Par Alexis Toulet − 29 septembre 2017 − Source noeud-gordien.fr
Seize années de guerre depuis les attentats du 11 septembre, des budgets de défense toujours plus colossaux, et pourtant l’armée américaine « projetée » partout n’arrive à l’emporter pour de bon nulle part. Pourquoi ?
William Astore, ancien officier de l’US Air Force et professeur d’histoire, répond. Citoyen américain engagé, il dessine en perspective les risques grandissants de la situation non seulement pour l’armée, mais pour la société américaine toute entière.
L’armée américaine hors limites – Présente partout, victorieuse nulle part
Les nouvelles de la « meilleure armée du Monde » sont choquantes. Deux navires rapides de l’US Navy qui sont entrés en collision avec de lents bateaux commerciaux, provoquant des pertes humaines. Une US Air Force qui est continuellement en action depuis des années, et qui pourtant n’a pas assez de pilotes pour ses avions de combat. Des soldats qui se retrouvent à combattre des « rebelles » en Syrie dont l’équipement et l’entraînement ont été assurés par la CIA. Des forces spéciales déjà trop sollicitées qui doivent faire face à des besoins grandissants, alors que leurs taux de détresse mentale et de suicide augmentent. Des forces locales d’appoint en Irak et en Afghanistan qui sont tout sauf fiables, revendant souvent sur le marché noir les armes que l’Amérique leur a fournit, si bien qu’elles se retrouvent dans des mains ennemies. Tout cela et plus encore, alors que les dépenses de défense recommencent à s’élever et alors que l’Etat de sécurité nationale croûle sous des financements totalisant près d’un trillion de dollars par an.
Que se passe-t-il ? Pourquoi des navires sophistiqués et hautement manœuvrables se heurtent-ils à de lourds cargos ? Pourquoi une armée de l’air qui n’existe que pour voler et pour combattre est-elle à court de 1 200 pilotes ? Pourquoi les forces spéciales américaines sont-elles déployées partout et victorieuses nulle part ? Pourquoi, en un mot, l’armée américaine est-elle en train de se battre contre elle-même – et de perdre ?
C’est le rythme des opérations, gros bêta !
Après 16 ans d’une guerre contre le terrorisme jamais achevée et qui continue à s’étendre, les sonnettes d’alarme se déclenchent en Asie, des Corées et de l’Afghanistan jusqu’aux Philippines, tandis que dans le grand Moyen Orient 1 et en Afrique la « dernière superpuissance » est enlisée dans une série de conflits sans fin contre un éventail d’ennemis mineurs, dont peu arrivent à maintenir la liste à jour. Si bien que l’armée américaine à l’esprit si volontariste, engagée dans un nombre effarant de missions, est de plus en plus devenue une armée inefficace.
Trop peu de navires, déployés pendant trop longtemps. Trop peu de pilotes usés par des patrouilles incessantes et par des missions de bombardement et de drone qui se multiplient comme la mauvaise herbe. Les forces spéciales (les « commandos de partout » comme les appelle Nick Turse) sont déployées dans bien trop de pays – rien que cette année, plus des deux-tiers des nations de la planète – et engagées dans des conflits qui n’ont guère de chances de se terminer d’une manière favorable pour Washington. Pendant ce temps, des gens bien informés comme le général à la retraite David Petraeus parlent calmement de « guerres générationnelles », qui pour faire simple ne se termineront jamais. Pour paraphraser un vieux slogan d’une émission sportive de ABC, l’armée américaine en englobant le monde « connaît plus souvent l’abattement de la défaite que l’excitation de la victoire ».
Pour le président Donald Trump (comme pour tant d’autres politiciens à Washington) cette situation peu ragoûtante a une solution évidente : gonfler le budget de l’armée, construire plus de navires de guerre, former davantage de pilotes et leur donner une meilleure incitation financière à rester dans l’armée, s’appuyer davantage sur les drones et d’autres « multiplicateurs de force » technologiques pour épauler des troupes épuisées, cajoler des alliés comme les Allemands et les Japonais afin qu’ils dépensent plus pour leurs armées, et faire pression sur des forces d’appoint comme les armées irakienne et afghane pour trancher dans la corruption et améliorer les performances au combat.
