Par Brandon Smith – Le 4 novembre 2015 – Source alt-market.com
Alors que de nombreuses divisions au sein de notre société sont arbitraires ou fabriquées artificiellement, il y a une division qui représente peut-être le conflit le plus omniprésent et important de notre époque ; la division entre collectivistes et individualistes.
Les gens qui ne comprennent pas la nature du collectivisme, font souvent valoir que l’individualisme et le collectivisme ne sont pas mutuellement exclusifs parce que les individus ont besoin des groupes afin de survivre et prospérer. Toutefois, un groupe n’est pas forcément un collectif.
Pour une raison quelconque le noyau fondamental du collectivisme, l’usage de la contrainte psychologique ou de la force physique pour contraindre la participation, passe par dessus la tête de nombreux sceptiques. Un groupe ne doit pas être collectiviste. Tout groupe peut et doit être basé sur le volontariat. Le collectivisme n’est pas volontaire. Par conséquent, le collectivisme et l’individualisme sont en effet mutuellement exclusifs. Les collectivistes et les individualistes ne peuvent pas exister dans le même espace en même temps sans finalement entrer en conflit. Il n’y a tout simplement pas moyen de contourner cela.
Parmi toutes les options d’un esprit libre (ou d’un libertarien moyen), le collectivisme est de très loin la philosophie la plus faible. Les collectivistes se vantent souvent de l’harmonisation sociale et économique créée par le collectivisme, ainsi que de la mobilisation de la main-d’œuvre afin de rationaliser le progrès. La réalité est que cette harmonie est truquée et n’est donc pas du tout une harmonie. Si les gens sont forcés à s’homogénéiser et que c’est obtenu par la peur, alors la paix n’a pas vraiment été atteinte.
Les êtres humains doivent arriver à leurs propres conclusions sur la coopération et la tolérance, à leur propre rythme. Ils ne peuvent pas être manipulés et enrégimentés dans un cadre utopique. Cela génère des abominations, comme les génocides, qui tendent à se produire lors de presque toutes les tentatives d’utopie collectiviste.
L’harmonisation économique est encore moins réalisable, avec la force du gouvernement qui va inévitablement être utilisée pour confisquer les ressources d’un groupe pour les donner à un autre, punissant ainsi les résultats du succès ou de la frugalité. Cela crée un environnement dans lequel la réussite devient moins désirable. Quand les gens n’ont plus de récompense individuelle pour poursuivre leurs réalisations, ils voient leurs efforts personnels gaspillés. L’innovation et l’entrepreneuriat tombent à l’eau, et c’est la prospérité de la société dans son ensemble qui commence à diminuer. Sans les réalisations et l’ingéniosité individuelle, le groupe n’est rien, juste une fourmilière aveugle et creuse.
Un autre argument qui apparaît généralement est que l’individualisme conduit à l’égoïsme et à la domination de la richesse dévorant les machines comme les entreprises. Je tiens à rappeler aux collectivistes que les entreprises n’existent que par le cadre de la protection juridique apportée par les gouvernements, et que sans les mesures gouvernementales de protection et les faveurs accordées, les grandes corporations ne pourraient pas exister. C’est par le collectivisme, pas par l’individualisme, que la corporatocratie [Big Business et « Too big to fail »] prospère.
Dans le même temps, les collectivistes accusent toujours les marchés libres des individualistes d’être à l’origine des nombreux maux des nations. Mais il s’agit, là encore, d’une autre fausse déclaration si l’on constate que l’Amérique n’a pas eu de véritables marchés libres depuis plus d’un siècle, et que la plupart des autres nations n’ont jamais eu de véritables marchés libres dans leur histoire. Le féodalisme et ses fils, socialisme et capitalisme, ont toujours été des fléaux de l’humanité.
Il n’y a aucun mérite supérieur à mettre au crédit du collectivisme qui n’ait accompli plus que l’individualisme et les communautés basées sur le volontariat. En fait, le collectivisme ne sert qu’à enrichir et à donner du pouvoir à quelques rares élites sélectionnées tout en détruisant le potentiel futur de tous les autres individus.
Étant donné la nature inquiétante du collectivisme, on pourrait penser que les tentatives de sociétés collectivistes devraient être une rareté, boudées par la plupart des gens peu désireux d’inviter le cancer dans leur corps. Malheureusement, les cultures fondées sur l’individualisme sont la minorité dans l’histoire.
Le collectiviste moyen est généralement peu bénéficiaire du collectivisme. Nous appelons ces personnes des idiots utiles ou des moutons qui servent inconsciemment les machinations élitistes les plus sombres avec l’illusion qu’elles sont en train de changer la société pour le meilleur. Les raisons pour lesquelles ces idiots utiles participent au collectivisme sont nombreuses, mais j’ai trouvé que sur tout leur spectre, ces gens ont tendance à avoir une volonté faible, un esprit faible, et par extension, à posséder un désir enragé de contrôler les autres.
