Poisson grillé


Par James Howard Kunstler – Le 30 août 2019 – Source kunstler.com

La mort arrive en rampant à ma porte
Oh mon Seigneur, oh mon Seigneur, que dois-je faire ?

Le negro spiritual de la vieille plantation me vient à l’esprit alors que le premier d’une série de rapports de l’inspecteur général du Ministère de la Justice est publié – celui-ci décrivant les turpitudes de l’ancien directeur du FBI Jim Comey – tandis que les enquêtes encore plus fatidiques de Barr et Durham grincent dans le silence et le mystère, et on sent que bientôt, tout le chaos bien chaud du RussiaGate va éclabousser le paillasson de Barack Obama.

Beaucoup d’autres noms (maintenant) bien connus ont été impliqués dans ce fiasco, mais Obama s’est dressé devant eux sur un nuage moelleux, profitant de son contrat de plusieurs millions de dollars pour un livre, de nombreux voyages internationaux et des achats de biens immobiliers sur Martha’s Vineyard, le cimetière des éléphants des 1 %. Et pourtant, quelque chose de méchant se faufile dans la chaîne alimentaire pour découvrir pourquoi et comment tant de hauts fonctionnaires du gouvernement ont mis au point un stratagème pour se débarrasser du vainqueur méprisé des élections de 2016.

Le président Obama, le grand trophée du libéralisme, son signe incarné de vertu, va plonger entre les mains du ministère de la Justice, celui là même qu’il avait lâché sur les basques de son successeur, seulement maintenant sous une nouvelle direction. Si vous pensez que la gauche est devenue folle depuis l’échec du rapport Mueller, ainsi que la performance de son auteur présumé, M. Magoo, avant le congrès de juillet, attendez qu’Obama soit appelé pour des « explications » officielles sur qui a autorisé exactement l’opération pour renverser Trump. J’ose dire que la Gauche préfèrera faire sauter ce qui reste de la République plutôt que de voir son champion à la retraite à la barre des témoins, soumis aux foudres de simples procureurs fédéraux mortels.

Et pourtant, certains mécanismes juridiques impitoyables ont été mis en place, qui pourraient envoyer toute une salle du conseil d’administration de l’ancienne administration Obama dans la honte, l’infamie, et peut-être même une prison fédérale. Pensez : l’ancien directeur de la CIA, John Brennan, dans son futur rôle de directeur de tournoi de ping-pong au pénitencier d’Allenwood, Pennsylvanie ; Loretta Lynch, qui épluche des navets au Camp Alderson, WV ; James Clapper, qui tente de prendre un petit bain de soleil dans la ‘cour’ à Lompoc… À un moment donné, quelqu’un va pointer du doigt Obama et ceux qui l’ont entouré pendant les derniers jours si chers de 2016.

Il n’y a aucun précédent à cela, bien sûr, pas même le cas de « Tricky » Dick Nixon, qui n’a jamais eu à témoigner dans l’affaire du Watergate et qui a reçu un pardon de son successeur, Gerald Ford, qui a fait disparaître pronto toute cette affaire fastidieuse. Ne serait-ce pas une sorte de justice poétique si Trump devait faire la même chose pour Obama ? Le New York Times trouverait sûrement un moyen de qualifier cela de « raciste ». CNN déclarerait la guerre à FlyoverLand [aux bouseux, NdT] et enverrait Don Lemon au Kentucky dans un Lincoln Navigator avec un sabre laser pour soumettre le Ku Klux Klan et les hôtes sataniques de la « White Supremacy ». Tu vois comme ce pays peut facilement se retrouver dans la merde jusqu’au cou.

Entre-temps, des cris de consternation s’élèvent depuis  l’œil du cyclone qui balaie le Ministère de la Justice pour accuser Comey de l’une ou l’autre des accusations énumérées assez explicitement dans le nouveau rapport. L’explication est la suivante : Comey a remis une note de service officielle du FBI de sa propre composition à son ami (et avocat) Daniel Richman, et lui a demandé de divulguer le contenu (mais pas la note elle-même) à un journaliste du New York Times. Il s’agissait de souvenirs d’une rencontre individuelle avec Trump, au cours de laquelle le cas du général Flynn a été évoqué, Trump faisant valoir qu’il n’y avait rien d’illégal à ce que le conseiller à la sécurité nationale parle avec l’ambassadeur russe – puisque, après tout, c’est précisément ce que les ambassadeurs des pays étrangers doivent faire à Washington. En fait, je ne serais pas surpris s’il s’avérait que Comey portait un micro pendant cette rencontre et plusieurs autres qu’il a eues avec Trump – avant que le président ne comprenne qu’il était personnellement accusé d’obstruction à la justice et ne s’occupe personnellement de Comey.

En somme, cette affaire particulière constituait une accusation sans fondement, en ce qui concerne les procureurs de Barr, comparativement à l’affaire plus importante et plus sombre du rôle de Comey dans la fraude autour des juges de la FISA pour obtenir des mandats afin d’espionner des citoyens américains. Ce sera probablement le vrai Waterloo de Comey. Il a donc accueilli le rapport de l’IG de cette semaine avec un tweet qui célébrait sa supposée « disculpation ». Imaginez plutôt quel sera son taux de cortisol dans les mois à venir, alors qu’il attend d’autres mesures de la part de Barr, Durham et de l’IG Horowitz.

Lawrence O’Donnell, le malheureux présentateur de la chaîne MSNBC, dans une riposte hâtive à tous ces ennuis, a rapporté que Trump avait utilisé une bande d’oligarques russes pour cosigner des prêts pour son hôtel – une preuve supplémentaire que le président est le pantin de Poutine ! Hélas, comme tant d’autres informations provenant de la carcasse gonflée et en décomposition du RussiaGate, le rapport n’avait pas été vérifié avant que O’Donnell n’ouvre son clapet pour en parler à la télévision en prime time. Les avocats du Président ont rapidement proposé de poursuivre O’Donnell en justice pour diffamation à moins qu’il ne s’excuse après coup et dénonce ce faux rapport. Ce qu’il a fait. Juste un autre jour dans ce pays de médias hystériques.

En aparté, étant donné le contenu du rapport de l’IG sur Comey, on peut facilement imaginer que le juge Emmet Sulilvan doive maintenant rejeter l’affaire contre le général Flynn, qui a fermenté dans les limbes avant la sentence pendant la majeure partie de l’année, attendant peut-être des développements comme ceux-ci. Sinon, Trump devra sûrement pardonner au général. Ce serait, là aussi, une véritable justice poétique que de le voir réembauché pour le travail dont il a été sournoisement expulsé.

Too much magic : L'Amérique désenchantéeJames Howard Kunstler

Pour lui, les choses sont claires, le monde actuel se termine et un nouveau arrive. Il ne dépend que de nous de le construire ou de le subir mais il faut d’abord faire notre deuil de ces pensées magiques qui font monter les statistiques jusqu’au ciel.

Traduit par Hervé, relu par San pour le Saker Francophone

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