Une option – la plus logique – n’est jamais prise sérieusement en considération à Washington : réduire sévèrement le rythme des opérations militaires en diminuant les dépenses ainsi que la mission globale, en ramenant les troupes à la maison et en les y laissant. Ce n’est pas là un plaidoyer isolationniste. Les États-Unis font certes face à des challenges, notamment de la part de la Russie (qui reste une puissance nucléaire majeure) et de la Chine (puissance économique mondiale qui développe sa force militaire régionale). La Corée du Nord, comme toujours, fait un spectacle provocateur de ses essais balistiques et nucléaires. Des organisations terroristes cherchent à déstabiliser les alliés de l’Amérique et à fomenter le trouble même « au pays ».
De tels challenges nécessitent de la vigilance. Mais pas davantage de navires sur les flots, de pilotes dans les airs, ni de bottes de soldats sur le terrain. En vérité, 16 ans après les attentats du 11 septembre, il devrait être évident que continuer la même chose en plus grand a toute chance de produire encore plus de ce à quoi nous ne nous sommes que trop bien habitués : une instabilité grandissante dans des régions étendues de la planète, ainsi que l’avènement de nouveaux groupes terroristes, ou de nouvelles versions de groupes anciens, qui sont autant d’occasions pour des interventions militaires américaines ratées. 2
Il fut un temps lorsqu’il y avait encore deux superpuissances sur la planète Terre, alors, le déploiement mondial de l’armée américaine avait une justification claire : contenir le communisme 3 Peu après que l’Union soviétique eut implosé en 1991 sous les cris de triomphe et d’orgueil de Washington, le chercheur et ancien consultant de la CIA Chalmers Johnson eut une révélation. Ce qu’il en viendrait à appeler « le Raj américain » 4, une structure impériale globale visiblement construite pour contenir la menace du communisme, n’était pas en train de disparaître juste parce que cette menace s’était évaporée, ne laissant ni superpuissance ni même une puissance majeure comme adversaire à l’horizon. Bien au contraire, Washington – et son réseau « impérial » de bases militaires sur lequel le soleil ne se couche jamais – ne faisait que s’ancrer toujours plus profondément en préparation du long terme. À ce moment, Johnson sous le choc réalisa que les États-Unis eux-mêmes étaient un empire, et l’image miroir que lui fournissait son ennemi maintenant disparu risquait de devenir lui-même sa propre Némésis.
Il s’avéra que ce n’était pas seulement les États-Unis qui avaient contenu les Soviétiques. Eux aussi nous avaient contenu 5 Leur empire une fois disparu, nos chefs s’imprégnèrent du vieux rêve de Woodrow Wilson, même si c’était sous une forme militarisée : refaire le monde à notre propre image 6 – au besoin à la pointe de l’épée.
Depuis le début des années 1990, loin d’être contenus par des rivaux équivalents, les dirigeants américains ont agi comme si rien ne devait les empêcher de faire comme ils l’entendaient sur la planète, c’est-à-dire, comme la suite devait le prouver, que rien ne les protégeait plus de leur propre folie 7 Nous voyons maintenant les résultats. Des guerres désastreuses qui s’éternisent en Irak et en Afghanistan. Des interventions à travers le grand Moyen-Orient (Libye, Syrie, Yémen et au-delà) qui répandent le chaos et la destruction.
Des attaques contre le terrorisme qui partout ont donné des ailes aux djihadistes. Et récemment, des appels à armer l’Ukraine contre la Russie. Tout cela est la traduction d’une vision stratégique démesurée qui ces dernières années parle sans ironie d’intervention globale, de puissance globale, et de domination de tous les domaines.
Dans ce contexte, il est bon de nous rappeler l’étendue de la puissance militaire américaine. Le monde entier est zone d’intervention – ou zone de départ – pour les soldats américains. Il y a encore environ 800 bases militaires américaines dans des pays étrangers. Les commandos américains se déploient dans plus de 130 pays chaque année. Et même le monde ne suffit pas au Pentagone qui cherche à dominer non seulement la terre, la mer et l’air mais l’espace, le cyberespace et même l’espace privé si l’on tient compte des efforts pour atteindre la « conscience informationnelle totale » grâce à 17 agences de renseignement se chargeant – pour 80 milliards de dollars par an – de récolter toutes les données sur la planète Terre.
