L’opération Déluge d’Al-Aqsa semble – malgré tous les dégâts – efficace


Par Moon of Alabama – Le 16 mai 2024

Lundi, le secrétaire général du Hezbollah, Sayyed Hasan Nasrallah, a tenu un discours qui explique en grande partie l’opération Déluge d’Al-Aqsa et les raisons pour lesquelles elle peut être considérée comme un succès. (Nasrallah est actuellement le porte-parole des différents groupes de résistants impliqués dans la lutte actuelle) :

Sayyed Nasrallah a soutenu que la résistance palestinienne voulait que l’opération Déluge d’Al-Aqsa soit une chance de revitaliser la cause palestinienne et de rappeler au monde entier la Palestine et les droits des Palestiniens jetés dans l’oubli.

D’autre part, certains régimes arabes considéraient « Israël » comme une entité normale préservant la démocratie, selon le dirigeant du Hezbollah, qui a ajouté que la fermeté des femmes, des enfants et des combattants de la résistance à Gaza a changé cette situation.

Aujourd’hui, les Palestiniens et leurs droits sont mis en avant dans le monde entier, a déclaré Sayyed Nasrallah, ajoutant que plus de 140 États ont voté en faveur de l’octroi à la Palestine d’un statut de membre à part entière des Nations unies.

Sayyed Nasrallah a affirmé que l’acte de l’envoyé israélien consistant à déchiqueter une copie de la charte des Nations unies à la suite d’un vote en faveur des droits des Palestiniens témoigne de l’arrogance et de l’insouciance des sionistes à l’égard des résolutions internationales.

La scène politique médiatique la plus importante qui reflète la victoire de la résistance palestinienne est le moment où l’envoyé israélien à l’ONU a brandi la photo du commandant militaire du Hamas, Yahya Al-Sinwar.

Une autre expression de ce succès est le fait qu’Israël n’a même pas atteint l’un de ses objectifs de guerre :

Sayyed Nasrallah a indiqué que les Israéliens disent aux responsables sionistes que les trois principaux objectifs de la guerre – l’éradication du Hamas, la libération des prisonniers et la protection des colonies contre les missiles de Gaza – n’ont pas encore été atteints.

Le chef du Hezbollah a déclaré que le Hamas continue de combattre les forces d’occupation sionistes dans tout Gaza, qu’il détient la plupart des prisonniers israéliens et qu’il tire des missiles sur les colonies sionistes dans le sud de la Palestine occupée.

Sayyed Nasrallah a ajouté que les Israéliens n’ont pas non plus atteint leurs objectifs implicites, notamment le déplacement des habitants de Gaza, notant que les Gazaouis ont fait preuve d’une grande fermeté face à ce stratagème.

Alaistair Crooke a décrit la stratégie de la Résistance comme étant conçue pour épuiser Israël :

Seyed Hassan Nasrallah (en tant que porte-parole de l’unité des Fronts de Résistance) a clairement indiqué que le but de la Résistance est d’épuiser « Israël » – et de le conduire à un état de défaite et de désespoir – de telle sorte que les Israéliens commencent à renoncer à la revendication de droits spéciaux et d’exceptionnalisme, et se contentent de vivre « entre le fleuve et la mer » avec d’autres (les Palestiniens), en partageant une parité de droits. C’est-à-dire avec des Juifs, des Musulmans et des Chrétiens vivant sur un territoire commun. Il n’y aurait alors plus de sionisme.

Seyed Nasrallah a explicitement prévu la possibilité d’une telle issue, sans guerre majeure.

Je ne vois pas encore une telle situation évoluer. Israël a plutôt sombré dans la barbarie.

Mais les titres actuels du Times of Israel reflètent bien la forte pression à laquelle Israël est soumis :

Le ministre de la défense Gallant est aussi à droite que le premier ministre israélien Natanyahou, mais un peu plus réaliste. L’administration Biden tente actuellement de l’installer comme Premier ministre d’un gouvernement israélien moins radical.

