young, qui m’a à son tour mis en contact avec Jones. Cela a débouché sur une longue correspondance très fructueuse, durant laquelle je lui ai livré une grande partie des autres éléments et analyses que j’avais accumulés au cours des années ; cela a amené Jones à produire une suite d’excellents articles, dont plusieurs ont dépassé et développé certains des points que je n’avais fait qu’effleurer. Je recommande fortement au lecteur de prendre connaissance de ses travaux, que j’ai discutés en détail dans un article du mois de janvier 2023.

Le présent article est déjà assez long, mais il ne contient qu’une partie des éléments de ma longue suite, et il n’est absolument pas possible d’y faire figurer tous les éléments complexes. Par conséquent, ceux qui s’intéressent au sujet devraient envisager de lire certains de ces articles, qui sont également disponibles sous la forme d’un ebook librement téléchargeable.

Mais pour qui préfère recevoir les mêmes informations sous un format différent, il peut être intéressant de visionner les podcasts de mes interviews dès le début 2022 ; elles sont disponibles sur Youtube ainsi que sur Rumble.

Kevin Barrett, FFWN • February 16, 2022 • 15m • on Rumble

Geopolitics & Empire • February 1, 2022 • 75m • on Rumble

Red Ice TV • February 3, 2022 • 130m • on Rumble

Autres lectures sur le sujet :
American Pravda: Our Coronavirus Catastrophe as Biowarfare Blowback?
American Pravda: Covid Epidemic as Lab-Leak or Biowarfare?
American Pravda: “The Truth” and “The Whole Truth” About the Origins of Covid-19
American Pravda: Waging Biological Warfare
American Pravda: Confronting Covid Crimestop
The Alt-Covid Community Begins Unraveling the Origins of Covid

Traduit par José Martí, relu par Wayan, pour le Saker Francophone

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