En un mot, les soldats américains sont présents partout et victorieux nulle part, un problème que le président américain le plus « gagneur », Donald Trump, ne fait qu’exacerber. Entouré de « ses » généraux, Trump – contre ses propres instincts, il l’a récemment prétendu – a réengagé troupes et prestige américains dans la guerre en Afghanistan. Il a aussi étendu de manière notable frappes de drone et bombardements américains dans le grand Moyen-Orient, et menacé « feu et colère » contre la Corée du Nord, tout en poussant la dépense militaire.
« Nous devons empêcher l’acquisition par le complexe militaro-industriel d’une influence illégitime (…) Seuls des citoyens alertes et informés pourront forcer l’énorme machine industrielle et militaire de la Défense à se plier à nos méthodes et nos objectifs pacifiques. » (Adressé au peuple américain avant de quitter ses fonctions de président, 1961).
Ce Pentagone croûlant sous l’argent, et la promesse d’encore davantage à l’avenir, réduit rarement les missions. Pendant ce temps, ce qui passe pour une pensée originale à la Maison Blanche de Trump, c’est la suggestion d’Erik Prince le fondateur de Blackwater de privatiser la guerre de l’Amérique en Afghanistan (et peut-être ailleurs encore). Les mercenaires, voilà la réponse aux problèmes militaires de Washington, selon Prince. Et les nervis ont bien sûr l’avantage supplémentaire de ne pas être soumis aux règles qui s’appliquent aux membres des forces armées américaines.
De fait, la proposition de Prince, quoique les généraux de Trump s’y opposent, a sa propre logique. Si vous acceptez l’idée que les guerres de l’Amérique ces dernières années ont largement servi les objectifs des entreprises du complexe militaro-industriel, pourquoi ne pas confier les opérations militaires elles-mêmes aux entreprises guerrières qui accompagnent maintenant régulièrement l’armée au combat – supprimant l’intermédiaire, c’est-à-dire l’armée elle-même ?
Cogner sur un nuage de moucherons
Les mercenaires d’Erik Prince devront cependant ronger leur frein pendant que le haut commandement de l’armée continue dans le monde entier à frapper des ennemis insaisissables. De son propre aveu, la force que les récents présidents américains ont vantée comme la « meilleure » de l’Histoire fait face à des ennemis remarquablement « asymétriques » et protéiques, y compris les quelques 20 organisations terroristes du théâtre d’opérations Afghanistan – Pakistan. Frappant des ennemis relativement si insignifiants, les États-Unis font penser au puissant Thor, le fameux super-héros frappant violemment de son marteau… un nuage de moucherons. Bien sûr, certains moucherons meurent, mais le résultat est toujours un super-héros épuisé, et encore davantage de moucherons attirés par la chaleur et le choc de la bataille.
J’ai rencontré pour la première fois la phrase « utiliser une masse d’armes pour tuer des moucherons » en étudiant l’histoire de la puissance aérienne américaine pendant la guerre du Vietnam. Les raids de B-52 « Arc Light » lâchaient un tonnage record de bombes sur des régions du Sud-Vietnam et du Laos dans des efforts largement sans effet pour tuer des guérilleros dispersés et couper par le feu les voies logistiques issues du Nord-Vietnam. Un demi-siècle plus tard, l’armée de l’air vante périodiquement la précision bien meilleure de sa puissance aérienne avec ses bombes guidées au laser ou au GPS. Cependant, dans un pays après l’autre, les États-Unis utilisant ces armements se sont livrés à des frappes trop brutales en série. En Afghanistan, c’est l’utilisation récente de la MOAB la « mère de toutes les bombes », la plus grande arme non-nucléaire jamais utilisée au combat, contre un petit groupe de combattants de l’E.I. De même, la guerre aérienne américaine en Syrie a dépassé les Russes et même le régime d’Assad pour ce qui est des effets meurtriers sur les civils, surtout autour de Raqqa, la « capitale » de l’État islamique. Ce genre de déluge de violence est évident aussi à terre, avec des raids de forces spéciales qui rien que cette année ont tué des civils du Yémen à la Somalie. En d’autres termes, dans le grand Moyen-Orient tout entier, la généreuse machine à tuer de Washington crée encore un désir de vengeance dans la population civile, dont un grand nombre, quand ils n’ont pas été tués, ont été déplacés ou envoyés fuir au-delà des frontières en réfugiés de ces guerres. Elle a joué un rôle important pour déstabiliser ces régions, créant des États faillis et encore plus de recrues pour les groupes terroristes 8.
