Par Le Saker – Le 14 mars 2017 – Source The Saker
Bon d’accord, je ne suis pas honnête en choisissant ce titre. Mais hé, comme Harvard ne recense pas mon blog comme une source de « fausses nouvelles », je pourrais aussi bien me faire plaisir, au moins une fois, en pratiquant, sans aucun scrupule, le piège à clics et les « fausses nouvelles » 🙂
Plus sérieusement, mon ami Steve Lendman a publié un billet intéressant à propos du « Guide des fausses nouvelles » de l’Université Harvard. Allez le lire, il fait vraiment un bon boulot en expliquant tout. Donc ce n’est pas comme si l’Université Harvard se concentrait sur mon blog. En fait, sa liste complète est beaucoup plus longue (voir ici).
Mais ouais, ils recensent le blog du Saker 🙂
Assurez-vous aussi de lire leur « Guide des fausses nouvelles », ici : c’est surprenant.
Quelle disgrâce, vraiment. L’Université Harvard, peut-être LE symbole de l’université américaine, a maintenant rejoint des (non) acteurs aussi « prestigieux » que CNN ou la BBC dans la mêlée idéologique pour discréditer les sources d’information libres. Pour quelqu’un comme moi, qui a étudié dans des grandes écoles américaines et qui a obtenu trois diplômes aux États-Unis, c’est vraiment triste.
Il y eut un temps où les universités américaines étaient vraiment un phare de la liberté intellectuelle. Par exemple, alors que j’étudiais à la School of International Service (SIS) de l’American University à Washington, DC, à la fin des années 1980, je me rappelle que nous avions l’ancienne ambassadrice de Grenade comme professeur et, alors que cela ne plaisait pas à l’administration Reagan, elle ne pouvait absolument rien faire pour la chasser. En fait, une grande partie de notre faculté était très opposée à l’administration Reagan, et pourtant il n’y a eu aucune tentative pour faire pression sur quiconque en aucune manière. S’il y avait eu de telles tentatives, elles auraient provoqué une protestation énergique de notre part, probablement soutenue par toutes les universités de DC (Université George Washington, Université du Maryland, Université de Georgetown, Université Howard). Dites que je suis naïf, mais je crois qu’il n’aurait traversé l’esprit de personne à la Maison Blanche ou au Congrès de chercher noise à la liberté académique ou, encore moins, d’essayer d’utiliser les universités comme instruments dans une révolution de couleur contre le président.
J’ai obtenu mon autre diplôme à la Paul H. Nitze School of Advanced International Studies (SAIS) à l’Université Johns Hopkins, dont le campus est situé à Washington, D.C. La SAIS est devenue célèbre comme terrain fertile pour certains des pires néocons. Cette réputation est tout à fait méritée. Notre liste de « sales types » va de l’ambassadrice April Glaspie à l’infâme Eliot Cohen et comprend même Zbigniew Brzezinski ! Mais même à la SAIS, nous avions un véritable pluralisme idéologique et une véritable diversité politique, ne serait-ce que parce que le corps des étudiants n’aurait jamais accepté de marcher au pas cadencé avec le mantra idéologique du jour (dans mon département, les Études stratégiques, nous devions bien avoir été plus de 50 % d’étrangers et tous « nos » Américains avaient voyagé et étaient instruits – ce qui a beaucoup aidé). Nous avions aussi quelques professeurs absolument merveilleux qui étaient de vrais experts dans leur domaine et qui ne nous mentaient jamais (j’ai pensé à en nommer quelques-uns ici, mais cela leur ferait plus de mal que de bien. Donc je mentionnerai mon favori, sous un nom de code que lui seul comprendra : yf23 – merci, Monsieur !).
Les États-Unis peuvent être blâmés et critiqués pour beaucoup de choses, mais je ne pense pas qu’on puisse nier que la qualité et la diversité académiques des universités américaines aient été parmi les meilleures sur la planète. Les Américains étaient à juste titre fiers de leurs universités, et des étudiants du monde entier faisaient beaucoup d’efforts pour venir étudier aux États-Unis, même ceux qui n’étaient pas du tout d’accord avec la politique américaine.