Ce n’est peut-être pas un hasard si des intellectuels (autoproclamés) ont tendance à se retrouver à la pointe des efforts modernes en faveur du collectivisme. Tandis que les pauvres et les démunis sont souvent exploités par le collectivisme comme un groupe, manié comme un bélier, avec le doux et craintif milieu universitaire agissant comme intermédiaire dans la gestion de la franchise collectiviste. Ce sont eux qui désirent le pouvoir pour imposer leurs idéologies supérieures à d’autres, et comme ils sont trop faibles pour accomplir quelque chose de leur propre chef, ils ont besoin de la couverture et de l’élan des mouvements collectivistes pour leur donner la position totalitaire qu’ils recherchent. En d’autres termes, ils croient en l’humanitarisme par le totalitarisme.
L’individualisme est sous une menace constante et imminente au fur et à mesure que l’obsession collectiviste de contrôle se développe. Le but ultime des collectivistes est d’obtenir la soumission des individus, pour les pousser à abandonner leur individualisme de plein gré. Il ne suffit pas pour eux d’appliquer simplement la force, la plus grande puissance est dans le consentement. Voici les outils les plus couramment utilisés par les collectivistes pour obtenir le pouvoir et la fabrication du consentement des masses.
L’illusion du consensus
Les collectivistes misent beaucoup sur la force d’une foule bien endoctrinée pour convaincre le grand public qu’ils sont dans une position de consensus ; qu’ils sont la majorité. Apparaître comme étant la majorité est l’objectif le plus important d’un mouvement collectiviste, même s’il est en réalité une petite minorité. L’anonymat de l’activisme Web donne à la force de la foule une nouvelle puissance. Il n’y pas besoin de plus d’une douzaine de collectivistes travaillant en tandem peut faire des ravages sur plusieurs forums du web ou pour harceler de nombreuses publications individualistes tout en donnant aux lecteurs occasionnels l’impression que leur idéologie est partout.
La clé ici est que les collectivistes savent que la personne moyenne ne veut pas être perçue en opposition face à la majorité. Ils savent que l’opinion de la majorité importe au public, même si l’opinion de la majorité est totalement fausse. Si les collectivistes peuvent convaincre suffisamment de gens que leur idéologie est l’opinion de la majorité, ils savent que beaucoup de gens vont adopter aveuglément cette idéologie afin de s’intégrer. Le mensonge du consensus devient alors une prophétie auto-réalisatrice. Ce problème restera à jamais un danger tant que les gens continueront à s’inquiéter à propos de l’opinion de la majorité.
La destruction des institutions au cœur de la société
Ces institutions que les gens considèrent comme les institutions au cœur de la société, sont parfois vitales, et parfois non. Cela dit, l’objectif de détruire les institutions au cœur de la société est ouvertement admis par les collectivistes grâce à des mouvements de style socialiste, de sorte qu’il n’y ait pas de concurrence à leur nouveau système. Une société collectiviste ne peut pas permettre aux citoyens d’avoir des allégeances au-delà de leur loyauté envers le groupe ou l’État.
Donc, les libertés individuelles doivent être dégradées ou supprimées, selon la réinterprétation constante de la Constitution comme un document vivant. Les institutions religieuses doivent être peintes comme des affaires honteuses pour des stupides barbares préhistoriques. Et, l’unité de la famille doit être brisée. Cela se fait par la dépravation économique – si prononcée que les familles se défont – , par l’influence de l’État sur les enfants à travers la scolarisation publique, et à travers la politique identitaire – et la propagande associée – qui créent des conflits sexuels et raciaux construits de toute pièce.
Dominer le débat
Cela coïncide avec l’idée d’un consensus artificiel, mais cela va au-delà de l’utilisation de la foule. Dans notre vie quotidienne, nous sommes maintenant bombardés de messages collectivistes, dans les médias grand public, dans des émissions de télévision, dans les films, à travers les médias Web et la presse écrite. L’argent derrière ces canaux appartient à un groupe très petit et sélectif de personnes, mais à travers eux, la vision collectiviste du monde est injectée dans chaque recoin de notre société. Je voudrais nommer cette propagande attrition ; une instillation indirecte mais régulière de collectivisme créant une atmosphère dans laquelle l’idéologie devient banale, même si elle est promue par un nombre limité de personnes.
Exploiter les jeunes
Quand nous sommes jeunes, la plupart d’entre nous passons beaucoup de temps et d’énergie à travailler pour être pris au sérieux. La question est, faut-il être pris au sérieux ?
À mon avis et de l’avis de la liberté d’esprit, cela dépend vraiment des actes de la personne, de son expérience, de ses efforts et de ses réalisations. La plupart des jeunes ont peu ou pas d’expérience dans la vie et n’ont pas eu le temps d’accomplir beaucoup de choses. Ils en sont encore à apprendre comment fonctionner dans le monde, et quel genre de buts ils veulent poursuivre – si jamais ils poursuivent des objectifs. Pour cette raison, il est difficile pour ceux d’entre nous qui ont vécu des luttes considérables dans leur vie et atteint un certain niveau de réalisation, de les prendre au sérieux quand ils décident de se pavaner dans une réunion en pontifiant sur leur supériorité morale et philosophique. Ça me donne envie de leur demander ; mais qu’avez vous donc déjà accompli ?