Laissant de côté les avancées technologiques, peu de choses ont changé depuis le Vietnam. L’armée américaine se repose toujours sur une puissance de feu énorme pour tuer des ennemis insaisissables tout en limitant les pertes (américaines). En tant qu’instrument de victoire, elle n’a pas fonctionné au Vietnam, et pas davantage en Irak ou en Afghanistan.
Mais qu’importent les leçons de l’Histoire. Le président Trump affirme que sa « nouvelle » stratégie afghane – dont les détails suivant un porte-parole militaire ne sont « pas encore disponibles » – mènera à davantage de terroristes (de moucherons) morts.
Depuis le 11 septembre, les dirigeants américains, Trump inclus, n’ont que rarement cherché les moyens d’éviter ces moucherons, tandis que les efforts pour « assécher le marais » dans lesquels ils prolifèrent n’ont servi qu’à les élargir encore. En même temps, les efforts pour recruter des « moucherons » indigènes – des forces supplétives locales – pour qu’ils continuent le combat ont été fort décevants. Comme au Vietnam, les États-Unis se sont avant tout employés à développer des marteaux meilleurs et technologiquement plus avancés (ce qui signifie plus coûteux), tout en continuant à faire des moulinets dans le nuage des moucherons – une entreprise aussi vaine que contre-productive.
La plus grande et la meilleure force autodestructrice de l’Histoire
La guerre incessante représente la fin de la démocratie. Ce n’est pas moi qui le dit, c’est James Madison. 9.
Je suis cependant fermement convaincu, comme le disait le président Eisenhower, que « seuls les Américains peuvent blesser l’Amérique ». Alors, comment soigner la blessure ? Il faut commencer par mettre l’armée sous contrôle. Une armée permanente n’existe – ou plus précisément ne devrait exister – que pour soutenir et défendre la Constitution et notre pays contre les menaces immédiates à notre survie. Des attaques sans fin contre des ennemis novices dans les arrière-cours de la planète sont loin de s’inscrire dans cette mission. En fait, plus ces attaques usent l’armée, plus elles mettent en danger la sécurité nationale.
Un ami à moi, capitaine dans l’armée de l’air, m’a dit un jour : « Longues études, fausses études ». C’est un sentiment qui est particulièrement pertinent quand on l’applique à la guerre : combats longtemps, combats faussement. Pourtant, aussi usantes qu’elles puissent être pour les armées, les longues guerres sont encore plus dévastatrices pour les démocraties. Plus longtemps notre armée fait la guerre, plus notre pays se militarise, abandonnant ses valeurs et ses idéaux démocratiques.
À l’époque de la Guerre froide, les régions où l’armée américaine est aujourd’hui à la peine étaient considérées comme les « zones d’ombre » où des agents secrets à la John Le Carré envoyés par les deux superpuissances faisaient assaut de coups fourrés dans des conflits ténébreux. Après le 11 septembre, ayant « enlevé les gants » et cherchant à mettre KO ses ennemis, l’armée américaine est entrée en force dans ces mêmes zones d’ombre. Sans surprise, elle n’y arrive souvent pas à distinguer l’ami de l’ennemi.
Une nouvelle stratégie pour l’Amérique, cela signifierait sortir de ces zones d’ombre de guerres sans victoire. Mais non, l’armée américaine en expansion continue d’aggraver les erreurs stratégiques des 16 dernières années. Cherchant à dominer partout mais ne gagnant nulle part pour de bon, elle pourrait pourtant s’effondrer comme la plus grande et la meilleure force autodestructrice de l’Histoire.
