In memoriam
Le magazine mensuel Afrique Asie a cessé de paraître le 26 octobre, 2017 …
En totalité et en exclusivité, l’éditorial du numéro de septembre 2017
Par Afrique-Asie – Le 2 septembre 2017 – Source Afrique-Asie
Pour la première fois depuis le déclenchement de la guerre en Syrie et contre la Syrie, il est permis d’affirmer sans risque de se tromper que la partie est terminée pour ceux qui avaient projeté, dans la foulée des mal nommés printemps arabes, de mettre à genoux ce pays central dans la géopolitique mondiale et régionale. Le dernier à le constater est le spécialiste de la Syrie, le diplomate et historien néerlandais Nikolaos Van Dam, qui parle dans son nouveau livre, « Destroying a Nation : The Civil War in Syria » d’une « overdose » d’illusions et d’erreurs dans la stratégie occidentale contre ce pays. Avant lui un autre auteur français, Fréderic Pichon, avait publié en 2015 un livre prémonitoire : « Syrie : pourquoi l’Occident s’est trompé » (Éd. du Rocher), complété par un deuxième en 2017 : « Syrie, une guerre pour rien » (Éd. du Cerf).
Au moment où nous mettons sous presse, plusieurs événements sont venus conforter l’échec de la stratégie mortifère occidentale non seulement en Syrie, mais aussi en Irak, et la victoire de ce qu’il est convenu aujourd’hui d’appeler l’axe de la résistance. Il s’est constitué autour de la Syrie et inclut la Russie, l’Iran, le Hezbollah et de nombreux pays arabes qui ont refusé de s’embrigader dans l’entreprise de destruction du monde arabe, et en premier lieu l’Algérie.
Quels sont ces événements annonciateurs d’une victoire qui ne fait plus de doute, malgré la poursuite de la guerre ?
Pour la première fois depuis 2011, la frontière syro-libanaise est sécurisée. Le Hezbollah, conjointement avec l’armée syrienne et l’armée libanaise, a infligé une défaite sans précédent aux organisations terroristes d’al-Qaïda et Daech qui s’étaient retranchées dans des réduits qu’elles pensaient imprenables, dans des zones montagneuses inaccessibles du Qalamoun, à cheval sur la Syrie et le Liban. Pour la première fois aussi, plusieurs centaines de membres de Daech et d’al-Qaïda se sont rendus plutôt que de mourir.
Ensuite l’État syrien, en étroite coordination avec la Russie et l’Iran, a déclenché une vague de réconciliation et de désarmement des groupes armés en décrétant plusieurs zones de désescalade, sortes de trêves. Il proposait l’amnistie en contrepartie de la reddition. Cela a amené plusieurs centaines de milliers de réfugiés ou de déplacés à retourner dans leurs foyers. Un phénomène appelé à s’amplifier.
D’autre part, l’armée russe a permis à l’armée syrienne de se redéployer pour concentrer ses opérations contre Daech désormais en très mauvaise posture sur tous les fronts.
Par ailleurs, l’accord américano-russe sur l’instauration d’une zone de désescalade dans le sud, à la frontière syro-jordanienne et syro-israélienne, a ouvert la voie à l’entrée de cette zone névralgique dans le processus de pacification. La Jordanie se dit désormais optimiste quant à l’avenir de ses relations avec la Syrie. Elle a cessé tout soutien aux groupes rebelles. Ce n’est pas le cas d’Israël, un autre soutien des groupes armés près du Golan, qui a en vain essayé de saborder cet arrangement en criant à la menace iranienne.
Autre signe annonciateur : les pays qui ont soutenu l’entreprise de destruction de la Syrie revoient leurs calculs. La France ne considère plus le départ du président syrien comme un préalable. C’est aussi le cas du Royaume-Uni et de la Turquie. Même l’Arabie saoudite et le Qatar, désormais embourbés dans des conflits internes, recommandent à leurs supplétifs de l’opposition syrienne de reconsidérer leurs plans et d’accepter que le président syrien se maintienne au pouvoir dans la période de transition – et même qu’il se représente à sa propre succession lors d’élections démocratiques !
Les graves revers essuyés par Daech en Irak, parallèlement à ceux essuyés au Liban et dans le désert syrien, créent une nouvelle dynamique dans la voie de la fin de la guerre contre le terrorisme. Une victoire qu’il faudra compléter par des réformes politiques et sociétales indispensables à la reconstruction d’un pays à bout de souffle. Une reconstruction qui aura besoin de l’implication de tous les Syriens.
Dans un discours fondateur de la Syrie d’après-guerre, prononcé devant le corps diplomatique syrien le 20 août dernier, le président Bachar al-Assad a cependant exclu que le gâteau de la reconstruction bénéficie à ceux qui ont mis à terre son pays. « La Syrie de demain sera résolument tournée vers l’Est », a-t-il martelé. Comprendre : la Russie, la Chine, l’Iran, les Brics et tous ceux qui ont aidé la Syrie à ne pas sombrer.
Si l’Occident a perdu son pari, la guerre est loin d’être terminée, parce qu’il aura du mal à accepter durablement une défaite qui menacerait stratégiquement son hégémonie, dans une région qu’il a toujours considérée comme sa chasse gardée.
Dans son discours du 20 août, Bachar al-Assad a montré qu’il avait conscience de l’enjeu de ce conflit. « Ce n’est pas par hasard que les belligérants sont venus s’affronter sur cette terre, a-t-il dit. Tout au long de son histoire, la Syrie fut une cible, celui qui la maîtrise gagnant une importante influence sur la scène mondiale ou l’équilibre international. »
Ping : L’Occident contre la Syrie : overdose d’illusions, d’erreurs et de crimes ! – Chez Dcembre
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