Cela ne veut pas dire qu’il n’y a pas parmi ces jeunes, des ingénieux, des ignorants ou des paresseux en devenir. Il y en a. Mais les mouvements collectivistes cherchent à exploiter les jeunes générations en raison de leur manque général d’expérience et leur naïveté, ainsi que leurs sentiments de droiture concernant le respect.
Le collectivisme utilise presque toujours une théorie appelée futurisme afin de faire appel aux jeunes. La théorie, qui était une philosophie de premier plan derrière la montée du fascisme, proclame que toutes les nouvelles idées sont supérieures dans leur utilité sociale, et que toutes les vieilles idées et croyances devraient être abandonnées comme autant de peaux mortes. Selon le futurisme, ceux qui s’accrochent à de vieilles idées et principes sont un obstacle au progrès de la société dans son ensemble.
Le plus drôle est que les idées habituellement exposées par les collectivistes sont aussi vieilles que le temps, l’élitisme, le féodalisme, le totalitarisme, etc. Aucune de ces méthodes n’est nouvelle, ni issue d’un effort d’imagination, mais les collectivistes les ont reconditionnées comme si elles étaient quelque nouveau grand secret du Shangri-La. Les jeunes adeptes du collectivisme se cramponnent à ce futurisme presque immédiatement. Car, si toutes les nouvelles idées sont supérieures, et si toutes les vieilles idées sont barbares, et si les jeunes sont les fournisseurs et les consommateurs de toute les nouveautés, alors cela signifie que ce sont les jeunes générations qui sont les plus sages et les anciens du village qui sont les naïfs. Par défaut, les jeunes deviennent les anciens du village, sans avoir jamais eu à se battre, à faire des sacrifices, à apprendre de dures leçons, à subir une perte, à relever des défis, ou à accomplir quoi que ce soit.
La nature attrayante de cette vague soudaine de respect culturel ne peut pas être ignorée par la moyenne des collégiens ou même des plus jeunes encore. Le collectivisme donne aux jeunes ce qu’ils pensent qu’ils veulent, puis les utilise comme des outils pour de plus grandes conquêtes.
Forcer la société à accepter le plus petit dénominateur commun
Le collectivisme nécessite l’homogénéisation de la société, au point que l’individualisme soit désapprouvé et que le succès soit considéré comme négligeable. Que ce soit les écoles publiques qui abaissement leurs niveaux au point que des élèves ayant peu ou pas de compréhension de la lecture soient diplômés ; ou les entreprises obligées de rabaisser leurs performances au nom de la diversité – tout en rejetant les employés possédant une habileté supérieure parce qu’ils ne font pas partie d’un groupe de victimes homologuées ; ou des institutions gouvernementales comme les militaires qui abaissent les normes physiques pour accueillir des candidats bien plus faibles au nom de la parité tout en mettant en jeu la vie de chaque soldat dans ce processus. On nous demande constamment de nous accommoder du plus petit dénominateur commun au lieu de tendre vers l’excellence.
Cela tourne en plaisanterie la notion de succès. Avoir du succès au sein d’un tel système est facile aussi longtemps que l’on suit les règles ; exceller en tant qu’individu n’est pas un facteur de réussite. Et par succès, je veux dire être autorisé à survivre, parce que c’est ce que vous allez obtenir de meilleur dans une structure collectiviste. La seule façon d’échouer est de ne pas suivre les règles, règles qui peuvent être arbitraires ou idiotes à la base. Les individualistes sont immédiatement punis pour oser penser ou agir en dehors de la boîte, alors que c’est exactement le genre de comportement qui devrait être encouragé. Une société construite sur le plus petit dénominateur commun est une société destinée à l’effondrement. Les individualités sont systématiquement éliminés au nom de l’homogénéisation et l’ensemble de leurs réalisations et innovations potentielles disparaissent avec eux.
Le cauchemar du collectivisme est la bataille déterminante de notre époque. C’est maintenant que nous devons décider si oui ou non la liberté individuelle et la liberté de pensée sont plus importantes que la sécurité et l’harmonie illusoire du collectif.
Pour ma part, je vois depuis longtemps un avenir dans lequel l’entreprise individuelle est autorisée à prospérer et où la participation volontaire est le principe central sur lequel la culture fonctionne ; un avenir dans lequel le pouvoir d’État est réduit à zéro ou près de zéro, et où la force du gouvernement n’est plus un moyen acceptable par lequel un groupe peut chercher à contrôler un autre groupe. Je pourrais ne pas voir ce monde de mon vivant, mais la liberté d’esprit peux le rendre possible pour les nouvelles générations en nous défendant férocement aujourd’hui contre le collectivisme. Comme je l’ai souligné au début, le collectivisme et l’individualisme ne peuvent pas coexister ; la confrontation est inévitable. Avoir conscience de cela, et s’y préparer, est notre devoir en tant qu’êtres humains libres.
Brandon Smith
Traduit par Hervé, édité par jj, relu par Literato pour le Saker Francophone