Alexis Toulet pour le site noeud-gordien.fr
Notes
- L’expression américaine « Grand Moyen-Orient » ajoute l’Afrique du Nord au Moyen-Orient proprement dit ↩
- Était-ce une analyse intelligente, ou même une stratégie pensée à l’avance ? Oussama Ben Laden remarquait dès son discours de 2004 :
« Al-Qaida a dépensé 500 000 dollars (pour réaliser les attentats du 11 septembre) tandis que l’Amérique, dans l’incident et ses suites, a perdu dans les estimations les plus basses plus de 500 milliards de dollars.
(…) Quant à la taille du déficit économique, il a atteint des chiffres astronomiques record estimés à un total de plus d’un trillion de dollars.
Encore plus dangereux et amer pour l’Amérique, les saints guerriers ont récemment forcé Bush à recourir à des fonds d’urgence afin de continuer le combat en Afghanistan et en Irak, ce qui montre bien le succès du plan saigner-jusqu’à-banqueroute, avec la permission de Dieu. » Il n’est pas interdit de remarquer que les djihadistes sont des ennemis cruels, mais il ne faut surtout pas s’imaginer qu’ils seraient stupides… ↩
- Le spécialiste soviétique de l’Amérique Georgi Arbatov avait prévenu les Américains vers la fin des années 1980 : « Nous allons vous faire quelque chose de terrible. Vous n’aurez plus d’ennemi. ». ↩
- Décalque de l’expression « Raj britannique » désignant le régime colonial imposé aux Indes entre 1858 et 1947 ↩
- Dès les années 1960, De Gaulle remarquait que c’était une excellente chose que les États-Unis soient là pour contenir l’Union soviétique. Et l’Union soviétique, pour contenir les États-Unis. ↩
- Pourtant, s’il faut en croire la Bible, seul Dieu peut créer « à son image » (Genèse, 1, 27) – une mise en garde contre toute entreprise humaine de refaire l’autre « à son image » ? ↩
- Le dialogue suivant vaut d’être cité in extenso, tant il est significatif. À un journaliste critiquant l’intervention militaire en Irak au nom des « réalités », le consultant du président américain Karl Rove répondait en 2004 : « Ce n’est plus ainsi que le monde fonctionne en réalité. Nous sommes un empire maintenant, et quand nous agissons nous créons notre propre réalité. Et pendant que vous étudiez cette réalité – avec justesse j’en suis sûr – nous agirons encore, créant encore d’autres réalités, que vous pouvez étudier aussi, et c’est comme ça que les choses se passeront. Nous sommes les acteurs de l’Histoire… et vous, vous tous, il ne vous restera qu’à étudier ce que nous faisons. » ↩
- Il faut toutefois souligner que si l’effet pointé par William Astore est bien réel, c’est encore pour bien d’autres raisons que des États s’effondrent, de la Somalie depuis un quart de siècle à la Syrie plus récemment, et bien d’autres. Imaginer que les interventions militaires de l’Amérique sont la principale cause de toutes ces États faillis serait illusoire, ce n’est guère vrai que pour l’Irak et la Libye – et la France a d’ailleurs une large part à ce dernier cas. ↩
- Architecte de la Constitution des États-Unis. Voici la citation complète : « De tous les ennemis de la véritable liberté, la guerre est peut-être le plus redoutable, parce qu’en elle se trouve le germe et le développement de tous les autres. La guerre est mère des armées, d’où procèdent dettes et impôts, et armées comme dettes et impôts sont les instruments qui permettent d’amener la multitude sous la domination de quelques-uns. À la guerre encore, le pouvoir discrétionnaire de l’Exécutif est agrandi, son influence pour attribuer places, honneurs et émoluments est multipliée, et tous les moyens de séduire les esprits s’ajoutent à ceux de subvertir la force du peuple. La même force maligne dans le républicanisme trouve sa source dans l’inégalité des fortunes et les occasions de fraude qui découlent d’un état de guerre, et dans la dégénérescence des manières et de la morale qui découlent des deux. Aucune nation ne peut préserver sa liberté au milieu d’une guerre sans fin. » ↩
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