Pas de conscription pour les rebelles ukrainiens en Bessarabie

Par Sergey Ilchenko – Le 3 janvier 2015 – Source FortRuss

Des rebelles de Bessarabie prennent en otage une patrouille ukrainienne de la Garde nationale et brûlent les ordres de mobilisation sur la place du village dans le Sud-Ouest de la Bessarabie ukrainienne.

Les événements survenus dans le district de la région d’Odessa sont caractéristiques de la quatrième vague de mobilisation dans le sud de l’Ukraine. Limanskoe, un vieux village de pêcheurs, s’est rebellé. Des centaines de résidents ont capturé un groupe armé de représentants de l’armée et ont publiquement brûlé tout les papiers d’appel à la mobilisation sur la place du village.

Reni est situé à la pointe extrême du Sud-Ouest du pays. Déployé sur la rive gauche du Danube, le district est frontalier de la Roumanie et de la Moldavie. Autrefois, il y avait un port important et une ligne ferroviaire, l’agriculture et l’aquaculture étaient florissantes. Il ne reste plus aujourd’hui que des cendres indépendantes de l’économie locale. Les gens gagnent leur vie en braconnant ou en trafiquant de l’autre côté du bras du Danube. De telles activités forment des caractère intrépides et décisifs. Chaque foyer est armé et les vieux racontent des légendes sur les actes héroïques des bandits de grand chemin menés par Grigory Kotovsky.

Limanskoe est un ancien village roumain autrefois appelé Frikarsei. La plupart de ses habitants sont des Moldaves, des Gagaouzes et des Russes. Ils sont ouvertement hostiles à la junte ukrainienne et refusent absolument d’aller à la guerre. Si le sentiment est typique, il y a en revanche une caractéristique. Les hommes appelés pouvaient aisément passer la frontière et se cacher dans les marécages du Danube. Mais ils ont décidé de rester chez eux et de chasser les militaires ukrainiens.

Le commissaire militaire du district Igor Skrypnik connaissait très bien l’attitude de la population civile du pays envers la mobilisation. Ainsi, avant de se rendre à Limanskoe pour annoncer l’ordre de mobilisation, il avait demandé une escorte armée. Le groupe d’employés du commissaire avait donc été renforcé par des punisseurs de la Garde nationale composée de Nazis.

«Cela a provoqué un résultat opposé à ce qui était souhaité: lorsque des individus armés, en tenue de camouflage, sont apparus dans le village, cela a engendré une explosion spontanée de protestation, à dit le directeur de l’administration d’État Sergey Barimov.  Près de deux cents habitants de Limanskoe ont entouré les représentants de l’armée et les gardes, équipés d’armes automatiques. J’ai immédiatement informé le gouverneur Igor Palitsa de l’urgence de ce qui se passait à Limanskoe. Je l’ai rapporté parce que je connais la mentalité de ce village: l’incident aurait pu se terminer de façon tragique!»

Le chef du district a raison, les représentants du commissaire et les gardes nazis ont été désarmés, la foule allait sérieusement s’occuper d’eux. Dans le même temps, les pêcheurs de Limanskoe ont mis en place des points de contrôle autour du village. De l’autre côté du Lac Cagul, des brigades de villages environnants venaient avec des bateaux à moteur. Les villes roumaines de Lukavitsa et Isakcha sur la rive droite du fleuve étaient en alerte maximale.

Ivan Stadnikov, l’assistant du directeur de l’administration de Reni, est immédiatement arrivé pour négocier avec les rebelles. Ce dirigeant respecté a été capable de persuader ses compatriotes de relâcher les prisonniers, sans que personne ne soit molesté.

Finalement, les villageois ont fait venir les représentants de l’armée sur la place du village, ils ont placé le sac contenant les ordre de mobilisation à côté. Ils l’ont imbibé de pétrole et l’on enflammé, par défi. De plus, ils ont forcé les militaires à rester sur place jusqu’à ce que les documents soient réduits en cendre.

On ne sait pas ce qu’il est advenu des armes automatiques confisquées.

Tout ceci a été rapporté par le chef de l’administration du district, S. Barymov. Il affirme que l’administration de la région d’Odessa veut maintenant mener une opération punitive dans le village rebelle. Une telle action pourrait déclencher une explosion populaire dans toute la région de Bessarabie.

«Lorsque l’incident a été réglé, j’ai été appelé par le représentant du ministère de l’Intérieur pour la région d’Odessa, qui m’a assuré que le chef de la police du district de Reni avait commis une erreur en faisant intervenir des gardes armés, et qu’il serait puni », a dit le fonctionnaire en haussant les épaules.

Ce qui signifie que les gens ont été rassurés par les promesses, que ce sont les policiers qui sont responsables de ce qui s’est passé et que la patrouille du commissaire ne se montrera plus jamais à Limanskoe.

Sur cette carte, vous pouvez voir que le district de Reni est complètement coupé du reste de la région d’Odessa (et de l’Ukraine) et qu’il est entouré par la Roumanie au Sud et à l’Ouest et la mer Noire au Sud-Est. Peut être la géographie a-t-elle contribué à l’intrépidité de ses habitants. Il apparaît que personne dans la région d’Odessa ne veut s’occuper d’eux. On peut espérer que leur isolement n’infectera pas d’autres districts. Une république de Reni est-elle en train d’apparaître? Je parie que c’est ce dont parlent les homme là-bas, la nuit. Pour l’instant, on dirait vraiment que nous avons une République de Limanskoye, entourée par ses propre postes de contrôle et triomphalement laissée à elle-même par les maîtres de la région d’Odessa.

Il s’agit bien là d’un argument de plus pour les chercheurs, qui pensent que l’Ukraine va connaître plus de démantèlements.

Sergey Ilchenko

Article original publié le 1 février 2015 par Sergey Ilchenko pour Svpressa.ru

Traduit du russe en anglais par Kristina Rus

Traduit de l’anglais par Lionel, relu par jj et Diane pour le Saker Francophone

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