Le 30 avril 2015 – Source Russia Today
Poutine se souvient des dures épreuves de ses parents au siège de Leningrad.
Vladimir Poutine a écrit une chronique (quelque chose qu’il fait très rarement), rappelant l’histoire de ses parents qui ont survécu aux rigueurs du blocus de Leningrad, la mort de son frère, et la Seconde Guerre mondiale avec des détails très personnels.
«Mon père respirait avec un roseau dans un marais, tandis que les nazis, passaient à quelques pas de là.»
Le père de Poutine, Vladimir, a rejoint un petit groupe de sabotage sous les ordres du Commissariat du peuple aux Affaires intérieures (NKVD), dont la mission était de faire sauter les ponts et les lignes de chemin de fer près de Saint-Pétersbourg (alors Leningrad), a rappelé le président russe dans sa chronique du journal le Russian Pioneer. Sur les 28 membres du groupe, 24 sont morts dans des combats avec les nazis près de Saint-Pétersbourg.
Un jour, les soldats allemands les pourchassaient dans les bois. Le père de Poutine a survécu parce qu’il s’est caché dans un marécage pendant plusieurs heures.
«Et il [le père de Poutine] a dit que, lorsqu’il était immergé dans le marais et respirait grâce à un roseau, il entendait des soldats allemands passer à seulement quelques pas de lui et il a entendu les aboiements des chiens.»
Son père a raconté comment il a été blessé, ce qui l’a rendu invalide et l’a obligé à vivre, pour le restant de ses jours, avec des morceaux de grenade dans la jambe.
Poutine rappelle les paroles de son père :
«Je faisais une sortie derrière les lignes nazies avec mes compagnons de lutte. Nous avons rencontré tout à coup un soldat allemand. L’homme nous regardait attentivement. Il a pris une grenade, puis une autre, et les a jetées vers nous.»
«La vie est une chose si simple et si cruelle», a conclu le président russe.
Lorsque le père de Poutine s’est réveillé, il ne pouvait pas marcher et il y avait un autre problème, il devait rejoindre son groupe stationné sur l’autre rive de la grande Neva, qui était gelée.
«La Neva était constamment surveillée et exposée au feu de l’artillerie et des mitrailleuses. Il n’y avait presque aucun moyen d’atteindre la rive opposée.»
Cependant, par chance, le père de Poutine a pu s’approcher de son voisin, qui, malgré le feu ennemi a réussi à le transporter dans un hôpital local. Les fragments de la grenade étaient logés profondément dans sa jambe et les médecins ont préféré ne pas les enlever afin de sauver le membre.
Le voisin qui l’avait aidé l’attendait à l’hôpital, et après avoir constaté que l’opération avait été un succès, il lui a dit: «Très bien, maintenant vous allez vivre, et moi je vais à la mort.»
Cependant, ils ont tous deux survécu à la guerre, mais le père de Poutine pensait que son sauveur était mort depuis une décennie. Dans les années 1960, ils se sont rencontrés par hasard dans un magasin, la rencontre a été pleines de larmes.
«Mon frère est mort de la diphtérie pendant le blocus de Leningrad»
Le frère aîné de Poutine est né pendant la Seconde Guerre mondiale. Pour soutenir son fils, le père de Poutine donnait secrètement ses propres rations d’hôpital à sa femme. Mais quand il a commencé à s’affaiblir, «les médecins et les infirmières ont compris ce qui se passait», a déclaré M. Poutine, rappelant les récits de ses parents.
L’enfant a été enlevé à la famille par les autorités et placé dans un foyer d’accueil d’où il attendait d’être évacué.
«Il est tombé malade dans le foyer d’accueil, ma mère a dit qu’il avait eu la diphtérie, il n’a pas survécu. Et on ne leur a n’a même pas dit où il a été enterré. Ils n’ont jamais été informés.»
C’est seulement l’année dernière que Poutine a réussi à trouver des informations sur son frère et le lieu où il a été enterré.
«Et c’était bien mon frère, a écrit M. Poutine. Non seulement l’adresse du lieu où il est mort, mais les nom, prénom et date de naissance correspondent. Il a été enterré dans le cimetière Piskarevsky [à Saint-Pétersbourg]. Et même la zone spécifique a été mentionnée.»
«Au milieu des corps, mon père a vu ma mère»
Quand la mère de Poutine s’est retrouvée seule, son fils était mort et son mari encore à l’hôpital, elle est tombée malade. Les médecins la considéraient comme morte et l’ont transportée, avec d’autres cadavres, pour l’enterrement. Par une chance extraordinaire, le père de Poutine est sorti de l’hôpital en temps opportun.
«Quand il est arrivé à la maison, il a vu les médecins qui transportaient des cadavres. Et il a vu ma mère. Il est venu plus près d’elle et il lui semblait qu’elle respirait.» Elle est toujours en vie !, a-t-il dit aux médecins.
Ils ont insisté, disant qu’elle allait bientôt mourir, mais il a refusé de les écouter, et à la place il les a frappés avec ses béquilles.
«Et il a pris soin d’elle. Elle a vécu», écrit le président russe. Ses parents sont morts à la fin des années 1990.
«Mes parents ne nourrissent aucune haine pour l’ennemi»
Chaque famille a perdu des êtres chers dans cette guerre, a déclaré M. Poutine.
«Mais ils [la famille de Poutine] n’avaient pas de haine pour l’ennemi, ce qui est incroyable. Pour être honnête, je ne les comprends toujours pas vraiment.»
Il se souvient des paroles de sa mère, qui a dit qu’elle ne détestait pas les soldats allemands car ils «étaient des gens ordinaires et ont également été tués dans la guerre.»
Traduit par jj, relu par Diane pour le Saker Francophone