Pour être honnête, j’ai toujours considéré Harvard comme une bande de culs-bénits (désolé, les anciens de Harvard – il n’y a là rien de personnel). Mais culs-bénits ou non, Harvard était indéniablement un symbole, et maintenant qu’ils reprennent cette histoire idiote des « fausses nouvelles », ce symbole se prend un gadin. Tôt ou tard, je suppose tôt, cette nouvelle hystérie anti-russe va s’essouffler, exactement comme le maccarthysme et la « peur rouge », et tout ce qui en restera sera un immense sentiment de honte et de dégoût de soi pour ceux qui y ont participé.
Il aurait été naturel de demander aux universités américaines d’être à l’avant-garde de la lutte contre l’actuelle chasse aux sorcières anti-russe, mais au lieu de quoi, elles en prennent maintenant la tête pour s’assurer que cette hystérie infecte aussi les milieux académiques. L’effet d’une telle politique sera dévastateur non seulement pour les étudiants mais aussi pour les enseignants.
Avez-vous remarqué cet élément du « Guide des fausses nouvelles » de l’Université Harvard (voir l’image) : en cas de doute, demandez à un bibliothécaire. Réfléchissez-y, cela signifie un certain nombre de choses : premièrement que les bibliothécaires ont maintenant été cooptés dans le combat pour la pureté idéologique ; deuxièmement, que les bibliothécaires font mieux de s’assurer qu’ils respectent pleinement les dogmes idéologiques actuels sous peine d’être licenciés parce qu’ils ne sont pas en mesure de remplir leurs (nouveaux) devoirs. Troisièmement, que les étudiants seront dorénavant encouragés à se tourner vers un membre de la faculté ou du personnel pour demander si la source « x » a reçu l’imprimatur officiel de l’Université, du lycée ou de l’école.
Non, ce n’est pas la République populaire démocratique de Corée. C’est « la terre des hommes libres et la maison des braves » – sans blague !
Dans ce contexte, permettez-moi d’offrir une sorte de « service communautaire » ici et d’expliquer comment vous pouvez évaluer les informations et les sources d’information sans avoir à demander de l’aide à un « gardien de la pureté idéologique » (c’est-à-dire un « bibliothécaire »).
Le système est assez simple, vraiment.
D’abord, jugez un arbre à ses fruits : « un bon arbre ne peut pas produire de mauvais fruits, ni un arbre mauvais produire de bons fruits » (Mathieu, 7:18). Prenez le temps d’établir un classement des sources d’information. Je vous suggère de les diviser en « fiables », « parfois fiables », « généralement non fiables » et « non fiables ». Mais ne vous arrêtez pas là.
La prochaine étape est de comparer toutes les informations que vous obtenez aux autres informations dont vous disposez et de voir si elles se confirment les unes les autres.
Enfin, prenez chaque information et attribuez-lui une note indiquant combien la source est fiable et si cette information confirme ce que vous savez par ailleurs. Ce système source + classement des informations est utilisé par la plupart des agences de renseignement sous une forme ou une autre. En général, il faudrait utiliser une combinaison de chiffres et de lettres. Par exemple, une information classée A1 indiquerait « source fiable » et « information confirmée ». A2 indiquerait « source fiable », « non confirmé ». Quel que soit votre système, assurez-vous d’inclure la catégorie « inconnu » que vous pouvez appliquer à la fois aux sources et aux informations. Au fil du temps, vous vous construirez un très bon système de classement, vous verrez.
Permettez-moi de révéler un secret d’État, mais un tout petit. Il y a un pays avancé là-bas qui a un journal très prestigieux que tout le monde lit et qui jouit de beaucoup de crédibilité. Et pourtant, la communauté du renseignement de ce pays classe ce journal comme une source C – un classement très médiocre. Maintenant, vous pouvez imaginer où CNN, NBC, NTY, Washington Post et tous les autres seraient classés. 😉
Aparté
Si vous vous posez la question, B2 est généralement le genre d’information qui serait utilisé pour l’analyse quotidienne régulière.