La campagne de marketing nécessaire à cet effet est menée par David Ignatius dans les colonnes du Washington Post (archivée) :

Il est temps qu’Israël commence à mettre en place une force de sécurité palestinienne à Gaza, capable d’y assurer la stabilité une fois que le pouvoir politique du Hamas aura été brisé, a déclaré le ministre israélien de la défense, Yoav Gallant, lors d’une réunion d’information sans ménagement cette semaine.

« L’idée est simple« , m’a dit M. Gallant. « Nous ne permettrons pas au Hamas de contrôler Gaza. Nous ne voulons pas non plus qu’Israël la contrôle. Quelle est la solution ? Des acteurs palestiniens locaux soutenus par des acteurs internationaux« . Les commentaires francs de M. Gallant marquent un tournant dans le débat du gouvernement israélien sur les questions de gouvernance et de sécurité à Gaza, connues sous l’expression abrégée « le jour d’après« . Son point de vue est largement partagé par l’establishment de la défense et de la sécurité, mais contesté par le Premier ministre Benjamin Netanyahu et sa coalition de droite.

Les responsables de l’administration Biden affirment que M. Gallant a joué un rôle plus important dans le dialogue américano-israélien au cours des derniers mois, alors que les relations entre M. Netanyahou et le président Biden se sont détériorées. Un fonctionnaire américain a décrit M. Gallant comme étant « indispensable » pour résoudre les problèmes dans le débat de plus en plus tendu sur la façon de mettre fin à la guerre dans la bande de Gaza.

En janvier, M. Gallant a rendu public un plan qui énonçait son point central : « Les habitants de Gaza sont palestiniens, les organes palestiniens seront donc en charge, à condition qu’il n’y ait pas d’actions hostiles ou de menaces contre Israël« . Il a proposé la création d’un groupe de travail multinational pour aider à stabiliser Gaza, comprenant des partenaires américains, européens et arabes, l’Égypte jouant un rôle particulier en tant qu' »acteur majeur« .

L’idée est stupide.

Des représentants de l’Autorité palestinienne lourdement soudoyés, sélectionnés par Israël et surveillés par des forces d’occupation étrangères, ne seront jamais en mesure de gouverner Gaza.

Comme le conclut Amal Saad, spécialiste libano-britannique de tout ce qui touche à la Résistance :

Le Hamas a non seulement résisté à la tempête déclenchée par la politique israélienne de la terre brûlée, mais il en est ressorti plus résistant et plus adaptable face à cette approche. Au lieu de briser sa détermination, la stratégie de surenchère d’Israël a involontairement favorisé l’émergence d’un adversaire plus robuste et plus déterminé, et lui a permis de rallier des soutiens en Palestine et au-delà.

Compte tenu de ces réalités sur le terrain, la conviction erronée d’Israël qu’il peut choisir le futur gouvernement de Gaza est à la limite de l’illusion. Loin d’affaiblir l’emprise du Hamas sur le pouvoir, la guerre a paradoxalement servi à consolider le statut du mouvement en tant que seule force gouvernementale légitime et efficace à Gaza.

Cela n’augure rien de bon pour l’État colonisateur sioniste :

Ce phénomène rare, où l’une des armées les mieux équipées au monde voit ses faiblesses mises à nu pour que ses ennemis puissent les exploiter, a non seulement scellé le destin d’Israël dans le conflit actuel, mais aussi prédéterminé son échec dans les guerres futures. La reconnaissance de ses faiblesses militaires, la baisse du moral de ses troupes et la confiance croissante de ses ennemis enhardis sont autant de signes d’une issue inévitable : une série de défaites futures qui éroderont encore la réputation militaire d’Israël, autrefois redoutable, sa position stratégique dans la région et même sa survie.

Je ne connais pas suffisamment la dynamique interne de la Résistance pour en juger, mais le fait que les experts considèrent qu’une telle issue est possible me donne un peu d’espoir.

Moon of Alabama

Traduit par Wayan, relu par Hervé, pour le Saker Francophone.

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