Ce gadin de l’Université Harvard est aussi une très bonne nouvelle. Réfléchissez : les élites américaines prendraient-elles la peine de tomber si bas si elles pensaient qu’elles sont en train de gagner la guerre de l’information ? Observez les élites anglosionistes en général – elles s’en prennent toutes les unes aux autres, non seulement aux États-Unis mais partout (regardez la lutte en cours entre la Turquie et l’Union européenne et passez le pop-corn, s’il vous plaît !). Je vous assure que cette toute récente hystérie anti-russe n’est pas causée par un sentiment de confiance en son pouvoir, pour user d’un euphémisme. Et tandis que CNN flippe à propos de Poutine, « l’homme le plus puissant dans le monde », nous – tous ceux qui voulons faire tomber l’Empire en utilisant l’arme de la vérité – nous gagnons nos batailles chaque jour. Et pour tous ses indéniables mérites et ses réalisations, il se passe beaucoup plus de choses ici que seulement Poutine.
Poutine est devenu un espace réservé collectif pour toutes les formes de résistance aux élites anglosionistes et leur empire. C’est pourquoi Poutine est personnellement responsable de la « militarisation » des supporters de foot russes et donne personnellement l’ordre de pirater le Comité national démocrate. Je ne serais pas surpris du tout si nous voyions ces jours prochains une « enquête » de CNN sur comment « Poutine a personnellement donné l’ordre à l’armée russe d’utiliser ses armes climatiques pour attaquer la côte Est des États-Unis avec une tempête de neige ». Des « poutinologues » de renommée mondiale comme Masha Gessen confirmeraient, tandis que John McCain demanderait que les États-Unis « prennent des mesures de représailles fermes pour montrer au dictateur russe qu’il ne peut pas impunément faire tomber la neige sur les États-Unis ». Inutile de dire, un tel article ne ferait ciller personne à Harvard.
Oui, ils sont désespérés et ils sont terrifiés. D’où toutes les exagérations stupides.
Mes amis, nous sommes en train de gagner ! Oui, nous gagnons. Même si les néocons finissent pas renverser Trump ou à en faire leur laquais. Nous sommes en train de gagner. Et ce n’est pas étonnant (en particulier si on considère nos moyens – un indice sur la prochaine chose que je publierai ici…). Regardez le tableau d’ensemble et voyez comment les États-Unis s’autodétruisent, comment l’Union européenne s’effondre, comment la Turquie a complètement changé de camp et travaille maintenant avec l’Iran et la Russie, comment le peuple syrien est en train de gagner contre les bandes terroristes transnationales qui l’ont attaqué, regardez la Libye et comment l’OTAN est terrifiée par le désir évident des nouvelles autorités de se tourner vers la Russie, regardez combien la Chine est confiante face à un barrage de menaces américaines, regardez comment le Hezbollah a joué un rôle crucial en Syrie et a encore réussi à dissuader les forces armées israéliennes au Liban. Regardez comment la Russie a survécu à la fois aux sanctions (plutôt inefficaces) et à la chute (très préjudiciable) des prix du pétrole. Regardez comment l’Iran reste ferme et se confronte seul à l’immense coalition régionale étasunienne–sioniste–wahhabite sans montrer aucun signe de faiblesse.
Bien sûr, c’est loin d’être terminé, nous ne gagnons que des batailles et nous sommes encore loin d’avoir gagné la guerre. Et nous perdrons des batailles à l’avenir (les dernières nouvelles de France ne sont pas bonnes du tout). Mais l’élan général est clairement et indéniablement de notre côté et c’est pourquoi nos ennemis sont en train de perdre la tête et de recourir à des mesures désespérées comme ce canard des « fausses nouvelles ».
Je pense qu’un échange de poignées de main et de tapes dans le dos entre nous est bien mérité. 🙂
Après ce bref moment d’auto-célébration, reprenons la lutte et combattons pour la victoire finale !
The Saker
Traduit par Diane, vérifié par Wayan, relu par Michèle pour le Saker francophone